Débat : Deron Williams doit-il rester 6e homme à Brooklyn ?
C’est devenu maintenant une évidence. Les Nets ont enfin trouvé un rythme de croisière digne des objectifs qu’on leur fixait en début de saison. Vainqueurs de neuf de leur dix derniers matchs, on peut se demander légitimement ce qu’il s’est passé dans les vestiaires de l’équipe de Brooklyn. Est-ce le retour de blessure d’Andrei Kirilenko, est-ce le renvoi de Lawrence Frank ? Sûrement un peu des deux.
Effectivement, le joueur russe a apporté une dimension qui manquait clairement à l’ « autre équipe de New York ». Kirilenko, par son parcours estampillé Euroligue, emmène dans ses valises partout où il passe, un QI basket, une intelligence de jeu, une science du placement et du collectif, combinés à une polyvalence et une éthique de travail sans égales à Brooklyn. Un avantage évident donc…
D’un autre côté, la mise à la porte de Lawrence Frank a permis à Jason Kidd de s’exprimer plus librement. Il est désormais la seule voix du vestiaire, et il a semble-t-il enfin remporté l’adhésion de ses joueurs. Pas facile pour un coach débutant, aussi talentueux soit-il en tant que basketteur, de faire ses preuves en étant bridé par un assistant connu pour son entêtement, censé le chapeauter car plus expérimenté… Le départ de Frank a dans les faits, enfin coïncidé avec une période de bons résultats pour les Nets, peut-être parce que Kidd a enfin pu imposer ses choix…
Le problème majeur jusque là, était aussi que cette bonne phase correspondait parallèlement à l’absence sur blessure du meneur de jeu titulaire Deron Williams. Souvent critiqué pour sa sélection de shoots parfois hasardeuse, D-Will commençait à poser question. La titularisation temporaire de Shaun Livingston semblait même être une bonne chose pour le collectif des Nets.
Dans un profil différent de celui de Williams, l’ancien Bobcat, par sa taille, apporte une vision de jeu nouvelle. Défenseur correct, capable d’explosivité malgré un manque de poids et de rapidité, Livingston a réussi à faire tourner le ballon, et même s’il n’a cumulé que 3,2 passes décisives de moyenne par match pendant la blessure de D-Will, sa présence à la mène a permis aux Nets de mieux équilibrer l’attaque entre Paul Pierce et Joe Johnson.
Même s’il est évident que Deron Williams est un meilleur meneur de jeu que Shaun Livingston, il apparaît néanmoins que les deux point guards ont des profils complètement opposés. Williams shoote de loin, et pénètre grâce à des drives et des dribbles hyper-rapides conclus soit par un shoot, soit par une passe décisive (une grande partie des sept caviars qu’il délivre par match viennent d’actions de ce genre). Capable soit de prendre feu soit d’arroser à 3-points, il est clairement un joueur qui a besoin du ballon.
Livingston est lui un joueur plus sobre. Plutôt lent, en raison des diverses blessures qu’il a connues, le meneur de jeu grâce à ses 2,01m, a une vision de jeu unique à ce poste. Peu adroit de loin, il est un joueur qui même s’il s’aventurera dans des pénétrations parfois hasardeuses, privilégie le collectif. Ses feintes et sa taille liées à ses capacités de dribble et de détente font de lui un joueur unique à son poste. Il semble assez évident que sa présence dans le cinq majeur a elle aussi fait du bien à cette équipe des Nets, car Pierce et Johnson ont clairement besoin du ballon.
Depuis son retour sur les parquets, Deron Williams débute sur le banc. Sûrement le temps de retrouver son rythme. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ça va plutôt vite. Pour son 3e match en tant que 6e homme vendredi soir, D-Will a compilé 18 points (dont 14 en deuxième mi-temps), et 11 passes décisives pour une seule balle perdue (en 35 minutes de jeu tout de même). Lors des trois rencontres que Williams a débuté sur le banc, les Nets ont gagné, et même si Livingston a vu son temps de jeu diminuer (23 minutes par match sur ces trois rencontres tout de même), c’est lui qui débutait, et qui permettait de mettre ses coéquipiers en confiance.
Williams est conscient qu’il va mieux si l’on lit ce qu’il a dit à ESPN. Peut-être que le joueur, qui avait décidé lui-même, dans un premier temps, de débuter sur le banc pour ne pas bousculer l’alchimie de l’équipe, va peut-être vouloir retrouver sa place de titulaire sous peu.
« Je me suis senti très bien. Je retrouve mon rythme, en tentant de rester en bonne santé, mais en jouant aussi comme j’en suis capable. A chaque match ça ira mieux, et c’est comme ça que j’envisage les choses. »
Doit-il retrouver sa place de titulaire du coup ? Une brève observation montre facilement que la 2nd-unit actuelle de Brooklyn a de la gueule : Deron Williams / Jason Terry / Andrei Kirilenko / Mirza Teletovic / Andray Blatche. Et surtout, elle apporte des solutions différentes d’un startig-five tout aussi intéressant : Shaun Livingston /Alan Anderson / Joe Johnson / Paul Pierce / Kevin Garnett.
D-Will dans cette second-unit, peut porter la balle à loisir. Entouré de joueurs qui savent se positionner sans avoir à créer pour exister (Terry, Kirilenko, Teletovic), Williams trouve facilement l’opportunité de trouver un joueur libre pour scorer facilement, même s’il a gardé le ballon pendant les quinze secondes précédentes. Sur les trois derniers matchs, il est d’ailleurs intéressant de voir que l’équipe B de Brooklyn a inscrit 175 points, contre 145 pour l’équipe A.
Si l’on regarde les résultats des Nets dans ces conditions, il semble qu’actuellement laisser Deron Williams sortir du banc sonne comme une évidence. Mais lui, sera-t-il d’accord pour adopter définitivement ce rôle considéré comme peu valorisant ? Le meneur de jeu sait qu’il peut avoir le niveau All-Star, est-il capable de se reconvertir en 6e homme sans faire la tronche, et bousculer ainsi l’alchimie enfin trouvée à Brooklyn ?
Et puis on le répète, mais c’est D-Will lui même qui a décidé de commencer temporairement sur le banc, que fera Kidd si son meneur lui redemande sa place de titulaire ? Finalement, quand on voit que Williams est capable de compiler 17,6 points et 8,9 passes décisives de moyenne par match sur un ensemble de huit saisons NBA, on peut logiquement se dire qu’il serait dommage de ses passer de tous les services que peut rendre un point guard de cette qualité.
Un vrai casse-tête donc, et c’est finalement le rôle du coach d’évaluer le pour et le contre de cette situation. Il est néanmoins évident que si Jason Kidd décide de laisser Deron Williams sur le banc alors que ce dernier veut récupérer sa place de titulaire, l’entraîneur devra être capable d’argumenter et d’assumer ses choix. Pas évident pour un coach débutant encore voué à faire ses preuves…
Et vous ? Prendriez-vous le risque de laisser Deron Williams 6e homme s’il désirait réintégrer le cinq majeur ?
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