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Andrew Wiggins, la vraie victime du retour de James?

Alors que les dernières secousses liées à l’annonce du retour de LeBron James à Cleveland se font encore sentir, avec notamment la signature de Chris Bosh dans une équipe de Miami qui tente de sauver ce qui peut encore l’être, les premières questions concernant le come-back du double champion NBA dans sa ville natale surgissent. Parmi celles-ci, et alors que les Cavs vont évoluer avec 4 (!!) numéros 1 de draft au sein de leur effectif, la suivante: comment Andrew Wiggins, annoncé comme le plus grand potentiel de la grande ligue depuis Kevin Durant, va s’adapter? Le canadien saura-t-il saisir sa chance d’évoluer au côté d’un mentor parfait pour lui, ou son caractère l’encouragera-t-il à se conforter dans un rôle de troisième option offensive qui limitera sa progression?

Evidemment, lorsqu’un joueur du calibre de LeBron James arrive avec l’humilité et la volonté d’être un mentor pour l’équipe, on peut penser qu’il s’agit d’une occasion en or pour un joueur avec un potentiel et une marge de progression aussi importants. Car, si les capacités de Wiggins sont immenses, l’écart entre ce potentiel et son niveau actuel est grand, et va nécessiter un énorme investissement de la part du canadien si celui-ci souhaite devenir le joueur dominant qu’il peut être. Wiggins est un bosseur, sa progression au cours des dernières années (le kid de Toronto est connu depuis très longtemps des scouts NBA), notamment sur son shoot et son top niveau athlétique témoignent d’une éthique de travail rigoureuse et performante. Mais le numéro 1 de la draft 2014 a maintenant besoin, en plus d’une progression technique qui devrait se faire naturellement au fil des ans, de franchir un cap d’un point de vue mental.  Il doit devenir un tueur, et joueur capable de prendre le match sur ses épaules et de porter son équipe jusqu’à la victoire. Et c’est bien là que l’arrivée de LeBron aux Cavs pourrait limiter sa progression.

Bien sûr, LeBron connaît les sacrifices nécessaires à la progression jusqu’à des niveaux techniques et physiques faramineux. Il pourrait ainsi faire progresser Wiggins sur les petits détails qui font la différence entre un bon joueur et un grand joueur. Etant donné son hallucinant niveau athlétique, James saura aussi donner au canadien les bases nécessaires au plein développement de son potentiel physique (ce qui sera essentiel car Wiggins ne pèse à l’heure actuelle que… 90 kilos pour 2m03, et aura donc besoin d’un fort développement musculaire tout en évitant les blessures, ce que LeBron a su faire depuis le début de sa carrière). Et mentalement, avec toutes les épreuves qu’il a traversé, et alors que toute l’Amérique (à part un petit coin au sud, appelé « Floride ») le détestait il y a encore quelques semaines, LeBron dispose d’un bagage unique. Passé par tous les états, de la paralysie psychologique en Finals 2011 au titre NBA obtenu par une domination intense de chacun des matchs en 2013, LeBron a une expérience à la fois particulière et précieuse. Pour Wiggins, cette connaissance devrait permettre de sauter des étapes, de franchir des paliers plus vite.

En principe en tout cas. Car, quel est le véritable poids d’une telle transmission d’expérience? Wiggins peut-il vraiment en tirer quelque chose? Pas sûr. Plusieurs raisons à cela.

D’abord, Andrew Wiggins en a profondément besoin, mais cela ne signifie nullement qu’il pourra capitaliser sur l’expérience de LeBron. Comme d’autres avant lui, il possède un potentiel fou, mais manque d’un mental de tueur. A l’heure de la draft, beaucoup soulignait le risque que constituait son choix par Cleveland. Le caractère de Wiggins pourrait en effet le pousser à se contenter d’être le lieutenant de Kyrie Irving. Avec son potentiel physique et son impact défensif (qui, lui, devrait se révéler dès la saison prochaine), le canadien deviendrait un Scottie Pippen 2.0 avec un niveau offensif un peu plus limité, pour le moment en tout cas. Rajoutons maintenant LeBron James à l’équation. Wiggins devient alors la troisième option offensive de l’équipe (et pas de blague, Wiggins, s’il reste jouera évidemment en 2. Il l’a fait toute sa carrière NCAA et ce soi-disant problème de poste n’en est pas un.) Encore une fois, le risque est que le joueur se contente de cette position hiérarchique dans l’équipe. Et l’arrivée de LeBron induit un risque supplémentaire. Si Wiggins s’était retrouvé seul avec Irving et Waiters pour mener les Cavs, il aurait vite connu la défaite, peut-être même les saisons sans playoffs. Quelle meilleure motivation que l’échec? C’est la défaite et la haine pour celle-ci qui ont permis à LeBron, Jordan, Bryant de s’élever à ce niveau. Si Wiggins commence sa carrière dans la ligue par un titre, se rendra-t-il compte de la somme de sacrifice nécessaire à la victoire? La réponse dépend en fait avant tout du caractère du joueur. Magic Johnson est resté un compétiteur hors pair malgré ses succès précoces. Mais Dwyane Wade par exemple, n’a pas su faire évoluer son niveau de jeu après la victoire de 2006 et n’est resté au top que pendant quelques années, jusqu’en 2011 environ.

