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[Finances NBA, mode d’emploi] 4. La luxury tax

Salary cap, free agent, luxury tax, … Lorsqu’arrive l’intersaison NBA, vous êtes complètement perdu dans l’infernal vocabulaire technique de la NBA? Vous aimeriez comprendre la stratégie financière de votre équipe préférée? Savoir pourquoi elle ne peut pas signer Chris Paul? Basket Infos vous offre, jusqu’au 1er juillet, date d’ouverture de l’intersaison, les moyens d’être un spécialiste de ce que l’on appelle le CBA (Collective Bargaining Agreement), bible de tous les General Managers, qui fixe les règles des transferts et des contrats.

Nous allons vous proposer un résumé de ces règles à travers une série d’articles, les plus complets possibles. Ces derniers se basent sur le CBA 2011, issu du lock-out. Eh oui, en plus d’être compliquées, les règles changent régulièrement, quand elles ne satisfont plus les joueurs et/ou les propriétaires!

Préparez-vous une aspirine, au cas où, et ne vous inquiétez pas si vous ne comprenez pas tout de suite: le monde de la finance NBA s’apprivoise peu à peu!

Après avoir le salary cap et les contrats et les exceptions au cap, parlons aujourd’hui de la luxury tax.

 

Nous avons vu hier que les franchises avaient le droit de dépasser le salary cap, en utilisant des exceptions, ce qui expliquait les différences parfois énormes de masse salariale d’une équipe à l’autre. Mais, pour éviter que ces dépassements soient démesurés, la ligue a mis en place un système incitant à ne pas trop dépenser. La NBA joue en effet à la fois de la carotte (oui, vous pouvez garder vos joueurs libres, même en dépassant le salary cap) et du bâton (si vous faites cela, vous allez devoir payer plus cher), en instaurant une autre limite, à partir de laquelle des équipes qui dépassent trop le salary cap payent une sorte d’impôt: c’est la luxury tax.

 

Comment est-elle calculée?

Comme le salary cap, sauf que l’on change le pourcentage du BRI concerné (53,51% l’an dernier). Ce montant moins l’estimation des bénéfices de la ligue, divisé par le nombre d’équipes: cela donne, pour l’an dernier, 70,307 m$. Ce devrait être nettement plus cette année, autour de 77 m$.

 

Comment fonctionne-t-elle?

Le principe en est assez simple: une équipe utilise les exceptions à tour de bras et dépense beaucoup d’argent en salaire? Ok, mais elle doit s’acquitter pour cela d’une taxe, reversée aux équipes moins dépensières. Jusqu’en 2011, une équipe au-dessus de la limite payait un euro pour chaque euro dépensé au-dessus de cette limite. Cette taxe a été au centre des discussions lors du lock-out de 2011, les petits marchés estimant qu’elle n’était pas assez dissuasive pour les franchises avec d’énormes moyens. Il en est sorti une version « améliorée », et bien plus dissuasive. Depuis l’été dernier (la mise en place a été progressive), les modalités en sont les suivantes:

  • Dépassement de moins de 5 millions de dollars: 1.5 dollars à payer pour 1 dollar de dépassement. Soit au maximum 7,5 m$ sur cette tranche.
  • Dépassement de moins de 10 millions de dollars: 1.75 à payer pour 1 dollar de dépassement. Soit au maximum 8,75 m$ sur cette tranche.
  • Dépassement de moins de 15 millions de dollars: 2.5 à payer pour 1 dollar de dépassement. Soit au maximum 12,5 m$ sur cette tranche .
  • Dépassement de moins de 20 millions de dollars: 3.25 à payer pour 1 dollar de dépassement. Soit au maximum 16,25 m$ sur cette tranche .
  • Dépassement au delà de 20 millions de dollars: 0.5 dollar de plus à chaque palier de 5 millions de dollars de dépassement (3.75 pour un dépassement de moins de 25 millions, par exemple)

En plus de cela, une franchise qui serait une habituée des dépassements à répétition (au moins trois fois sur les quatre dernières années) devra payer une taxe supplémentaire, à partir de cet été.

La différence est spectaculaire, si l’on compare les chiffres:

  • en 2010-2011, une équipe dépassant de 8 m$ la luxury tax devait s’acquitter de 8 m$ de taxe. Cette année, c’était 12,75 m$ (les 7,5 m$ maximum sur la première tranche, plus 3*1,75= 5,25 m$).
  • en 2010-2011, une équipe dépassant de 20 m$ la luxury tax devait s’acquitter de 20 m$ de taxe. Cette année, c’était 45 m$ (l’addition des quatre montants maximums des quatre premières tranches).

On le voit, la luxury tax va devenir, à partir de cet été, sacrément dissuasive. Il faudra vraiment être adossé à des contrats télévisuels monstrueux pour se payer le luxe de dépasser la taxe trop largement… et encore, les Nets eux-mêmes semblent chercher à faire des économies.

 

Qui la paye?

