Rookie Ladder: qui sera rookie de l’année?
La saison régulière est terminée et il est temps de se demander qui sera élu Rookie of the Year (ROY) dans quelques jours. On vous proposera un peu plus tard dans la journée le classement final de notre top 10 des rookies, mais jetons pour l’instant un oeil sur la lutte pour un trophée très convoité.
Première remarque: les candidats au trophée, dans une classe de draft décevante, sont peu nombreux. On peut raisonnablement limiter leur nombre à trois: Michael Carter-Williams (Philadelphie), Victor Oladipo (Orlando) et Trey Burke (Utah). Trois arrières, qui sont les meilleurs marqueurs, les meilleurs passeurs et ont la meilleure efficiency de la cuvée 2013-2014, d’assez loin. Ce sont aussi eux qui, depuis plusieurs mois, squattent le podium de notre rookie ladder hebdomadaire.
Cela étant dit, sur quels critères choisit-on un ROY? Tous les trophées NBA en témoignent, les stats ont de ce point de vue un rôle déterminant. Pour vous donner un exemple, sur les dix dernières années, seuls deux ROY n’étaient pas le meilleur marqueur de leur classe de draft. De manière amusante, ces deux exceptions se sont avérées être de futurs MVP: LeBron James (2004, battu par Melo) et Derrick Rose (2009, battu par Mayo). Et, à chaque fois, ils étaient à la deuxième place des scoreurs.
Les stats: Carter-Williams loin devant
Autant dire que, sur ce plan, un favori incontestable se dégage. Non content d’être assez largement le meilleur scoreur du lot (16.7 pts, contre 13.8 à Oladipo et 12.8 à Burke), Michael Carter-Williams est aussi le meilleur rebondeur (6.2 rbds, 4.1 pour Oladipo, 3 pour Burke), le meilleur passeur (6.3 pds, 5.7 pour Burke, 4.1 pour Oladipo) et le meilleur intercepteur (1.8 stls, 1.6 pour Oladipo, 0.6 pour Burke) de tous les rookies! Seuls Oscar Robertson (1961) et Alvan Adams (1976) en ont fait autant, mais sans être meilleur intercepteur (la stat n’existait pas en 1961). Encore plus impressionnant: seuls deux rookies ont fini avec des moyennes au-dessus de 16 pts, 6 rbds et 6 pds, et il s’agit de deux légendes, Oscar Robertson, encore, et Magic Johnson (1980). Cette année, seul LeBron James fait de même… Tout cela ne préjuge de rien pour le futur (cf Tyreke Evans), mais de telles stats suffisent à marquer les esprits.
Evidemment, tout n’est pas de cet acabit. La domination de Carter-Williams est à nuancer lorsque l’on voit ses chiffres d’adresse, puisqu’il tourne à 40.5 %, et un triste 25.4 % derrière l’arc. Des chiffres médiocres, qui pourraient jouer en sa défaveur si ses concurrents faisaient beaucoup mieux. Mais en termes d’adresse générale, Burke fait bien pire (38%) et Oladipo mieux, mais pas assez pour que cela soit spectaculaire (41.9 %). A trois-points en revanche, MCW est assez loin derrière: 33% pour Burke, 32.7% pour Oladipo. La logique est un peu la même pour les ballons perdus, que MCW accumule (3.5 par match), mais guère plus qu’Oladipo (3.2). De ce point de vue, Burke est clairement beaucoup plus sobre (1.9 bpds). En revanche, même si MCW est devant en termes de contres et d’interceptions, il est clair qu’Oladipo est, de loin, le meilleur défenseur du lot.
Cette dernière donnée fait qu’on entend certains dire qu’Oladipo est un joueur plus complet, distancé injustement par Carter-Williams qui, lui, gonflerait ses stats dans une équipe très faible, et sans défendre. On ne peut nier que MCW s’est retrouvé avec beaucoup de responsabilités offensives, du fait des départs en cours de saison de Turner et Hawes, alors qu’Oladipo a dû cohabiter avec Affalo, Vucevic ou Nelson. Mais on peut lire cela dans un autre sens: avec de meilleurs équipiers, MCW aurait sans doute augmenté ses stats de passe et aurait joué encore mieux. Quant à l’influence sur l’équipe, il nous faut voir cela plus en détail.
