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[Interview] Dwyane Wade : « J’ai immédiatement senti quelque chose de spécial »

La superstar faisait ses adieux à sa salle préférée, le Madison Square Garden, cette nuit. L’occasion de revenir sur son année si particulière et ce qu’il veut laisser derrière lui, notamment pour son fils.

Dwyane, cette dernière saison est spéciale, mais vous aviez dit même avant le match que ce serait encore plus particulier dans cette salle…

(Il coupe, enthousiaste) Parce que c’est ma préférée ! En dehors de l’American Airlines Arena à Miami. (Il prend deux secondes pour assembler ses pensées) J’adore y jouer. Tu en entends parler quand tu es jeune, déjà. Puis j’ai pu y jouer dès l’université, au « Coaches vs Cancer Classic », et c’était incroyable. Immédiatement. J’ai senti quelque chose de spécial, dès les premières secondes. Et ce sentiment ne m’a jamais quitté. Donc derrière, quand tu as l’opportunité d’y venir tous les ans une fois en NBA, ça devient encore plus spécial.

Vous vouliez profiter à fond de cette dernière ?

Je pense que je reviendrai souvent dans les prochaines années ! Mais en tant que joueur, oui, je voulais en profiter. Les fans sont restés longtemps après le match pour me saluer, avec beaucoup d’enthousiasme d’ailleurs (en sortant du parquet et avant l’entrée dans le vestiaire, nous l’avons croisé, ému, blaguant : « j’ai failli y laisser ma peau ! »)… C’était tellement cool de vivre ça. A la maison, tu t’y attends. Mais à l’extérieur, tu ne peux pas vraiment anticiper. Pas comme ça. Même après toute cette saison. C’était vraiment cool !

Êtes-vous surpris à quel point les gens viennent vous tirer la révérence à chaque match ?

Oui, oui. Carrément. J’ai toujours bien été reçu, en général –sauf la première année du Big Three. Mais là c’est un tout autre niveau. On dépasse les limites, c’est du hors-norme total. Je ne savais pas à quoi m’attendre. J’avais bien sûr demandé à mes fans de me rejoindre pour une « dernière danse ». Mais je ne pouvais pas savoir ce qui allait se passer. Mais ç’a été une super expérience. J’ai pu faire une bonne saison, individuellement, aussi. Donc ce fut vraiment génial.

Vous avez aussi envie de goûter une dernière fois aux playoffs ?

J’adore les playoffs ! Et comme je l’ai déjà dit, je veux vraiment continuer à jouer le plus longtemps possible cette année. J’aimerai bien que cette saison dure le plus longtemps possible. Et aussi, c’est important pour nos jeunes joueurs d’acquérir cette expérience des playoffs. L’an dernier, c’était la deuxième fois pour pas mal de joueurs et la première pour quelques-uns. Mais pour le futur de l’équipe : D-Jones (Derrick Jones Jr), Bam (Adebayo), J-Rich (Josh Richardson) et JW (Justise Winslow), ils ont tous besoin d’accumuler de l’expérience playoffs.

« Je savais que mon expérience serait différente »

 

Quel est votre moment favori ici ?

Mon tir pour la gagne en 2005.

Forcément, cette année vous a apporté beaucoup de joie. Et de la nostalgie aussi ?

Oui. Un petit peu. Je n’ai jamais trop vu de joueurs passer par ce type de saison. C’est un peu différent ce qu’il se passe pour moi là. Il y a eu des moments nostalgiques oui. Mais mon but est aussi d’aider cette équipe à gagner des matchs. Et aller en playoffs. Cela m’a apporté de l’excitation, mais aussi quelques moments un peu plus pensifs, c’est sûr. En même temps, je reste surtout très concentré sur le match lui-même à chaque fois.

Aviez-vous contacté des joueurs, basketteurs ou non, qui ont annoncé leur retraite puis tiré leur révérence sur la saison ?

Non. Je savais que ce serait différent quoi qu’il arrive. Mon expérience est différente de ce que d’autres gars ont pu connaître. J’en ai vu certains bien sûr. Evidemment, j’étais sur les parquets NBA quand Kobe est passé par sa dernière saison. J’étais fan de Jordan quand il a fait sa dernière, puis sa deuxième dernière, ou même sa troisième dernière (il rit nerveusement avant de se décontracter) ! Donc j’en ai vu certains, mais on a tous une expérience différente. C’est ma dernière sortie et jusqu’à présent c’est une super expérience.

