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Le contrat maximum, un dogme NBA en danger ?

Nouvel article écrit par  publié sur BasketEvolution qui nous parle cette fois du contrat maximum

Source : Forbes, cbafaq, Zach Lowe, Basket-Reference

Quel est le point commun entre Jon Lester, Clayton Kershaw, Cliff Lee, Ryan Howard, Robinson Cano, Prince Fielder et Zack Greinke ? Les plus avertis pourront dire que ce sont tous des joueurs de baseball mais ce qui rend cette liste vraiment unique réside dans le fait que chacun d’entre eux a un salaire supérieur à Kobe Bryant, basketteur le mieux payé lors de la dernière saison. Il y a quelque chose de paradoxal à voir la crème de la MLB mieux rémunérée que celle de la NBA. En effet, les superstars de la balle orange possèdent une valeur difficilement comparable à leurs homologues des autres disciplines, que l’on considère le plan sportif ou comptable. La preuve, un LeBron James a gagné 44 millions de dollars de sponsoring l’an dernier. Cela représente plus du double de ce que cumule les 20 plus gros salaires de la Major League en « endorsements ». Certes, la MLB génère des revenus deux fois supérieurs à la NBA, mais avec des effectifs plus réduits, le salaire moyen est malgré tout supérieur chez Adam Silver. Alors comment expliquer cette différence en défaveur des grands noms du basketball ? Si plusieurs causes peuvent être mentionnées, la spécificité des contrats maximums à la NBA est sûrement la plus importante. En effet, la balle orange est la seule des grandes ligues sportives nord-américaines à disposer de cette limite. Mais en quoi consiste-t-elle vraiment ? Le concept de contrat maximum est régulièrement utilisé dans les médias mais sans jamais être accolée à une somme fixe, laissant planer un voile de mystère autour. De plus, ce qui peut paraître comme un fondement de la NBA ne fait pas forcément l’unanimité et ces seuils pourraient être sévèrement seccoués voire totalement éliminés lors du prochain CBA. Règle obscure, motif de débat, toutes les raisons sont là pour s’attarder sur le sujet et tenter d’en comprendre les enjeux.

Qu’est-ce qu’un contrat maximum ?

Tout d’abord, il est bon de commencer par le démontage d’une perception trop partagée : il n’existe pas UN contrat maximum mais des myriades d’accords qui peuvent être qualifiés de maximum. En réalité, il est même assez rare de trouver plusieurs joueurs qui possède un contrat max similaire. L’explication de cette diversité tient dans le fait que ce seuil dépend de nombreux facteurs propres au joueur. Les voici :

  • L’expérience. La chose la plus importante à retenir d’un contrat maximum est que la première année de salaire est indexée sur le Salary Cap. Or, cette indexation est corrélée au nombre de saisons que le joueur a pu effectuer en NBA. On note trois tranches différentes : 25% du Salary Cap de 0 à 6 ans d’expérience, 30% de 7 à 9 ans, 35% à 10 ans ou plus. C’est ainsi qu’un Kawhi Leonard (4 ans d’expérience) ne pourra pas prétendre au même montant qu’un LeBron James (12 ans d’expérience). C’est aussi l’une des raisons qui pourraient pousser LaMarcus Aldridge (9 ans d’expérience) à ne signer que pour un an et attendre l’intersaison 2016 pour négocier un contrat long en 2016, la saison en plus le faisant basculer dans la tranche des 35%. A noter deux choses :
      – C’est exactement sur ces questions de pourcentage qu’intervient la Rose Exception. Mise en place sous le CBA actuel, elle donne la possibilité aux joueurs encore sous leur contrat de rookie de prétendre à une extension allant jusqu’à 30% au lieu des 25% qui leur sont normalement alloués. Pour cela, il faut avoir rempli l’un des critères suivants sous son contrat de rookie : être MVP (comme Derrick Rose), être deux fois élu dans le cinq de départ du All-Star Game (comme Blake Griffin) ou être deux fois dans une All-NBA Team (comme Paul George).
      – On a beau parler publiquement de 25%/30%/35% mais ces pourcentages sont légèrement tronqués. Lors des négociations du CBA de 2005, une nouvelle méthode de calcul du Salary Cap faisait son apparition. Or, au lieu d’indexer ces seuils maximums sur celle-ci, la ligue a gardé l’ancienne pour ce calcul spécifique. Ainsi, quand vous entendrez cet été que Jimmy Butler a prolongé pour 25% du Salary Cap, cela sera en réalité pour 23,4%.
  • La date d’entrée en vigueur du contrat. Comme le montant de la première année est indexé sur le Salary Cap, si ce dernier évolue, le salaire aussi. C’est pour cela qu’il sera bien plus intéressant de signer un contrat maximum en 2016 plutôt que cet été, l’explosion du Cap dû au nouveau contrat TV se répercutera automatiquement sur ce seuil.
  • Les Bird Rights. Ces derniers offrent des avantages pour convaincre le joueur de ne pas aller voir ailleurs. Une équipe qui n’aura pas les Bird Rights ne pourra ni proposer un contrat de plus de 4 ans (contre 5 avec), ni une augmentation salariale de plus de 4,5% de la première année de salaire (contre 7,5% avec). C’est ainsi que les Warriors pourront proposer un montant max à Draymond Green d’une valeur de 90 millions de dollars sur 5 ans pendant que les autres franchises seront limités à 67 millions sur 4 ans. Les Bird Rights sont donc synonymes de plus d’argent, plus longtemps.
  • Le précédent contrat. Il existe une exception à ces seuils maximums : la règle des 105%. Le CBA stipule dans ses règles d’or que le salaire de la première année d’un contrat max ne peut pas être inférieur à 105% de la dernière année du contrat précédent. C’est ainsi que Kobe Bryant a négocié un salaire de départ à plus de 25 millions de dollars lors de son extension en 2011 alors que le contrat max pour un joueur à 10 ans ou plus d’expérience était à 18 millions et quelques.

