Intersaison 2013: focus sur les Cleveland Cavaliers
Les playoffs battent leur plein, mais l’intersaison a déjà commencé pour les équipes éliminées en saison régulière, qui sont déjà tournées vers l’année prochaine. Choix de draft, gestion de la masse salariale, carences de l’effectif, … les dossiers sont nombreux pour les GM. On vous propose donc de se mettre à leur place en faisant un point, chaque soir, sur la situation salariale de chaque équipe, et les conséquences possibles sur le recrutement à venir cet été. Aujourd’hui, place à Cleveland.
Le monde des finances NBA étant un univers pour le moins complexe, voici une petite explication des termes utilisés:
RFA: Restricted Free Agent. Se dit d’un joueur arrivant en fin de contrat, mais dont l’équipe peut s’aligner sur n’importe quelle offre. Dans la grande majorité, ce statut concerne les joueurs arrivés au terme de leur contrat rookie (soit à la fin de leur 4e année). C’était le cas, par exemple, de Nicolas Batum: Minnesota lui avait offert un gros contrat, sur lequel Portland s’est aligné, ce qui a obligé le Français à rester.
UFA: Unrestricted Free Agent. Joueur en fin de contrat sans aucune restriction: il peut signer où il le souhaite.
Player Option: il s’agit d’une clause présente dans certains contrats, permettant à un joueur de mettre fin à son contrat avant son terme. Par exemple, Monta Ellis a encore un an de contrat à Milwaukee, mais peut décider d’y renoncer pour tester le marché, devenant ainsi UFA.
Contrat non-garanti: la majorité des contrats NBA est garantie, ce qui signifie qu’une équipe qui déciderait de couper un joueur continuerait à voir son contrat peser dans la masse salariale. Mais certains contrats possèdent une ou deux années non-garanties, ou alors de manière partielle. Contrairement à la Player Option, c’est dans ce cas là l’équipe qui a la liberté de mettre un terme au contrat.
Rappelons par ailleurs que la NBA fonctionne selon un système de limitation salariale: le salary cap est depuis quelques saisons fixes autour de 58 M, c’est la valeur que nous prendrons en compte. Une équipe ne peut recruter un free agent d’une autre équipe qu’en restant en-dessous de cette limite. Par exemple, une équipe voulant recruter Al Jefferson et ayant une masse salariale de 49 M ne pourrait offrir plus de 9M au joueur, ce qui l’inciterait sans doute à aller voir ailleurs.
En revanche, toute une série d’exceptions permettent à une équipe de resigner ses propres joueurs, ce qui explique que la plupart des équipes soient au-dessus du salary cap. Dans le cas d’Al Jefferson, Utah pourrait ainsi le resigner en dépassant la barre des 58M.
Cleveland Cavaliers (24-58)
Troisième saison sans LBJ pour Cleveland, et troisième saison dans les bas-fonds des classements. Les Cavs ont certes récupéré à une vitesse inespérée un nouveau franchise player, Kyrie Irving, mais il manque encore quelque chose pour viser les playoffs. Ce n’est pas ce que semblent penser les dirigeants, qui ont viré Byron Scott et rappelé Mike Brown, signé pour 5 ans: le signe d’une nouvelle ère, plus ambitieuse?
Situation salariale
Masse salariale cette année : 55,3 M.
UFA: Luke Walton, Daniel Gibson
RFA: Omri Casspi, Wayne Ellington
Player option: Mareese Speights
Contrat non-garanti: CJ Miles, Kevin Jones, Chris Quinn
Contrat garanti: Anderson Varejao, Kyrie Irving, Dion Waiters, Tristan Thompson, Alonzo Gee, Tyler Zeller
Cela saute aux yeux: beaucoup de joueurs pourraient quitter les Cavs cet été. Vu la masse salariale faible, cela signifierait une très grosse marge pour recruter. Pour commencer, Cleveland avait cette année dans sa masse salariale tout un tas de petits salaires à payer pour des joueurs déjà coupés (Harangody, Selby, …): rien que la disparition de cette obligation libérera 5M. Par ailleurs, le contrat de Luke Waltonarrive (enfin) à son terme: 6M l’année pour 3 pts/m, on a connu plus rentable… Voilà donc 11 M qui se libèrent sans problème.
Il faut ajouter à cela les fins de contrat de Gibson, Casspi et Ellington, qui sont néanmoins tous susceptibles de rester. Si Speights venait à décider de faire jouer sa player option, Cleveland pourrait se retrouver autour de 30M de masse salariale! Ce qui offrirait une manne financière colossale à la franchise pour recruter, autour de 28M.
Qui garder?
