Playoffs Preview : Miami Heat (1) – Milwaukee Bucks (8)
Tout bon sportif le sait : avant de commencer les choses sérieuses et pour éviter tout pépin physique, un petit tour de chauffe ne fait jamais de mal. C’est un peu à ça que ressemble cette affiche, entre un Miami Heat ultra favori, non seulement pour ce premier tour mais surtout pour remporter le titre en juin prochain, et une équipe des Milwaukee Bucks avec (beaucoup) moins de certitudes, mais qui semblait enthousiasmée à l’idée de jouer les champions en titre. C’est chose faite, maintenant il va falloir le prouver.
.
Effectif et fond de jeu
C’est une évidence, Miami possède bien plus de talent que Milwaukee.
Sans conteste, le Heat, c’est l’artillerie lourde : Lebron James, Dwayne Wade, et Chris Bosh pour dynamiter la défense, et une flopée de snipers d’élite dans le périmètre pour dégainer à longue distance. Mario Chalmers, Ray Allen, mais également Mike Miller, Shane Battier, Rashard Lewis, ou même James Jones. C’est sans surprise que Miami est cette année parmi les toutes meilleures équipes de la ligue à longue distance, et le schéma de jeu est d’ailleurs assez simple : bousculer la défense sur pénétration, et ressortir la balle pour les artilleurs arrière arc. Autre tendance de Miami, Eric Spoelstra adore placer Lebron James au poste haut, en tête de raquette, et le laisser opérer à partir de là : avec son excellent sens de la passe, et son physique monstrueux, le King peut distribuer depuis cette position comme aller conclure lui-même, étant à même pas deux grandes enjambées du panier.
La force du Heat se situe donc évidement dans le périmètre, ou en tout cas sur les postes extérieurs. Mais il n’empêche que Miami a tout de même réussi à se procurer de bons éléments à l’intérieur. Udonis Haslem, qui apporte son expérience et son énergie au rebond comme en défense, mais aussi Chris Andersen ou Joel Anthony. On ne leur demande pas de savoir faire de somptueux moves aux poste, ni même d’être un point d’ancrage offensif dans la raquette, mais on leur demande de faire le nombre, apporter de la taille et du muscle dans la raquette pour le travail de l’ombre, et ça fonctionne plutôt bien.
A l’inverse, Milwaukee table aussi sur du tir extérieur mais dans un autre registre. Depuis l’arrivée en février dernier de JJ Reddick, et du nouvel entraîneur Jim Boylan, les Bucks adorent jouer en catch & shoot et en sortie d’écran. Brandon Jennings a d’ailleurs démontré il y a quelques temps qu’il pouvait exceller dans le rôle de distributeur de cette configuration, et autant Reddick que Monta Ellis ou Mike Dunleavy sont assez rapides et agiles pour déclencher un tir après un écran. Également, les Bucks s’en remettent de temps à autre à la capacité de Monta Ellis à créer pour lui-même, mais aussi à beaucoup de pick & roll, encore une fois un domaine où l’on a déjà vu Jennings très à l’aise. Le seul souci, c’est de ne pas avoir d’intérieur pétri de talent pour jouer le P&R avec Jennnings : autant Larry Sanders que le rookie John Henson sont loin d’avoir des mains en or et un touché de balle fabuleux, et Samuel Dalembert est tout de même moins mobile que ses acolytes.
Néanmoins, la principale cible dans le pick & roll n’est pas forcément l’intérieur qui pose l’écran et coupe vers le panier, mais bien l’autre option : le shooteur qui coulisse et obtient une position à longue distance. De même, lorsque Jennings ou Ellis jouent le pick & roll avec Ersan Ilyasova, l’intérieur Turc ne rentre pas vers l’intérieur mais ressort plutôt pour se positionner à mi-distance ou même à trois points (du pick & pop plutôt que du pick & roll en fait). Pour le reste, l’effectif semble quand même assez incomplet dans la comparaison avec Miami, et il manque sans doute un ou deux scoreurs plus réguliers.
.