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Contrairement à ce que l’on peut penser, la durée d’un contrat n’est pas prise en compte lorsqu’on le qualifie de maximum ou non. On dit bien que LeBron James a signé pour le max l’an dernier aux Cavs et cela malgré une durée deux ans (dont la dernière en option).

Maintenant que ces paramètres sont mieux exposés, on comprend aisément pourquoi l’adjectif maximum n’est pas synonyme d’unicité en NBA. Mais la définition de ce genre de contrat, bien que difficile, est loin d’être l’élément le plus compliqué le concernant.

Pourquoi un contrat maximum ?

Sans que l’on s’en rende bien compte, le contrat max est un rouage clé dans la grande mécanique de la ligue. Mais avant toute chose, il est nécessaire de revenir à son apparition lors du fameux lockout de 1999. A la fin de la saison 1997-98, les propriétaires décident de casser le CBA. Une décision légale si les joueurs obtiennent une part des revenus supérieure à 53% (ce qui fut le cas avec 58%). Lassés de voir leur masse salariale grossir à vue d’œil, les possesseurs de franchises décident d’attaquer sur trois points : la durée des contrats rookies, l’élimination des Bird Rights et l’instauration des contrats maximums. Précédemment, la NBA n’avait aucun mécanisme permettant de bien partager les revenus. Certes, le Salary Cap était présent depuis déjà plus d’une décennie mais il n’était plus suffisant pour équilibrer les comptes. L’association des Bird Rights et l’absence de contrat maximum faisait que les franchises pouvaient prolonger leurs stars pour des montants hors normes. Le grand exemple était la prolongation de Micheal Jordan : avec 33 millions de dollars en 1998, son salaire seul était au-dessus du Salary Cap. En résumé, le Salary Cap, fixé à 48% des revenus, n’arrivait plus à réguler les dépenses dans des proportions suffisantes. Face à leur incapacité (ou incompétence, au choix) à freiner l’augmentation des masses salariales, les propriétaires tenaient à instaurer des limites. Avec succès puisque suite à l’épisode de lockout que tout le monde connaît, les joueurs concèdent la création des contrats maximums.

