La touche StillBallin

Basketball Manager: Ma partie, Episode 24

StillBallin s’est collé au jeu de simulation de gestion sportive « Basketball Manager » qui offre la possibilité à son possesseur d’enfiler le costume de General Manager d’une franchise NBA. Alors qu’il teste cette réplique version balle orange de Football Manager pour la première fois, le chroniqueur a décidé de relever l’un des défis les plus relevés de l’histoire de la célèbre ligue américaine: faire gagner un titre aux Timberwolves de Minnesota.

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C’est après une brillante victoire face aux Pelicans de New Orleans au terme d’un duel mémorable entre Karl-Anthony Towns et Anthony Davis, qu’est arrivé dans mon fil d’infos un message par lequel Adreian Payne a demandé à avoir un entretien avec moi.

J’appuie sur le bouton « oui » et l’écran laisse place à un espace de dialogue écrit. Immédiatement, une petite note bondit pour me dire que le jeune homme qui déboule dans mon bureau me paraît quelque peu énervé.

Sa première phrase confirme cette impression: « Vous m’aviez promis que vous me trouveriez une autre franchise. La date limite des transferts est passée et je suis toujours ici. Qu’est-ce que vous avez foutu? C’est simple, pour moi soit vous n’avez en réalité jamais voulu me laisser partir et ce que vous m’aviez dit quelques semaines auparavant n’était qu’un mensonge ; soit vous êtes simplement un incompétent qui n’a pas été capable de trouver un échange. »

Mais quel fils de plouc, punaise. Espèce de crasse souffreteuse, t’as pas compris que personne ne voulait de toi? Que même sans rien demander en retour, aucune offre n’était arrivée sur ma table? Que les seules franchises qui étaient intéressées étaient celles qui espéraient pouvoir en profiter pour me refourguer un de leurs contrats faisandés?

Rassemblant mon calme (d’ailleurs, je choisi une des réponses qui est explicitement qualifiée de cet adjectif), je lui dis avoir fait mon possible pour lui trouver un point de chute mais que les seules transactions proposées étaient susceptibles de mettre l’organisation en difficultés.

Ce à quoi il me répond ne plus croire à mes bobards.

Tu commences à me plaire, Adreian. J’apprécie particulièrement ce fichu esprit combatif que tu ne sembles cependant pas montrer sur le terrain et à l’entraînement. Petit crétin. Je tente de remettre à sa place le sophomore de 25 ans (purée 25 ans, j’avais oublié qu’il n’était plus si jeune) en cliquant sur l’une des réponses indiquant entre parenthèses « ton ferme » et demandant à mon interlocuteur de me parler différemment sinon quoi il pourra trouver la porte.

Évidemment, ce cancre a choisi la porte. Il a même pris soin de la claquer violemment, a cru bon de préciser le jeu.

M’embrouiller avec Payne ne fait naître aucun état d’âme chez moi. Ce n’est pas un joueur sur lequel je compte, contrairement à Zach LaVine dont j’ai dû manœuvrer un peu plus délicatement les humeurs quand il avait encore Kevin Martin sur son chemin. Payne peut me faire la gueule, s’arrêter de s’entraîner ou m’attendre au coin d’une rue sombre une bouteille cassée puant encore l’alcool à la main, j’en ai rien à carrer. Je peux d’ailleurs l’envoyer en D-League advitam eternam, si je veux.

Ce petit échange musclé est aussi une bonne occasion de montrer à tout le monde que je ne me laisse pas dicter ma conduite par les joueurs (chose bien plus facile à faire derrière un écran que face aux réels 2m08 de l’ancien Spartan de Michigan State, il faut bien reconnaître).

Mais quelques conséquences néfastes pourraient aussi en découler. L’esprit de corps d’une équipe est toujours très fort (et j’ai tout fait pour, notamment avec les petites vacances au sein d’un camp militaire que j’avais programmées en début de saison), il ne serait donc pas étonnant que les joueurs prennent fait et cause pour Payne, à mon détriment.

Le proprio des Wolves pourrait aussi voir dans cet incident un exemple démontrant une certaine défaillance dans ma gestion de l’humain. L’image de l’organisation pourrait être écornée au gré des diverses mésinterprétations et recherches de sensationnalisme, si cela venait aux oreilles de la presse. Et mes chances de transférer Payne, déjà minces, en seraient réduites au dernier souffle de vie d’un mourant.

Peut-être aurais-je plutôt dû retenir ma fierté et essayer d’amortir la colère du jeune homme pour ensuite travailler millimètre par millimètre son humeur jusqu’à le remettre dans le rang. Mais en cas d’échec, je serai passé pour un mou inefficace. Et personne ne veut d’un décideur mou et inefficace. Ses subordonnés tenteraient de profiter de la situation et son supérieur n’aurait plus confiance en lui.

Si j’avais pu, j’aurais fait enlever l’intérieur par des sbires quand il était encore dans mon bureau et dis à tout le monde qu’il avait subitement eu envie de devenir fermier dans les plaines de Patagonie.

