Le caractère unique de Kevin Garnett en 4 anecdotes

15 fois All-Star, MVP 2004, Champion 2008, défenseur de l’année 2008… Kevin Garnett, 39 ans, a entamé il y a quelques semaines sa 21e saison NBA. Da Kid ou Big Ticket ne joue logiquement plus qu’un peu plus de 15 minutes par match à Minnesota, là où tout a commencé pour lui en 1995, à la sortie d’un lycée de Chicago dans l’Illinois.

On lui demande désormais de démarrer les matchs pour montrer l’exemple. Et surtout d’être un mentor pour les futures stars de la ligue que sont Andrew Wiggins ou Karl-Anthony Towns. Un rôle réduit qu’il n’a pas toujours eu plaisir à accepter, la trentaine passée, sous les ordres de Doc Rivers (son coach de 2007 à 2013) à Boston.

Kevin avait la conviction qu’en tant que leader, il ne pouvait pas manquer une seconde d’entraînement. Moi, j’avais la conviction qu’il était un joueur de plus de 30 ans et que j’avais besoin de lui pour toute la saison.

En février 2009, Rivers demande à Garnett de se reposer. Pas pour un match. Juste un entraînement.

Coach, tu ne comprends pas. Si je reste assis, ils y verront de la faiblesse.

Interdit de terrain, il se venge à sa façon. Alors que Leon Powe a pris sa place dans le lineup, Garnett commence à imiter tous ses faits et gestes. Si Powe pivote, Garnett aussi. S’il va au rebond défensif, Garnett saute ausis mais pour attraper un ballon imaginaire. Il remonte en défense le long dela ligne, un vrai miroir. Qui ne plaît pas du tout à Doc Rivers.

KG, si tu continues à faire ça, j’annule l’entraînement pour tout le monde. Ce ne sera pas bon pour nous. Rivers

Whatever, Garnett se met en position défensive comme si de rien n’était. C’en est trop pour son coach.

Rentrez à la maison. J’espère que tu es content. Rivers

Alors que ses coéquipiers quittent la salle, il lance un « Let’s work ! » en se tapant sur la poitrine.

Qu’est-ce qu’il fait ? C’est ce qu’on se demandait. À ce moment-là vous commencez à vous demander si KG n’est pas un peu fou après tout ? Leon Powe

Autre exemple de cette « folie », Garnett a un jour attaché à l’aide de cordes le jeune Tyshawn Taylor avant de le balancer sous la douche à son époque Brooklyn Nets…

Retour en 2015 pour discuter cette fois du n°1 de la draft Karl-Anthony Towns.

Sa confiance en lui est peut-être un peu plus élevée qu’était la mienne à ce moment-là. Nous sommes dans l’ère moderne. Les gamins sont beaucoup plus exposés. Karl écoute. Il est intelligent mais comme tellement de jeunes joueurs, il pense en savoir beaucoup. Il a beaucoup de swag. On va s’en occuper. Garnett

Tout au long de sa carrière, Garnett, décrit comme la superstar la plus altruiste de son ère et le leader le plus dynamique par Chauncey Billups (son coéquipier de 2000 à 2002 chez les Wolves) n’a pas toujours entretenu de joyeuses relations avec ses coéquipiers.

Si vous n’êtes pas à la hauteur pour lui, vous n’avez aucune utilité à ses yeux. Danny Ainge, président des opérations basket des Celtics.

Il a fait pleurer Glen Davis sur le banc le 5 décembre 2008 alors que Boston venait de gâcher une avance de 25 points, il a gueulé sans vergogne sur Rajon Rondo lorsque ce dernier n’était pas au rendez-vous en défense.

Il disait à Rondo : « Dégage de là, tu ne défends pas ! ». Il lui disait la vérité. Rondo en avait besoin. Rivers

Coéquipier de Garnett durant 3 saisons, Avery Bradley témoigne de l’ambiance que faisait régner le vétéran les jours de match :

Quand Kevin passait ces portes les jours de match, il était énervé. On ne pouvait pas rire, parler, écouter de la musique. On se cachait dans la salle de musculation ou la salle de soins, partout où KG n’était pas.

En novembre 2000, il s’embrouille avec Wally Szczerbiak, le « je-sais-tout » de l’équipe selon Billups, qui s’entendait par ailleurs plutôt bien avec lui. KG, leader de l’équipe, n’appréciait de son côté que très peu l’arrogance du shooteur, qui prendra ce soir-là quelques coups de poings après un entraînement… 9e choix de la draft 2006, Patrick O’Bryant a lui aussi subi la loi du n°21. Déçu par le manque de réaction de son rookie alors qu’il tentait de le provoquer, Garnett se montrera sans pitié durant les entraînements.

Vous le connaissez, il criait, essayait de faire en sorte que je lui réponde mais je ne suis pas comme ça. Je n’ai pas besoin de crier sur quelqu’un après un dunk. Le fait que je n’avais pas un visage méchant ne voulait pas dire que je n’écoutais pas. Patrick O’Bryant

O’Bryant deviendra ainsi la victime préférée de Garnett à l’entraînement. Les insultes fusent, Powe parle même de « torture ». Le 19 février 2009 soit 26 matchs après ses débuts NBA, O’Bryant est transféré à Toronto. Il ne jouera ensuite que 24 matchs le reste de sa carrière.

Kevin l’a détruit. C’était mesquin. Doc Rivers

En juillet dernier, KG s’invite à Las Vegas pour assister à la Summer League de ses coéquipiers et accepte de participer à un workout avec Wiggins, Shabazz Muhammad et Gorgui Dieng. Les joueurs réservent une salle et un bus pour 8h du matin. Quand ils arrivent, Garnett est déjà là, en sueur :

Je pensais que vous vouliez être bons !

En début de training camp au mois de septembre, Towns avait l’intention de s’entraîner autant que son ainé mais après 3 jours de travail intensif, le rookie avait du mal à lever les bras. Tayshaun Prince lui a alors conseillé d’arrêter d’essayer d’être KG : « C’est du suicide ».

J’ai dû le prendre à part pour lui expliquer quand choisir d’exploser. Par exemple, quand il revient en défense, il crie sans raison, dépensant de l’énergie inutile. Le 4e jour il était à bout. Je suis direct avec eux maintenant. Je leur dis tout de suite ce qu’il en est. Je leur dis qu’il n’y a qu’une chose qui peut mettre le bordel : les egos. Je leur dis car je l’ai vécu. C’est ce qui s’est mal passé avec Steph (Stephon Marbury).

Sam (Mitchell) m’a appris à canaliser mon énergie, à être professionnel et à rester amoureux de mon métier. J’aime ces gamins. Je vais apprécier les regarder grandir.

Towns a bien reçu le message.

Tout ce que KG me dit de faire, je vais le faire.

via ESPN