L’impact sur leur équipe
Un trophée individuel doit aussi se donner à l’aune de l’impact d’un joueur sur son équipe. Pour ce qui est des résultats, difficile de dire que l’un des trois a eu un impact décisif sur sa franchise, puisque l’on a affaire à trois des quatre pire équipes de la ligue: Utah (25-57), Orlando (23-59) et Philly (19-63). Six victoires d’écart peuvent-elles faire la différence au moment des votes? C’est peu probable. Une indication intéressante peut venir du bilan de ces équipes lorsque leurs rookies vedettes sont blessés. Là, les stats sont spectaculaires:
Philadelphie avec MCW: 25.7 % de victoires (18-52); sans MCW: 8.3 % (1-11)
Utah avec Burke: 34.3 % de victoires (24-46); sans Burke: 8.3 % (1-11)
Orlando avec Oladipo: 28.8 % de victoires (23-57); sans Oladipo: 0 % (0-2)
Si les chiffres ne sont pas significatifs pour Oladipo (2 matchs manqués seulement), ils le sont pour les deux autres: sans eux, leur équipe ne ressemble absolument à rien. Burke semble avoir une influence plus grande sur les résultats de sa franchise, mais là encore, la nuance est nécessaire: le meneur du Jazz a joué dans un effectif qui n’a pas bougé, alors que MCW s’est retrouvé après le All-Star Game orphelin de Spencer Hawes et Evan Turner, et entouré de joueurs de D-League.
Pour avoir un aperçu encore plus précis, il faut recourir aux stats détaillées. Les stats d’offensive et defensive rating fournis par NBA.com donnent une bonne indication, puisqu’elles signalent le nombre de points (sur 100 possessions) marqués ou encaissés par une équipe lorsqu’un joueur est sur le parquet. Commençons par l’attaque:
Sur le parquet | Sur le banc | Différentiel | |
Carter-Williams | 101.7 | 96.8 | +4.9 |
Burke | 107.6 | 99.9 | +7.7 |
Oladipo | 100.4 | 106.5 | – 6.1 |
Les chiffres parlent d’eux-même: Carter-Williams et surtout Trey Burke améliorent considérablement le rendement offensif de leur équipe, alors qu’Oladipo, au contraire, rend le Magic bien plus inoffensif. Une stat qui peut s’expliquer, mais seulement en partie, par son rôle de 6e homme.
La défense, maintenant:
Sur le parquet |
Sur le banc |
Différentiel |
|
Carter-Williams |
111.3 |
111.3 |
0 |
Burke |
114 |
109.9 |
+ 4.1 |
Oladipo |
107.3 |
111.5 |
– 4.2 |
Cette fois, c’est Victor Oladipo qui a le plus gros impact, puisqu’il permet à son équipe d’encaisser moins de points lorsqu’il est sur le parquet. Trey Burke, lui, apparaît ici comme un mauvais défenseur, bien pire que MCW qui reste à l’équilibre.
Synthétisons tout cela dans un troisième tableau, qui nous donnera le différentiel total de points par 100 possessions, bon indicateur de l’importance d’un joueur dans une équipe:
Diff. offensif |
Diff. défensif |
Diff. total |
|
Carter-Williams |
+4.9 |
0 |
+ 4.9 |
Burke |
+7.7 |
+ 4.1 |
+ 3.6 |
Oladipo |
– 6.1 |
– 4.2 |
– 1.9 |
On le voit, les qualités défensives d’Oladipo ne suffisent pas à rattraper son impact négatif en attaque, alors que Burke améliore suffisamment l’attaque du Jazz pour que son différentiel général soit positif. Mais le grand vainqueur de ce comparatif reste Carter-Williams, qui apparaît comme le plus efficace des trois lorsqu’il est sur le terrain, malgré un impact défensif neutre. De quoi remettre un peu en question l’image d’un Oladipo plus discret, mais plus efficace qu’un Carter-Williams qui n’existerait que par ses stats.
La régularité
Autre critère important, la capacité d’un rookie à garder le même niveau tout au long de l’année. On sait que les débutants rencontrent souvent le fameux rookie wall, mélange de fatigue et d’usure mentale touchant des jeunes joueurs n’ayant encore jamais joué 82 matchs en un an. C’est Oladipo qui a le mieux résisté physiquement à cette saison, puisque, comme on l’a vu, il n’a manqué que 2 matchs, contre 12 à ses deux compères. Mais ce qui nous intéresse ici est la courbe des performances de chaque joueur au cours de l’année. Pour simplifier les choses, on vous a fait un tableau indiquant l’efficiency de chaque joueur mois par mois:
Oct-Nov |
Déc |
Jan |
Fév |
Mars |
Avr |
|
Carter-Williams |
19.1 |
23.3 |
15.6 |
11.7 |
16.9 |
24 |
Burke |
9.5 |
14.4 |
11.6 |
9.8 |
10.9 |
17 |
Oladipo |
11.8 |
12.3 |
15.8 |
15.4 |
12.3 |
10.6 |
Si l’on prend en compte l’écart entre le meilleur et le moins bon mois, il est clair qu’Oladipo a été le plus régulier (5.2), loin devant Burke (7.5) et surtout Carter-Williams (13.3). En revanche, le joueur du Magic finit vraiment moins bien la saison, contrairement aux deux autres. On notera aussi que MCW a loupé son mois de février, mais que tous les autres sont à des niveaux équivalents ou supérieurs à ceux de ses rivaux. Enfin, il est clair que l’hiver a été compliqué à gérer pour Trey Burke, qui n’a pas su rester au niveau qui était le sien en décembre.
