Le (presque) inconnu de la semaine: Al-Farouq Aminu
Vous qui regardez les boxscores NBA tous les matins, vous vous êtes forcément retrouvés devant ce phénomène: des bonnes stats en face d’un nom de joueur qui vous dit vaguement quelque chose, mais sans plus. « D’où il sort, celui-là? » « Il était pas à Houston? Ou à Milwaukee? » : Basket Infos vous propose, cette saison, de donner vie à ces noms, en opérant régulièrement un gros plan sur un joueur peu connu qui s’est illustré sur les parquets. Aujourd’hui, l’ailier des Pelicans Al-Farouq Aminu.
Pourquoi on en parle ?
Al-Farouq Aminu n’est pas à proprement parler un inconnu, puisqu’il est titulaire incontestable à l’aile chez les Pelicans. Pourtant, curieusement, on entend assez peu parler d’un garçon qui tourne à 7.4 pts, 6.7 rbds et 1.5 pds de moyenne, en seulement 26 minutes. Il faut dire qu’Aminu n’est pas franchement un scoreur, puisque son meilleur score de l’année n’est que de 18 pts (avec 12 rbds en plus) contre Minnesota, le 29 janvier. Mais sa taille (2,06 m) et son explosivité en font un rebondeur hors pair pour son poste : il avait ainsi pris 20 rebonds en décembre contre Dallas ! Il est aujourd’hui 7e ailier de la ligue à la moyenne de rebonds, mais premier sur 48 minutes. Par ailleurs, Aminu est un défenseur très capable, qui affiche 1.1 interceptions et 0.6 contres de moyenne.
Un cursus classique
Al-Farouq Ajiede Aminu, son nom complet, est né le 21 septembre 1990 à Atlanta, dans une famille américano-nigériane qui n’est pas la première venue : il serait tout simplement le descendant d’une lignée de rois nigérians, ce que rappelle son prénom, qui signifie « le roi est arrivé ». Ses capacités physiques, qu’il partage avec son frère aîné Alade (passé par Chalon), le poussent vite vers le basket, où il montre certaines qualités. Au lycée, à Norcross, il crève l’écran en signant une saison à 23.1 pts à 11.2 rbds lors de son année senior. Cet ailier aux segments interminables (2,20 m d’envergure !) tape dans l’oeil des scouts et se retrouve vite classé dans les vingt meilleurs prospects du pays. En 2008, il est sélectionné pour le grand rendez-vous des lycéens en fin de cursus, le McDonald’s All-American Game, dans l’équipe de l’Est. A ses côtés, Tyreke Evans, Kemba Walker et Ed Davis. Dans l’autre camp, Jrue Holiday, Demar DeRozan, Brandon Jennings, Iman Shumpert et Greg Monroe. Aminu fait un match très moyen, mais peu importe : il est d’ores et déjà repéré.
En 2008, il commence son cursus universitaire à Wake Forest, en Caroline du Nord, l’ancienne fac de Tim Duncan et Chris Paul. Aminu ne met pas très longtemps à s’imposer : titulaire d’emblée, il signe 21 pts et 10 rbds pour son premier match ! La suite est moins impressionnante, mais très solide, avec des moyennes de 12.9 pts et 8.2 rbds, à 51.6 % de réussite. Aminu a déjà son style : très physique, jouant près du cercle, et absolument incapable de shooter de loin (17.9 % à 3-pts). Après deux saisons de privation, Wake Forest fait son retour dans le tournoi NCAA, mais s’incline au premier tour malgré 17 pts et 9 rbds de son ailier.
Sa deuxième saison ne fait que confirmer le talent d’Aminu, qui se permet de finir l’année avec un double-double de moyenne : 15.8 pts, 10.7 rbds. 25 pts dès le premier match, puis 20 rbds deux semaines après, sa saison se lance bien. Il signe par la suite d’autres très grosses performances : 23 pts, 17 rbds, 6 cts et 3 pds contre Greensboro, 26 pts et 18 rbds contre Xavier, 25 pts et 11 rbds contre Virginia Tech… A la fin de la saison, il est le troisième joueur de l’histoire de sa conférence à être dans le top 10 dans sept catégories statistiques ! Wake Forest retourne à la March Madness. Au premier tour, Aminu fait des misères à Texas, avec 20 pts et 15 rbds, mais il faut attendre un shoot miraculeux d’Ishmael Smith, quasiment au buzzer de la prolongation, pour que les Demon Deacons s’en sortent. Au deuxième tour, c’est Kentucky qui se présente, avec ses stars John Wall, DeMarcus Cousins, Patrick Patterson et Eric Bledsoe. La barre est trop haute pour Wake Forest, qui prend une volée (90-60). Limité par les fautes, Aminu quitte la fac sur un match à 16 pts et 8 rbds.