La taxe n’est payée par les équipes qu’à la fin de la saison, après que la NBA ait révélé son montant exact , mais on a déjà une idée des équipes qui devront s’en acquitter. En conservant le même montant, voilà les franchises qui seraient concernées:

Equipe Montant de dépassement estimé
Brooklyn 31,1 m$
New York 16,3 m$
Miami 8,9 m$
LA Lakers 5,3 m$
LA Clippers 900 000 $
Memphis 150 000 $

En général, il n’y a pas de mystères: les équipes adossées à un gros marché (LA, New York) ou avec un proprio dépensier (Dallas) sont celles qui se permettent de payer la luxury tax. Le document ci-dessous (source: ShamSports.com) montre les plus gros dépensiers depuis 2001 (cliquez sur l’image pour mieux voir):

Pas de surprise: dans le trio de tête, on retrouve les Knicks, les Mavs et les Lakers, alors que plusieurs équipes n’ont jamais payé la taxe. Quand on voit que New York a dépensé près de 200 m$ de plus que Washington par exemple, on comprend que l’équité financière est relative en NBA. Certains chiffres laissent d’ailleurs pantois: 45 m$ au-dessus de la limite pour New York en 2007 (merci Isaiah Thomas…), 52 m$ pour Portland en 2003! Mais ces dépenses ne sont pas des gages de réussite sportive: les Knicks ont dépensé 183 m$ de plus que les Spurs mais, sur la période, ces derniers ont trois bagues de champions et Big Apple aucune…

Une autre chose intéressante à remarquer est que la tendance est à dépasser de moins en moins la luxury tax. On est en effet passé de 173 m$ en 2003 et 157 m$ en 2004 à moins de 32 m$ en 2012. Même si ce chiffre devrait être un peu à la hausse cette année, cela témoigne d’une prudence accrue des franchises au moment de dépenser. La crise est passée par là, bien sûr, mais ce n’est pas la seule raison. La pression des « petits marchés », qui a été l’une des causes du lockout de 2011, ainsi que l’influence d’Adam Silver, adjoint de David Stern et nouveau patron de la NBA, tenant d’une politique financière plus égalitaire, ont permis l’augmentation de la capacité dissuasive de la luxury tax. Plus personne, aujourd’hui, ne souhaite payer sans réfléchir. Le trade de James Harden, en octobre 2012, ainsi que les échanges réalisés par Chicago cette année pour ne pas avoir à payer la taxe, en attestent.

Pour résumer, on peut dire qu’il y a trois catégories de franchises en NBA:

  • celles qui sont en-dessous du salary cap, qui sont minoritaires (une petite dizaine cette année)
  • celles qui sont au-dessus du salary cap, mais en-dessous de la luxury tax. Ces franchises ne payent pas de taxe supplémentaire.
  • Celles qui dépassent la luxury tax, et payent donc pour ce dépassement.

Ces deux limites, le salary cap et la luxury tax, participent de cette souplesse du système NBA, qui encadre les masses salariales des franchises, mais permet aux équipes disposant de gros moyens d’en faire usage, à condition d’en payer le prix par une sorte d’impôt solidaire. Malgré la tendance que l’on vient de repérer, le problème, bien sûr, reste toujours le même: tout le monde n’a pas les moyens de payer le luxury tax. C’est la raison pour laquelle le Thunder a échangé James Harden, par exemple.

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12 réflexions sur “[Finances NBA, mode d’emploi] 4. La luxury tax

  • aladouchette

    Le systéme dés cette année sera certainement plus dissuasif, mais la notion de gros marché restera à jamais, les dés sont légèrement pipés même si l'exemple de SA contrebalance. C'est dommageable pour le spectacle, j'ai beau être supporter des Lakers, je trouve que certaines équipes jouent le jeu et d'autres non. Une limite dite ultime serait un axe de réflexion intéressant. Super boulot B.I !

  • PingouinDunkeur

    Mauvais lien pour le salary cap, il envoie vers les contrats :)

  • Basket Infos

    corrigé, merci!

  • Rapha

    Merci ;)
    Personnellement je serai aussi assez pour un "hard cap", un peu au-dessus de la luxury tax. Mais le nouveau système tend vers ça, tout de même.

  • aladouchette

    Le problème majeur qui nuit à l'égalité, c'est les liens de corrélations gros marchés et gros contrats, beaucoup plus d'expositions médiatiques, de contrats juteux, de sponsoring etc…. alors qu'honnêtement je me suis surpris à aimé regarder des "petits matchs" du genre Minnesota- Pistons même si je déborde du sujet, y a des relations sinequanones évidentes !

  • Rapha

    En effet, le plus gros problème est celui des revenus "extérieurs", comme le monstrueux contrat télé des Lakers.
    Et en tant que supporter de Minnesota, je ne peux être que d'accord avec toi!

  • ArthurNau

    Cette série d'article est vraiment géniale, j'adore ce sport et je suis cette ligue mais les règles et le jargon financier pour moi c'est du charabia ! Merci de m'éclairer continuez comme ça.

  • Basket Infos

    Merci pour l'auteur.
    C'est vrai que c'est quand même un peu le bazar.

  • JoachimCelts

    Surement le meilleur article de la série pour le moment^^ et oui, un hard cap serait mieux ;)

  • JoachimCelts

    En tant que fan des Wolves, pense tu qu'il vaudrait mieux recruter à Minnesota un bon préparateur physique plutôt que 1 ou 2 bon joueurs? Vu l'effectif je les voyaient en P.O mais les blessures à répétition depuis 2ans ça les tuent…

  • Rapha

    Pfff j'ose même plus parier sur ce qu'ils peuvent faire, même si je continue à y croire! Ca peut pas durer éternellement ces blessures…

  • JoachimCelts

    Grave, en tant que fan de K.Love, j'attend toujours le jour ou les Wolves décrocheront les P.O et comme tu dit, les blessures ça peut pas continuer éternellement!!!

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