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Analyse : bilan de la saison-test des 76ers

Qui est capable de donner tous les noms des joueurs qui ont porté l’uniforme des 76ers cette année ? Pas grand monde, okay. Pire qui est capable de dire à quoi ressemble chacun des joueurs que les dirigeants de Philly ont « consommé » ces six derniers mois ? Quelques connaisseurs seulement… Il est vrai que même pour un fan des 76ers de la première heure, cette saison fut très difficile à suivre, notamment en terme de résultats, mais aussi en terme de turnover car pas moins de 28 joueurs ont eu un contrat avec l’équipe de Philadelphie cette année (nouveau record NBA).

Que peut-on tirer d’une telle saison catastrophique (avant-derniers de la ligue avec un bilan de 18 victoires pour 63 défaites) ? Difficile à dire du premier coup d’œil, mais nous allons tenter de répondre à cette question en s’appuyant sur une étude menée par Hoop76.com.

Tout d’abord, quelle que soit la boîte dans laquelle vous bossez, le turnover au sein des employés est souvent signe de mauvaise santé des entreprises. Ceci semble s’étendre tout autant à la NBA au vu des classements des équipes qui consomment énormément de joueurs chaque saison. Qu’ont cherché les dirigeants des 76ers cette année, en utilisant autant de joueurs, risquant de ruiner l’ambiance du vestiaire et créant constamment un climat d’insécurité quant aux destins professionnels de leurs employés ? C’est de ça que nous allons parler, en tentant d’être plus bavards que Thaddeus Young, qui quand on lui a demandé ce qu’il pensait du fait que les 76ers aient battu le record d’utilisation de joueurs en une saison, a seulement répondu :

C’est une statistique intéressante. »

On sent quelque peu l’aigreur dans cette courte phrase. Normal, allez-vous dire quand on a connu les playoffs pendant plusieurs années consécutives avec Philly, et que l’équipe se retrouve brutalement au fond du gouffre.

Non, ce qui peut être VRAIMENT intéressant, c’est le profil des joueurs signés cette année : sept rookies et six joueurs en provenance de D-League. Les 76ers ont ainsi présenté cette saison la quatrième équipe le plus jeune de toute l’histoire de la NBA, avec un âge moyen de 23,7 ans pour ses joueurs, et affichent encore aujourd’hui cinq joueurs non draftés, dont deux sont starters (Henry Sims et Hollis Thompson, qui tous deux ont joué 31 minutes chacun dans la défaite face à Toronto la semaine dernière). Pour les plus curieux, voici la composition actuelle du roster qui termine la saison comparé à ceux des équipes ayant combattu avec des joueurs encore plus jeunes dans l’histoire (source : RealGM).

Image courtesy of RealGM.com

Ceci semble montrer, que l’équipe, plutôt que de s’assurer d’être médiocre (ce qu’elle fait pourtant bien), essaie de faire des tests, se tourne vers l’inconnu, et tente de trouver la nouvelle perle au sein d’un groupe de joueurs au potentiel encore inexploité. Brett Brown confirme d’ailleurs ce fait :

Tous ces chiffres que vous avancez sont réels […]. Mais cela a toujours fait partie de nos plans : essayer d’identifier des joueurs et en choisir un faible échantillon qui a le niveau pour continuer avec nous. »

Evidemment donc, cette équipe n’a pas été bâtie dans le but de gagner des matchs de saison régulière, mais elle n’a pas non plus été construite avec le seul objectif de perdre et d’arriver derniers pour avoir le meilleur tour de draft possible. Non, c’était une saison test, permettant bien sûr de s’assurer une bonne place à la loterie, mais permettant également de conserver tout le cap space dont les 76ers disposent pour les free agency à venir, tout en se donnant l’occasion de signer de possibles futurs talents testés par la franchise, à moindre coût.