Les clés de la série pour Miami
– Etre agressif : C’est la principale force du Heat, cette capacité à venir bousculer la défense adverse. Lebron James, Dwayne Wade, mais aussi Mario Chalmers et d’autres encore, c’est lorsque Miami montre beaucoup d’envie et beaucoup d’agressivité que tout commence à leur sourire. Durant la saison régulière, c’était d’ailleurs lorsqu’ils se sont trop reposés sur du tir plus ou moins loin, et en restant éloignés du panier qu’ils ont été le plus embêtés par l’adversaire.
– L’adresse à longue distance : Conséquence de la première clé de cette série, si Miami arrive à bien pénétrer puis ressortir le ballon, l’escouade de snipers devrait avoir assez d’espace pour ajuster à longue distance. Si c’est le cas, et si les trois points commencent à pleuvoir, l’affaire pourrait être conclue très rapidement pour Miami, et c’est sans doute aussi l’objectif : finir le boulot rapidement pour avoir un maximum de temps de récupération avant la suite de la post season qui pourrait être longue.
– Le facteur X : Chris Bosh. Plus que Wade ou Lebron, à Miami lorsque Bosh est dans un bon soir, en général la victoire n’est pas bien loin. Avoir l’ancien Raptor qui participe à la fête et accumule lui aussi les paniers est un autre facteur important pour espérer conclure cette série dans de brefs délais.
.
Les clés de la série pour Milwaukee :
– Une bonne exécution des systèmes en attaque : Si les Bucks veulent maintenir l’espoir durant ce premier tour, il faudra être très rigoureux offensivement, plus qu’ils ne l’ont été dernièrement. Ils ont les armes pour le faire, autant Larry Sanders que Samuel Dalembert ont les épaules larges, et ont prouvé qu’ils savaient poser de bons écrans. De même comme on l’a dit plus tôt, Reddick, Ellis & co se régalent en sortie d’écran, donc il y a en théorie tous les outils nécessaires pour être efficace. Même si Miami est excellent pour défendre les trois points, il y a la place de pourquoi pas les embêter là-dessus. Et attention aux turnovers pour les Bucks. Non seulement il faudra être appliqué pour pouvoir assurer un certain quota de points, mais aussi pour ne pas se faire prendre en contre-attaque : il ne faudra pas perdre trop de ballons ou faire trop d’erreurs face au Heat et sa force de frappe redoutable dans cet exercice.
– La raquette des Bucks : On le sait, la faille du Heat c’est à priori son secteur intérieur. Malheureusement, Milwaukee ne possède pas vraiment de menaces offensives dans la raquette (Sanders, Dalembert, Henson, Ilyasova, etc). En revanche, là où ils pourront peser c’est dans leur capacité à aider sur pénétration, et à justement se montrer intimidant. Essayer de protéger le cercle du mieux possible, et limiter les drives dans la raquette de la bande à Lebron pourrait être une clé sur cette série.
– Le facteur X : Brandon Jennings. Le meneur de Milwaukee est l’incarnation même de l’irrégularité cette saison. Capable de sortir de superbes performances, comme de terminer un match avec une ligne de stats affreuse, les Bucks ne pourront pas espérer faire quelque chose si Jennings est dans une mauvaise forme. Milwaukee aura besoin de son scoring, mais surtout de sa capacité à être un vrai gestionnaire, pour justement limiter les turnovers et faire marcher la boutique comme on vient de le dire. Sans compter que Jennings joue aussi son avenir à Milwaukee : des bonnes performances (ou non) seront déterminantes dans la décision des Bucks de le vouloir le conserver cet été ou de le laisser partir.
.
Les match up à suivre
– Chalmers/Cole vs Jennings : Autant Mario Chalmers que Norris Cole ne sont pas les joueurs qui reçoivent le plus de louanges dans cette équipe. Mais il faut leur reconnaître leur capacité, l’un comme l’autre, a exercer sur le meneur adverse une grosse pression défensive. Pour faire déjouer un Brandon Jennings pas très régulier, le garder sous pression constante durant l’intégralité de la série sera indéniablement une clé pour Miami. D’autant que Jennings n’aura pas affaire qu’à un seul défenseur de ce type, mais bien à deux, puisque Chalmers et Cole devraient se relayer durant les 48 minutes du match.
