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C’est au printemps que les bourgeons éclosent

Issac Baldizon/Getty Images

Les amateurs de plantes vertes et de beaux jardins le savent : c’est lorsqu’arrive le printemps que les plus belles fleurs, majestueuses et hautes en couleurs, voient le jour. C’est la même chose dans le microcosme de la NBA : alors que les jours s’allongent et les températures grimpent, des jeunes pousses ont profité de cette atmosphère printanière pour émerger, sous les paillettes des playoffs.

En ligne de mire, ce sont évidemment les Golden State Warriors, et leurs surprenants rookies qui viennent à l’esprit : Harrison Barnes, Draymond Green, Festus Ezili, et même Kent Bazemore. Si le dernier profite surtout de quelques miettes en fin de match, généralement lorsque l’affaire est pliée, ce n’est certainement pas le cas des trois premiers.

A commencer par Draymond Green, 35e choix de la dernière draft : à 22 ans, et après quatre années passées à étoffer son jeu à Michigan State, Green est véritablement devenu le passe partout de Mark Jackson. Listé à 6’7 (2,00 mètres) pour 230 lb (104 kg), il présente une versatilité des plus intéressante, puisque le garçon peut tout à fait jouer à l’intérieur, évoluer dans la peinture et se battre au rebond, offensif comme défensif, grâce à une débauche d’énergie remarquable. Mais Green possède aussi une très bonne mobilité, et une capacité intéressante à défendre des arrières, à évoluer dans le périmètre, et même à planter quelques trois points à l’occasion. Le succès des Warriors durant ces playoffs vient en partie de la capacité de Mark Jackson à toujours faire les ajustements nécessaires pour bien coller à ce que propose l’adversaire, et la versatilité de Green fut jusque-là une des clés de cette profondeur de banc et de cette rotation (36 minutes de moyenne sur les deux premiers matchs à San Antonio).

De même, Festus Ezili propose une bonne alternative à Andrew Bogut, et fut même un solide titulaire en tant que rookie lorsque l’australien était encore convalescent en saison régulière. Il n’a pas de fantastiques mains, son jeu demeure un peu rustre, mais il apporte au moins de la taille, et une très bonne défense à l’intérieur. Une bonne pioche (30e choix) de toute évidence, mais plus que le fait de drafter la bonne personne, c’est aussi le travail fait en amont avec ses prospects qu’il faut mettre au crédit de Golden State.

Noah Graham/Getty Images

Enfin, le dernier et pas des moindre, c’est Harrison Barnes. Les Warriors avaient eu l’aubaine il y a un an de cela de pouvoir le sélectionner en 7e choix, lorsque tout le monde le prédisait top 4 au grand maximum. Et si Barnes n’a pas connu une saison régulière d’exception, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est devenu des plus performant en playoffs : il a réglé la mire au fil des semaines jusqu’à devenir un shooteur très fiable à longue distance (ce qui colle beaucoup mieux avec ce que les Warriors veulent proposer), se montre très précieux lorsque Jackson lui offre des isolations en match, mais c’est surtout sa capacité à répondre présent dans les moments chauds qui impressionne. Passé de 9 points à presque 15 sur ces playoffs, lui qui semblait un peu se chercher pendant quelques mois a acquis de belles certitudes, et présente un potentiel et un profil tout à fait intéressant pour les Warriors dans le futur.

Du reste, on retrouve d’autres rookies qui profitent de ces playoffs pour se faire un nom : Tony Wroten, qui a eu le droit à quelques minutes avec les Grizzlies, le temps de montrer une belle énergie et quelques qualités loin d’être inintéressantes, mais surtout Marquis Teague. 29e choix en Juin dernier, Teague a connu une saison régulière assez difficile, et beaucoup pointaient du doigt sa décision d’avoir quitté bien trop tôt la NCAA. Mais un contexte favorable, et les très nombreuses blessures des Bulls (Derrick Rose et Kirk Hinrich notamment) lui ont permis d’intégrer la rotation. Si tout n’est pas encore parfait, lui aussi a gagné ses minutes par une belle dépense d’énergie, et une capacité de percussion précieuse pour soulager un Nate Robinson.

