Le billet du jour : Chronique d’une épineuse préparation
D’apparence elle a la mauvaise allure des blagues vaseuses, peu amusantes dont seul l’oncle Michel a le secret lors des repas de famille, le dimanche midi et qui met tout le monde dans l’embarras. Une espèce de vilain soap opéra qui n’aurait rien à envier à certains des plus mauvais épisodes diffusés assez tôt le matin sur nos chaînes nationales pour que n’importe qui (hormis les insomniaques errants amateurs de NBA) d’assez équilibré ne puisse pas regarder, enfin rien à envier. J’exagère puisqu’au moins le mauvais soap n’est pas plus suivi qu’un colis mal affranchi à la poste, alors qu’elle, est suivie et décortiquée par de nombreux médias… ah oui elle, c’est bien entendu la préparation des bleus enfin ce qu’il en reste à quelques jours de la fin de celle-ci :
Comment expliquer à une personne qui ne suit pas le basket, souhaitant s’intéresser à notre sport, pourquoi la préparation des Français est si chaotique…? En deux mots je répondrais : Argent et blessures.
Argent :
Effectivement la sélection étant acte désintéressé (hormis les primes diverses liés aux résultats), on peut se demander pourquoi l’argent joue un rôle si important dans cette période pré olympique ? Eh bien la grande majorité du grand public ne connait pas ce problème puisqu’on n’entend jamais parler des soucis d’assurance des joueurs dans les équipes nationales de football ou de Rugby par exemple, les finances de ces fédérations pouvant assurer le statut de leurs joueurs sans réels problèmes.
Si la question des assurances de joueurs de basket pose des difficultés à la fédé c’est avant tout à cause du contraste de salaire entre la France et la NBA, les clubs outre-Atlantique pouvant négocier des contrats que seuls les Etats-Unis peuvent proposer, allant jusqu’à plusieurs dizaines de millions de dollars pour nos joueurs les plus en vus comme Tony Parker ou Boris Diaw par exemple. Ce qui du coup représente un investissement à long terme pour les équipes et qui nécessite forcément des assurances.
Actuellement un joueur comme Boris Diaw ne peut pas prendre part aux matchs alors qu’il a pu jouer les premiers en début de préparation, pareil pour Nando De Colo qui va surement lui aussi arrêter sa préparation, puisque les deux joueurs qui étaient assurés jusqu’ici par la Fédération Française de basket-ball, étant agents libres et donc sans club, sont désormais obligés de passer par l’assurance de la NBA ayant tous deux signés un contrat à San Antonio.
Il y a également le cas Batum qui est un exemple qui pourrait être de mise chaque été, celui-ci étant privé de préparation pour la simple et bonne raison qu’il n’a pas encore signé de nouveau contrat en NBA. Vous me direz mais alors pourquoi ne peut-il pas être assuré par la fédé en attendant ? Eh bien pour la bonne raison qu’il est actuellement toujours lié aux Portland TrailBlazers mais en négociation de contrat (Restricted Free Agent) et que pour signer un contrat à plusieurs zéros, il est impératif que celui-ci ne se blesse pas, sous peine de voir sa cote baisser et par la même occasion être délesté de quelques millions de dollars lors de sa prochaine signature.
Blessures :
Là aussi une partie du problème de la mauvaise préparation de l’équipe provient des blessures des joueurs. Ssi dans ce cas les joueurs n’y sont effectivement pour pas grand chose, on ne peut s’empêcher de penser au cas Noah qui laisse planer le doute sur la négligence portée à sa blessure et la véritable motivation à rejoindre l’équipe de France. Une absence qui pourrait s’en ressentir de presque une médaille au final, car ne nous le cachons pas, l’absence du pivot des Bulls va être clairement préjudiciable durant la compétition, même si nous possédons une solide rotation intérieure, la défense, le rebond et la dissuasion de Noah sont les éléments manquants actuellement sous les panneaux.
Pour continuer de surfer sur la vague du compliqué, Vincent Collet a également choisi de sélectionner un joueur blessé et en cours de convalescence : Ali Traoré. Il est vrai que c’était et ça reste un pari risqué (même si, personnellement, j’aurais clairement fait la même chose à sa place), pas toujours facile à prendre en pleine préparation quand on sait que même après la période de convalescence, celui-ci ne présente pas la garantie d’être prêt à 100%. Mais comme je l’ai dit le profil de ce joueur est trop important à l’équipe pour ne pas prendre ce risque et c’est là que le rôle de Vincent Collet prend tout son sens.
Enfin pour ne pas manquer l’occasion de s’auto détruire, il y a la blessure de Tony Parker, bien mal tombée je vous l’accorde, mais après avoir entendu ça et là des : « oui qu’est ce qu’il faisait en boite avant les J.O » ou « Il traîne en boite, il s’en fou des J.O » etc… je me suis indigné face à un tel manque de lucidité et de complète absurdité. Tony Parker rêve de faire les J.O comme tous les joueurs de l’équipe de France actuelle de basket. Si le timing de la malchance de cette blessure est effectivement dommageable pour l’équipe, saluons le fait qu’aujourd’hui Tony Parker est présent et prêt à se battre pour son pays, plutôt que d’avoir choisi la facilité de se réfugier derrière une blessure pour passer du bon temps cet été du coté de Caracas…
Pas facile dans ses conditions de préparer un évènement que tout le monde attend depuis plus d’une décennie. Ce qui est le plus frappant c’est que l’évènement en question pourrait représenter la plus grosse vitrine pour ce sport en France, mais qu’à ce rythme là c’est une balle dans le pied qu’on se tire à nos dépends. L’équilibre entre la NBA et les équipes nationales ne tient finalement pas à grand chose et il faudra à l’avenir trouver un compromis entre ces deux mondes pour s’éviter des jours et des jours de galère, à se tirer les cheveux comme doit être en train de le faire Patrick Beesly, directeur de l’équipe de France.
Des deux cotés entre NBA et Fiba, cela passera par l’écoute, car les propositions sont de la partie depuis quelques temps pour satisfaire, chaque camp, mais le manque de communication et le fossé virtuel des deux oppositions empêche le contact et ce de manière néfaste pour le basket en général. D’un coté une ligue pleine aux as qui ne regarde que son reflet dans le miroir et de l’autre une fédération internationale qui se veut droite et sérieuse, non consentante à se laisser dicter ses codes par l’arrogante ligue. David Stern qui il y a quelques temps a proposé des idées de collaboration, espére être entendu et pourrait faire un premier pas vers une réconciliation des deux opposés, ce qui ne serait pas sans nous ravir tant l’aspect compliqué des coulisses nous empêche de vivre pleinement les moments qui devraient nous permettre d’être prêt pour le grand jour.