Une dépêche apparue dans mon fil d’infos sur la toute nouvelle stratégie défensive des Lakers mise en place par leur coach fraîchement engagé, Dan Burke (ancien assistant des Pacers), me donne envie d’aller voir d’un peu plus près ce qu’il en est pour nous.

Je sais que notre défense est très moyenne, peut-être même mauvaise. Je sais aussi qu’il est beaucoup trop tôt dans le développement de cette toute jeune équipe pour réellement s’en inquiéter. Mais peut-être puis-je dès maintenant commencer à essayer de corriger quelques mauvaises habitudes ou d’en créer des bonnes.

De la même manière que j’ai accès à une foule de données statistiques pour chaque joueur présent dans le jeu, quelques clics me permettent d’avoir sous les yeux tous les chiffres de la saison des Wolves. Punaise, Minnesota est la 24e défense de la ligue avec un peu glorieux « defensive rating » (nombre de points encaissés sur 100 possessions) de 105,9. C’est ignoble et cela me ramène au souvenir des rencontres du début de saison où de bien trop nombreuses possessions défensives se terminaient par un soupir désabusé de ma part.

J’avais toutefois eu le sentiment qu’il y avait du mieux au fil du temps et certains rapports ou commentaires légèrement encourageants de mon staff technique me confortaient dans cette idée. Mon œil m’a peut-être trompé, le jugement du staff n’est possiblement pas assez fiable ou bien les progrès entrevus ne sont pas encore suffisamment importants pour que cela se traduise par un réel impact chiffré. Cependant, un rapide coup d’œil au defensive rating sur chacun des mois écoulés de l’année me rassure : doucement mais sûrement, ce taux baisse. En février, il est de 104,2. Ca reste risible mais la tendance va dans le bon sens.

En me focalisant seulement sur les deux derniers mois, pour prendre en compte les progrès de mon équipe, j’essaie de cibler les points les plus problématiques de ma défense. Évidemment, l’aspect individuel est le plus important et pour la plupart de mes défenseurs défaillants ou insuffisamment forts, il n’y a soit rien à faire (Nikola Pekovic, Andre Miller, anciennement Kevin Martin et peut-être Nemanja Bjelica), soit qu’à attendre qu’ils progressent (Karl-Anthony Towns, Andrew Wiggins, Shabazz Muhammad, Zach LaVine, Tyus Jones et anciennement Gorgui Dieng).

D’après ce que j’ai pu voir et entendre de la part de mon staff, Towns et Wiggins oscillent entre le très bon, le correct et le pas terrible au gré de leur naïveté, des erreurs stupides et de leur maîtrise encore incertaine de la science défensive. L’investissement de Muhammad, depuis que j’ai tenté ce pari d’en faire le garde-fou du meilleur fou d’en face, fait plaisir à voir et confirme l’esprit de compétition de l’ailier. Reste encore à ce qu’il gagne en savoir-faire pour réellement devenir un bon défenseur et pas juste un pantin frénétique aux mouvements aléatoires. Est-ce qu’il y parviendra ? Seul le temps le dira.

Dans les consignes, j’avais laissé à Saunders le choix des zones à défendre en priorité et il avait choisi de protéger massivement la peinture et l’espace à mi-distance. Ça se voit : les Timberwolves font partie des équipes contre qui l’adversaire tente et réussi le plus de tirs à trois points (36,6% de réussite). C’est un problème mais je comprends le choix de Saunders et je comprends pourquoi il conserve encore ce schéma de jeu.

En soi, défendre les espaces à mi-distance n’a pas beaucoup d’intérêt, ce genre de shoots étant les moins rentables. Mais avoir un bloc défensif collectif relativement compact de cette zone à la peinture rends extrêmement difficile l’accès au panier et on sait que l’attaque du cercle, la percussion, est souvent le déclencheur, le levier ou tout simplement le moyen de scorer sur lequel les attaques se reposent le plus.

Au-delà d’être l’autre zone de shoot la plus rentable du jeu avec le 3 pts (haut pourcentage de réussite, générateur de lancer-francs), il est le moyen de faire bouger les défenses jusqu’à la création d’un tir facile. En bétonnant le périmètre entourant l’arceau, Saunders essaie d’annihiler cette clé du jeu.

Dans l’idéal, un pivot éventuellement accompagné d’un autre intérieur, est suffisamment fort défensivement pour contrôler à lui tout seul la peinture en coupant l’accès au cercle et en limitant la réussite des attaquants qui auront malgré tout réussi à s’infiltrer dans ce secteur sensible. Avec un tel intérieur intimidateur, les défenseurs extérieurs peuvent oublier la protection de l’accès au panier et se concentrer sur l’idée de coller à la semelle des shooteurs longue distance. Les deux zones offensives les plus dangereuses du jeu sont ainsi couvertes.

