[Vidéo] LeBron James est-il le meilleur passeur de NBA ?
L’article suivant est un extrait de l’article complet « Road to the Ring : LeBron James » revenant dans le détail sur tous les aspects du jeu de James. Pour découvrir ou redécouvrir cet article, c’est par ici.
Guillaume (@GuillaumeBInfos)
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Ses qualités de passes sont, elles, tout aussi remarquables. Mieux encore, il semble s’améliorer avec le temps. Le fait qu’il parvienne à distribuer pas moins de 9 passes décisives par match cette saison (8.5/match, record en carrière : 8.6) est d’ailleurs une belle illustration de cela. Il avait lui-même établi le record de passes par match pour un ailier en 2010 avec 8.6/m (dépassant Larry Bird), il pourrait battre son propre record dès la fin de saison.
La principale nouveauté dans le jeu de passe LeBron James (c’est plus une évolution qu’une nouveauté), c’est son changement de mentalité. En effet, LeBron a toujours été le meneur de son équipe, au Heat ou aux Cavs. Un vrai meneur de jeu de métier, très altruiste, qui implique tout le monde, facilite le jeu, gère le tempo, etc. Mais un meneur qui, au passage, était aussi un fantastique scoreur. De ce fait, son équilibre scoring/passe a toujours été un peu déséquilibré, penchant un peu plus sur ses propres points (à raison, avec ses qualités) que sur la distribution. A la manière d’un meneur scoreur comme on en trouve pas mal en NBA.
Or, cette année, il a revu cet équilibre, et lorsqu’il a la balle, on est plus sur du 50% du temps essayer de scorer et 50% essayer de passer (voire 60-40 pour la passe, selon les matchs). Deux raisons à cela : premièrement, son désir de s’économiser pour les playoffs. C’est plus fatiguant de pénétrer, de prendre la balle pour se créer un shoot, d’aller jouer au poste, plutôt que de lire la défense et faire la passe. Offrir par exemple un tir ouvert à un coéquipier qui tourne à 40% à 3pts, la chance de réussite de l’action est donc de 40% alors que lui-même sur une de ses pénétrations a peut-être une réussite supérieure à cela s’il y allait de son drive par exemple. Oui mais, le niveau de compétition est suffisamment bas pour que ce soit encore rentable. Ça marche donc, et dans le même temps James n’a pas autant à se fatiguer. Sur des gros matchs, et surtout en playoffs, il est fort probable de retrouver un LeBron James moins orienté distribution et cherchant plus ses points.
Et ça marche d’autant plus que, deuxièmement : il possède une belle équipe autour de lui. Il a désormais la chance de jouer avec un joueur calibré première option d’équipe (Irving), d’autres bons scoreurs (Love, Smith) et une équipe bien huilée autour. Il n’a plus besoin d’autant forcer les choses. Mieux : il met ses coéquipiers en confiance pendant la saison régulière, pour qu’ils réussissent mieux sur le nombre plus réduit d’opportunités qu’ils obtiendront en playoffs quand James recherchera plus le scoring.
Toujours est-il donc, cette saison, LeBron James est plus dévoué à la passe, en atteste son 42% d’assist percentage (ie : lorsqu’il est sur le terrain, 42% des paniers des Cavaliers arrivent sur des passes de James), son plus haut en carrière. Et étant donné les qualités qui sont les siennes, il est évident que tout marche à merveille.
D’un point de vue technique, et dans ses qualités pures de passeur (capacité à bien passer la balle, au-delà des choix en eux-mêmes), LeBron James est sans doute un des meilleurs de toute la NBA, si ce n’est le meilleur. Si Chris Paul est sans doute plus lucide à tout instant d’un match, et Harden a plus de responsabilités et de possessions à manufacturer, James est sans aucun doute le plus créatif de toute la grande ligue. Le meilleur passeur pur.
A la base de cela, des instincts naturels remarquables et un physique excellent. Il possède une superbe vision de jeu, sublimé par sa grande taille qui lui permet de voir encore mieux ce qui se passe sur le parquet. Il garde toujours la tête levée, à tout instant, que ce soit en pénétration, au poste, en transition, sur Pick & Roll, et il ne manque jamais un coéquipier ouvert. Également, sa très grande taille pour le poste de meneur de jeu lui permet de passer par-dessus les défenses et les défenseurs, et trouver ainsi des angles de passes lobées ou en cloche que des Paul, Harden ou Curry ne peuvent pas.
Plus encore, sa variété d’angles de passe est tout bonnement fantastique. Là encore une conséquence directe de la rencontre entre ses instincts et son physique. Non seulement d’être grand, il possède aussi de longs bras et une énorme détente. Il n’est pas rare de le voir s’élever dans les airs, changer d’avis une fois qu’il y est et délivrer avec ses longs bras des passes dans des fenêtres de passe que la défense pensait fermées. Il en va de même pour les passes à terre pour lesquelles il possède un réel don, en dosant parfaitement et trouvant la bonne trajectoire. James est par exemple un distributeur réellement splendide depuis le poste haut comme le poste bas, dans sa capacité de lire le jeu et trouver des passes dans des trous de souris.
