Pourquoi Tyronn Lue a réussi à dompter LeBron James

Avant de devenir le coach qui a osé secouer LeBron James à la mi-temps d’un match 7 de Finales NBA (et avec succès !), Tyronn Lue était l’assistant aux 11 ans de carrière dans 7 équipes différentes et ayant succédé à David Blatt, dont la relation avec la superstar n’a jamais été excellente. Et à Mexico (Missouri), ville de 12 000 habitants, cette façon de faire n’a pas surpris grand monde.

« C’est comme ça ici. On est les pires putains de connards de trash talkers que vous verrez jamais. Mais quand on a terminé, on vous aimera toujours » Damon Long, l’un de ses amis d’enfance

« Cet endroit est avec moi où que je sois. C’est qui je suis et d’où je viens. Cela m’a tout appris de la vie. Je sais que quoi qu’il arrive à Cleveland, je serai bien ici. Ce que cet endroit m’a appris, c’est vraiment qu’est-ce qu’il fallait faire dans la vie et qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire» Tyronn Lue

Star des playgrounds locaux, son père Ronald Kemp (qu’il a très peu connu) se retrouve ensuite en prison pour trafic de crack/cocaïne. Sa mère, Kim, sans emploi en raison d’une dépendance à la drogue, a volé dans les magasins pour subvenir aux besoins de son enfant. Aujourd’hui, à 60 ans, elle est « ministre de culte » dans une église et vit à Katy (Texas) dans une maison de 4 chambres achetée par son fils

« À Mexico, vous n’êtes protégé de rien. Quand on était au collège, on pouvait croiser des gens avec de l’argent pendant un instant, puis des gens normaux la seconde suivante, et ensuite des criminels ou des dealers de drogue » Jay Carter, encore aujourd’hui l’un de ses meilleurs amis

Aujourd’hui Lue est très engagé dans la vie de sa ville d’origine, et y retourne aussi souvent que possible. Parfois, il se promène avec 1000 dollars dans la poche, au cas où il croiserait quelqu’un dans le besoin.

« On peut dire que je suis le Père Noël, l’avocat, la fée des dents, tout. Il n’y a pas beaucoup d’argent dans cette ville, vraiment pas beaucoup du tout. Donc pourquoi j’aurais envie d’être riche pendant qu’ils souffrent ? Ça n’a aucun sens » Tyronn Lue

Lorsque David Griffin (GM) lui a proposé la place de Blatt en janvier 2015, Lue, qui n’avait alors que 19 mois d’expérience en tant qu’assistant coach, a hésité. Il a d’ailleurs répondu à Griffin que virer Blatt était une erreur et qu’il n’était pas la bonne personne pour le job. À la fin de leur discussion, Lue était convaincu, mais il refusa de signer directement une extension de contrat, préférant se mettre au défi de réussir.

À Mexico la loyauté est un principe de base et il n’aimait pas l’idée que certains puissent penser qu’il avait préparé le coup. Mais bien que de nature discrète, il était aussi celui qui n’avait pas peur de tenir tête à Kobe Bryant aux Lakers, ou à Michael Jordan à Washington. Les barbecues, les parties de cartes, c’était chez lui.

« Il a une façon de rassembler les gens ensemble, de créer une sorte de connexion. Doc Rivers, qui lui offert son premier job d’assistant coach à Boston en 2009.

Témoin des coups de gueule de Phil Jackson sur ses stars Bryant et Shaquille O’Neal, il adopte la même stratégie avec James, en n’hésitant pas à le critiquer aux entraînements ou durant les sessions vidéos. Durant les temps-morts, il enterre l’habitude James de prendre la parole pour s’adresser à l’équipe. Il balance un jour : « ferme-là, je gère ». Au Trump Soho Hotel de New York en mars, il ordonne à Irving et à James de se mettre sur la même longueur d’ondes afin de ne plus lâcher des matchs contre les Nets ou une équipe de Memphis privée de son 5 majeur alors que l’équipe est première à l’Est. Il provoque ensuite Kevin Love et lui rappelle quel genre de joueur il est, au même niveau que ses deux coéquipiers.

Et comme le hasard fait bien les choses, l’ami de longue date et manager de James, Maverick Carter, a de la famille à Mexico, Missouri. Maverick et Carter, cité plus haut, sont d’ailleurs cousins. Forcément, cela rappelle un peu à la star son enfance à Akron.

« Comme lui j’étais censé être une statistique, personne ne m’imaginait un jour être dans cette position » LeBron James

via ESPN