– Lebron vs les ailiers de Milwaukee : Peut-on stopper Lebron James ? Possible dans de rares cas. Milwaukee peut-il stopper Lebron ? Ca reste déjà un peu moins probable. Les Bucks possèdent tout de même deux ailiers solides, Luc Mbah A Moute et Marquis Daniels, mais de là à dire que ce sera suffisant, c’est encore une autre affaire. Même l’ancien Celtics, Daniels, à priori réputé pour ses prouesses défensives, a déjà eu beaucoup beaucoup de mal à Boston lorsqu’il a dû faire face à Lebron James, et Mbah A Moute comme Daniels lui rendent facilement quelques centimètres comme quelques kilos. Si Spoelstra l’utilise en poste 4, difficile de voir quel intérieur a les armes et la mobilité nécessaire pour ne serait-ce que le ralentir.
– Wade vs Ellis : On dit Dwayne Wade vieux et plus aussi bon qu’avant, la faute à un début de saison un peu au ralenti, mais il a tout de même prouvé sur la deuxième partie de saison qu’il demeurait un des meilleurs joueurs de NBA. Efficace en attaque, et toujours aussi précieux en défense. En face, Monta Ellis est sans doute plus vif et plus rapide, mais se retrouvera sans doute limité physiquement face à un Wade plus costaud et plus grand. Il sera en tout cas intéressant de suivre ce match up, qui pourrait être déterminant : un Monta Ellis qui arrive à claquer des grosses performances au scoring maintiendrait Milwaukee en vie, mais si Wade arrive à l’étouffer, les Bucks pourraient vite perdre pied sans leur meilleur marqueur.
.
Bilan
C’est sans surprise que Miami devrait logiquement passer facilement le premier tour des playoffs. Il y a tout simplement plus de talent dans cette équipe, l’effectif est plus complet, mieux construit, possède plus de stars, et tout simplement : Miami a Lebron James. Milwaukee ne semble pas avoir les armes pour stopper le King, et la rapidité avec laquelle le Heat pliera l’affaire se fera sur la forme du casting autour de lui. Milwaukee pourra espérer au mieux prendre un match ou deux au Heat, mais il ne faut pas s’attendre à une série épique en 7 manches à priori. Surtout connaissant les problèmes récurrents entre le coach Jim Boylan et son meneur Brandon Jennings.
Pour Milwaukee, cette 8e place et cette qualification en playoffs n’est même pas la première étape d’un processus de progression, comme cela a pu être le cas il y a quelques années pour OKC en 2010 par exemple, qui avait déjà son noyau dur. Tout simplement parce que le futur est encore flou pour la franchise du Wisconsin : les Bucks ne s’attendent sans doute pas à battre le champion en titre, malgré ce que peuvent dire les joueurs, mais la direction sera en revanche très attentive aux performances de Brandon Jennings, Monta Ellis, ou même JJ Reddick en fin de contrat l’été prochain. Est-ce que ce backcourt peut marcher, est-ce qu’on peut miser sur un Monta Ellis sur le poste 2, Jennings mérite-t-il l’argent qu’il demande… L’enjeu se trouve sans doute ailleurs que dans l’infime espoir d’une qualification pour les Bucks. L’été prochain pourrait être mouvementé après cette série.
[polldaddy poll= »7051388″]
Le programme de la série
Game 1 – Lundi 22 avril, Milwaukee @ Miami, 1h00
Game 2 – Mercredi 24 avril, Milwaukee @ Miami, 1h30
Game 3 – Vendredi 26 avril, Miami @ Milwaukee, 1h00
Game 4 – dimanche 28 avril, Miami @ Milwaukee, 21h30
Game 5 * Mardi 30 avril, Milwaukee @ Miami, à déterminer
Game 6 * Mardi 2 mai, Miami @ Milwaukee, à déterminer
Game 7 * Samedi 4 mai, Milwaukee @ Miami, à déterminer
Qui croit sérieusement que Milwaukee va gagner?
L'objectif est plus d'aller prendre un match ou deux que de vraiment gagner la série.