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Eric Gordon fait face à un double défi

Stephen Curry l’a démontré tout au long de sa superbe saison: il est tout à fait possible pour un jeune joueur freiné par les blessures de reprendre sa progression et d’exploiter pleinement son potentiel. Eric Gordon, l’arrière star des Hornets se trouve ainsi à un moment clé de sa carrière. Avec l’ajout de Jrue Holiday et Tyreke Evans, en plus de la présence d’Anthony Davis, les nouveaux Pelicans ont l’occasion de jouer les playoffs (ou du moins de s’en rapprocher) pour la première fois depuis le départ de Chris Paul. D’un autre côté, Gordon a semblé peu motivé durant toute la saison, et aurait notamment des problèmes relationnels forts avec Monty Williams, de quoi encourager un départ vers d’autres cieux. Avec 17 points de moyenne marqués en 42 matchs disputés cette saison, le joueur reste une valeur sûre d’une ligue dans laquelle les arrières possédant un tel potentiel offensif ne sont pas légion. Toutefois, le shooteur n’a jamais joué dans des équipes compétitives (à part peut-être les Clippers 2010-2011 dans lesquels Blake Griffin n’était qu’un rookie), ce qui rend l’évaluation de son niveau réel délicate.

Via AP

 

Alors, qu’est-on en droit d’attendre d’Eric Gordon? Si une équipe souhaite le recruter, que peut-elle espérer? Plusieurs scénarios sont ainsi à explorer.

Dans le premier, Eric Gordon, enthousiasmé par le changement de statut de la franchise tant d’un point de vue marketing (nouveau nom de Pelicans) que sportif (ajout d’Holiday et de Tyreke Evans notamment, Anthony Davis potentiel futur grand), décide, malgré ses différents avec Monty Williams, de rester en Louisiane. Il passe devant Tyreke Evans en début de saison sur le poste 2 et son entente avec Jrue Holiday fonctionne très correctement (avec ses 8 passes de moyenne et son shoot extérieur, l’ex meneur de Philly est idéal pour mettre Gordon dans de bonnes dispositions en lui offrant à la fois caviar et espace nécessaire à l’exploitation de sa puissance physique). Anthony Davis progresse dans son rôle, Tyreke Evans amène de l’énergie du banc et les Pelicans fonctionnent à plein régime, s’envolant vers la lutte pour les playoffs, avant de progresser naturellement pour jouer un rôle de nouveau Thunder dans les années à venir (attention cependant à la gestion de la masse salariale).

Ce scénario quasi idyllique doit cependant être nuancé tant il comporte de paramètres susceptibles de jouer en la défaveur de l’ancien shooteur des Clippers. A commencer par lui-même. Gordon a été très souvent blessé ces dernières saisons, notamment aux chevilles et l’hypothèse d’une rechute n’est clairement pas à écarter. Dans ce cas, avec son contrat à plus de 14 millions l’année et la présence de Tyreke Evans dans le roster, les Pelicans pourraient à nouveau tenter de dealer leur shooteur. Mais, contrairement aux autres saisons, le timing pourrait être bien plus intéressant pour d’autres franchises. Imaginons en effet une équipe légèrement moribonde (mettons Utah ou surtout Phoenix, qui s’est souvent déclaré intéressé) avec un bilan médiocre à mi-saison. Compte tenu de l’attente suscité par la draft 2014, une telle franchise pourrait alors tenter le tout pour le tout en dealant un joueur fort contre Gordon (Dragic ou Bledsoe pour Phoenix, un gros contrat plus un fort potentiel type Kanter pour Utah), afin de tanker véritablement la fin de saison et de repartir en 2014-2015 en alignant un rookie à très fort potentiel (plutôt Randle pour Phoenix et pas forcément Wiggins, même pour Utah, car il évoluera en partie au même poste que Gordon) et un shooteur expérimenté, revanchard et plus déterminé que jamais, soit une base forte sur laquelle bâtir un futur probant.

Autre scénario possible, un clash entre Gordon et Monty Williams. Peu souvent sur la même longueur d’onde la saison passée, les dernières saisons de l’arrière comportent trop de matchs manqués pour que son aura soit intacte. Si Holiday et Davis soutiennent leur coach, pas sûr qu’une dispute entre Gordon et son coach tourne à la faveur du premier. Gordon pourrait ainsi se retrouver relégué en position de sixième homme, et devenir une monnaie d’échange intéressante pour une franchise en manque d’adresse extérieur à l’approche des playoffs. Les Grizzlies, qui ont toujours manqué d’un shooteur fiable au moment d’attaquer la post-season pourrait alors être tenter de récupérer l’arrière en échange, par exemple, d’un pack Tayshaun Prince-Jerryd Bayless, permettant ainsi aux Pelicans de disposer d’un joueur expérimenté pour encadrer une jeunesse pleine de promesse et de récupérer un back-up de qualité pour Jrue Holiday. Ce type d’opportunité risque d’être observé de près par Gordon et son agent car le joueur, après cinq années passées dans des franchises moribondes, veut découvrir les playoffs et de faire exploser ses qualités à la face du monde. D’ailleurs, un tel trade pourrait intervenir avant même le début de la saison.

En résumé, il est très délicat de prévoir la façon dont se déroulera la saison d’Eric Gordon. Le joueur a une nouvelle fois été opéré de la cheville et devrait avoir besoin de temps pour récupérer l’intégralité de ses moyens. Il devra enchaîner les matchs sans pépins physiques pour prouver aux éventuelles franchises intéressées qu’il vaut la peine d’être recruté. Car, avec un tel contrat, le shoot soyeux et l’explosivité d’un joueur à la puissance rare pour un tel gabarit ne suffiront sans doute pas à convaincre tout le monde. Charge au joueur de faire comprendre à toute la ligue que si les arrières doués offensivement sont rares, ceux de la trempe d’Eric Gordon sont bels et bien uniques.

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