Cela a-t-il porté ses fruits ? Des joueurs ont-ils réussi à tirer leur épingle du jeu ? Oui, même s’ils ne sont pas nombreux. Henry Sims tout d’abord, qui en tant que titulaire depuis son transfert en provenance des Cavs a réussi à compiler des moyennes intéressantes de 12 points et 7 rebonds. Il pourrait ainsi bénéficier de façon méritée, d’une place de back-up de Nerlens Noel la saison prochaine. Pensez également à Tony Wroten, récupéré contre presque rien l’été dernier, et qui même s’il peut avoir une fâcheuse tendance à croquer la balle, pourrait s’afficher comme un scoreur efficace en sortie de banc, comme le fut Louis Williams sous l’ère Doug Collins à Philly. Rien n’est fait encore pour ces deux joueurs, qui n’ont pour l’instant encore rien prouvé sur la durée, mais le temps nous dira s’ils arrivent, sur le long terme, à tirer leur épingle du jeu. Quoi qu’il arrive, leur potentiel semble aujourd’hui, très intéressant… Tout comme Michael Carter-Williams qui sera sans doute rookie de l’année et qui pourrait être celui autour de qui les Sixers vont construire s’il réussit à confirmer cette très belle première saison sur le plan individuel.

L’autre point significatif quand vous regardez les 76ers jouer, c’est que même si les dirigeants n’ont rien fait pour construire une équipe compétitive cette année, Brett Brown et ses joueurs semblent ne jamais baisser les bras sur le terrain, et tous se battent pour tenter d’arracher la victoire face à des équipes présentant des joueurs au niveau bien supérieur aux leurs. Même lors de leur série de 26 défaites consécutives, les vétérans continuaient à jouer dur, tandis que les D-Leaguers faisaient tout pour sauver leur job ! Et même s’il a fallu du temps, la dernière ligne droite de la saison a montré quelques signes positifs dernièrement, une chose qui n’était pas arrivée depuis les départs combinés de Spencer Hawes et de Evan Turner en février dernier…

Depuis leur série de la lose, les 76ers ont effectivement réussi à remporter trois rencontres (le 29 mars face à Detroit, le 4 avril face à Boston et à nouveau hier face aux mêmes Celtics). Mais ce n’est pas tout, car en affrontant Atlanta, Brooklyn et Toronto, même si ces trois rencontres se sont soldées par des défaites, les hommes de Brett Brown ont réussi à faire bonne figure et même à faire douter par moments, ces équipes qui disputeront les playoffs dans quelques jours. Les joueurs de Philly affichent clairement aujourd’hui leur meilleur basket depuis janvier et leur série de quatre victoires, lorsque Hawes et Turner portaient encore le maillot rouge et bleu. Au vu des noms couchés dans le roster ce signe paraît être plutôt positif, et la direction prise par les dirigeants semble enfin commencer à porter ses fruits… Ceci est un signe encourageant pour un coach rookie comme Brett Brown, qui malgré la quantité énorme de défaites subie par son équipe, essaie néanmoins d’instaurer une culture de la gagne dans la mentalité de ses joueurs. Thaddeus Young, malgré toute la frustration qu’il a pu emmagasiner cette saison, aborde brièvement ce fait :

Je pense que Brett Brown a fait un super job cette saison, en réussissant à combiner certaines pièces ensemble, pour nous donner au moins une toute petite chance de gagner. »

Brown, de son côté, a semblé prendre son boulot au sérieux, et cette saison catastrophique, a pu lui apporter une certaine expérience, pendant six mois durant lesquels il a beaucoup utilisé son cœur et son courage pour driver cette équipe, au niveau de jeu plutôt minable quand on la compare aux grosses écuries de la ligue.

Quand je regarde en arrière, je me rends compte que j’ai eu beaucoup d’affection et de respect envers ce groupe de joueurs, parce que nous avons pris de gros coups, et qu’ils sont toujours là. Ils n’abandonneront pas, et ils joueront dur jusqu’à la fin de la saison. »

Les bases semblent posées donc à Philly, et il faudra faire de bons choix lors des prochaines drafts et des futures free agencies pour confirmer. Mais malgré ce que l’on pourrait croire au premier abord, le projet à long terme mené par les dirigeants semble aussi sain que réfléchi au vu des liens humains et des capacités de leadership que semble présenter Brett Brown qui est aux manettes… L’avenir pourrait donc vite s’éclaircir, et c’est tout ce que l’on souhaite à la franchise de Pennsylvanie…

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