Les débuts NBA
Aminu est selectionné en 8e position de la draft 2010 par les Clippers, devant des clients comme Gordon Hayward et Paul George. Il atterrit dans une franchise qui est la risée de la ligue, et qui attend comme le sauveur un autre rookie, un certain Blake Griffin, blessé toute la saison précédente. On connaît la suite : Griffin électrise la NBA par ses dunks, et, comme par magie, rend les Clippers sexy, malgré un bilan pas folichon (32-50, 13e à l’Ouest). Et Aminu, dans tout ça ? Ses rivaux à l’aile s’appellent Jamario Moon et Ryan Gomes, ce qui vous donne une idée de la qualité du roster de l’époque. Après des débuts en douceur, il fait un super match le 9 novembre, contre… New Orleans, avec 20 pts et 8 rbds. Son mois de novembre est excellent, et l’on commence à penser que les Clippers ont fait le bon choix. Et puis Ryan Gomes, blessé, revient, et Aminu commence à moins jouer. Son temps de jeu se stabilise autour de 15-20 minutes, mais les shoots ne rentrent plus. A la fin de l’année, il a des moyennes de 5.6 pts et 3.3 rbds en 18 minutes, à 39.4 % de moyenne. Rien de honteux, mais rien d’extraordinaire non plus.
En juillet 2011, la NBA sombre dans le lockout. Pas de matchs, et le risque que la saison n’ait jamais lieu. On le sait, ce ne sera pas le cas, et les franchises se lancent, en décembre, dans un marché des transferts accéléré. Donald Sterling est prêt à améliorer l’équipe pour entourer Griffin, et c’est à ce moment que l’aubaine apparaît : la NBA, qui gère les Hornets, vient de refuser d’envoyer Chris Paul aux Lakers. Les Clippers sortent du bois, et proposent Chris Kaman, Eric Gordon, un choix de draft et… Aminu pour récupérer le meneur all-star. Et voilà comment la carrière d’Al-Farouq change de direction.
Frelon, pélican et titulaire
En perdant Chris Paul, New Orleans s’est lancé dans une entreprise de reconstruction. Aminu a peu de chances de découvrir les playoffs, et il le sait. Mais il aussi l’opportunité dans une équipe sans grands repères, où son seul vrai rival à l’aile est Trevor Ariza. Les Hornets finissent derniers, mais Aminu est titulaire 21 fois, défend bien, et améliore ses moyennes : 6 pts, 4.7 rbds.
La chance fait que, la saison suivante, les Hornets se débarrassent d’Ariza et se retrouvent avec la rotation la plus moche de la ligue au poste d’ailier : derrière Aminu, on retrouve Darius Miller et Lance Thomas ! L’occasion rêvée pour Al-Farouq, qui s’impose comme un titulaire indiscutable, en apportant de la défense, des rebonds et quelques points par ci par là. Il signe tout simplement ses meilleures moyennes partout :7.3 pts, 7.7 rbds, 1.4 pds. Beaucoup de doubles-doubles également, dont un énorme lors du dernier match de l’année contre Dallas : 16 pts, 20 rbds !
Satisfait des prestations de leur ailier, les nouveaux Pelicans lui offrent une année de contrat supplémentaire cet automne. Monty Williams lui a lui aussi conservé sa confiance cette année, pour ce qui devrait être la quatrième saison sans playoffs d’Aminu. Serait-il titulaire ailleurs ? Pas sûr, vu son manque total d’armes offensives. Sa shotchart est impressionnante :sur ses 342 shoots cette année, 212 sont pris près du cercle, soit 62%, un total énorme pour un ailier. Surtout, en dehors de cette zone, il ne tourne qu’à 31% de moyenne ! Autant dire qu’Aminu n’est pas vraiment un Kevin Durant en herbe. Il n’empêche, Al-Farouq est précieux aux Pelicans pour sa défense et son activité au rebond, et a l’intelligence de laisser aux autres le boulot en attaque. Un spécialiste, donc, qui devrait pouvoir faire une vraie carrière grâce à l’utilisation de ces qualités. En juin, Aminu sera en fin de contrat, et l’avenir encore assez flou du roster des Pelicans, où Gordon et Evans ne semblent pas franchement indispensables, n’exclut pas que l’ailier se retrouve à servir à nouveau de monnaie d’échange. Pour découvrir les playoffs, cette fois ?
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Un joueur connu quand même ! On en attendait d'ailleurs plus à son arrivée en NBA
Oui, mais dont en parle assez peu je trouve. Il est titulaire dans l'anonymat quasi complet.
Certes ! Bon article cependant ;)
Le problème c'est qu'il est censé se muer en spécialiste défensif mais que c'est un peu cours, surtout que son shoot est désastreux longue distance. Heureusement qu'il a de grosses qualités athlétiques.
On connaît des titulaires des 76ers ou des Bucks plus anonymes que lui X)
Mais effectivement c'est intéressant de retrouver son parcours. Continue cette série c'est vraiment sympa !