Chris Bosh : « Je suis resté chez moi à me dire que personne ne se souciait de moi »
Retraité de manière anticipée en raison de plusieurs embolies pulmonaires, Chris Bosh n’arrive même plus à regarder un match de basket, tant ce sport lui manque.
Regarder du basket est trop dur, ça me fait trop de peine. » Chris Bosh
Alors qu’il se construisait une carrière de Hall of Famer après avoir été le franchise player des Raptors et remporté deux titres avec le Heat, sa maladie a interrompu à 31 ans, son impressionnante ascension. Du jour au lendemain, plus d’entraînement, plus de match, plus de séance de shoots, plus de vols réguliers, plus de road trips, plus de sélections All-Star et surtout, plus de course au titre…
C’est comme prendre une Porsche, rouler 300 kilomètres et tomber brusquement dans un trou. » Chris Bosh
Si, pour ne pas arranger les choses, le joueur se sent très bien et a fait comprendre qu’il voulait revenir, personne aujourd’hui en NBA ne s’imagine offrir un contrat à celui qui, il y a ne serait-ce que deux ans, tournait encore à 19.1 points et 7.4 rebonds. Plusieurs GM ont été interrogés et tous ont tenu le même discours.
S’il était en bonne santé, il jouerait pour Miami. Mais vu que le Heat a dit qu’il n’était pas une option au vu de ses problèmes de santé, cela me fait directement dire que ce n’est pas une piste que nous explorerons. C’est trop risqué. On parle de quelque chose qui menace sa vie. Qui veut prendre des risques avec ça ? » GM anonyme
Chris Bosh semble être conscient de tout cela. Et pourtant, il ne peut avoir que des regrets en plus de l’envie.
Les gens ne comprennent pas ! J’ai regardé tout ce jeu small ball et je me suis dit que j’avais bossé toute ma carrière pour évoluer dans un environnement comme la NBA d’aujourd’hui. Le jeu se joue avec mes qualités, avec mes moves ! Mais je ne peux pas les utiliser. C’est bien pour ça que je n’ai pas regardé ou même parlé de basket depuis bien longtemps. Mes anciens coéquipiers ont essayé de garder contact mais ça n’a pas duré. Ils sont à fond dans leur saison et vous n’en faites pas partie. Je suis resté chez moi à me dire que personne ne se souciait de moi. Je suis passé d’un calendrier avec 41 matchs à l’extérieur durant lesquels plein de gens viennent vous voir et vous disent qu’ils vous aiment à un calendrier vide. Je passe mes journées dans mon bureau chez moi. Les gens me demandent ce que je veux faire d’autre. Je leur réponds : ‘Rien’. J’adorais le basketball et je ne voulais que ça ! » Chris Bosh
Chris Bosh a ainsi connu quelques épisodes de déprime, dont il parle librement. Après s’être tourné vers un thérapeute pour l’aider à vaincre sa dépression, il se confia à sa femme, qui fut d’un grand secours.
Quand ça vous arrive, vous perdez le sens du plaisir, vous vous perdez vous même, vous perdez votre confiance Vous vous dites : ‘J’étais l’un des meilleurs et d’un coup ce n’est plus le cas !’. Vous vous sentez oublié. Ma femme et moi parlons beaucoup de ce que je ressens. Ces conversations sont nécessaires. Beaucoup de gars dans cette ligue parlent peu à leurs femmes. Ils vont jouer à l’extérieur, font ce qu’ils ont à faire et disent : ‘C’est du basket, elle ne va pas comprendre !’. C’est facile d’entretenir ce fossé quand vous jouez. Mais quand vous êtes à la maison toute la journée c’est un tout nouveau monde. Tout ça représente un sujet très sensible, mais il est important. Ma femme et moi ne faisons qu’un. Je suis très heureux de pouvoir dire ça. Elle m’a aidé à réaliser qu’il fallait que j’aille de l’avant pour me créer une nouvelle vie. Je suis un mari, je suis un père et je dois désormais plonger dans cette nouvelle vie. » Chris Bosh
A l’aube de ses 34 ans, il ne semble pourtant pas tout à fait près à tourner la page.
J’aimerais me donner l’occasion d’avoir juste une chance supplémentaire. Je ne demande que ça. Une seule occasion. On est tellement égoïste quand on joue. On se dit que tout tourne autour de nous, qu’on parle de nous sur ESPN, qu’on gagne plein d’argent et qu’on remporte plein de matchs… Ces moments quand 20 000 personnes sont dans la salle et que vous mettez le panier décisif ? C’est un sentiment incroyable ! J’adorerais ressentir ça une toute dernière fois… » Chris Bosh
Lire les propos de Chris Bosh fait forcément un peu de peine, car forcément, au vu des risques qu’engendre sa maladie, on l’imagine mal revenir sur les parquets de la NBA un jour.
Via ESPN