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[Grosse Interview] Sekou Doumbouya : « Ils veulent tous savoir la même chose. Tous »

Très souriant malgré l’attention médiatique (certes beaucoup détournée sur Zion Williamson, Rui Hachimura et RJ Barrett) et surtout le plus grand moment de sa jeune carrière qui se profile, le jeune français s’est livré à la veille de la Draft. Notamment au micro de Basket-Infos.

Sekou, comment te sens-tu ? Grand sourire en tout cas, malgré tous les médias !

Ça va, je suis bien ! Je suis content d’être là et je veux en profiter au max. Je m’attendais à ça, je ne suis pas vraiment impressionné.

On peut parler de scénario de rêve depuis ton arrivée, avec que des work-outs qui ont l’air de s’être très bien passés…

Oui, tout s’est très bien passé. Parfait moment. Tout roule, les work-outs, les entretiens avec les dirigeants, les échanges avec les coaches. Tout, tout ! Il n’y en a même pas un qui s’est démarqué d’ailleurs. Tous étaient contents de ce que j’ai fait à chaque fois, en plus.

Que penses-tu apporter à une équipe NBA ?

J’apporte de la défense, de l’enthousiasme. Mon jeu en transition, en contre-attaque… De l’énergie ! Je suis toujours content d’être là, de venir bosser à 100%. J’aime bosser et j’aime en profiter !

Tu as eu un parcours très précoce. Quand as-tu commencé à vraiment t’imaginer en NBA ?

Après ma première année à Poitiers. Après la première année, j’ai vraiment commencé à me projeter sur la NBA. Et voilà quoi… Tout le monde parle de toi, tu fais des bonnes choses sur le terrain, tu sais que quoi qu’il arrive tu vas être drafté. Du coup tu ne penses plus trop à la NBA en soit, tu penses à travailler et à être le meilleur. A partir du moment où tu commences à trop penser à ce qu’il va se passer après, pour moi tu perds pied un peu, tu oublies l’essentiel. Et ce n’est pas ce que j’ai fait, donc tant mieux !

Il y avait déjà tous les scouts NBA qui venaient te voir… Cela a eu un effet sur toi ?

Je me sentais bien franchement. C’est comme s’ils n’étaient pas là. Moi j’étais là pour jouer. Le reste, ça passe après.

Cette saison à Limoges t’a également fait passer un vrai cap…

Ma dernière année à Limoges m’a apporté beaucoup de confiance ! C’est pour cela que je suis là aujourd’hui. Cela m’a appris à m’ouvrir aussi, personnellement, au niveau du travail. Au niveau du travail individuel particulièrement. Ce qui est très, très important. Dans mon éthique de travail également, que je n’avais pas forcément à Poitiers. Ou que je commençais à avoir à Poitiers, mais où je n’étais pas encore vraiment allé à fond. La saison dernière à Limoges m’a vraiment beaucoup, beaucoup aidé sur ce plan.

Qu’est-ce qui a provoqué ce déclic ? Pro A, club historique ?

Le côté club historique, le fait que cela soit un niveau au-dessus oui, c’est clair. Et aussi (il insiste sur ce mot) personnellement. Je voulais juste devenir meilleur quoi, c’est tout.

Tu sentais l’échéance arriver, celle-là, être ici à la Draft ?

Je la sentais arriver ouais ! Je la sentais arriver… Comme je dis depuis le tout début, je ne suis pas stressé. Genre, je sais que cela va arriver, tu vois ? Et aujourd’hui du coup, je suis ici, et je suis juste content !

En Pro B avant, tu as appris à prendre des coups en plus, surtout comparé aux prospects NCAA…

Oui. Au niveau du jeu, de la maturité… On voit des gars qui sont physiques en NCAA hein ! Mais ils n’ont pas joué contre des pères de famille quoi. Je pense que c’est un grand plus pour moi oui. Je suis pro depuis deux ans en fait… Donc du coup je sais déjà ce que je dois faire sur le parquet, en dehors. Après on verra ! On verra ce que cela va donner.

« J’aurais aimé faire des work-outs contre des joueurs NCAA ! »

 

Tu aurais aimé faire des work-outs contre les joueurs NCAA du coup, sachant que tu n’as fait que des sessions individuelles ou des entretiens ?

Ouais j’aurais aimé ! (Grand sourire) J’aurais aimé jouer contre d’autres gars qui sont classés haut ! Mais bon, les choses se sont faîtes comme ça, on verra !

Ce sera pour cet été…

C’est ça, ce sera pour l’été ! Exactement.

Le recrutement est vraiment différent de ce que tu as pu voir en France ?

Clairement ! Cela n’a rien à voir ! C’est clairement un autre monde. C’est un autre monde, une autre organisation. Tout ce qui est mis en place, tout ce qui est fait pour un seul joueur, c’est fou ! Tout est multiplié par dix. Pour un seul joueur !

As-tu senti que les équipes voulaient savoir quelque chose en particulier sur toi, de manière générale ?