Noah Graham/Getty Images

Plus encore que cette cuvée 2012 de rookies, c’est celle de l’an passé qui commence également à démontrer de très belles choses. D’une draft 2011 qui se tenait avant le lock out et qu’on annonçait de ce fait assez faible, il commence à en ressortir un bon nombre de joueurs on ne peut plus corrects. En plus des Kyrie Irving, Kenneth Faried, Iman Shumpert et autres que l’on connaissait déjà, cette post season 2013 c’est aussi l’occasion de découvrir de nombreuses autres jeunes pousses. Pour des Kawhi Leonard et Klay Thompson, c’est surtout l’histoire d’une confirmation, après une saison rookie intéressante : le premier pourra devenir un vrai bon joueur d’avenir, sans doute All Star dans un futur proche même, quand on voit à quel point il a réussi à compléter son jeu. En plus de ses excellentes capacités défensives, ses aptitudes offensives continuent d’évoluer, et on le retrouve très efficace sur du tir à trois points, du jeu en contre-attaque, ou pour couper vers le panier sur pénétration.

Pour le second, Klay Thompson, ceux qui en doutaient encore ont eu la preuve que le garçon a parfaitement palier au départ de Monta Ellis. Du shoot, du shoot et encore du shoot, Thompson est également devenu une valeur sûre pour délivrer de bonnes passes en sortie d’écran lorsque la défense le serre de trop près, ou pour se montrer consistent sur isolation face à de plus petits arrière. Il demeure encore un peu trop unidimensionnel, mais Golden State peut se ravir d’avoir trouvé son backcourt du futur.

Parmi les autres belles pioches de cette cuvée, Norris Cole s’affirme de plus en plus comme un très solide back up, capable même de terminer les matchs avec les titulaires, passant devant Mario Chalmers dans la rotation. Le garçon n’a pas froid aux yeux, et rassemble un joli cocktail de qualités : du tir longue distance, de la pénétration, un tir à mi-distance très fiable, une excellente défense sur le porteur du ballon, etc. Autre youngster qui n’a pas froid aux yeux, Reggie Jackson. Avec le départ d’Eric Maynor et surtout la blessure de Russell Westbrook, Jackson a pris du grade dans la hiérarchie du Thunder, apportant d’ailleurs les mêmes qualités que Westbrook, pas de quoi bouleverser le système de jeu donc. Beaucoup de jeu en première intention, des tirs à mi-distance, un excellent sens de la pénétration, une même explosivité en contre-attaque, et donc cette remarquable tendance à ne pas se laisser impressionner par l’enjeu et le contexte.

Jesse D. Garrabrant/Getty Images

On peut également citer un Corey Joseph, qui dans ce même registre de meneur qui n’a pas froid aux yeux, est passé devant Nando De Colo chez les Spurs, et fait office d’excellent backup à Tony Parker à la mène. Mais la vraie révélation de cette fin de saison, c’est bien évidement Jimmy Butler. Quatre toutes petites minutes jouées lors des playoffs 2012, puis cette saison le premier joueur depuis Wilt Chamberlain à disputer trois matches consécutifs complets, on n’aurait pu imaginer de bond plus spectaculaire que celui-ci. Encore une fois, ce sont les blessures de Luol Deng et Kirk Hinrich qui ont forcé Tom Thibodeau à faire jouer son sophomore autant de minutes, histoire d’avoir constamment un bon défenseur dans le périmètre, et le moins que l’on puisse dire c’est que Butler a répondu présent. Non seulement de disputer 48 minutes par rencontres, il le fait tout en devant défendre sur le meilleur joueur adverse, Joe Johnson ou Deron Williams, puis Lebron James et Dwyane Wade. Très athlétique, et réputé comme un excellent défenseur, Butler confirme jour après jour tout ce bien que l’on pensait de lui, tout en surprenant également de ses aptitudes en attaque. A l’instar de Kawhi Leonard, à sa défense intraitable (efficace, et sans prendre beaucoup de fautes du tout) vient s’ajouter un très gros volume de jeu au rebond, et une belle progression au scoring. Un tir fiable, solide pour aller chercher le contact en pénétration, mais aussi une mentalité totalement dévouée à l’équipe. Tout comme pour Leonard, on peut se laisser imaginer un futur All Star, et même si ce n’est pas le cas, il fera au moins office de très bon lieutenant à Derrick Rose dans les années à venir.

