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Indiana Pacers, Old School Basketball

Ron Hoskins/Getty Images

Si vous aimez vous extasier devant le top 10 des dunks de la semaine, si vous vous délectez du basket champagne et des paniers qui s’enchaînent, sautez de votre fauteuil sur un alley oop monstrueux, ou si vous vous emballez devant un franchise player qui prend feu, passez votre chemin. Car en aucun cas les Indiana Pacers ne rentrent dans ce moule, et un bon vieux Denver – Houston fera l’affaire pour vous occuper la soirée. En revanche, si vous aimez le sang, la sueur et les larmes, et encore plus la satisfaction de limiter un adversaire en dessous des 75 points,  vous savez sans doute que même sans être glamour ni sexy, ces Pacers là vont débarquer dans ces playoffs avec plus de certitudes que la majorités des autres équipes NBA.

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Noah Graham/Getty Images

C’est à l’image de ce qu’a toujours été la franchise au blason jaune et bleu. Les paillettes ? Pour quoi faire, une tâche de sang sur le jersey ou un nez cassé sont plus d’actualité du coté de l’Indiana. Avant de renaître de leurs cendres il y a quelques années, c’est bien sûr Reggie Miller qui a porté haut et fort les couleurs des Pacers, à l’époque déjà connus comme l’opposé d’une équipe champagne. A l’image de leur franchise player d’ailleurs : apparence chétive mais grande gueule toujours ouverte, mécanique de shoot à en faire rougir Shawn Marion, et pourtant une efficacité diabolique, voilà ce qu’était Reggie Miller. On ne se lasse pas des vieilles images qui content les batailles acharnées entre Bulls, Knicks et Pacers au sein de cette conférence Est. Et c’est pourtant si contradictoire, quand on sait que les Pacers ont vu le jour dans l’ABA, la ligue parallèle à la NBA dans les 70’s, durant laquelle on prônait un jeu plus spectaculaire et plus attrayant.

Le Indiana d’aujourd’hui n’a néanmoins plus grand-chose à voir à celui des 90’s. David Stern terminant minutieusement avant sa retraite la mutation de la NBA en une ligue aseptisée, le trash talk, les dirty plays et même les bastons ne sont plus au goût du jour (quoique, Stephen Curry a peut-être un souvenir différent). Mais on sent toujours cette fibre « Pacers Basketball », et cette dureté qui caractérise tant la Conférence Est. C’est tout d’abord défensivement que les Pacers version 2012-2013 ont imposé leur style. Actuelle meilleure défense de NBA cette saison, Frank Vogel a réussi à insuffler à cette équipe un esprit collectif très solide. Indiana est d’ailleurs la seule équipe de la ligue à prendre en moyenne moins de 90 pts/m, c’est fort.

Ron Hoskins/Getty Images

On doit cet exploit à une très grande complémentarité extérieurs – intérieurs, les deux secteurs étant fournis en bons défenseurs. Les Pacers sont par exemple aujourd’hui l’équipe qui encaisse le moins de panier à trois points en NBA, performance à mettre au crédit de la rapidité et de la rigueur défensive des Paul George, Lance Stephenson, George Hill et autres. Mais est aussi une des toutes meilleures équipes au contre, et encore une fois ceci est rendu possible grâce à la qualité de l’effectif : David West et Roy Hibbert, mais aussi Ian Mahinmi qui fait un très gros boulot défensif en sortie de banc, ou encore Tyler Hansbrough qui même s’il n’est pas parfait niveau fondamentaux, compense avec une grande débauche d’énergie chaque soir. 

Autre stat très significative également, Indiana autorise très peu de passes décisives par match, là aussi une des meilleures franchises dans ce domaine cette saison. Mais là où l’on réalise vraiment que la force de cette équipe est avant tout un collectif, c’est avec cette statisitque : dans le même temps, les Pacers se classent 2e au nombre de paniers encaissés, mais 19e au nombre de shoot autorisés. Un écart peu commun, et un style de défense qui diffère par exemple de l’autre meilleure défense de NBA, les Grizzlies : là où Memphis arrive beaucoup à intercepter le ballon, et à créer des turnovers grâce à des défenseurs experts dans le domaine comme Tony Allen ou Mike Conley, Indiana adopte un autre style de jeu, et préfère forcer l’adversaire à prendre un mauvais tir plutôt que de tenter l’interception. On le sait, c’est le péché mignon de certains joueurs NBA (Rajon Rondo, Russell Westbrook, etc), essayer d’intercepter la balle et du coup laisser une brèche dans la défense, ou faire trop rapidement trop de fautes. Tout l’inverse des Pacers, qui choisissent de ne pas se découvrir. C’est flagrant en match, Vogel n’aime pas avoir ses joueurs majeurs sur le banc pour trop de fautes, et ça se vérifie d’ailleurs directement au niveau des stats : ils sont la meilleure défense mais pourtant seulement 22e équipe de la ligue en turnovers forcés !

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Andrew D. Bernstein/Getty Images

Actuellement parmi les meilleures équipes à l’Est (toujours en course pour la 2e place), il n’en fallait donc pas moins à Indiana pour honorer la Conférence Est, dont les grosses cylindrées ont toujours été reconnues pour leur défense de fer. De l’autre côté du terrain, Indiana est moins flamboyant, mais quand on encaisse moins de 90 points, on a pas forcément besoin d’en inscrire 120 soi-même. Encore et toujours, c’est la force du collectif qui est à mettre en avant. Tout l’inverse d’un New York par exemple, qui dépendra à n’en pas douter des performances de Carmelo Anthony, et de sa force affichée durant la prochaine post season. Pour parfaire cette image de basket Old School, Frank Vogel ajoute à sa force de frappe défensive une attaque en triangle, où chacune des individualités du groupe peut s’exprimer. On avait connu le jeu en triangle de Phil Jackson basé sur Michael Jordan/Scottie Pippen, puis Shaq/Kobe, on découvre avec Indiana les (très) nombreuses possibilités du triangle, capable de servir tant les intérieurs que les arrières dans leurs zones de confort.

Les Pacers n’ont donc aucun réel leader offensif cette saison. La mène au scoring va et vient, soir après soir, et oscille entre les principaux acteurs de ce cinq majeur. Premier bénéficiaire de la malheureuse blessure (l’est-elle vraiment ?) de Danny Granger, Paul George a vu son temps de jeu considérablement augmenter. Et a surtout été repositionné à l’aile plutôt qu’à l’arrière, proposant un profil tout à fait différent de Granger. Alors que Danny Granger était véritablement pour cette formation un franchise player scoreur ces dernières années, George est dans un tout autre registre, qui au final convient mieux à ce système de jeu et à cet effectif. Beaucoup moins scoreur, il est dans le triangle (ou dans l’organisation offensive plus généralement) ce que l’on connaît désormais sous le nom de Point Forward, à l’image de Lebron James à Miami. Un vrai All Around Player comme on les aime (quelques 18 points, 7 rebonds, 4 passes et 2 interceptions).

Les Pacers lui dédient évidement un bon nombre de systèmes visant à le voir conclure au panier, ou dans le périmètre, mais on sent clairement qu’il y a une piste à creuser à l’avenir concernant cet aspect distributeur chez lui. Tout n’est évidemment pas parfait, et George accumule encore beaucoup de balles perdues en raison de cette tendance à parfois tenter une passe lorsqu’il ne faudrait pas, mais il ne faut pas s’y attarder plus que ça. Tout cela fait partie du processus d’apprentissage, et il est bon également de rappeler que le néo All Star n’a que 22 ans. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que cette équipe ne souffre pas du manque de réel meneur, George Hill étant un arrière de formation, qui ne possède pas la mentalité pass-first. Défensivement, c’est un excellent intercepteur, et un excellent défenseur sur l’homme du fait de sa très grande envergure. Il est également une vraie menace en pénétration et Indiana ne se prive pas pour l’utiliser ainsi, mais plus généralement il doit encore étoffer son jeu offensif. Un tel physique et un tel potentiel lui permettront sans doute une fois à maturité de posséder un gros volume de jeu, et pourquoi pas de flirter avec les 25-30 points de moyenne une fois arrivé à maturité.

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Ron Hoskins/Getty Images

S’il n’y a pas véritablement de leader sur le papier, et si Paul George tend à le devenir un jour, le taulier actuel de cette équipe reste David West. L’ancien All Star est aujourd’hui le vétéran de ce vestiaire, et surtout le vrai leader sur le terrain. Non pas que les jeunes autour manquent de talent, mais il est celui qui apporte cette expérience, cette force mentale, cette assurance. C’est d’ailleurs son arrivée en 2011, qui a fait d’Indiana un sérieux candidat à l’Est, capable de pousser le Heat dans ses retranchements l’an passé en playoffs, et de représenter cette année sans doute sa plus sérieuse menace dans la Conférence. David West, c’est beaucoup de fondamentaux, de la sobriété et de l’efficacité, à l’image de la franchise en elle-même. « Seulement » 17 points et quelques par rencontre pour le leader des Pacers, mais une très grosse défense : superbe dans la couverture du pick & roll (sans doute le meilleur dans le métier à l’heure actuelle), très solide à l’intérieur également et gros défenseur au poste. Et il n’est également pas étranger au fait qu’Indiana soit la meilleure équipe de la ligue au rebond, et aille chercher autant de points sur secondes chances, claquettes et rebonds offensifs.

