Intersaison 2013: focus sur le Miami Heat
Voilà, la saison est finie, et il est temps d’en terminer avec nos focus sur l’intersaison. Choix de draft, gestion de la masse salariale, carences de l’effectif, … les dossiers sont nombreux pour les GM. On vous a donc proposé, tout au long de ce dernier mois, de se mettre à leur place en faisant un point sur la situation salariale de chaque équipe, et les conséquences possibles sur le recrutement à venir cet été. On termine aujourd’hui cette série avec le Miami Heat, champion NBA 2013.
Le monde des finances NBA étant un univers pour le moins complexe, voici une petite explication des termes utilisés:
RFA: Restricted Free Agent. Se dit d’un joueur arrivant en fin de contrat, mais dont l’équipe peut s’aligner sur n’importe quelle offre. Dans la grande majorité, ce statut concerne les joueurs arrivés au terme de leur contrat rookie (soit à la fin de leur 4e année). C’était le cas, par exemple, de Nicolas Batum: Minnesota lui avait offert un gros contrat, sur lequel Portland s’est aligné, ce qui a obligé le Français à rester.
UFA: Unrestricted Free Agent. Joueur en fin de contrat sans aucune restriction: il peut signer où il le souhaite.
Player Option: il s’agit d’une clause présente dans certains contrats, permettant à un joueur de mettre fin à son contrat avant son terme. Par exemple, Monta Ellis a encore un an de contrat à Milwaukee, mais peut décider d’y renoncer pour tester le marché, devenant ainsi UFA.
Contrat non-garanti: la majorité des contrats NBA est garantie, ce qui signifie qu’une équipe qui déciderait de couper un joueur continuerait à voir son contrat peser dans la masse salariale. Mais certains contrats possèdent une ou deux années non-garanties, ou alors de manière partielle. Contrairement à la Player Option, c’est dans ce cas là l’équipe qui a la liberté de mettre un terme au contrat.
Rappelons par ailleurs que la NBA fonctionne selon un système de limitation salariale: le salary cap est depuis quelques saisons fixes autour de 58 M, c’est la valeur que nous prendrons en compte. Une équipe ne peut recruter un free agent d’une autre équipe qu’en restant en-dessous de cette limite. Par exemple, une équipe voulant recruter Al Jefferson et ayant une masse salariale de 49 M ne pourrait offrir plus de 9M au joueur, ce qui l’inciterait sans doute à aller voir ailleurs.
En revanche, toute une série d’exceptions permettent à une équipe de resigner ses propres joueurs, ce qui explique que la plupart des équipes soient au-dessus du salary cap. Dans le cas d’Al Jefferson, Utah pourrait ainsi le resigner en dépassant la barre des 58M.
Miami Heat (66-16)
Avec un deuxième titre d’affilée en poche, il y a relativement peu de chances de voir le Heat se livrer à un grand remue-ménage dans son effectif. L’essentiel est en place, et l’intersaison ne devrait servir qu’à améliorer l’équipe à la marge, sauf grosse surprise. Notre dernier focus ne sera donc pas le plus compliqué!
Situation salariale
Masse salariale cette année : 83,8 M.
UFA: Chris Andersen, Juwan Howard
RFA: –
Player option: Ray Allen, James Jones, Rashard Lewis
Contrat non-garanti: Mario Chalmers, Jarvis Varnado
Contrat garanti: LeBron James, Chris Bosh, Dwyane Wade, Mike Miller, Udonis Haslem, Joel Anthony, Shane Battier, Norris Cole
Il n’y a pas de quoi se casser la tête en regardant la situation financière du Heat: quoi qu’il arrive, ils seront au-dessus de la luxury tax, et n’auront pour recruter que la mini Mid Level Exception (un peu plus de 3 m$) et les contrats minimums. L’effectif a été pensé pour durer, et toutes les conditions sont remplies pour que la grosse majorité des joueurs reviennent tenter le threepeat.
Le front office aura, malgré tout, quelques dossiers à régler. En premier lieu, le cas du meneur titulaire, Mario Chalmers, pour qui Miami a une Team Option, c’est-à-dire une possibilité de mettre fin à son contrat dès cette année. Pour Allen, Jones et Lewis, c’est le contraire, puisque ce sont eux qui ont les cartes en main et peuvent mettre un terme à leur contrat pour tester le marché. Pour des questions d’âge et/ou de niveau, il est néanmoins peu probable qu’ils trouvent de meilleurs contrat ailleurs. Enfin, Chris Andersen et Juwan Howard sont eux totalement libres, mais étaient signés au salaire minimum, ce qui ne libère pas grand-chose comme espace dans la masse salariale.
