[Intersaison 2014] Les capacités de recrutement dans la Northwest Division
Les finales NBA ont commencé, et se dessinent déjà à l’horizon l’intersaison et ses deux moments phares, la draft et la free agency. Pour bien comprendre ce que chaque franchise peut ou ne peut pas faire, Basket Infos vous propose un point sur la situation financière de chaque équipe, division par division.
Pour être le plus clair possible dans cette jungle infernale que sont les finances NBA, nous vous présentons l’effectif de chaque franchise divisé en trois catégories :
- les salaires engagés, c’est-à-dire le total des salaires des joueurs sous contrat pour l’année prochaine, plus le montant du contrat des futurs rookies.
- les salaires potentiellement engagés, qui recouvrent tous les contrats qui ne sont pas encore garantis pour l’an prochain. Cela concerne les Player Option (PO), qui permettent à un joueur de mettre fin à son contrat un avant son terme, les Team Option (TO), qui sont l’équivalent pour les franchises, et les contrats non-garantis. Sauf précision entre parenthèses (PO ou TO), les joueurs mentionnés dans cette catégorie bénéficient de contrats non-garantis.
- les joueurs libres (free agents), qui n’ont pas de contrat pour l’an prochain. Ceux-ci peuvent être free agents restrictifs (RFA), ce qui donne la possibilité à leur franchise de s’aligner sur n’importe quelle offre de contrat qui leur est faite, ou free agents non-restrictifs (UFA), c’est-à-dire libres de signer où bon leur semble.
Rappelons quelques autres concepts, pour que vous ne soyiez pas trop perdus :
- Les franchises NBA ont le droit de recruter autant qu’elles veulent tant qu’elles ne dépassent pas le Salary Cap, une limite fixée cette année à 63,2 m$.
- Si elle est au-delà de cette limite avant la free agency, la franchise peut tout de même recruter, mais avec des limitations. Elle utilise pour cela des exceptions : la Mid Level Exception (MLE), d’un montant de 5,15 m$ ; la Bi Annual Exception (BAE), d’un montant de 2,06 m$, disponible un an sur deux ; et la Minimum Exception, qui permet de signer autant de joueurs qu’elle le souhaite au contrat minimum.
- Une autre limite existe en NBA, la Luxury Tax. Il s’agit du palier au-dessus du Salary cap, fixé à 77 m$. Toute équipe dont la masse salariale dépasse ce montant paye une taxe et est encore plus limitée dans son recrutement, puisqu’elle ne peut plus signer de free agents qu’avec les contrats minimums et la mini-MLE, une réduction de la Mid Level Exception à un montant de 3,19 m$.
- Grâce à des droits que l’on nomme les Bird Rights, toute franchise a le droit de resigner ses propres free agents, même en dépassant le salary cap. Mais une équipe n’a pas le droit de signer des free agents grâce à l’espace libéré par le départ de ses joueurs, puis de resigner ces derniers juste après en utilisant les Bird Rights. Le salaire des free agents continue en effet de peser dans les comptes tant qu’une équipe n’a pas renoncé à ses Bird Rights : c’est ce qu’on appelle le cap hold.
Si vous n’y comprenez rien, ou que vous avez des doutes sur telle ou telle situation, je vous conseille de vous référer au guide des finances réalisé par Basket Infos l’été dernier, cela devrait clarifier les choses.
On continue donc cette plongée dans l’intersaison, avec aujourd’hui la Northwest Division . Si vous les avez manqués, vous pouvez retrouver les articles sur l’Atlantic Division, la Central Division, la Southeast Division et la Southwest Division.
Denver Nuggets
Salaires engagés : 60,7 m$. Ty Lawson, Danilo Gallinari, Javale McGee, Evan Fournier, Wilson Chandler, Timofey Mozgov, J. J. Hickson, Randy Foye, Anthony Randolph, Kenneth Faried +Draft: #11 (1,9 m$)
Salaires potentiellement engagés : Nate Robinson (PO), Darrell Arthur (PO), Quincy Miller
Joueurs libres : Jan Vesely, Aaron Brooks (UFA)
Espace maximal sous le cap: 2,5 m$
Bâtie pour être une équipe de playoffs, Denver en a la structure salariale, ce qui est embêtant quand on vient de finir 11e de la conférence Ouest. Avec trois contrats au-dessus de 10 m$ l’année (Lawson, McGee, Gallinari), la marge des Nuggets est assez faible, et pourrait même être réduite à néant si Robinson et Arthur n’activent pas leur option et restent dans l’effectif. Même si ces deux-là partent, il sera beaucoup plus avantageux pour Denver de renoncer à son espace sous le cap pour utiliser les options. Rappelons en effet que toute équipe proche du salary cap a le droit de renoncer à cet espace s’il est inférieur à la somme des exceptions. Problème, néanmoins, les Nuggets n’ont pas le droit cette année à la BAE, utilisée l’été dernier pour signer Nate Robinson. Ce sera donc MLE et contrats minimums…
Autre solution : essayer d’échanger Javale McGee, blessé toute la saison et dont la place de titulaire devrait être récupérer par Timofey Mozgov. Un back-up à 11 m$, ça fait cher, mais toute la ligue doit être du même avis. En gros, ça ne sera du gâteau de se débarrasser de l’inénarrable Javale.