Les performances marquantes
Dernier point, et pas des moindres: la capacité d’un joueur à marquer les esprits par quelques performances hors du commun. Voilà un critère qui peut être décisif pour les votants, puisqu’elles témoignent d’une propension à l’exceptionnel, mais qui ne suffit pas en soi (rappelez-vous des 55 pts de Brandon Jennings).
La performance la plus décisive de l’année, en ce sens, est peut-être le match de Michael Carter-Williams face à Miami pour le premier match de l’année: 22 pts, 7 rbds, 12 pds, 9 stls et une victoire au bout. Des stats inédites depuis 1985! MCW ne pouvait pas choisir meilleur moment: en ouverture de la saison, contre le champion, à la tête d’une équipe annoncée comme la pire de la ligue. Cet exploit l’a propulsé en tête des pronostics, mettant tous les autres rookies dans la position délicate de l’outsider. Le Sixer a ajouté à cela deux matchs à plus de 30 pts, 17 double-doubles et 2 triple-doubles. L’un de ces derniers a d’ailleurs été inscrit face à… Victor Oladipo, qui avait répondu en signant lui aussi un triple-double, les deux compères signant ainsi une performance inédite dans l’histoire de la ligue.
Le joueur d’Orlando a par ailleurs profité de deux matchs terminés en prolongation pour rendre des copies admirables: 35 pts (record de la saison pour un rookie), 4 rbds, 8 pds, et 30 pts, 9 rbds, 14 pds. C’est aussi lui qui a été le plus régulièrement client des top 10, en raison de son jeu parfois très spectaculaire. Quant à Trey Burke, il a fait admirer son caractère de clutch player, avec notamment ce magnifique game-winner face à … Orlando (décidément!):
[youtube]http://youtu.be/CaqH5YcakHk[/youtube]
Conclusion
Vous l’aurez compris, on ne voit guère comment Michael Carter-Williams ne pourrait pas être élu, dans les jours qui viennent, Rookie of the Year. Bien sûr, Oladipo défend mieux, Burke est plus clutch, Philadelphie a le moins bilan des trois équipes concernées. Mais MCW écrase quasiment toutes les catégories statistiques et est surtout celui qui a le plus marqué les esprits. Surtout, il ne faut pas oublier qu’il était le moins attendu de tous, ce qui est capital: choisi en 2e position, Oladipo fait la saison qu’il était censé réaliser; Trey Burke n’a été choisi que 9e, mais beaucoup estimaient que Utah avait réalisé un steal. Carter-Williams, lui, a été pris en 11e position, mais était plutôt annoncé comme un flop potentiel, du genre bon passeur/ shooteur catastrophique, à la Kendall Marshall. Voilà qui risque de faire pencher définitivement la balance en sa faveur.
Et vous, quel est votre avis? N’hésitez pas à le justifier en commentaires!
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… pour revenir à Anthony Bennett, il a donc fini sa saison rookie à 4.2 PPG.
Il est donc le 3e pire "first pick" de l'histoire derrière Charlie Share (Boston – 1950 – 3.9 PPG) et Andy Tonkovich (Providence 1948 – 2.6 PPG) et juste derrière un certain LaRue Martin (4.4) et l'illustre Kwame Brown (4.5).
http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_first_overal…
Merci pour la précision. Ca fait peur comme stat…
L'impact sur l'équipe par rapport à la saison dernière est frappant tellement y en a aucun, c'est limite catastrophique ca prouve que le niveau de la draft s'appauvrit, qu'aucun rookie n'arrive a être un FP.
2012/2013 2013/2014
Orlando 20v/62d 23v/59d
Utah 43v/39d 25v/57d
76ers 34v/48d 19v/63d
A croire que ces équipes étaient meilleures sans la draft !