Jeremy Lamb, explosion en vue?

28 Octobre 2012. Il est quasiment 5h du matin quand l’info commence à filtrer un peu partout chez les insiders NBA. James Harden va quitter OKC. « The Beard », sans doute trop gourmand, incapable de parvenir à un accord avec les dirigeants du Thunder, quitte donc la franchise de l’Oklahoma quelques mois seulement après une finale décevante, laissant dans l’esprit des fans un amer goût d’inachevé. Le trade monté par Sam Presti, le GM du Thunder semble tenir la route. Outre quelques éléments pour faire le nombre (changement d’équipe pour Cook, Aldrich etc…), la véritable compensation pour le Thunder tient en deux noms: Kevin Martin et Jeremy Lamb. Tout le monde doute de la capacité du premier à reprendre le rôle d’un James Harden leader de la seconde unit du Thunder. On se laisse facilement aller à penser que le Thunder vient de perdre de sa superbe. Martin est un bon joueur, remarquable tireur, mais n’a ni les capacités de All-around player ni la force de percussion d’Harden. OKC est perdant, OKC vient de mettre un terme à une dynastie de domination à peine entamée…

Ces premières analyses, un peu à chaud, on vite fait place à une réalité du terrain différente. Kevin Durant rentre dans un rôle d’All Around player, Russel Westbrook, malgré les attentes qu’il cristallise, mène le jeu avec brio (ou en tout cas, marque des points avec brio, pour ce qui est de mener le jeu, on parle de Westbrook quand même), Martin, légèrement en deçà de ce à quoi on aurait pu s’attendre, met des points même s’il n’a pas l’impact de son prédécesseur. Le Thunder finit la saison premier à l’Ouest et semble favori pour aller chercher une revanche face à Miami en finale NBA.

Tout s’effondre ensuite lors d’un match anodin du premier tour face à Houston. La blessure de Westbrook révèle toute l’insuffisance du fond de jeu collectif d’Oklahoma. Elle met surtout en lumière l’incapacité à créer de Kevin Martin par rapport à James Harden. Martin, comme Kevin Durant est un finisseur. Si encore il était l’un des tout meilleurs, OKC pourrait peut-être s’en sortir. Mais Martin n’est plus le joueur qu’il était à Sacramento ou au début de sa période Rockets. C’est un bon joueur, certes, une rotation très intéressante même. Mais il lui manque un grain de folie pour devenir le 6ème homme dont OKC a tant besoin. Un brin de vitesse en plus, une insouciance qui permettrait de débloquer des situations compromises, un culot de jeune premier… Autant d’éléments qui font la différence entre Martin et Harden. Autant d’éléments qui poussent les fans d’OKC à se demander où est passé Jeremy Lamb.

Car le rookie n’a disputé que quelques matchs cette saison, avec un temps de jeu famélique, pour 3.1 points par match. S’il a outrageusement dominé la D-League, Scott Brooks ne lui a pas fait confiance à l’échelon supérieur. Mais aujourd’hui Martin est parti, et la place de 6ème homme du Thunder se trouve inoccupée. Le jeune Lamb est celui qui peut non seulement prendre cette place, mais offrir à OKC le nécessaire pour que la franchise puisse reprendre sa marche en avant.

Comprenons-nous bien. Jeremy Lamb est un joueur incroyable. Pas une superstar, pas une future légende, pas un acharné de travail prometteur. Non, Jeremy Lamb est le genre de joueur qui, sans s’être entraîné d’arrache-pied, sans avoir dédié sa vie au jeu avec autant de force que d’autres, domine. Lors de la draft 2012, Lamb est attendu dans le top 5. Les scouts pointent son manque d’envie, son absence de motivation, se demandent même si le jeu l’intéresse. Mais Lamb est tout de même sélectionné en 11ème position. Car le garçon est fait pour le game. Longiligne sans être immense (1m96), doté d’une envergure étonnante (2m10), l’ancien de Connecticut est mobile, rapide, explosif. Il possède surtout un instinct de scoreur rare, prenant chaque miette laissée par la défense pour la transformer en point sur la feuille de match. Son adresse, son step back dévastateur, son aisance balle en main rappelle Harden, dans un style plus fluide, moins puissant, avec en plus une véritable obsession pour le scoring. Capable également de prendre un rôle de slasheur, dominant les défenseurs par sa longueur dans la raquette, Lamb est une menace offensive de tout premier ordre (et clutch avec ça). Son potentiel se situe au-delà du niveau affiché par Kevin Martin cette saison. De quoi donner des idées à Scott Brooks, lui qui a souvent fait confiance à ses rookies, mais qui a fait une exception pour l’arrière débarqué de Houston. S’il n’est pas un défenseur de premier ordre, si sa main droite est encore faible, il progressera, à condition que la confiance nécessaire à son développement lui soit donnée.

C’est bien là que se situe la plus grande incertitude. Jeremy Lamb peut exploser cette saison, devenir une arme offensive importante, voire la troisième option du Thunder derrière le duo de superstar Durant-Westbrook. Mais le temps de jeu se mérite, et le garçon devra sans doute se mettre au diapason de Scott Brooks, accepter de travailler comme il ne l’a jamais fait pour devenir impossible à stopper. On l’a dit, Brooks est plutôt enclin à faire jouer ses rookies. Si Lamb a eu si peu de temps de jeu cette saison, il doit y avoir une raison. Manque de travail? de motivation? d’intégration dans l’équipe? Peu importe finalement. Après sa summer League réussie à Orlando, Lamb a sans doute gagné suffisamment de crédit pour profiter d’un temps de jeu raisonnable en début de saison. A lui de saisir sa chance et de prendre son envol pour planer sur la ligue comme il le doit. Et pour éviter un crash fatal. MIP ou flop? La summer league nous a peut-être livré un début de réponse…