Enfin, les Nuggets devront se pencher sur la prolongation de Kenneth Faried, éligible à une extension de contrat cet été. Ils ont jusqu’au 31 octobre pour lui proposer un contrat longue durée (qui débuterait en juillet 2015).
Verdict : deux possibilités pour les Nuggets : estimer que cette saison n’est pas révélatrice, en raison des blessures, et ne rien changer ; ou considérer que l’effectif a ses limites pour viser haut, et commencer à aller dans une direction différente. La première est, pour le moment, la plus probable.
Minnesota Timberwolves
Salaires engagés : 68,15 m$. Kevin Love, Nikola Pekovic, Kevin Martin, Ricky Rubio, Corey Brewer, Chase Budinger, Luc Mbah a Moute, Juan Jose Barea, Alexey Shved, Shabazz Muhammad, Gorgui Dieng, Ronny Turiaf+ Draft: #13 (1,7 m$)
Joueurs libres : Robbie Hummel (RFA), Dante Cunningham (UFA)
Espace maximal sous le cap: aucun
Difficile de prévoir la situation salariale des Wolves, qui va beaucoup dépendre de ce qu’ils font de Kevin Love. Pour l’instant, c’est limpide : aucun espace, masse salariale au-dessus du slary cap, et donc recours aux exceptions pour recruter (ils ont la BAE, pas utilisée l’an dernier). Minnesota n’a que deux gros contrats (Love et Pekovic), mais aussi toute une tripotée de contrats entre 4 et 6 m$ qui prennent de la place, et surtout aucune souplesse via des options et des contrats non-garantis. Cela pose d’ailleurs question sur le boulot de Flip Saunders, qui ne semble pas avoir prévu de plan B en cas d’échec de la qualification en playoffs. Il ne serait pas étonnant qu’on assiste à certains échanges pour remédier à cela. Barea, Shved, Budinger ou Mbah a Moute sont dans le viseur.
Mais tout cela sera évidemment caduque si jamais Kevin Love est échangé. On imagine que Saunders, dans ce cas, ferait tout pour nettoyer son effectif et proposer d’autres joueurs dans l’échange, en récupérant des contrats moins « toxiques » (et notamment des contrats rookies, du type Barnes à GS, Sullinger à Boston, Jones à Houston, …).
Enfin, Saunders va devoir réfléchir à la prolongation de contrat de Ricky Rubio, possibile jusqu’en 31 octobre, s’il ne veut pas que ce dernier soit free agent restrictif en juin prochain. Et doit se mordre les doigts que son prédécesseur David Kahn n’ait pas utilisé le contrat maximum pour Kevin Love, ce qui aurait repoussé d’au moins un an la saga actuelle…
Verdict : la grande affaire des Wolves, c’est Kevin Love. Tout le reste est, pour l’instant, absolument secondaire.
Oklahoma City Thunder
Salaires engagés : 69,9 m$. Kevin Durant, Russell Westbrook, Serge Ibaka, Kendrick Perkins, Jeremy Lamb, Reggie Jackson, Andre Roberson, Steven Adams, Nick Collison, Perry Jones+ Draft : 21e (1,17 m$) et 29e choix (918 000 $).
Salaires potentiellement engagés : 1,25 m$. Hasheem Thabeet
Joueurs libres : Derek Fisher, Thabo Sefolosha, Caron Butler
Espace maximal sous le cap : rien du tout
N’attendez pas de gros mouvements au Thunder cette intersaison : la masse salariale est bloquée de chez bloquée. Néanmoins, la grande stabilité du groupe ces dernières saisons devrait être un peu bousculée, puisque Fisher, Thabeet et Butler devraient partir, et qu’il est fort probable que le jusque là inamovible Sefolosha suive le même chemin. La place de Kendrick Perkins semble également tenir à un fil, d’autant que son gros contrat (10 m$) finissant en juin 2015 pourrait intéresser certaines équipes.