Cela vous donne-t-il envie de ne pas raccrocher du coup ?

Non. Non, non, non. Je savais en commençant cette saison que j’avais encore du jus, et que je pourrais sûrement continuer un peu plus. Et j’accepte le niveau que j’ai depuis quelques saisons. Le fait que je sorte du banc, tout ça, ça me va. Le fait de partir de Miami, le fait d’y revenir, surtout… Mais ça n’a jamais été : « Je ne pense pas que je puisse continuer à jouer plus longtemps ». C’est tout simplement que j’ai senti que c’était le moment.

Auriez-vous pu anticiper avant la saison comment elle se déroulerait ?

J’y avais pensé, mais je n’avais aucune idée que cela se déroulerait comme ça. C’est vraiment spécial. Surtout sur la fin là, depuis le All-Star Game. J’ai l’impression que c’est un scénario de film ! J’ai construit une marque autour de moi, la marque Dwyane Wade, le côté gagnant, tout ce genre de choses. Mais je me rappelle aussi qu’il n’y a pas si longtemps finalement, les gens ne savaient pas qui j’étais et certains ne me donnaient même aucune chance ! Mais je me suis défoncé pour y arriver. Donc de pouvoir regarder dans les tribunes, d’entendre les chants des supporters… Si on m’avait dit d’écrire un roman sur cette dernière année, je n’aurais même pas pu l’écrire de la manière ont elle s’est déroulée !

« Je lui dis baisse la tête et va bosser »

 

C’est d’autant plus impressionnant quand vous pensez à tout votre parcours avant la NBA ?

Oui, bien sûr. Et on entend beaucoup la phrase : « tout peut arriver ». Mais rien n’arrive sans un peu de chance. Rien n’arrive sans le soutien d’autres personnes. Rien n’arrive sans travailler dur et croire en soi. Et franchement, il y a eu beaucoup de moments où j’ai douté de tout ça. Mais il y a eu plus de moments où j’ai cru en moi-même, mon objectif, mon rêve. Donc comme je disais plus tôt, j’ai baissé la tête, j’ai bossé dur. Je ne faisais pas partie des gamins dont on disait direct : « oh, lui il va aller en NBA, c’est sûr ». J’ai juste bossé, bossé, puis j’ai pris avantage des opportunités que j’ai eu, quand elles se sont présentées.

De quoi êtes-vous le plus fier ?

Je ne sais pas si j’ai atteint ma plus grande réalisation. J’espère qu’à 37 ans, j’ai encore de plus grandes choses à faire. Tu ne veux pas avoir fait ton max à 37 ans ! Il me reste encore beaucoup de temps dans ma vie. Mais au niveau du basket, ç’a été génial, et ç’a m’a permis de réaliser tellement de choses extraordinaires ! Ça a permis à ma famille de vivre d’une manière que je n’aurai jamais pu espérer. Mais en tant que fils, en tant que père, en tant que frère, j’espère qu’il me reste encore de plus grandes choses à accomplir.

Allez-vous continuer à vous entraîner ?

(Il rit, surpris) Je vais continuer un peu après cette année oui. Parce que mon fils arrive et que je veux pouvoir l’aider encore un peu et lui donner toutes les connaissances que j’ai apprises sur les parquets. J’aime bien manger sain aussi, pour rester en forme. Mais je sais aussi qu’à un moment, je ne pourrai plus. Je sais que mes genoux et mon corps tout entier me diront « stop ». Je veux continuer à m’entraîner, à jouer avec des gars tout autour de la ligue et leur passer à eux aussi ce que j’ai appris. Je ne quitte pas cette ligue en disant : « il ne me reste plus rien ». Il m’en reste un peu et je veux utiliser ça pour d’autres choses aussi.

Quel conseil donnez-vous à votre fils, qui a le potentiel pour évoluer en NBA un jour, et tout joueur qui veut y parvenir ?

Baisse la tête et va bosser. La société est vraiment différente aujourd’hui, comparé à quand j’ai grandi. Les réseaux sociaux dominent. Du coup les jeunes se montrent, publient ce qu’ils sont capables de faire, tout ça. Mais moi je lui dis qu’il doit baisser la tête et aller bosser. Seul le travail te fait arriver au niveau nécessaire pour avoir du succès.

Propos recueillis par Antoine Bancharel, à New York

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