New Orleans Pelicans - NBAWashington Wizards - NBA

Take that shoot or you’ll miss your shot

Tyreke Evans et John Wall rassemblent de nombreuses similitudes. Les deux joueurs ont été barré par Blake Griffin à un moment de leur carrière (Evans quatrième choix de la draft 2009, Wall 2ème rookie de l’année en 2011). Les deux présentent (ou en tout cas présentaient à leur arrivée en NBA) un profil de slasheur, de joueur avant tout attiré par l’idée de dominer l’adverse en allant écraser la balle dans le cercle, ou en terminant avec un sens artistique certain par un lay-up heurtant la planche au terme d’une course folle. Et les deux présentent une carence au shoot certaine qui freine considérablement leur progression.

L’adaptation réalisée par ces deux anciens protégés de John Calipari face à leur manque d’efficacité au tir est pourtant très différente. La courbe de progression des deux hommes l’est aussi, et ces deux faits sont sans aucun doute corrélés. Reste à explorer les deux cas, pour comprendre comment les deux hommes ont réagi face à tous les problèmes entraînés par cette absence de shoot.

  It is tempting, if the only tool you have is a hammer, to treat everything as if it were a nail.

Cette quote d’Abraham Harold Maslow s’applique à la perfection au cas Tyreke Evans. A son arrivée aux Kings, en 2009, et malgré une taille (1m98) et une puissance suffisante pour évoluer à l’arrière ou même à l’aile, son aisance balle en main persuade Paul Westphal de le placer à la mène. S’ensuit une saison des plus réussies, Evans devenant le quatrième joueur de l’histoire de la NBA capable d’aligner 20 points, 5 rebonds et 5 passes durant sa première saison au plus haut niveau. Le fait d’évoluer à la mène lui permet d’avoir énormément la balle en main, de se construire dans un rôle de créateur dont la principale qualité reste le drive. Le collectif de Sacramento et la forme du jeu des Kings évitent à l’ancien joueur de Memphis de se retrouver face à ses faiblesses, et notamment de comprendre réellement toutes les conséquences de son insuffisance au tir. Cette période est sans doute charnière pour Evans. Elle le persuade qu’il est capable de dominer uniquement par ses drives et son habileté à finir dans la raquette, lui fait croire que son jeu peut échapper à une progression au shoot pourtant indispensable à une domination durable (nécessité qui se fera sans doute encore plus sentir lorsque le neo-Pelican vieillira). Les baisses statistiques des saisons suivantes, résultant autant des ajustements défensifs d’adversaires désormais conscients de l’incapacité de Tyreke Evans a dégainé, que d’un changement de poste mettant encore plus en valeur les lacunes dans le jeu de celui trop vite propulsé au rang de franchise player, contribuent à laisser le joueur s’enfermer dans une logique destructrice. Evans pense qu’il doit avoir la balle pour dominer, qu’il doit jouer à la mène pour redevenir l’étoile filante entrevue lors de sa saison rookie… La présence de Jrue Holiday et Eric Gordon réduit considérablement les chances pour le joueur d’évoluer à son poste naturel, voire en tant qu’arrière. Par cupidité, besoin de se sentir apprécié ou responsabilisé, Evans a accepté la solution New Orleans alors même que le roster présent en Louisiane le replongera dans ses errements des trois dernières années. La seule solution viable pour lui est donc une progression flagrante au shoot, sans laquelle la descente aux enfers de l’ancienne étoile de John Calipari se poursuivra une saison de plus. Une preuve de plus que cette arme est indispensable à la construction d’un joueur complet capable de prendre ses responsabilités offensivement.

 

The opposite of a problem would likely be the correct solution.

John Wall a pour sa part bien ingéré la phrase de Joey Lawsin. Parce que son adaptation à la NBA lui a tout de suite montré à quel point ce problème limitait son potentiel, Wall s’est rapidement mis en tête un objectif simple: progresser au shoot. Ses autres lacunes, son incapacité à poser le jeu malgré un sens inné de la passe notamment, l’ont empêché de passer outre le problème et de dominer dès son arrivée dans la grande ligue comme il le devait. Le meneur des Wizards a donc traversé sa première saison en attendant patiemment de pouvoir s’entraîner d’arrache-pied afin d’être prêt pour la seconde. Rebelote lors de celle-ci: par manque de travail, de confiance ou tout simplement par incapacité à rentrer les tirs, le meneur subit une saison des plus compliquées, finissant notamment l’exercice à 7% à trois points. Poussé par un orgueil de champion, John Wall s’entraîne plus dur que jamais durant l’été. Blessé en début de saison, il débarque sur les parquets avec une volonté de fer de prouver enfin qu’il peut atteindre le niveau qui aurait du être le sien depuis ses débuts dans la ligue. Le résultat est édifiant: les Wizards se mettent à gagner des matchs, et Wall montre de véritables aptitudes à mi-distance. Cette progression offre une profondeur inédite à son jeu, et permet d’entrevoir le véritable potentiel du diamant des Wiz’. Memphis en a notamment fait les frais, mais plusieurs équipes pourraient bien s’ajouter à la liste dès la saison prochaine, à condition que le joueur reste sur la lancée de son dernier exercice et se montre capable de scorer hors de la raquette avec la même régularité que durant la fin de la saison.

John Wall paraît ainsi être celui qui a pris le problème par le bon bout, du fait surtout de sa prise de conscience liée à ses difficultés en début de carrière. Les améliorations subies par son tir lui permettent de postuler aujourd’hui à un rôle de franchise player. Celui-la même que Tyreke Evans, par incapacité (ou non-volonté, car le joueur est peut-être persuadé de son aptitude à dominer même sans shoot) à remédier à son éternel problème d’adresse, a perdu au fil des ans. A l’heure de signer les contrats, Wall, qui va être prolonger pour 80 millions, empochera près du double d’Evans. Parce que, même doté de capacités physiques et techniques hors du commun, la grande ligue ne permet pas aux joueurs inefficaces de loin d’exprimer la plénitude de leur potentiel. John Wall, toujours le plus rapide sur les terrains, l’a déjà compris. Tyreke Evans, s’il ne veut pas passer à côté de la grande carrière qui s’offre à lui, n’a plus qu’à faire de même…

6 réflexions sur “Take that shoot or you’ll miss your shot

  • yd07

    desolé mais evans n'a pas été second choix de la draft

  • Guillaume (BI.com)

    Petite coquille corrigée, merci de la remarque :)

  • Baky94

    John Wall a un potentiel bien plus important qu'Evans qui est quand même vraiment limité de mon point de vue et le contrat qu'il vient de signer me paraît énorme et je ne pense pas que ça va le servir pour moi ça va devenir un contrat boulet dont NO voudra absolument se séparer pour prolonger Davis dans quelques années.

    Je ne suis pas voyant donc Wait and See.

  • NeverStopBBall

    Très bon article ! Bravo ! :)

  • ArmandBI

    Merci =)

  • ArmandBI

    Très possible que tu aies raison. Seul l'avenir le dira, mais il faut avouer que les récentes saisons d'Evans plus le fait qu'il ne pourra pas jouer à la mène ou à l'arrière régulièrement (alors que ce sont précisément les deux postes sur lesquels il peut retrouver son niveau rookie) fait un peu peur.

Laisser un commentaire