[Finances NBA, mode d’emploi] 5. La free agency. Part 1: comment devient-on free agent?
Salary cap, free agent, luxury tax, … Lorsqu’arrive l’intersaison NBA, vous êtes complètement perdu dans l’infernal vocabulaire technique de la NBA? Vous aimeriez comprendre la stratégie financière de votre équipe préférée? Savoir pourquoi elle ne peut pas signer Chris Paul? Basket Infos vous offre, jusqu’au 1er juillet, date d’ouverture de l’intersaison, les moyens d’être un spécialiste de ce que l’on appelle le CBA (Collective Bargaining Agreement), bible de tous les General Managers, qui fixe les règles des transferts et des contrats.
Nous allons vous proposer un résumé de ces règles à travers une série d’articles, les plus complets possibles. Ces derniers se basent sur le CBA 2011, issu du lock-out. Eh oui, en plus d’être compliquées, les règles changent régulièrement, quand elles ne satisfont plus les joueurs et/ou les propriétaires!
Préparez-vous une aspirine, au cas où, et ne vous inquiétez pas si vous ne comprenez pas tout de suite: le monde de la finance NBA s’apprivoise peu à peu!
Après une première grande partie consacrée aux limitations financières ( salary cap, contrats, exceptions au cap, luxury tax), on passe aujourd’hui au fonctionnement de la free agency.
Après avoir étudié les limitations financières instaurées en NBA, passons à l’application de ces règles, en nous intéressant au fonctionnement de la free agency, ce qu’on appelle en Europe mercato. C’est durant cette période, qui débute le 1er juillet, que les joueurs en fin de contrat cherchent un club, et que des échanges se mettent en place. Il y a deux types de joueurs en fin de contrat, que nous allons voir l’un après l’autre.
Les restricted free agents
Pour commencer, penchons-nous sur un processus qui a ses propres règles: la gestion des fins de contrats rookies, appelées restricted free agency. Nous avons vu avant-hier le fonctionnement du contrat rookie, qui dure, pour ceux qui vont au bout, quatre années. Quand un joueur arrive au terme de ces quatre ans, que devient-il? Il y a plusieurs cas de figure possibles, que nous allons détailler.
Si ses quatre ans de contrat n’ont pas été activés
Dans ce cas, cela signifie que son équipe, pour une raison ou une autre, n’a pas souhaité activer son option pour une 3e ou une 4e année. Le joueur se retrouve donc, à la fin de sa saison 2 ou 3, selon le cas, unrestricted free agent (UFA). C’est-à-dire qu’il est libre de signer absolument où il le veut. Il n’a plus aucun lien contractuel avec la franchise qui l’a drafté. Ce sera le cas, cet été, de Jimmer Fredette (Chicago), dont l’option pour une 4e année n’a pas été activée.
Si ses quatre ans de contrat ont été activés
Dans ce cas, c’est plus compliqué, car il y a de nombreuses possibilités.
- Le joueur est déjà une star, ou un joueur considéré comme essentiel pour sa franchise. Celle-ci a la possibilité de lui faire signer un nouveau contrat avant même la fin de son contrat rookie, afin d’être sûr de le conserver dans l’effectif. Entre la fin de sa saison 3 et le 31 octobre (juste avant la saison 4), les deux parties signent un nouveau contrat, qui prendra effet à la fin du contrat rookie. Prenons l’exemple des joueurs de la draft 2010, qui étaient concernés par ce système entre juin et octobre 2013. Durant cette période, John Wall, Paul George, Derrick Favors ou DeMarcus Cousins ont tous signé un gros contrat les liant à leur franchise pour 4 ou 5 ans supplémentaires, qui a pris effet le 1er juillet. Cet été, et jusqu’au 31 octobre, ce sera au tour de Kyrie Irving (qui a déjà signé une prolongation), Klay Thompson ou Kawhi Leonard, soit les têtes d’affiches de la draft 2011, de négocier cette extension.Cette extension est normalement de 4 ans; mais chaque équipe a la possibilité de choisir un joueur (appelé Designated Player) dont l’extension est de 5 ans. C’est ce qu’ont fait les Clippers avec Griffin et les Rockets avec Harden. C’est aussi ce qu’espérait Kevin Love, mais il n’y a pas eu droit, les Wolves gardant sans doute cette possibilité pour Ricky Rubio.
Si la franchise n’a pas signé cette extension, tout se joue à la fin du contrat rookie, au bout des 4 ans réglementaires. A l’issue de ce contrat, le joueur peut devenir restricted free agent (RFA), c’est-à-dire qu’il n’est plus sous contrat, mais que son équipe peut s’aligner sur toutes les offres qui lui sont faites. Pour ce faire, son équipe doit lui proposer ce qu’on appelle la qualifying offer (QO) entre le dernier match des finales NBA et le 30 juin, soit pile en ce moment (Tyreke Evans s’est vu proposer la QO aujourd’hui). Cette QO est une offre de contrat d’un an, calculée à partir du montant du contrat rookie (dernière colonne du tableau présenté hier). A partir de là, il y a plusieurs possibilités:
- Le joueur peut accepter la QO et décider de jouer pour un an de plus dans l’équipe. Dans ce cas, il deviendra UFA à la fin de la saison suivante, libre de signer où il le souhaite.
- La franchise peut lui proposer la maximum qualifying offer, c’est-à-dire un contrat maximum sur 5 ans, avec une augmentation annuelle plus importante que ce qu’il pourrait trouver ailleurs. Cas de figure qui n’est pas le plus fréquent, car l’équipe a en général pris ses précautions en faisant signer une extension avant.
- Le joueur et la franchise s’entende sur un contrat qui n’est ni la QO, ni la maximum QO, mais qui convient à tout le monde.
- Le joueur reçoit une très belle offre d’une autre franchise, et s’entend sur un contrat avec elle. Les deux parties doivent transmettre une offer sheet à l’équipe de départ, qui détaille les modalités du contrat signé. Une fois l’offer sheet reçue, la franchise de départ a trois jours pour décider si elle s’aligne ou non sur cette offre et garde son joueur. Il y a eu plusieurs cas en 2012: Phoenix, Portland et Minnesota ont transmis une offer sheet respectivement pour Eric Gordon, Roy Hibbert et Nicolas Batum; mais New Orleans, Indiana et Portland ont égalé l’offre et ont donc gardé leurs joueurs. Le même cas se reposera sans doute cet été pour Eric Bledsoe ou Lance Stephenson.
Pour être plus concret, prenons l’exemple de la draft 2010 dont les joueurs arrivent justement en fin de contrat en ce moment. Le tableau ci-dessous présente la situation de chacun des joueurs choisis au premier tour, afin que vous voyiez que bien des cas sont possibles.
Choix | Joueur | Situation |
1 | John Wall | Prolongé pour 79 m$ sur 5 ans (Designated Player) |
2 | Evan Turner | Qualifying offer non proposée. UFA. |
3 | Derrick Favors | Prolongé pour 47 m$ sur 4 ans |
4 | Wesley Johnson | 4e année non activée. N’est plus dans son contrat rookie |
5 | DeMarcus Cousins | Prolongé pour 60 m$ sur 4 ans |
6 | Ekpe Udoh | Qualifying offer non proposée. UFA. |
7 | Greg Monroe | RFA |
8 | Al-Faruq Aminu | 4e année non activée. N’est plus dans son contrat rookie |
9 | Gordon Hayward | RFA |
10 | Paul George | Prolongé pour 96 m$ sur 5 ans (Designated Player) |
11 | Cole Alrich | Coupé, n’a plus de club |
12 | Xavier Henry | 4e année non activée. N’est plus dans son contrat rookie |
13 | Ed Davis | Qualifying offer non proposée. UFA. |
14 | Patrick Patterson | RFA |
15 | Larry Sanders | Prolongé pour 44 m$ sur 4 ans |
16 | Luke Babbitt | Coupé, n’a plus de club |
17 | Kevin Séraphin | RFA |
18 | Eric Bledsoe | RFA |
19 | Avery Bradley | RFA |
20 | James Anderson | 4e année non activée. N’est plus dans son contrat rookie |
21 | Craig Brackins | Coupé, n’a plus de club |
22 | Elliott Williams | 4e année non activée. N’est plus dans son contrat rookie |
23 | Trevor Booker | RFA |
24 | Damion James | 3e année non activée. N’est plus dans son contrat rookie |
25 | Dominique Jones | Coupé, n’a plus de club |
26 | Quincy Pondexter | Prolongé pour 14 m$ sur 4 ans |
27 | Jordan Crawford | Qualifying offer non proposée. UFA. |
28 | Greivis Vazquez | RFA |
29 | Daniel Orton | Coupé, n’a plus de club |
30 | Lazar Hayward | Coupé, n’a plus de club |
On le voit, la restricted free agency offre normalement toutes les possibilités à une équipe de conserver un joueur qu’elle a drafté. Le but est évidemment de favoriser la continuité dans les équipes, et de permettre aux petits marchés de conserver leurs stars. Ce qui marche d’ailleurs plutôt bien, puisque l’essentiel des équipes parviennent à resigner qui ils veulent à l’issue du contrat rookie.
Les unrestricted free agents
Les autres types de free agents sont dits unrestricted, non-restrictifs. Contrairement aux RFA que l’on vient de voir, les unrestricted free agents (UFA) ne sortent pas d’un contrat rookie (sauf, comme on vient de le voir, si leurs franchises n’a pas souhaité aller au bout du contrat de quatre ans). Ils deviennent free agents à la fin de leur contrat vétéran (encadrés par les règles vues dans un article précédent), contrat qui permet souvent au joueur d’avoir une plus grande maîtrise de son avenir. D’abord, évidemment, parce que leur équipe n’a aucune possibilité de contrer l’offre d’une autre franchise lorsqu’ils sont free agents: un UFA est complètement libre de signer où il le souhaite. Mais aussi parce que les contrats ont souvent des clauses permettant à un joueur de « tester le marché » quand il le veut, c’est-à-dire de devenir free agent s’il le souhaite. Il y a deux types de clauses de ce genre:
- la Player Option (PO)
- la Player Early Termination Option (ETO)
Le principe de ces deux options est sensiblement le même: il offre la possibilité à un joueur de mettre fin à son contrat avant son terme pour devenir free agent. Il y a quelques différences:
- la PO peut concerner n’importe quel contrat, alors que l’ETO concerne uniquement la cinquième année d’un contrat de cinq ans.
- l’ETO peut être une année de contrat moins élevée que l’année précédente, alors que la PO doit être au moins égale.
- la PO offre une possibilité d’extension de contrat.
Par exemple, le Big Three du Heat est arrivé le 30 juin à la fin de la quatrième année de son contrat de six ans. La 5e année étant une ETO, il a décidé de l’activer et de devenir free agent. Idem pour Carmelo Anthony. Du côté des Player Option, on trouve par exemple Josh McRobert, signé pour deux ans avec la deuxième année optionnelle, et qui a renoncé a cette dernière pour tester le marché. Le but de ces contrats est de donner une plus grande liberté aux joueurs. Les joueurs activent souvent leur option quand ils estiment qu’ils obtiendront un meilleur contrat s’ils deviennent free agent immédiatement. Evidemment, c’est parfois l’inverse qui arrive, lorsqu’un joueur a une option dans son gros contrat, mais que son niveau de jeu a dramatiquement baissé depuis qu’il l’a signé. Amare Stoudemire avait ainsi une ETO pour la saison qui vient, mais à 23 m$, il ne risquait pas de s’asseoir dessus, même si les Knicks en rêvaient…
NB: PO et ETO, dans le nouveau CBA, ne peuvent cohabiter dans le même contrat. Ce n’était pas le cas sous le CBA précédent, ce qui permettait à Chris Bosh, Dwyane Wade et LeBron James d’avoir une ETO pour la saison 2014-2015, puis une PO pour la saison suivante.
La NBA n’est pas pour autant la République des joueurs, et les équipes ont aussi des moyens de rendre free agents des joueurs qu’elles ne veulent pas conserver. Cette souplesse dans les contrats se présente de deux manières:
- la Team Option, qui est l’équivalent de la PO vue plus haut. Sur le modèle de ce qui se passe dans les contrats rookies, cette option permet à une franchise de se séparer d’un joueur un an avant le terme de son contrat. C’était le cas de Chauncey Billups à Detroit, auquel les Pistons ont annoncé qu’ils mettaient fin à son contrat un an avant son terme.
- les contrats non-garantis. La plupart des contrats NBA soient garantis: cela signifie que si une franchise décide de couper un joueur, son contrat continue à compter dans la masse salariale, et son salaire à être versé au joueur. Le but est aussi d’éviter que les franchises ne recrutent n’importe comment et ne coupent à tour de bras. C’est, en un sens, un appel à la responsabilité. Malgré tout, certains contrats ne sont que partiellement garantis, surtout pour les joueurs de fond de rotation. Souvent, il y a une date limite à partir de laquelle tous les contrats deviennent garantis. C’est le cas le 10 janvier de chaque année: tout joueur encore dans un effectif l’est jusqu’à la fin de saison. D’où une vague de départs dans les premiers jours de janvier, les franchises coupant les joueurs pour ne pas voir leurs contrats peser dans les comptes. Autre exemple, celui de Jameer Nelson, dont le contrat pour l’an prochain n’était garanti que pour 2 m$. Cela signifie que si Orlando le coupait avant le 30 juin, seuls ces 2 m$ pèseront dans la masse salariale. Après le 30 juin, le contrat serait devenu entièrement garanti (8 m$).
Tous les contrats ne disposent pas de ces clauses, et une bonne partie est sans aucune option. Mais l’idée d’ensemble reste, comme on le voit depuis le début, d’offrir une certaine souplesse, à la fois aux franchises et aux joueurs. Le processus qui mène un joueur à devenir free agent est donc souvent question de tactique, et de timing, d’un côté comme de l’autre.
Demain, nous jouerons au GM, et verrons comment recruter en gérant le salary cap. Stay tuned, et n’hésitez pas à poser des questions en commentaires!
Sympas vos articles ! Une version mobile du site ou une appli serait le must ! :)
Merci pour l'auteur.
Oui pour la version mobile il faut vraiment que je fasse quelque chose
Si elle sera aussi géniale que le site, ce sera terrible!!!!!! Pas de question car je ne sais pas trop à quoi m'attendre mais une proposition (quoi qu'à cette heure-ci, l'article est peut-être déjà rédigé), si dans votre article de demain (donc aujourd'hui) ou vous vous mettez dans la peau d'un GM, vous vous mettiez dans la peau d'un GM… d'une équipe nba en difficulté? (Hornets, Bobcats, Kings…)?