On passe rapidement sur les cas d’Irving, Waiters, Zeller et Thompson, top picks autour desquels Cleveland veut construire, même si Zeller n’a guère été convaincant. Alonzo Gee est une bonne rotation, signé pour un montant raisonnable l’été dernier, et devrait rester aussi. Deux cas restent à gérer, un peu différents:
- les free agents: si Walton et les rotations de bout de banc Jones et Quinn devraient aller voir ailleurs, 5 joueurs ont la possibilité de rester à Cleveland. Daniel Gibson veut rester, mais rien ne dit que la réciproque soit vraie, tant le joueur a déçu cette année. On le voit partir. CJ Miles, pourtant auteur d’une saison correcte, n’a pas, d’après les dernière rumeurs, les faveurs du front office, et pourrait aussi faire ses valises; bizarre, car le garçon n’est pas cher (2,25M) et son contrat est en partie garanti. Pour les deux UFA, l’avenir devrait être différent: Casspi avait soulevé beaucoup d’espoirs à son arrivée, il a explosé en vol. Il ira voir ailleurs. Wayne Ellington, en revanche, a convaincu depuis son arrivée de Memphis en février; Cleveland devrait s’aligner sur les offres qui lui seront faites, si elles ne sont pas démesurées. Enfin, Mareese Speights a la possibilité de mettre fin à son contrat et de tester le marché cet été: pas impossible, car l’ancien Sixer sort d’une belle saison et voudrait sans doute la rentabiliser par un contrat sur le long terme.
- Le problème Varejao: un pivot capable de commencer la saison en tournant à 14 pts et 14 rbds par match, un problème? Eh oui! Le talent du Brésilien n’est pas en cause, mais faire confiance à un joueur de 30 ans qui n’a disputé que 81 matchs en trois saisons est un vrai risque. Cleveland ne peut pas parier sur Varejao pour reconstruire, et va devoir faire un choix: l’échanger cet été, ou le garder dans l’effectif en limitant son temps de jeu, pour le garder en bonne santé.
Roster possible:
PG: Irving
SG: Waiters, Ellington
SF: Gee, Miles?
PF: Thompson, Speights?
C: Zeller, Varejao?
Qui recruter?
On peut s’attendre, pour commencer, à ce que les Cavs soient particulièrement actifs durant la draft. Cleveland a en effet 4 choix: un lottery pick, qui ne sera pas en dessous du 6e choix, le 19e, le 31e et le 33e choix. C’était déjà le cas l’an dernier, et le GM Chris Grant avait échangé les trois plus bas contre un choix plus haut, ce qui lui avait permis de drafter Tyler Zeller. Il y a peu de chances que les 4 choix restent à Cleveland, tant sélectionner 4 rookies dans une équipe déjà très jeune n’aurait aucun sens: échanges en vue, donc. L’attention se portera néanmoins sur ce nouveau lottery pick, qui pourrait permettre à Cleveland de complèter son effectif efficacement: les deux positions faibles de l’effectif étant l’aile et le pivot, on verrait bien Chris Grant se diriger vers Nerlens Noel (C, Kentucky) ou Otto Porter (SF, Georgetown), voire Anthony Bennett (SF/PF, UNLV). Mais attention, le GM n’a pas peur de faire des choix risqués et inattendus: il l’a déjà montré avec les sélections de Waiters et Thompson.
Concernant le marché des free agents, le maître mot de Cleveland depuis le départ de LeBron James semble être la prudence: en signant des contrats courts ou non-garantis, les Cavs s’offrent une grande flexibilité financière pour pouvoir faire un gros coup lorsque l’opportunité se présente. L’effectif actuel est exactement dans ce cas: un noyau de jeunes, et des role players autour dont on peut se séparer à tout moment. Dans le viseur? Sans doute l’intersaison 2014, où un nombre affolant de stars seront libres (dont Qui-vous-savez), et où la draft sera monstrueuse. Par conséquent, on serait surpris de voir un gros free agent signer cet été: plus que sur Al Jefferson ou Andrew Bynum, Cleveland pourrait ainsi parier sur Greg Oden pour renforcer sa rotation intérieure, selon une rumeur persistante. Le reste du recrutement consistera sans doute en des signatures d’appoint. Les cibles principales? Sans aucun doute un bon back-up pour Kyrie Irving, qui reste assez fragile physiquement, et des rotations aux postes qui n’auront pas été remplis par la draft. Avec une exception, qui pourrait venir d’un éventuel échange d’Anderson Varejao: dans ce cas, l’équilibre du roster pourrait bien être modifié en profondeur.
Conclusion
Mine de rien, le plan de reconstruction de Cleveland est plutôt cohérent depuis trois saisons: drafter haut, en prenant éventuellement des risques, mais rester très prudent lors de la free agency, en attendant la grosse occasion. Sera-t-elle pour cet été? Peu probable. Le pari a son côté risqué, car rien ne dit que Chris Grant décrochera un jour la signature d’un gros free agent. Mais dans ce cas, il aura toujours ses choix de draft, qui devraient porter leurs fruits à long terme.