Joakim Noah sur sa période Chicago : « On était en train de vivre un rêve, même si on le savait pas »
Revenu de loin, Joakim Noah a retrouvé le sourire à Memphis, où il a signé pour un peu plus d’un million de dollars début décembre. Blessures, suspension et dégradations de ses relations avec les Knicks l’avaient poussé vers la sortie à New York et on ne l’avait plus revu en match officiel depuis le 23 janvier 2018 (et depuis le 1er février 2017 pour un temps de jeu supérieur à 13 minutes). Le pivot aujourd’hui âgé de 33 ans s’est confié sur les hauts et les bas de sa carrière dans un long entretien donné à Sam Smith (NBA.com).
« Tout ce qu’il s’est passé avec les Bulls, il y a si longtemps, étaient les meilleurs moments de ma carrière. La série contre Boston en 2009 était très fun, pareil contre Brooklyn en 2013. Gagner et perdre est important, mais il faut aussi apprécier ce que vous faites. On était en train de vivre un rêve, même si on le savait pas. On n’a pas gagné. Mais on a eu une chance. Et c’est presque aussi fort. Tu le réalises après. Combien de fois tu as une chance de gagner dans ta carrière ? Peut-être une, deux fois si tu as de la chance. L’année où D-Rose s’est blessé et la précédente, on a eu une chance. C’était spécial. » Joakim Noah
Avant de rejoindre sa ville natale en 2016 (où il y avait rejoint Derrick Rose), Noah a passé 9 saisons sous le maillot des Bulls, avec qui il a disputé le playoffs 7 années consécutives, été 2 fois All-Star et remporté le titre de défenseur de l’année en 2014. Cette même année, il avait terminé 4ème aux votes pour le MVP derrière Blake Griffin, LeBron James et Kevin Durant (vainqueur).
« Je pense que si ce genre de choses étaient arrivées à Chicago, perdre comme nous perdons, gaspiller un avantage de 20 points dans le dernier quart (contre Denver en janvier ndlr), faire des séries de défaites… Les réfrigérateurs auraient été réduits en miettes, et les bouteilles auraient été balancées dans tous les sens. Je ne pense pas que j’aurais pu gérer tout ça à l’époque. Je n’aurais pas pu dormir, j’aurais été insupportable avec tout le monde. Maintenant, rien que le fait d’être dans un vestiaire me fait plaisir, jouer avec des jeunes qui se battent comme si leur vie en dépendait, travaillent dur sur des choses sur lesquelles on peut tous travailler mais où on doit progresser. C’est frustrant de perdre mais il faut apprendre de ça. Utiliser ce temps pour continuer à se construire parce que les défaites amènent la frustration, et la frustration peut vous enlever ce qui est important. Il faut garder à l’esprit ce qui est important justement, et être prêt. Je me sens bien, je n’avais pas joué depuis des lustres. Ca doit faire trois ans que je n’avais plus eu un temps de jeu. » Joakim Noah
En juillet 2016, Noah a quitté les Bulls en s’engageant pour 4 ans et 72 millions de dollars avec les Knicks.
« Je ne sais même pas vraiment ce qu’il s’est passé à Chicago. Je ne voulais pas tirer. Je n’ai pas aimé ma dernière saison là-bas, le basket commençait à devenir un travail. Il se passait beaucoup de choses, mon amour pour le jeu était en train de partir. J’aurais bien aimé que mon expérience à New York se passe avant celle à Chicago, je me serais rendu compte à quel point c’était bien là-bas. Je ne pointe personne du doigt, c’est arrivé c’est tout. C’est dommage parce que je pense que ne pas avoir été top mentalement et physiquement à ce moment là nous a fait mal. » Joakim Noah
Une fin amère qui n’a en tout cas au moins pas affecté ses relations avec ses coéquipiers de l’époque.
« Quand je regarde en arrière et que je me concentre sur ma période à Chicago, je ne veux pas penser aux mauvaises choses, comme par exemple quand je sortais du banc, parce que ce qui était bien a bien plus de poids que ce qui est nul. Je n’ai pas peur de parler de tout ça. Je viens de manger avec Luol Deng et Taj Gibson. Nous n’avons même plus beaucoup de choses à se dire en fait, c’est juste les vibrations que l’on a quand on est ensemble, l’ambiance et le respect que l’on a les uns envers les autres grâce à ce qu’on a vécu. Maintenant que c’est terminé, je me rends compte que nous avions quelque chose de rare, mais nous n’étions pas au courant à l’époque. Ce que nous avons traversé, c’était vrai. Il y avait de la bagarre parfois et on voulait vraiment gagner, on se battait chaque soir. Je suis vraiment fier de ça aujourd’hui. Ça restera le meilleur moment de ma carrière. Même si on met de côté cette série contre Boston, je me rappelle de tant de choses, comme être dans le vestiaire avec Derrick Rose, Luol et Taj. On en parlait l’autre fois, c’est vraiment quelque chose de tout simple. On jouait contre Phoenix et Vinny Del Negro était notre coach, Kirk Hinrich notre meilleur défenseur sur pick-and-roll. Donc Vinny lui dit : « Kirk, tu prends Steve Nash« . Derrick était alors rookie et il sort : « Non, c’est moi qui prend Steve, je ne fuis pas mes matchups. » Vinny lui a répondu : « Mais Kirk est notre meilleur défenseur sur pick-and-roll, toit tu prends Leandro Barbosa. » Mais Derrick ne voulait pas changer d’avis. On se disait : « Sérieux, le rookie qui parle comme ça ? » Ensuite pendant le match on voyait Rose à côté de Nash : « Je l’ai ! Je l’ai ! » Les petits trucs comme ça dont on se rappelait en rigolant en jouant aux dés avec Drew Gooden. Ça n’a jamais été que du basket. » Joakim Noah.
via NBA