Qui garder?
Est-il envisageable que Miami décide de se séparer de Mario Chalmers? Pas vraiment. Le Heat n’a pas besoin de meneur all-star, et même si Chalmers est très irrégulier, il a l’habitude de jouer avec le Big Three et est capable de sortir les shoots qu’il faut au bon moment. Pour 4 m$ l’année, il n’y a aucun intérêt à s’en séparer. Il restera, à 99%.
Même question pour Allen, Jones et Lewis, mais à l’envers: ont-ils intérêt à tester le marché? Là encore, la réponse semble négative. Pour Allen et Lewis, l’argent n’est plus vraiment la question, et on ne voit vraiment pas pourquoi ils quitteraient une équipe qui peut leur offrir une nouvelle bague l’an prochain. James Jones, lui, n’a à peu près plus aucune valeur sur le marché. Quitte à cirer le banc, autant le faire en ayant une chance d’être champion NBA.
Si ces quatre-là restent, il restera trois places disponibles dans l’effectif. Une d’elles devrait être réservée pour Chris Andersen, dont l’apport à l’intérieur a été capital cette saison, au point qu’on se demande pourquoi personne ne l’avait fait signé avant. Le Birdman ne semble pas très gourmand financièrement, l’affaire devrait donc être assez vite réglée.
Juwan Howard? A la retraite!
Roster possible:
PG: Chalmers, Cole
SG: Wade, Allen, Jones
SF: James, Miller, Battier
PF: Bosh, Haslem, Lewis
C: Andersen, Anthony
Qui recruter?
Si tout se passe comme nous venons de le dire, il resterait deux places pour compléter l’effectif, avec à disposition la mini-MLE et les contrats minimums, mais pas de premier tour de draft (il va à Cleveland, vieux souvenir du transfert de James). Pat Riley est extrêmement futé dès qu’il s’agit d’améliorer son équipe, et le fait qu’elle soit double championne en titre ne peut que faciliter le recrutement. Pour donner une idée, les deux dernières recrues par le biais de la mini-MLE sont Shane Battier (2011) et Ray Allen (2012), rien que ça!
Le successeur de ces deux-là pourrait bien être Chauncey Billups, qui a fait part de son intérêt pour rejoindre le Heat, par l’odeur de la bague alléché. L’ancien MVP des Finals pourrait être une bonne pioche en relais de Chalmers et Cole, à qui il arrive de pédaler dans la semoule lorsqu’ils sont face à un super meneur, ou à l’arrière pour faire souffler les genoux de Wade. A condition, tout de même, que son physique suive. Mr Big Shot va sur ses 37 ans et sort d’une saison quasi-blanche, ce qui n’est pas franchement rassurant.
S’il y a bien un secteur à renforcer, cependant, ce serait plutôt l’intérieur. Bosh et Andersen font le boulot, mais le Birdman a 35 ans. Haslem est sur la pente descendante, Anthony ne sert plus à grand chose, il faut donc pour le Heat trouver une présence supplémentaire pour apporter de l’énergie et de la défense – on a bien vu à quel point Roy Hibbert a pu les faire souffrir cette année. Greg Oden semble être une piste suivie de près par Pat Riley, mais il n’y a, là encore, aucune garantie sur son niveau et, surtout, sur son état de santé. Le nom de Samuel Dalembert est également apparu de temps à autres, ce qui serait un très joli coup pour le Heat. Dans la catégorie des vieux à la recherche d’un titre, Elton Brand, Kenyon Martin voire Chris Kaman sont sur le marché. Mais Miami aurait peut-être besoin d’un peu de jeunesse dans un effectif à l’âge moyen canonique.
Conclusion
Pas de grands mouvements à prévoir à Miami cet été. La même équipe devrait partir à la conquête du triplé, en pariant sur le vécu. Le but de Pat Riley sera de trouver, comme il le fait depuis deux ans, les deux recrues capables d’apporter un nouveau plus à un effectif déjà très complet. Que les fans du Heat en profitent, car en juin prochain, tout l’effectif (oui, oui, tout l’effectif) pourrait se retrouver libre, même le Big Three, et une bonne partie se dirigera sans doute vers la retraite. Un dernier tour pour la route, donc, avant de réfléchir à la suite.
Les focus précédents: