Basketball Manager: Ma partie, Episode 6
StillBallin s’est collé au jeu de simulation de gestion sportive « Basketball Manager » qui offre la possibilité à son possesseur d’enfiler le costume de General Manager d’une franchise NBA. Alors qu’il teste cette réplique version balle orange de Football Manager pour la première fois, le chroniqueur a décidé de relever l’un des défis les plus relevés de l’histoire de la célèbre ligue américaine: faire gagner un titre aux Timberwolves de Minnesota.
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Ainsi, j’ai donc défini l’axe majeur de mon équipe pour l’année prochaine: Rubio à la mène, Wiggins en second arrière, Muhammad à l’aile et Towns en pivot. Cette configuration prend tout son sel avec un power forward artilleur à trois points mais au regard des joueurs à ma disposition dans le secteur intérieur, cette question reste en suspens pour le moment.
Par ailleurs, je devrais peut-être batailler avec le coach pour imposer ce modèle d’avantage taillé pour l’avenir que pour le présent et pas tout-à-fait raccord avec l’effectif actuel qu’il a lui-même monté. On verra bien, bâtir ma propre idée de ce qui est le mieux pour la franchise est la première étape à réaliser, les négociations avec mes collaborateurs sera la suivante.
Dans ce projet, Shabazz Muhammad a pris le pas sur Kevin Martin. Ce dernier reste toutefois un scoreur calibré pour être titulaire et on pourrait penser qu’il est peu rentable de gaspiller ses dernières bonnes années dans une équipe qui joue pour le futur et de ce fait, pourrait limiter son temps de jeu au profit d’éléments plus jeunes. N’oublions pas en effet que le prometteur Zach LaVine, que je vois comme un shooting guard, pousse derrière lui pour une place dans la rotation.
Si une franchise cultive ses atouts pour qu’ils portent leurs fruits dans quelques années, elle aurait tout intérêt à convertir les actifs de qualité mais à court terme comme Martin en actifs à long terme pour avoir le plus de forces possible quand les choses deviendront réellement sérieuses, c’est-à-dire quand toutes les graines auront donné des arbres et par là, les armes pour viser les sommets.
La réflexion se défend plutôt bien mais je rechigne à l’appliquer. Le contrat de Martin n’est pourtant pas énorme au regard de sa production (7M/an jusqu’à l’été 2017) et je ne serai pas étonné de trouver deux ou trois solides franchises de playoffs prêtes à saisir l’occasion pour s’injecter une bonne dose de talent supplémentaire immédiate contre des jeunes espoirs ou des futurs choix de draft (Chicago? Cleveland? Memphis? Houston?).
Cependant, j’ai peut-être d’avantage à gagner en le conservant. Tout l’intérêt de jouer le long terme s’appuie sur la présence dans le roster des très gros potentiels que sont Wiggins et Towns, et sur les chances que j’ai de les voir devenir d’ici quatre ou cinq ans des piliers si forts qu’ils pourraient mener les Wolves à rouler des mécaniques dans les hautes sphères de la ligue. Donc avant d’essayer d’échanger mes actifs à court terme contre des actifs à plus long terme pour offrir le plus de soutien possible aux Wiggins et Towns du futur, il vaudrait mieux que je m’assure que Wiggins et Towns deviennent bien ces mégastars annoncées.
Avant de parvenir à ce statut ultime, les deux pépites ont beaucoup de paliers à franchir, chacun plus difficile que le précédent, et la présence de Kevin Martin dans leurs jeunes années pourraient les y aider. L’expérience et le savoir-faire accumulé avec le temps qu’il pourrait leur distiller, l’exemple qu’il pourrait fournir sur et en dehors du terrain et sa faculté à les soulager de certaines responsabilités de go-to-guy, sont susceptibles d’être autant de facteurs de développement pour eux.
Ce n’est pas pour rien que j’avais hésité à associer l’arrière à Wiggins dans le starting five. Pouvoir s’appuyer sur un vétéran qui a déjà plusieurs fois été l’option n°1 d’une équipe et qui en a encore les arguments, permettrait au canadien de ne pas avoir à porter trop de responsabilités d’un coup. Devoir combiner des actions avec le vétéran forcera le phenom à comprendre et à mettre en œuvre certaines subtilités du terrain. Et voir en direct Martin gérer certaines situations lui donnera des éléments de réponse sur ce qu’il y a à faire dans ce genre de moments.
Comme tout dans la vie, le basket regroupe une somme incalculable de détails dont la maîtrise définit en grande partie le niveau du joueur. Le savoir, le savoir-faire et le savoir-être sont des clés majeures de la réussite d’un basketteur et ces choses-là ne sont normalement pas innées. Les découvrir tout seul est plus long et souvent plus incertain que de les tirer d’autrui plus ancien dans le métier.
C’est d’ailleurs pour ça que j’aime assez le travail qu’a fait Flip Saunders pour peupler le vestiaire de vieux briscards ayant roulé leur bosse jusqu’au plus haut des niveaux, avec Kevin Garnett, Andre Miller et Tayshaun Prince. Ils vont cadrer le vestiaire, et les habitudes ou attitudes qui ont fait d’eux des figures marquantes ont une bonne chance de faire tâche d’huile sur les jeunes et de s’insinuer dans leur propre comportement jusqu’à ce que ça leur devienne naturel. Ces vieux loups à côté de qui Martin, Pekovic et même peut-être Rubio pourraient aussi apporter leur petite touche, sont suffisamment nombreux pour que les jeunes baignent complètement dans cette atmosphère expérimenté, réfléchi, discipliné et exigeante.
Ce genre de chose qui s’appelle l’éducation, est parfois la différence entre un grand espoir devenu une star confirmée et un grand talent gâché. Zach Randolph, assez impressionnable dans ses jeunes années, aurait pu avoir une bien meilleure carrière s’il était tombé ailleurs que chez ces têtes brûlées de Blazers, début 2000. On dit aussi parfois que Vince Carter aurait pu être tellement plus fort s’il avait toujours eu un Charles Oakley collé au short à l’entrainement pour le pousser à se défoncer, comme ce fut le cas durant ses premiers pas dans la ligue.
Scottie Pippen n’aurait pas été Scottie Pippen sans Michael Jordan. Tony Parker n’aurait peut-être pas autant développé son jeu s’il avait atterri ailleurs qu’à San Antonio et on aura peut-être la même réflexion pour Kawhi Leonard d’ici quelques temps. Chauncey Billups a raconté que sa carrière professionnelle, débutée dans la douleur, a pris le tournant qui a fait de lui l’un des meilleurs à son poste quand les vieux Terrell Brandon et Sam Mitchell lui ont fait part de leurs ficelles sur le terrain et dans la vie. C’était à Minnesota.
Je ne chercherais donc pas à transférer Kevin Martin. J’écouterais les éventuelles offres qui se présenteront et je pourrais même les accepter si elles sont alléchantes, mais rien de cela ne sera de mon initiative. Par contre, il ne serait pas étonnant de voir l’ancien arrière des Kings et des Rockets me demander un trade pour pouvoir utiliser ses dernières bonnes années dans une équipe qui gagne ou avoir plus de temps jeu.
Ce moment venu, j’accèderai évidemment à sa requête. Toutes les raisons que j’ai invoquées pour son maintien dans mon effectif prendraient une belle grappe de plombs dans l’aile s’il ne se sent pas investi dans le rôle que je veux lui confier ou pire, s’il commence à nourrir une certaine colère vis-à-vis de la franchise parce qu’elle le retient contre sa volonté.
Il serait certainement bon d’évoquer ce point avec lui avant d’avancer dans la saison, si Saunders me rejoint dans mon projet de le mettre sur le banc au bénéfice de Muhammad et si le jeu le permet. Jouer carte sur table dès le début est le meilleur moyen d’éviter des frustrations futures susceptibles de peser sur l’équipe, que ce soit en faisant accepter le rôle voulu au joueur ou en lui trouvant une nouvelle crèche.
J’en connais un qui va espérer que Martin fasse sa tête de bois et faire la tronche si ce n’est pas le cas, c’est Zach LaVine. Je n’ai normalement aucun souci avec une troisième rotation qui n’est pas satisfait de son rôle limité. Je le transfère illico, même contre une simple poignée de main s’il le faut. L’ambiance dans les vestiaires, l’investissement de tous dans l’objectif collectif est plus important qu’un troisième couteau. Mais LaVine a un potentiel qui n’est pas pour me déplaire, notamment en raison de son profil de shooteur très athlétique. Ça m’ennuierait donc de le balancer avant de voir si les promesses en lui sont réalistes ou non.
Bah, on verra bien comment ça se passera. Tant que je ne connais pas les sentiments de Kevin sur son rôle, rien ne sert de se creuser la cervelle pour le sophomore à peine sorti du berceau.
Les longues minutes à analyser la fiche du profil dégoulinant de potentiel de LaVine à peine épongé par les « n’a pas encore le niveau pour être une réelle rotation au niveau NBA » des rapports de mon staff, m’ont donné envie de réfléchir aux moyens à ma disposition pour dénicher les perles rares attendues à la draft, prenant la poussière sur le banc des franchises NBA aveugles ou sévissant de l’autre côté de l’océan.
Le menu général de gauche me permet d’accéder à l’ensemble de mon staff et de faire apparaître la section dévolue aux scouts.
Je suis ravi de voir que les globe-trotters à l’œil acéré affiché dans le tableau sont en bon nombre. Ils sont divisés en trois catégories: les scouts NBA, les scouts NCAA et les scouts internationaux. Un astucieux commentaire apparu par le passage du curseur sur le mot « NBA » me précise que si ces recruteurs sont spécialistes de la ligue majeure américaine, ils peuvent néanmoins être envoyés en observations de joueurs universitaires ou internationaux si on le souhaite. Par contre, leur demander de faire une recherche à spectre large dans l’ensemble du contingent étudiant ou outre-Amérique afin de faire émerger les meilleurs talents, même les plus confidentiels, risque d’avoir un résultat bien plus limité qu’avec un collègue spécialiste de l’un ou de l’autre secteur.
C’est assez pertinent. Faire ressortir les meilleurs joueurs d’un espace géographique donné dans l’optique d’un recrutement en NBA demande de connaître le contexte de chaque championnat et de chaque équipe, d’avoir une bonne idée de l’étalonnage des différents niveaux de jeu par rapport à celui de la ligue US et de maîtriser les aspects culturels et linguistiques régionaux. Un réseau est même parfois nécessaire pour entendre parler de certains très jeunes joueurs, notamment en Europe où ceux-là peuvent se planquer sur le banc d’une grosse équipe, faire leur armes dans les sections jeunes qui sont généralement peu médiatisées ou évoluer dans des petits championnats ou divisions inférieures pas beaucoup plus connus (Dirk Nowitzki et Giannis Antetokounmpo jouaient en deuxième division allemande et grecque avant d’être draftés).
Dans la liste des scouts de Minnesota, je retrouve Doug Calden que j’avais envoyé regarder de plus près Kyrie Irving pour le simple plaisir de voir ce qu’il en dirait. Je clique sur son nom et fait apparaître son profil.
Le panneau paraît méchamment vide comparé à la pléthore de données et d’analyses qui tapissent les fiches des joueurs. L’état civil de Calden ne m’intéresse que moyennement, son background un peu plus mais seulement à titre accessoire. Le problème, c’est que ces informations-là sont les seules à se mettre sous la dent. Nulle notation de la sûreté de son jugement ou de la précision de ses analyses. C’est vrai que dans la réalité, aucun de ces gars-là n’a son niveau de compétence inscrit sur le front.
Je suppose que je vais devoir apprendre à connaître Dougie en lui causant, en demandant à ses collègues ce qu’ils pensent de lui ou en me rendant compte sur le terrain que les trois quart des recrues qu’il m’aura recommandé avec des étoiles dans les yeux ne sont en fait que des tanches incapables de mettre un pied devant l’autre.
Tiens, je vais lui faire passer un test à lui et ses collègues. Je l’envoie faire un rapport sur le joueur difficile à cerner qu’est OJ Mayo et sur lequel j’ai moi-même une opinion assez arrêtée. Je le lance aussi sur Bismack Biyombo de Toronto (« The Very, very, very, very poor Ben Wallace »), histoire de le voir à l’œuvre au sujet d’un poste différent, et sur, disons, Donatas Motejunas de Houston. Je requiers également un rapport sur ces trois joueurs de la part de mes trois autres scouts NBA. Je pourrais comparer leurs analyses entre elles, ainsi qu’avec les miennes.
Par contre, ma vision ne sera peut-être pas celle à prendre en référence car elle s’applique à la réalité tandis que la leur correspond normalement d’avantage aux données cachées du jeu (du moins pour les scouts de bon niveau). Je trouve peut-être que Mayo est un arrière de niveau X dans la vie réelle, mais si le jeu l’a programmé au niveau Y, c’est le scout qui aura dit Y qui aura raison plutôt que moi. J’espère cependant qu’il n’y aura pas trop souvent d’écart entre la réalité (celle perçue par mes yeux incertains, en tous cas) et le jeu. C’est bien le genre de trucs à m’énerver, ça.
Je mets à l’épreuve mes cinq scouts NCAA avec l’arrière junior de Kansas, Wayne Selden, le super freshman de Kentucky Skal Labissiere (tellement hâte d’entendre son nom dans la bouche des commentateurs américains) et… -mate les différentes mocks draft proposées par le jeu, cible les power forwards de seconde zone, en trouve un pas maladroit à trois points, remarque deux, trois éléments intéressants-… Nigel Hayes de Wisconsin University.
Les trois recruteurs à vocation internationale seront évalués sur l’un des plus gros prospects européen, le croate Dragan Bender (un pu*** d’ailier fort de 2,15m beaucoup trop doué pour être réel), le meneur évoluant au Brésil, George De Paula (aka « George Lucas ») et le bombardier américain évoluant à l’Olympiakos, Matt Lojeski.
Plus tard, quand une certaine confiance sera installée, je demanderai à chacun ce qu’ils pensent des autres. Les coachs seront également interrogés à leur propos. Ces différents avis combinés à celui que je me serai forgé avec mes tests devraient me fournir une assez bonne idée de leur niveau et m’éviter de fonder mes décisions sur de mauvaises informations. Un scout incompétent est une dalle qui s’effondre et nous fait tomber d’un étage quand on pose le pied dessus. Je veux savoir où je mets les pieds.
A suivre.
Toujours au top, par contre ce Dragen Bender il est si monstrueux que tu le dis ?
Au niveau européen, dans sa catégorie d'âge et au regard de ce que j'ai lu/entendu et du peu que j'en ai vu, Bender est aussi monstueux que je le dis. Mais il n'a pas encore 18 ans et n'a pour l'instant rien prouvé chez les professionnel.
Entre maintenant où il est sur la voie pour être "The Next Big Thing" et plus tard quand sera venue l'heure de vérité, tous les scénario sont envisageables. We'll see.
Tres bon article. Je t'ai decouvert grace a WarriorsBlackKid. Continue tu fais du super boulot.