Cela dit, le coeur du groupe est déjà en place, avec 10 joueurs sous contrat (dont Perkins), plus deux rookies à choisir au premier tour – et on sait à quel point Sam Presti compte sur ces choix de draft pour assurer la pérennité, financière et sportive, de son groupe. Cela laisserait donc trois ou quatre joueurs à recruter, par le biais des exceptions (OKC a le droit à la BAE) et des contrats minimums. Logiquement, Presti devrait chercher des vétérans pour encadrer un groupe qui reste très jeune. Selon les choix faits durant la draft, on pourrait voir arriver un bon back-up en meneur (surtout si Jackson est titularisé au poste 2), un arrière polyvalent et un intérieur. Le tout en essayant de ne pas dépasser la luxury tax, obsession du Thunder depuis longtemps.
Verdict : quelques aménagements sont nécessaires pour amener ce groupe au titre. Mais il n’y aura pas de révolution au Thunder.
Portland Trail Blazers
Salaires engagés : 61,1 m$. LaMarcus Aldridge, Damian Lillard, Robin Lopez, Nicolas Batum, Wes Matthews, Victor Claver, Joel Freeland, Dorell Wright, C.J. McCollum, Thomas Robinson, Allen Crabbe, Meyers Leonard
Salaires potentiellement engagés : 3,7 m$. Mo Williams (PO), Will Barton
Joueurs libres : Earl Watson
Espace maximal sous le cap : 2 m$
C’est quasiment certain, Portland renoncera à son espace sous le cap pour avoir accès aux exceptions, plus avantageuses. Il faut dire que les Blazers ont douze joueurs sous contrat, et veulent continuer avec ce groupe, auteur d’une belle saison. Mo Williams va activer son option et devrait tester le marché, en ayant en tête de rester aux Blazers, qui pourraient bien essayer de garder leur seul élément efficace en sortie de banc. Le banc, ce sera d’ailleurs la priorité de Neil Oshley, puisque la second unit a été l’une des pires de la ligue cette année encore. Pour cela, il disposera de la MLE, la BAE et les contrats minimums. De quoi, sans doute, pouvoir attirer un bon sixième homme.
Verdict : une des situations les plus simples de la ligue pour cette intersaison. Portland ne devrait pas bouger, et aller chercher les deux-trois pièces qui rendrait le banc compétitif, et assurerait la compétitivité de l’équipe.
Utah Jazz
Salaires engagés : 30 m$. Derrick Favors, Enes Kanter, Rudy Gobert, Trey Burke, Alec Burks, Jeremy Evans + Draft: #5 (3 m$)
Salaires potentiellement engagés : 5,1 m$. John Lucas III, Malcolm Thomas, Ian Clark, Diante Garrett, Eric Murphy
Joueurs libres : Gordon Hayward (RFA), Marvin Williams, Richard Jefferson, Brandon Rush (UFA)
Espace maximal disponible sous le cap: 33 m$
Il y a bien peu de probablilités que cela arrive, mais Utah a les moyens de frapper très fort durant la free agency, avec plus de 30 m$ d’espace sous le cap disponible ! La raison ? La fin de contrat des « toxiques » Richard Jefferson et Marvin Williams, qui libère près de 19 m$. Utah a déjà sécurisé la situation de Derrick Favors, prolongé en octobre dernier pour 47 m$ sur 4 ans. Il va falloir maintenant se pencher sur le cas de Gordon Hayward, free agent restrictif qui attire de nombreuses convoitises (dont celle de son ancien coach de Butler, Brad Stevens, qui aimerait l’attirer aux Celtics). Le Jazz a largement les moyens de le prolonger en s’alignant sur n’importe quelle offre, mais ne semble pas spécialement pressé de le faire. C’est en tout cas le message qui a semblé circuler ces derniers temps, laissant entendre que Utah ne serait pas prêt à prolonger son ailier à n’importe quel prix.
Pour le reste, il ne faut sans doute pas s’attendre à des folies à Salt Lake City durant la free agency. L’essentiel semble de définir une direction un peu plus claire pour une franchise qui a récupéré beaucoup de bons prospects ces dernières années, mais les a utilisés de manière parfois curieuse (Kanter, Gobert). L’effectif devrait se construire autour de Burke, Favors, Burks et du nouveau rookie, avec donc une interrogation sur Hayward et Kanter, et l’ajout de quelques vétérans pour faire le nombre. Le jour où Carmelo Anthony débarquera dans l’Utah n’est, a priori, pas encore venu.
Verdict : comme souvent avec le Jazz, ça ne devrait pas être un été très sexy. Il va falloir choisir intelligemment lors de la draft, et surtout être un peu plus limpide sur l’utilisation des jeunes. Le choix du nouveau coach sera, déjà, un premier indice.