Road to the Draft : Malik Monk (vs North Carolina)
Contre North Carolina, Malik Monk s’est définitivement positionné comme un candidat au top 5 de la prochaine draft. Bien qu’il fût performant avant comme après ce match de gala, sa performance contre l’ancienne équipe universitaire de Michael Jordan fut incroyable : pas moins de 47 points ! Si en soit un tel total est impressionnant même au niveau NBA, il l’est encore plus pour les standards NCAA où les matchs sont plus courts, les attaques moins bonnes et les performances statistiques prolifiques plus rares.
Guillaume (@GuillaumeBInfos)
Parmi les recrues phares de Kentucky durant l’intersaison, Malik Monk s’éclate cette année chez les Wildcats. En 29 minutes de jeu de moyenne : 22.6 pts/m, 51% d’efficacité générale en 16 tirs totaux par matchs (superbe efficacité pour quelqu’un utilisant autant le jump-shot), dont 60% à 2pts et surtout 43% de réussite en 8 tentatives par match à 3pts ! Exactement ce dont rêve les franchises NBA de nos jours.
Bien que North Carolina ne soit plus parmi les énormes écuries du championnat universitaire comme c’était le cas il y a peu de temps, les Tar Heels demeurent une bonne équipe très solide, et à l’occasion d’un des matchs de gala inter-conférence de ce début de saison, Monk a signé la plus grosse performance de ce début de saison NCAA : 47 points à 18/28, 2 passes, 2 turnovers et le tir de la victoire.
En premier lieu, c’est de son jump-shot dont il a fait étalage sur ce match. Cette arme demeure sa favorite et sa plus utilisée, de très loin, et on comprend vite pourquoi : mécaniquement parlant, le garçon est bluffant. Monk est une machine, un monstre de régularité pour prendre de bons tirs d’un point de vue technique. En sortie de dribble comme en réception de passe, il place parfaitement ses appuis, ses pieds sont bien dans l’axe de son corps et il saute donc bien verticalement, son coude forme un angle à 90 degrés, il s’élève très haut durant le tir et relâche le ballon dans ce mouvement d’élévation. Son tir est même rapide, autant dans son exécution que du fait de sa bonne préparation avant même d’avoir la gonfle entre les mains (il positionne bien ses mains et ses appuis, et n’a plus qu’à déclencher le tir).
Monk s’est fendu d’un superbe 8/12 à trois points. En plus des tirs en spot-up tout cuits dont il a hérité, il a aussi montré d’excellents mouvements sans ballon, parfois même traversant la totalité de la largeur du terrain pour se trouver une fenêtre de tir. En sortie d’écran, il est parfaitement arrivé à tout de suite orienter ses appuis et son corps bien en face du panier pour déclencher un bon tir, et Kentucky n’a pas hésité à le faire traverser toutes sortes d’écrans tout le long du match.
Un peu moins brillant en sortie de dribble, Monk s’est tout de même montré performant. Il est arrivé à créer des différences sur de petits mouvements incisifs, attaquant des closeouts ou plaçant un petit stepback au bon moment. Cependant, une chose semble être ressortie : il a du mal à se créer bien et régulièrement de l’espace pour son propre tir. Son arsenal de moves avec le ballon n’est pas si grand que cela, et bien souvent il n’est pas parvenu à générer une bonne séparation avec le défenseur. Egalement, son envergure de bras étant moyenne pour sa taille, il ne relâche pas son tir si haut que cela, même au niveau NCAA. Par plusieurs fois il fut gêné par le défenseur bien positionné (même si d’autres fois, il leur a scoré sur la tête grâce à sa belle détente), et sur une action en seconde mi-temps, il se fait carrément contrer son tir alors que le défenseur avait été mis dans le vent juste avant cela. Cette particularité à ne pas relâcher son tir très haut pourrait limiter son potentiel dans l’exercice, si d’aventure il se montrait incapable chez les pros de compenser avec une grande vitesse d’exécution du tir ou une grosse détente.
Plus encore, sa sélection de tir est loin d’être parfaite. Clairement, Monk est de cette catégorie d’arrière pour qui de longs tirs à trois points constituent l’essence même du basket moderne. Et même sur ce match où presque tout rentrait, on a pu observer quelques très mauvais tirs et une prise de décision améliorable. Par deux fois, il se laisse enfermer dans le corner et prend un long jump-shot en déséquilibre au milieu de deux défenseurs. Par une bonne poignée de fois également, il s’est contenté de prendre de très longs tirs très tôt dans la possession. Même son tir de la victoire, en soit, est un très mauvais tir. Un trois-points contesté en début de possession. Sauf qu’il le met.