Au vu du caractère de Wiggins, ce risque de le voir satisfait de sa position au sein d’une équipe victorieuse et de ne pas progresser autant qu’il le pourrait paraît donc tout à fait réel depuis l’arrivée de LeBron. Ce risque peut-il être annihilé par la présence du compétiteur James à ses côtés? En partie peut-être, certainement pas totalement. En partie, car James a connu les Finals, les moments de doute, et sait que pour obtenir la victoire, tout le monde doit évoluer à son maximum. Il jouera sans doute le rôle de grand frère pour Wiggins, l’obligeant à sans cesse se dépasser et contribuant ainsi à ce que le canadien progresse autant que faire ce peut. Bon, tout ça c’est très bien, mais il y a un MAIS. Malgré toute l’expérience acquise par LeBron, aucun discours ne se substitue au vécu. S’il souhaite devenir un franchise player un jour, Wiggins devra en faire l’expérience. Il devra découvrir ce que signifie le fait de devoir attaquer sur le meilleur défenseur de l’équipe adverse chaque soir, subir les critiques parfois injustes liées à sa position dans l’équipe lors des défaites, comprendre comment être efficace tout en gardant suffisamment de forces pour faire la différence en fin de match… Toutes ces choses que Jabari Parker vivra sans trop de pression dès la saison prochaine, Wiggins ne les découvrira pas avant le départ de James et d’Irving, ou, plus probable, avant son propre départ de Cleveland à la fin de son contrat rookie. Ce départ (ou avant si les Cavs acceptent un trade, notamment si le titre n’est pas gagné en 2015), est assez probable, Wiggins ayant toujours souhaité « amener une équipe en finale à lui seul », un challenge totalement irréalisable actuellement à Cleveland. Il aura alors un retard énorme qu’il pourra éventuellement compenser par une grande expérience des playoffs et du leadership acquise au côté de LeBron.

Cette expérience à ses limites. James avait beau posséder Wade et Udonis Haslem qui avaient su triompher en 2006, il a été transparent en 2011. De façon générale, il est parfois nécessaire de faire ses propres erreurs pour progresser, et de ce point de vue, tout le vécu de LeBron sera utile certes, mais certainement pas suffisant pour permettre à Wiggins d’éviter toutes les erreurs d’un jeune joueur de NBA. Un petit bémol à cela, Wiggins semble bien plus mature que LeBron James au même âge (pour rappel, celui-ci avait débarqué en NBA avec ses tatouages « The Chosen One », puis a pris la décision de partir pour Miami en annonçant « not one, not two…  » et on connaît la suite), ce qui pourrait signifier que le canadien sera plus que capable d’intégrer l’essentiel de ce que LeBron peut lui transmettre.

Alors, cette arrivée de LeBron, bénéfique ou non? En admettant que Wiggins ne soit pas échangé contre une star (Kevin Love?) dès cette éte, la vérité est sans doute entre les deux. L’idéal pour Wiggins serait de passer un ou deux ans aux côtés du King, sans triompher mais en s’approchant tout près du titre (défaite en Finals deux fois de suite par exemple), histoire de tirer un maximum des enseignements de LeBron sans banaliser la victoire et en gardant la saine motivation émanant de la défaite. Si, dans ce scénario, les Cavs finissent par trader Wiggins contre une star dans 1 ou 2 ans et que celui-ci se retrouve franchise player dans une équipe faible, sa carrière prendra vraiment son envol et l’on risque d’assister à la naissance d’un monstre. En revanche, si le titre venait à tomber aux mains des Cavs dès cette année, la soif de victoire de Wiggins pourrait se retrouver étancher avant d’avoir permis au garçon d’atteindre son potentiel maximum. Andrew Wiggins pourrait alors devenir le meilleur « what if… » de sa génération, ou se contenter d’un simple rôle de 3&D qui occasionnerait des regrets infinis. Il s’agirait alors du dommage collatéral le plus important de The Decision 2. Des dizaines d’autres scénarios sont ainsi possibles, du plus improbable (Wiggins qui devient au bout d’un an ou deux le meilleur joueur de l’équipe et LeBron devenant son lieutenant) à ceux faisant intervenir les blessures (Irving out pour longtemps par exemple, faisant passer Wiggins 2ème option offensive), et tous sont susceptibles d’avoir un impact différent sur l’évolution du canadien.

Andrew Wiggins peut bel et bien se perdre avec l’arrivée de LeBron James à Cleveland. Mais il tient également là une chance de sauter certaines étapes et de devenir plus fort que ce que l’on imaginait.

8 réflexions sur “Andrew Wiggins, la vraie victime du retour de James?

  • marcuz9

    Le problème pour le prodige canadien c'est pas James (au contraire même, c'est lui qui va le faire devenir LE joueur de la décennie) ,mais Irving. Joueur ultra sur côté et qui pense qu'à lui. C'est lui qui va gâcher la carrière de Wiggins.

  • xx1707xx

    Super article, pour ma part je pense pas que cette situation soit bénéfique pour lui, une sorte de wesbrook : un talent énorme mais sans responsabilité qui conduit a une réussite mitigée.

  • machiavel1983

    On ne pourra jamais savoir si cette situation lui sera favorable ou pas.

  • Swoosh8

    La pire chose pour Wiggins serait que Cleveland arrive à faire venir Love sans avoir à l'échanger (ce que je pense irréaliste mais on sait jamais …)

  • 3p0int3r

    j'ai trouvé bizarre que Lebron l'oublie dans sa lettre.
    c le genre de lettre que tu relis pourtant, et que ton agent relit aussi.

  • Crosstar13

    Complètement. Idem pour Benett d'ailleurs.

  • xx1707xx

    je crois que même Lebron la malheureusement oublier ;)

  • OnlyMilky

    Bel article.
    Quand Duncan arrive en nba, y a Robinson aux spurs, et y a eu alchimie.
    Le truc reste simple, si wiggins a vraiment un talent fou, il jouera poste 2 facilement et réussira. Avec ses 90kg tout mouillé il a pas encore la caisse pour être 3.

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