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[Interview] Frank Ntilikina : « Pour moi LeBron est le meilleur de l’histoire, donc quand il fait un commentaire élogieux… »

Pour sa dernière de la saison au Madison Square Garden, le rookie français des Knicks nous a accordé pas mal de temps, après le match face aux Cavs d’un LeBron qui l’avait complimenté le matin même. De quoi faire un premier bilan de son année avec lui, alors que la saison touche quasiment à sa fin.

Frank, record de points ce soir (17, agrémentés de 6 rebonds et 5 passes), pour ta dernière au MSG cette année, cela illustre bien cette progression constante que tu as eu tout au long de la saison sur cet aspect ?

Oui, c’est ça. Au fur à mesure, je me sens de plus en plus confortable sur ce terrain, je sens que je peux faire de plus en plus de choses. Il y a eu mon premier euro-step là, la dernière fois j’avais fait une « Rondo »… Et c’est motivant ! Parce que maintenant, de ce que j’ai vu dans cette ligue, je sais que je peux devenir un grand joueur. Ça va être à moi de travailler vraiment sur toutes mes aptitudes, et faire en sorte que je n’ai aucun regret à la fin.

Même si tu abordes tous les matchs de la même manière, on ressent des choses aussi quand c’est une soirée un peu spéciale comme celle-là, avec en plus les Cavs et LeBron en face ?

C’est sûr. Il y a un petit peu de ça. C’est sûr que là, c’est notre dernier match au Garden, donc on essaie d’approcher les matchs de la même manière, mais c’est vrai qu’il y a un petit plus. On se dit que c’est le dernier match ici, que c’est bientôt la fin de la saison, donc il faut y aller quoi !

Je te demande ça parce que quand on regarde, souvent tes grosses performances offensives – même si elles ne résument pas du tout ta saison, vu ton apport bien plus important en défense –, elles sont souvent venues dans des match-clés : premier au Garden, premier match serré, premier contre Lonzo Ball, premier contre Tony (Parker)…

Je pense qu’effectivement il y a des matchs-clés, qui nous donnent un petit plus d’adrénaline, d’excitation, qui fait que l’on peut avoir de meilleures performances, qu’on peut être mieux dans le match. Après, ça peut aussi avoir le sens inverse : où l’on est tellement excité que l’on fait un peu… pas n’importe quoi, mais voilà. Je pense qu’il faut garder son calme, être bon, et bien utiliser cette excitation justement. Mais je crois que tu as raison, il y a eu ces quelques matchs où j’étais un petit peu au-dessus, par rapport à ces moments-clés.

«Je ne veux pas rentrer dans cette polémique, mais pour moi LeBron est le meilleur de l’histoire, donc quand il fait un commentaire élogieux… »

LeBron a fait un commentaire élogieux sur toi ce matin, même si apparemment tu n’en avais pas entendu parler. Quand il a été drafté en NBA, tu avais 4 ans, tu l’as connu toute ta vie donc. C’est forcément spécial, non ?

Je n’avais pas entendu parler de ce commentaire non. Mais j’en suis reconnaissant. Honnêtement, oui, c’est super spécial. Là c’est la fin de saison, donc on peut ressortir un peu du contexte, prendre du recul, même s’il va falloir s’y remettre pour le dernier match… Mais voilà. Quand on y repense, quand on revoit la saison, des fois on s’assoit et on se dit : « quand même, je suis un joueur NBA, c’était mon rêve depuis tout petit… ». Tout le monde n’a pas la chance de vivre ce rêve-là ! J’ai la chance de jouer contre des joueurs dont j’étais fan quand j’étais plus jeune. Donc je me suis donné la chance de passer de fan à adversaire, ou coéquipier, contre tous ces joueurs. Donc d’avoir des « feedbacks » [retours] comme ça, ou des moments-clés, où j’ai la chance de pouvoir jouer contre Tony Parker… C’est tellement motivant, des fois, je me remémore tous ces moments : les All-Star Games, les matchs de playoffs avec mes frères, où je me levais dans la nuit pour les regarder… Des fois je me dis que j’en ai fait du chemin ! Mais aussi que ce n’est pas fini, et ça me motive tellement pour le futur… Quand un joueur comme ça a un commentaire sur moi, bon, il y a un petit moment où on « switch », mais il y a quand même aussi ce moment-là où on se dit que ce n’est pas n’importe qui. C’est un joueur NBA, un des meilleurs joueurs… [il se coupe] Enfin, je ne veux pas rentrer dans cette polémique, mais pour moi c’est le meilleur joueur de l’histoire. Donc juste la chance de pouvoir jouer contre lui toute l’année, c’est quelque chose de très fort ! Ça me motive tellement à aller chercher le top de mon potentiel ! Pour les titiller encore plus, les gêner… Et pas juste faire de la figuration. C’est quelque chose quoi.