De manière générale, sa précision de passe et son timing sont extraordinaires. Il arrive à placer la balle au bon endroit au bon moment. Que ce soit dans les mains d’un shooteur dans la fraction de seconde qui convient, ou dans la course d’un joueur en mouvement, là encore à bonne hauteur et quand il faut pour que celui-ci n’ait pas à ralentir sa course pour se saisir du ballon. Ce sont de minuscules détails qui sont pourtant capitaux. Gagner une fraction de seconde parce que la balle est bien donnée dans le bon timing est crucial, et enlève à la défense un court mais décisif laps de temps pour réagir et bien contester. De la même manière, il sait se montrer patient et retarder la passe jusqu’au moment parfait où s’ouvre une brèche.
Egalement, James possède un QI basket réellement superbe. A tout instant, il lit le jeu et y réagit, plutôt que de décider à l’avance de quelle passe il va faire et à qui. Même sur le plus basique des exercices (un Pick & Roll, un pénétration, etc), il connait chaque option de passe et sélectionne la meilleure, pour là encore donner un temps d’avance à son coéquipier et priver la défense d’un précieux moment de réaction. Là où James se sépare réellement de tout autre joueur NBA, c’est sa capacité à réaliser très fréquemment des passes sur toute la largeur du terrain. Ainsi, il punit très souvent les défenseurs coté faible, qui abandonnent leur attaquant pour être plus proches de l’action et aider plus vite. Une passe laser à deux mains tombant avec une précision terrible dans les mains dans les mains du shooteur ouvert, et l’affaire est dans le sac.
James ne cherche d’ailleurs pas tout le temps à épater la galerie. A l’image d’un Chris Paul, c’est un véritable maître de la passe simple, le fait de réaliser la passe basique que le jeu offre. Il fixe les défenseurs et ressort immédiatement, il transmet au joueur ouvert, et plus encore, il réalise très souvent et très rapidement l’extra pass, la passe supplémentaire. Celle qui permet de continuer à faire bouger le ballon d’un côté du terrain jusqu’à l’autre pour prendre à revers le bloc défensif qui penchait trop d’un côté. Dans ce genre de passe, le plus impressionnant est qu’il sait exactement où il va passer le ballon avant même d’avoir la gonfle entre les mains.
James est particulièrement dangereux avec ces extra pass du fait qu’il possède une énorme gravité. C’est-à-dire que de manière naturelle, les défenses le craignent et se resserrent très facilement autour de lui pour tenter de le contenir (à la manière d’objets attirés à lui par sa force d’attraction, d’où le terme « gravité »). Plus un joueur est fort en attaque, plus il possède une grande gravité. Vous n’imagineriez pas laisser Stephen Curry ouvert à trois points par exemple, où le Shaq de la grande époque tout seul proche du panier. Ils sont si dangereux qu’il est difficile de les abandonner. Là où James sort du lot, c’est qu’il en tire complètement profit et réalisant foison de passes supplémentaires pour des coéquipiers ouverts. Et même si sa passe à lui ne résulte pas en assist, il n’est pas rare qu’elle déboule sur une, deux ou trois autres passes amenant finalement un panier. Statistiquement parlant, sa propre première passe n’est pas décisive, mais d’un point de vue du jeu elle l’est complètement.
Bien que son total de pertes de balle soit assez élevé (3.9 tov/m), il est important toutefois de noter plusieurs choses. Premièrement, il a d’énormes responsabilités, et tout comme pour Harden et Westbrook (bien que dans des proportions moindres) ce total élevé est à nuancer par le nombre important de possessions qu’ils doivent jouer chaque match. Non pas pour dire que c’est normal de perdre autant de ballons avec de telles responsabilités, simplement pour nuancer ce chiffre qui, de but en blanc, paraît plus gros qu’il n’est vraiment.
Deuxièmement, son ratio passes/turnovers demeure très bon à 2.2, à défaut d’être Chris Paulien. Troisièmement, et c’est le point le plus important de tous, il faut décortiquer ces pertes de balle et en desceller la nature. En effet, sur ses 94 turnovers commis en 24 matchs, seulement 18 sont de mauvaises passes. Ainsi donc, LeBron James ne fait pas 3.9 mauvaises passes par match, il en réalise moins d’une par rencontre (0.75/m), et c’est ce que le test visuel confirme si l’on s’éloigne des chiffres et que l’on s’attarde sur les images : il fait très rarement des mauvais choix. Un autre testament de sa lecture du jeu et son QI basket.
Si l’on reprend les chiffres : 8.5 passes pour 3.9 pertes de balle = 2.2 de ratio passes/turnover, un bon chiffre. Considérons maintenant à la place le chiffre de 0.75 mauvaise passe par match. Et celui de 8.5 passes décisives, un total que l’on peut augmenter. En effet, toutes ses offrandes ne sont pas converties en panier, le joueur pouvant manquer le tir, ça ne veut pas pour autant dire que la passe et le décalage créés par James n’est pas bon. Tout de suite, le ratio semble bien meilleur vu sous cet angle.