Infos NBA

Bismack Biyombo, du basket pieds nus et le ventre vide, au rêve américain

Bismack Biyombo a beau s’être engagé pour 4 ans et 72 millions de dollars avec le Magic cet été, il n’en a pas pour autant perdu le sens des réalités et vous allez vite comprendre pourquoi. Il est en effet peut-être le free agent qui va le plus apprécier chaque petit dollar de son contrat.

En grandissant en république démocratique du Congo, le néo-Floridien n’avait pas de chaussures pour jouer au basket. Il marchait entre 45 minutes et 1h tous les matins pour aller à l’école. En sachant souvent qu’il n’aurait pas de repas de midi. Aujourd’hui, l’ancien Raptor prévoit de faire toujours plus de dons pour encourager la construction d’écoles dans son pays natal.

Oui, c’était dur. Et je suis vraiment heureux du fait que c’était dur. Si ça n’avait pas été dur, si je n’avais pas quitté ma famille à 16 ans pour aller au Yemen et en Espagne avant de réaliser mon rêve, je n’aurais jamais appris la leçon de la vie. Je n’aurais jamais appris qu’il fallait rendre à la communauté. Ca a fait de moi quelqu’un de reconnaissant. Je pourrais m’asseoir là et penser aux pires choses que j’ai traversées. Mais ce n’était pas les pires juste pour être les pires, c’était les pires pour m’apprendre une leçon.

À Lubumbashi, sa ville natale (ville minière d’environ 1.5 million d’habitants), ses parents ont du mal à trouver un emploi et à subvenir à tous ses besoins.

Je ne portais jamais vraiment de chaussures à ma taille. Je portais des chaussures de ville car je n’avais pas de chaussures de basket. Je jouais au basket sans chaussures. Quand les enfants mangeaient leur repas à l’école, je n’en avais pas car je n’en avais pas les moyens. Parfois je ne mangeais qu’une fois par jour car mes parents ne pouvaient pas acheter à manger.

À l’âge de 16 ans, il reçoit, en compagnie d’autres jeunes espoirs africains, une offre d’un club qatari. Seul problème ? Se déplacer là-bas. Il part avec des amis et un rêve commun : trouver un travail en tant que basketteur. Ils font une brève halte en Tanzanie, où il est retenu car il n’a pas en sa possession les bons papiers.

Ils pensaient qu’on fuyait le Congo à cause des difficultés là-bas. C’est la première fois que j’ai été en prison. Je ne voulais pas y aller. Dès que je vois la police, j’ai peur à cause de la façon dont j’ai grandi. Ils nous ont arrêté à 3h du matin et relâchés à environ 6h. L’odeur était horrible. Une prison en Afrique ça n’a rien à voir avec une prison aux États-Unis.

Étape suivante, le Yemen. Malgré ses soucis de papiers continus, il fait un essai pour une équipe locale.

On n’avait pas du tout d’argent. On restait éveillés toute la nuit, on allait dormir à 6h et on se réveillait à 3h de l’après-midi. Je mangeais un yaourt pour avoir un peu d’énergie pour m’entraîner avec l’équipe. On a fait ça pendant quelques semaines, l’équipe du Qatar prenait trop de temps et l’équipe du Yemen était intéressée par moi et quelques-uns de mes amis. Ils m’ont dit qu’ils me payeraient 600$.

Lors d’un tournoi pour cette équipe en Jordanie, il impressionne un coach de renommée internationale, Mario Palma. Ce dernier va lui obtenir un contrat avec Fuenlabrada-Getafe pour la saison 2009-10. Il jouera ensuite pour le CB Illescas de 2009 à 2011 puis Baloncesto Fuenlabrada en 2011. Entre temps, il a attiré l’attention des scouts NBA en jouant bien contre son coéquipier en club Felipe Reyes contre l’Espagne. C’est finalement lors du Hoop Summit – véritable tremplin pour les jeunes talents mondiaux – de Portland en 2011 qu’il va exploser aux yeux du monde entier. Il devient ainsi le premier joueur à y réussir un triple-double : 12 points, 11 rebonds et 10 contres. Face à Anthony Davis.

Les Kings le choisissent en 7e position de la draft 2011, avant que les Bobcats (qui payeront 525 000$ de buyout pour le libérer de son contrat espagnol) ne récupèrent ses droits. Lors de sa première saison NBA, il gagne 2.7 millions de dollars.

Je ne m’attendais pas à ce que la draft arrive la même année que le Hoop Summit. Mais après le triple-double, tout a changé. Je pouvais être drafté. Mon agent m’a dit que ce serait idiot d’attendre une autre année voire deux, donc pourquoi ne pas inscrire mon nom ?

Une très belle histoire de 5 ans déjà donc, pour celui qui n’en a jamais oublié ses racines.

Ici en Amérique, tu es juste un joueur de basket. À la maison, tu es plus que ça. Ils nous voient comme des gens qui vont les aider à changer leur situation. C’est pour ça qu’on sacrifie de notre temps en été pour aller là où les gens ne veulent pas aller, pour savoir ce qui se passe et savoir comment on peut aider. Le Congo est toujours dans mon cœur, où que j’aille.

via The Undefeated

Laisser un commentaire