Son acolyte dans la raquette est en revanche plus critiquable. Après avoir paraphé un très joli contrat au sortie d’une saison All Star, Roy Hibbert peine à confirmer. Tant le statut d’étoilé que le gros contrat d’ailleurs. Après un début de saison assez catastrophique où il était en total manque de rythme, il commence à retrouver de bon standards. C’est beaucoup plus son mental qui est à critiquer, puisque les qualités sont indéniables, tant le sur le plan physique que basket. Il demeure un des seuls derniers pivot à l’ancienne (si vous n’aviez pas encore assez eu du refrain Old School),  à l’aise poste bas, puissant dans la peinture, et sera une clé dans l’espoir d’aller titiller Miami. Il faudra appuyer là où ça fait mal, la raquette, et un Roy Hibbert en forme pourrait grandement déranger le Heat. Sur la pente ascendante, les fans des Pacers n’ont plus qu’à espérer qu’il continue de la remonter, pour arriver en forme en playoffs, et il ne faut pas oublier non plus son apport défensif énorme. Rien que sa présence dissuade, ses longs bras et grande taille en impose, et il faut le saluer pour son boulot sous les paniers (4.7 rebonds offensifs et 3.3 contres notamment), même s’il n’affiche pas des stats mirobolantes. Ça fait cher un tel rendement pour 13 millions l’année (même pas 12 points par match), mais Indiana a tout de même fait le bon choix en le conservant l’été dernier.

Noah Graham/Getty Images

Pour le reste du casting, on retrouve un George Hill, pas véritablement meneur, mais qui se plait et réussit bien dans ce rôle de faux meneur propre au triangle, apportant quelques points précieux et un tir très fiable. Quant à Lance Stephenson, c’est l’autre gagnant de la blessure de Danny Granger. Le début de carrière de l’ancien lycéen phénomène commençait à tourner au vinaigre, mais avec le repositionnement de Paul George sur l’aile, Stephenson est devenu le parfait complément à ce cinq majeur, sur ce poste 2 : très athlétique, il explose d’un bout à l’autre du terrain en quelques secondes à peine en contre-attaque, puissant pour un arrière (assez pour tenir tête à un Dwayne Wade par exemple si jamais), shoot extérieur correct, il est réellement devenu un précieux role player, se contentant des paniers faciles lorsque la défense l’oublie un peu trop pour se concentrer sur les autres. Sur le banc, Tyler Hansbrough apporte un vrai plus en attaque, Ian Mahinmi en défense. Les minutes de Gerald Green ne sont pas tout le temps conséquentes, mais il apporte un petit plus par son profil différent. De même pour DJ Augustin ou le rookie Orlando Johnson qui pointe le bout de son nez.

Une faiblesse qu’on pourrait trouver à cette équipe, c’est justement la faiblesse de son banc. Un peu comme pour les titulaires, il manque parmi la second unit un joueur capable d’apporter avec régularité un bon quota de points pour soulager les starters. Danny Granger aurait pu être ce joueur là, mais les blessures l’ont privé des derniers mois de la saison, comme elles l’avaient déjà fait avec les premiers. On pouvait mettre en question sa volonté hypothétique d’accepter ou non ce rôle moindre après des années aux commandes, mais il n’est plus temps d’y penser. Les certitudes sont donc grandes du côté des Pacers, mais quelques petits doutes persistent. Si la grosse défense les aidera sans aucun doute en playoffs, qu’en sera-t-il du manque de leader offensif ? Contre un Carmelo Anthony qui peut prendre feu, ou un Lebron James indéfendable, la force du collectif pourra-t-elle se montrer au niveau ? On peut aussi imaginer qu’en ces moments importants de post season, un Paul George arrivera peut-être à élever son niveau de jeu pour prendre définitivement les rênes de l’équipe. Le garçon aura en plus déjà fort à faire défensivement contre l’un de ces deux gros morceaux. Et quid du manque de vrai joker de banc ? C’est souvent une clé capitale en playoffs, et tant le Heat que les Knicks possèdent eux de bons joueurs de banc.

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Quoi qu’il en soit, ça sent déjà bon les playoffs, et la promesse de belles batailles en perspective. Baïonnettes au canon, le couteau entre les dents, c’est un Indiana mort de faim qui, contre les paillettes de Miami et New York, se sentira encore une fois seul contre tous. Comme leurs aînés durant les années 90’s, ce sera le petit marché de l’Indiana contre les gros poissons de Big Apple et South Beach. Reste à savoir si cette version-ci des Pacers arrivera enfin à aller décrocher ce fichu trophée qu’on attend toujours.

2 réflexions sur “Indiana Pacers, Old School Basketball

  • Bane

    J'ai beaucoup suivi les Pacers au début des 2000 avec leur duels défensifs avec les Pistons (final est 2004 aaah !) et j'avoue retrouver avec plaisir cette ambiance avec les Pacers/Bulls actuels.
    Une très belle équipe, bien coaché et qui, à mon sens, est la seule qui peut tenir tête sur une série à Miami (si on compte Chicago sans Rose).

  • Lucas

    Les Pacers sont exelent mais pas sur que se soit pour cette année le trophée.

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