Il serait injuste de ne pas citer l’éclosion au plus haut niveau d’un Paul George, qui confirme sa saison régulière en mode MIP, l’éblouissant Stephen Curry qui régale enfin, après quelques années avec des chevilles qui refusaient de le laisser tranquille, ou même un Quincy Pondexter qui s’est imposé comme le joker des Grizzlies, par son tir arrière arc, sa défense, et a pris l’habitude de terminer les matchs avec les titulaires durant ces playoffs. Même si ces nouveaux talents ne sont bien évidement pas tous destinés à devenir des superstars en puissance, cette prise de pouvoir se révèle être un bol d’air frais dans ce contexte de post season, connu d’habitude comme le temps des vétérans.

7 réflexions sur “C’est au printemps que les bourgeons éclosent

  • Nitneroc72

    Très bien cet article ! Et pour ajouter un peu sur Barnes, il était considéré comme un scoreur en quittant North Carolina puis il s'est retrouvé à GSW où les 2 autres joueurs de la ligne arrière prennent 15 3 pts par match en moyenne, et en ajoutant David Lee il ne lui restait plus beaucoup de ballons mais la il a réussi à se trouver des shoots et Golden State en devient encore plus dangereux !

  • JoachimCelts

    Excellent article et vraiment complet!!! Le joueur que je redécouvre cette saison c'est Nate Robinso étincellant en PO. La révélation (ou la confirmation) c'est Monta Ellis qui sera pour moi un des plus grands. Celui ou ceux que j'attend au tournant l'année prochaine c'est Kyrie Irving et John Wall. Pour finir celui qui m'intrigue et que je vais suivre pour voir son évolution (mais tout dépend du temps de jeu qu'il aura) c'est Harrison Barnes

  • Rapha

    Golden State a fait une draft juste parfaite l'an dernier! Draymond Green est un super joueur, il avait quand même sorti un triple double pendant la March madness l'an dernier. Merci Jerry West!

  • Guillaume (BI.com)

    Exact, c'est pour ça que je disais qu'il se cherchait pendant l'année, son role n'était pas bien défini, ou en tout cas vachement limité.

    Mais le fait qu'il se soit amélioré à longue distance va lui donner plus d'importance je pense, et surtout dans le futur il sera appelé à beaucoup plus jouer de l'iso je pense. Excellent pioche pour un 7e choix.

  • Guillaume (BI.com)

    Oui, je l'adore Green, un joueur capable de tout faire, ça fait beaucoup de bien.

    Ca fait deux ans que les Warriors draftent bien, et ça fait surtout deux ans qu'ils bossent bien avec leurs rookies. Choisir un bon joueur, d'accord, mais si tu le fait pas jouer ça rime à rien.

    Et c'est pour ça que Golden State ressort grandit, parce que ces rookies ont eu du temps de jeu, et ma fois ils sont plutôt bon non ? ^^

  • Guillaume (BI.com)

    Nate il est plus tout jeune, et même s'il tient un gros niveau en ce moment, peut être qu'un role en sortie de banc lui conviendra mieux.

    Après oui, Irving, Wall & cie, mais j'attend qu'ils fassent les playoffs encore, et ce ne fut pas le cas !

  • JoachimCelts

    Ah mais je suis completement d'accord. J'ai l'impression que tu me dit ça comme si je te contredisait mais oui en effet, Nate est plus proche de la fin que du début d'ou mon étonnement (positif bien sur) de le voir à ce niveau. Quand à Irving et Wall j'attend aussi quil fassent une fois les PO pour voir ce quils valent. Après on peut mettre au crédit de Wall qu'il a loupé une bonne partie de la saison et qu'à son retour ça tournait pas mal. Pour Irving aussi bien que son absence a été plus courte que pour Wall

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