Towns sera peut-être un jour ce pivot-là mais il ne l’est pas encore. Bjelica n’a pas les moyens de participer au bétonnage de la peinture et Dieng n’y parvenait pas vraiment. Sans surprise, Kevin Garnett (quand il joue pivot) change le visage de ma défense mais Saunders rechigne à le faire jouer plus de quinze minutes par match et il n’est de toute façon pas pertinent de compter sur un joueur de 39 ans quand on est engagé dans un projet à moyen/long terme. Taj Gibson devrait considérablement renforcer mes perfs mais peut-être pas suffisamment pour le système actuel du coach.

Par ailleurs, Towns doit apprendre les subtilités de la protection de l’accès au cercle et cela risque d’être plus difficile s’il doit commencer par essayer de juguler trop d’espaces d’un coup. Avoir mes défenseurs extérieurs prêts à faire un ou deux pas en arrière pour l’aider devrait lui permettre un apprentissage en douceur. Collectivement aussi un bloc défensif resserré devrait permettre au groupe de développer plus facilement les automatismes de déplacements simultanés et de lecture de l’attaque adverse.

Une défense collective parfaite est ample, élastique, liquide. Elle constitue une entité aux mille bras qui semble régie par un seul cerveau et qui peut se projeter d’un coin à l’autre du terrain en un instant sans jamais être déséquilibrée ou se déchirer. Construire une telle chose demande de l’intelligence, des qualités athlétiques et énormément d’alchimie (automatismes justes, communication optimale).

Cette maîtrise absolue de l’espace est extrêmement difficile à obtenir. Je ne suis pas persuadé que les Wolves y parviendront un jour même mais plus l’équipe tendra vers cet objectif, meilleure elle sera. Et pour développer cette gestion collective avancée de l’espace, mieux vaut commencer avec un groupe des joueurs proche les uns des autres sur le terrain. Plus ce bloc défensif aura de maîtrise, plus il pourra étendre sa portée. Du moins je le suppose.

C’est pour ça que je n’embêterai pas Saunders avec son choix de ne pas mettre beaucoup d’emphase sur la défense du tir à trois points adverse. C’est un chantier qui viendra plus tard. Pour l’instant, on investi sur autre chose, l’alchimie collective et le développement de Tony Tone en tant que protecteur de la raquette.

Je peux par contre en parallèle essayer de créer de bonnes habitudes défensives. J’étais réticent à faire tomber un déluge de consignes sur mes joueurs en début de saison mais à mi-parcours, beaucoup de choses sont désormais plus ou moins intégrées et automatisées, je peux donc peut-être ajouter une ou deux choses supplémentaires.

Parmi les options détaillées qui existent, mon œil s’attarde un peu sur l’encoche « mains et bras toujours actifs ». En passant le curseur de la souris dessus, un commentaire s’affiche pour m’expliquer que les joueurs auront alors pour consigne d’avoir toujours les bras écartés, voire en mouvement.

Cela, poursuit le commentaire, a pour effet de rentre plus difficiles les passes, les drives et les shoots adverses mais occasionnent une dépense d’énergie assez importante (une parenthèse précise que cette consigne ne doit pas être confondue avec la consigne « chercher les interceptions » qui n’est pas une consigne de simple posture mais une consigne d’action. Dans un cas le défenseur garde sa position mais agite les bras, dans l’autre il quitte sa position pour tenter de voler la balle).

Après quelques secondes d’hésitation, je griffe la case. S’il y a bien une chose à laquelle je crois dur comme fer, c’est que ce n’est pas en défense qu’on peut se permettre de faire des économies d’effort. J’estime que mon équipe a suffisamment de qualités offensives diverses et combinables dans des systèmes efficients pour pouvoir scorer sans dépenser des quantités astronomiques d’essence. Je ne peux pas en dire autant pour la défense. Je dispose aussi d’une profondeur d’effectif à mon avis suffisamment raisonnable pour compenser ce surplus de consommation d’énergie.

Demander à ses joueurs d’avoir toujours les bras actifs oblige aussi ces derniers à être en permanence investi et concentré. En effet, je ne vois pas comment on peut à la fois respecter cette consigne et « s’endormir » en défense ou simplement prendre cette phase de jeu par dessus la jambe. L’un ne peut pas aller avec l’autre. Et ceux qui ne respecteront pas la consigne « bras et mains actifs » seront rapidement visibles. Il deviendrait impossible pour le malandrin paresseux de faire semblant en défense.

Or, avoir sur le terrain cinq joueurs qui sont simultanément concentrés et investis dans leur tâche est certainement un pas décisif dans la construction d’une excellente défense. La route sera bien longue, toutefois.

A suivre.

StillBallin (@StillBallinUnba)

Une réflexion sur “Basketball Manager: Ma partie, Episode 24

  • WarriorsBlackKid #P

    Le rêve de tout coach en defense, les mains actives mais ca rzste compliqué pour les joueurs faut voir ce que ca va donner

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