(Insiste de manière très sûre) Ils veulent tous savoir la même chose. Tous. Tous. Tous. Par rapport à moi, personnellement surtout. Comment je suis avec mes coéquipiers, avec ma famille. Ils veulent tout savoir. Ils posent tous les mêmes questions. Du coup tu es déjà préparé à répondre.

« Pour ma mère, le plus important ce n’est pas que je sois en NBA »

 

Justement, puisque l’on parle de ta famille, d’autres personnes sont avec toi, notamment ta maman. Ta réussite doit être importante pour elle et tes proches…

Je ne pense pas que ce soit si important que je lui montre que j’ai réussi jusqu’en NBA. Je pense que pour elle ce n’est pas le plus important. Le plus important pour elle, c’est que j’ai grandi en tant qu’homme ! Pour elle c’est ça le plus important. Que j’ai grandi en tant qu’homme, que j’ai des responsabilités, et que je les assume. Pour elle c’est vraiment ça le plus important.

Y a-t-il une équipe en particulier qui t’a tapée dans l’œil ?

Je serai juste content d’être dans une équipe NBA. Je veux juste jouer ! Faire ce que j’ai à faire, bosser dur, c’est tout ! Je n’ai pas de préférence. Toutes les équipes que j’ai faites en plus, je sais que ce sont de bonnes organisations, et où que j’aille ça va bien se passer.

Tu as l’air tellement relax, on sent que tu profites aussi !

C’est fun ! C’est sympa comme ambiance, tout le processus ! C’est un bon moment à partager avec tout le monde. J’en profite en fait oui ! Les work-outs aussi, le fait d’aller bosser dur pour chaque équipe, ça m’a vraiment plu aussi.

Le fait de représenter la Guinée et l’Afrique également ?

Grande, grande fierté ! Pour l’Afrique, pour la Guinée. Je serai le premier Guinéen à être drafté. Ça me rend fier. Je suis fier de mes origines. Fier de représenter mon pays et mon pays d’origine.

Tu as pu y retourner ?

Oui. Pour voir mon papa, qui devait venir aussi, mais il n’a pas obtenu de visa… Il y a deux ans, je suis reparti en Guinée. En vacances, pour deux semaines. C’était court, mais c’était cool ! Cela m’a fait du bien.

« Devenir le premier Guinéen drafté, ce sera une grande fierté ! »

 

On parlait déjà de toi là-bas, le gamin né à Conakry qui va aller en NBA ?

Ouais. Les gens commençaient à parler de moi en Guinée, je suis passé à la télé nationale même ! C’était cool.

Sens-tu un vrai changement pour le basket en Afrique ?

Carrément. Depuis deux ans surtout. Je suis resté en contact et je vois beaucoup de changements. Il y a plein de gens qui y contribuent. Notamment mon agent, Bouna (N’Diaye), et c’est vraiment une bonne chose pour tous les joueurs qui sont là-bas. Joel Embiid, Serge Ibaka, Pascal Siakam, Giannis Antetokounmpo… tout fait que cela change.

Quel sentiment ressens-tu du coup ?

Fierté ! Et l’humilité aussi. En fait, je ne suis même pas où j’en suis ! Tu vois ? Je suis excité, pas excité, je ne sais pas trop ! On verra demain dans quel état je serai. Là c’est juste la veille de l’événement et pour l’instant je suis cool.

En tant que joueur français, les confrères US te posent aussi beaucoup de questions sur Tony Parker. Tu es proche de plusieurs joueurs français…

Tony, c’est un super exemple à suivre, mais pas que pour les joueurs français, pour TOUT le monde ! Evan (Fournier), c’est mon gars. On se connaît depuis 4-5 ans et on se parle souvent. Et bien sûr Frank (Nilikina), que je connais depuis les équipes de jeunes. Je ne l’ai pas vu à Dallas par contre (contrairement à ce qu’il s’est dit, puisqu’ils sont tous les deux chez Comsport désormais), mais je peux vous dire qu’il va faire de bonnes choses cette année. Ça a été un peu compliqué pour lui, mais il va faire une bonne saison l’an prochain, je pense. Pas mal de choses changent autour de lui maintenant, un petit peu. De bonnes choses.

D’où vient ce surnom : Captain Cook ?

C’est mes coéquipiers qui m’ont filé ce surnom, quand j’avais 14 ans ! Parce que je « cuisinais » balle en main, mais surtout parce que je cuisine pour moi-même en dehors en fait. On peut dire que je suis un bon cuistot !

Tu vas avoir beaucoup de gens derrière toi en France demain, où tu pourrais même devenir le plus haut Français drafté en NBA (des rumeurs rendent le 7e choix des Bulls possible et un top 10 reste historique pour un joueur de l’hexagone)…

Je sais que cela va être retranscrit à la télé demain. Ça me rend juste content de pouvoir partager ce moment-là avec les fans en France aussi. Je sais que tout le monde va me regarder, ma famille là-bas et mes proches aussi. C’est un rêve qui devient réalité. Je veux en profiter un maximum avec ma famille, mes proches. Serrer la main d’Adam Silver, c’est vraiment le moment que j’attends le plus !

Propos recueillis par Antoine Bancharel, à New York

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