Pour autant performant qu’il soit sur son jump-shot, Monk est tout aussi réticent à se rendre au cercle. Il faut dire que physiquement, il n’est pas très puissant que ce soit au niveau de ses jambes comme de son torse, et ses épaules ne sont pas très larges. Qui plus est, son dribble n’est pas si excellent que cela.
Néanmoins, Monk demeure un joueur explosif qui pourrait grandement profiter de cela pour aller chercher un nombre conséquent de paniers au cercle s’il le voulait. Il manque réellement d’agressivité et ne cherche tout simplement pas à pénétrer, comme en atteste son très faible total de 3 lancers francs tentés par match en presque 30 minutes de jeu.
Même les fois où il a pénétré sur ce match, Monk n’est jamais allé jusqu’au panier mais s’est contenté de prendre un tir à quelques mètres de l’arceau. Lorsqu’il attaque un closeout, c’est pour poser un dribble et prendre le long deux, mais pas plus. On a toutefois pu voir un bon floater et un tir dans la raquette, mais il est clair qu’il ne cherche pas à aller au contact, de son premier défenseur qui tente de le contenir, et encore plus des protecteurs de cercle en second rideau.
Monk termine également le match avec 2 passes décisives. Sur la première, il voit son coéquipier ouvert sous le cercle et lui transmet assez bien la gonfle pour un lay-up, sur la seconde il fixe le défenseur en contre-attaque (2 contre 1) pour ensuite envoyer Fox au alley-oop. En dehors de cela, pas grand-chose à se mettre sous la dent, notamment du fait que son rôle dans l’attaque de Kentucky le limite assez. En effet, aux côtés des deux vrais meneurs de jeu que sont De’Aaron Fox et Isaiah Briscoe, Monk se contente de sortir d’écrans, bouger sans la balle, et prendre ses tirs en spot-up. Ce que l’on a pu observer sur ce match toutefois, c’est sa petite réticence à lâcher la balle. Sur trois ou quatre de ses propres tirs, Monk aurait tout aussi pu donner le ballon à des coéquipiers totalement ouverts mais ne les a pas vus ou a choisi de ne pas le faire.
Défensivement, Monk fut assez peu testé sur ce match. Il possède une bonne vitesse latérale et une assez bonne taille, mais son manque d’envergure de bras semble l’handicaper dans sa défense sur l’homme, au niveau NCAA, et sans doute encore plus au niveau NBA. Sur une action en particulier, en fin de match, Monk adopte une bonne posture, déplace bien ses appuis et reste devant son attaquant mais se fait tout simplement scorer sur la tête. Il ne fut pas tout le temps irréprochable pour traverser les écrans. De manière générale on l’avait vu bien meilleur que ça défensivement contre UCLA, où il gêna bien Lonzo Ball et termina la rencontre avec 5 interceptions au conteur (lignes de passe et pression sur le ballon).
Bien qu’incomplet offensivement, Malik Monk affiche d’ores et déjà un potentiel très intéressant. Il n’est ni un bon slasher ni un bon passeur à ce stade de son développement mais possède ce que toute franchise NBA recherche de nos jours : du jump-shot, beaucoup, efficacement, de partout. Le seul problème qui se pose reste celui de ses mensurations physiques : sa taille (6’4/1m93) et ses bras (6’4/1m93) sont correctes sans être très bonnes pour le poste de meneur de jeu, et sont carrément en dessous des standards NBA pour le poste d’arrière. Monk ne possédant absolument pas le jeu d’un meneur, c’est sur ce poste 2 qu’il sera contraint d’évoluer, ce qui soulève tout un tas d’autres interrogations sur son jeu (quid de la défense ? de sa capacité à scorer face à de plus grands défenseurs ?)
De ce fait, son potentiel ne semble pas si grand que cela à priori. Difficile d’imaginer en lui potentiel de première option d’équipe à première vue, bien qu’on ne soit jamais à l’abri d’une surprise grâce à la valeur que prend le jump-shot (et a fortiori à longue distance) dans la NBA actuelle. Avec le début du calendrier SEC pour Kentucky, les choses sérieuses commencent pour Monk et les Widcats, qui cette année encore gardent pour objectif le titre final de champion NCAA. De quoi aider à évaluer Monk encore un peu mieux dans des circonstances différentes.