[Finances NBA, mode d’emploi] 9. Bilan: l’esprit du CBA
Notre guide sur les finances NBA est désormais terminé, il nous reste à en tirer quelques conclusions. La première a dû vous venir à l’esprit: tout cela est sacrément compliqué, et ne peut pas se comprendre en un coup de cuillère à pot. Y aurait-il moyen de simplifier le système? Sans doute, en mettant en place un hard cap. Mais cette complexité n’est pas une simple manière d’embrouiller tout le monde, elle est en fait le reflet – et la garantie – de ce qui est, me semble-t-il, les deux piliers de l’esprit de ce fameux CBA, et de tout le fonctionnement de la NBA:
- une volonté de fidéliser les joueurs, et de stabiliser les effectifs. Plusieurs règles, en particulier les Bird Rights, qui permettent à une équipe de resigner un de ses joueurs en dépassant le salary cap, où le statut de restricted free agent, qui donne à une franchise la priorité pour prolonger les joueurs qu’ils ont draftés, donne aux équipes de vrais arguments pour conserver longtemps leurs stars, et avoir ainsi une chance de travailler sur la durée. Les joueurs aussi y trouvent leur compte: la Bird Exception, par exemple, leur offre la possibilité d’avoir un contrat plus long, avec une hausse de salaire plus importante, s’ils restent dans leur équipe.
- une grande souplesse de fonctionnement. La multiplication des exceptions le montre: les limites, en NBA, sont quasiment faites pour être franchies. Avec modération, et sans que cela amène à du grand n’importe quoi, mais avec tout de même suffisamment de pragmatisme pour qu’aucune franchise ne se retrouve complètement bloquée financièrement. Il y a toujours un moyen de renforcer son effectif, même si cela signifie souvent être plus malin que les autres. La maîtrise du salary cap est un enjeu capital en NBA, et les GM se doivent d’en connaître toutes les ficelles. La gestion de Daryl Morey, GM de Houston est en ce sens un modèle.
Les changements introduits dans le CBA 2011, à la suite du lock-out, vont néanmoins plus dans la première direction que dans la seconde. L’un des changements les plus spectaculaires est dans la sévérité accrue envers les franchises dépassant la limite de la luxury tax: le prix à payer est nettement plus important, les moyens de recruter plus limités, ainsi que les possibilités d’échanges. La formation du Big Three de Miami a été un des détonateurs de ce changement, la ligue et les équipes des petits marchés étant loin d’être fan de ce genre d’assemblage de stars.
Les deux dernières trade deadlines de février, d’un calme désespérant, en attestent: désormais, les franchises se tiennent à carreau. Par peur de dépasser la luxury tax et de payer des fortunes, les propriétaires et les GM sont attentifs à la moindre dépense (voir mon analyse du trade de Rudy Gay, dans un des articles de la série) et sont incités à jouer la stabilité, plutôt que de se jeter sur tous les free agents qui passent. Pour les lecteurs du magazine Reverse, je renvoie au numéro de mars/avril 2013, p. 74-79, où Benoît Jamet montre brillamment les conséquences de ce nouveau CBA, et l’effet sur la gestion financière des franchises. Sa conclusion, avec laquelle on ne peut être que d’accord, est que le modèle de développement à venir est sans aucun doute celui d’OKC, Houston ou Indiana, qui composent leur effectif autour de deux stars, de très bons jeunes encore dans leur contrat rookie et de vétérans ne demandant pas de contrats démesurés.
Ne vous inquiétez pas pour autant, il va continuer à se passer des choses pendant la free agency, et on espère que ce début d’été sera passionnant. Voici les dates clés de toute intersaison:
25 juin Dernier jour pour faire des joueurs des restricted free agents
29 juin Dernier jour pour activer les options sur les contrats (Player Option, ETO, …)
30 juin Date limite pour la qualifying offer
1er juillet Début du moratorium de juillet, période pendant laquelle il est interdit de faire des échanges ou de signer des free agents, en attendant que le salary cap soit calculé
Fin des contrats
Possibilité de renoncer aux free agents, c’est-à-dire ne plus les faire compter dans le cap hold
10 juillet Fin du moratorium
Les équipes peuvent signer des free agents et faire des trades
16 juillet Dernier jour pour signer les 1ers tours de draft
6 septembre Dernier jour pour signer les 2es tours de draft
1er octobre Dernier jour pour accepter une qualifying offer
31 octobre Dernier jour pour activer les options sur les contrats rookies, et pour négocier une prolongation sur ces contrats
Fin octobre- Fin de l’intersaison. Les effectifs ne doivent plus dépasser 15 joueurs. Les trades et signatures sont encore possibles (jusqu’à fin février).
Si ce mini-guide a pu vous servir à mieux en saisir les enjeux et les règles, tant mieux, sinon vous pouvez toujours le relire! Le lien est en haut à droite (à côté du titre de l’article), ou ici.
Pour ceux qui souhaiteraient aller plus loin, la référence absolue sur le sujet est la FAQ de Larry Coon, où vous trouverez toutes les réponses à vos questions (que vous pouvez aussi poser en commentaires, bien sûr).
Pour consulter les masses salariales chaque équipe, il y a plusieurs sites. Je vous conseille tout particulièrement Spotrac ou le blog Storyteller’s Contracts, qui va malheureusement disparaître. Les chiffres peuvent varier, ce qui est normal, les franchises ne communiquant pas officiellement sur les salaires qu’ils versent.
Voilà, c’en est terminé pour cette série d’articles, on vous souhaite une bonne intersaison!
Quelle belle série d'articles, précis et qui à surement demandé pas mal de travail!!! Je pense parler au nom de tous le monde en disant qu'on s'est régalé ;) Merci
Merci pour le compliment ;)
Beau travail. En revanche, Hoopsworld est tout sauf une référence fiable en matière de contrats de joueurs. Basketball référence propose un travail bien plus sérieux en la matière.