Vu tes expériences précédentes, tu savais que tu avais un potentiel offensif en toi et qu’il fallait juste le laisser monter ?

Par rapport à tout l’environnement, par rapport à tout le plan de jeu, tout ça, j’ai été établit à un rôle. Je savais qu’offensivement je pouvais avoir un impact sur le jeu. Et ce n’est pas que je mettais l’attaque de côté, mais je savais que cela allait venir progressivement. C’est un autre style de jeu, une autre atmosphère ici, donc moi je savais que cela allait venir progressivement. Je savais que je l’ai en moi. Et que ça va monter, monter, monter, et des fois un peu descendre, mais c’est ça la progression d’un joueur. Et moi mon rôle c’est juste de continuer à travailler.

Donc quand tu performes plus de ce côté du terrain, ça ne te surprend pas…

Je ne suis pas étonné. Je ne suis pas étonné parce que ça je l’avais avant. Ce n’est pas parti, c’est en moi, donc ça va être une question de confort, dans le futur… Peut-être, ou peut-être pas hein ? Mais moi je sais que je vais faire tout mon possible pour augmenter mon niveau. Offensivement, défensivement, dans le leadership… au plus haut possible.

« Aujourd’hui je suis de plus en plus confortable en attaque »

Tu as eu une vraie blessure, puis de plus petits pépins derrière, juste avant de commencer la saison. Ça a joué aussi, tu as dû faire des calculs ?

Je n’ai pas fait de calcul. J’essaie de donner le maximum sur les deux côtés du jeu. Que ce soit offensivement ou défensivement. Donc dire que je calcule, ce n’est pas mon message. Je savais juste que défensivement, je pouvais avoir cet impact. Tandis qu’offensivement… bien sûr que je voulais  apporter ! Ce n’est pas que je ne voulais pas apporter, mais je prenais les choses progressivement. On voit que je ne prenais pas le même nombre de tirs en début de saison. Peut-être que je n’étais pas habitué à jouer dans ce style de jeu. Donc ce n’est pas que je calculais, mais je sens juste qu’aujourd’hui je suis de plus en plus confortable. Et pour revenir à la blessure, bien sûr qu’aujourd’hui je me sens beaucoup mieux par rapport à ça : j’ai pu travailler sur mon corps, j’ai pu soigner cette blessure. Je suis encore avec, mais voilà, je me sens beaucoup plus confortable, que ce soit offensivement, défensivement, et dans le jeu.

Surtout, tu as eu un impact d’élite en défense, par exemple tu es le meilleur extérieur NBA en défense sur le pick-and-roll… Donc bon, tu ne vas pas être satisfait, mais tu peux utiliser cela de manière positive pour la suite ?

Je pense que maintenant, tu sais bien dans quelle mentalité je suis, puisque tu anticipes ce que je vais dire (rires) ! Je suis content de voir ces stats-là. Ça me motive pour travailler encore plus sur mon corps, sur mes « skills », pour aller chercher encore plus haut quoi ! Comme je disais, ce n’est pas rien de faire ça ici, il faut aussi à un moment prendre le positif. Et prendre un petit peu ça comme un [il insiste sur ce mot] boost ! Et c’est ce que je fais quand je vois toutes ces stats, ou les feedbacks de certains joueurs, ou même ce que je fais sur le terrain. Je prends ça comme un boost, pour que cela me rende plus fort !

Propos recueillis par Antoine Bancharel, à New York

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