A noter aussi que la Luxury Tax fait son apparition ainsi que le système Escrow. Pour faire vite, le système Escrow offre la possibilité de réajuster le partage des revenus en prélevant une partie du salaire des joueurs si ces derniers ont dépassé leur pourcentage de revenus. Un correctif en somme. Pourquoi faire cette parenthèse ? Parce que c’est directement lié à l’existence des contrats maximums. Avec la Luxury Tax, la NBA crée un second seuil qui vient aider le Salary Cap à faire coïncider les dépenses salariales des équipes avec la part de revenues des joueurs. Avec le système Escrow, elle rectifie dans une certaine mesure les écarts que le Salary Cap et la Luxury Tax n’ont pu empêcher. Deux ajouts qui ont clairement pour but de partager les revenus de manière exacte et prévisible. Tout comme les contrats maximums qui doivent empêcher l’envol des dépenses ! N’y a t-il pas un certain chevauchement parmi ces nouveautés ? Micheal Jordan aurait beau demandé 30 millions de dollars par saison, la Luxury Tax freinerait peut-être son dirigeant de lui donner autant et le système Escrow irait de toute manière piocher dans son salaire s’il y a un excédent. Les contrats maximums étaient-ils donc vraiment nécessaires ? Faut-il y voir une assurance tout risque, façon ceinture-bretelle, ou des intentions cachées de la part de la NBA ? Difficile de savoir, même après coup.

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123 millions pour Shaquille O’Neal, 126 millions pour Kevin Garnett, deux contrats censés représenter les excès des stars surpayées de la fin des nineties

 

Le débat autour du contrat maximum

Dans tous les cas, le contrat maximum a perduré dans le paysage puisque sa définition est toujours actuelle et cela sera le cas au moins jusqu’en 2017, le prochain rendez-vous pour une potentielle renégociation du CBA. Et justement, certains acteurs de la ligue souhaiteraient réformer les articles à ce sujet, pour ne pas dire supprimer carrément le concept même du contrat maximum. Du côté des joueurs, on a pu entendre LeBron James et Kevin Durant s’exprimer contre leur existence. Il faut dire que selon certaines estimations, leur valeur sportive se situerait aux alentours des 40 millions de dollars, un chiffre deux fois supérieur à ce qu’ils gagnent actuellement. D’un côté, on peut dire que c’est un comble dans des pays aussi libéraux que les États-Unis et le Canada de voir ce genre de limitations. De l’autre côté, il faut bien comprendre en quoi consiste la problématique. Avant le lockout de 1999, l’intérêt financier des stars allaient à l’encontre de deux autres intérêts : celui des proprios et celui des autres joueurs. Depuis, avec l’instauration des règles permettant un partage des revenus clair (Luxury Tax, Escrow, autres), l’intérêt des proprios a disparu de l’équation. Peu importe comment les 51% de BRI sont partagés entre les joueurs, la somme est fixe et ne rognera pas sur celle des possesseurs de franchises. Ainsi, ce sont les lieutenants, les role players qui ont vu leur part du butin augmenter. Et c’est probablement eux qui seraient sacrifiés sur l’autel d’un salaire soit-disant plus « juste », sans seuil maximum.

Cela nous amène à une situation très intéressante. Le NBPA, le syndicat des joueurs, est censé représenté, comme son nom l’indique, l’ensemble des joueurs. Or, on l’a vu ci-dessus, une disparition des contrats maximums est sans doute moins favorable à la majorité, au moins dans le contexte actuel. Cependant, depuis le fiasco Fisher-Hunter, ce sont les stars qui sont représentées aujourd’hui dans les plus hautes instances du syndicat : Chris Paul en est le président et LeBron James a été récemment élu vice-président. Au vu des récentes déclarations de ce dernier concernant l’abolition des salaires maximums(appuyées par Michele Roberts, la nouvelle directrice du NBPA), il est possible que l’on assiste à de certaines tensions sur le sujet dans un futur proche.

Mais cette question ne se limite pas à un débat entre joueurs. Des entraîneurs comme des journalistes ont souligné que la présence de telles limites allait à l’encontre de la balance de compétitivité. En effet, les salaires maximums ont pour effet d’égaliser plus ou moins les offres de toutes les franchises. Certes, les Bird Rights sont un plus mais cela n’a pas dissuadé plusieurs stars d’aller voir ailleurs. Par conséquent, comme le salaire n’est pas un facteur de différenciation important, tout le reste l’est : la taille du marché, le taux d’imposition, la présence d’une ou plusieurs stars. Bref, comme disent les Américains : « The rich get richer and the poor get poorer ». Sans contrat maximum, ces joueurs majeurs auraient sûrement face à eux des offres très divergentes : à la fois en termes de salaires mais aussi dans ce que cela implique en termes d’effectif. Il y a fort à parier que la fin des contrats maximums impliquerait des sanctions encore plus punitives pour les gros dépensiers, voire un hard cap, ne serait-ce que éviter un afflux massif de stars vers les gros marchés. Ainsi, toute franchise pourrait envoyer l’offre qu’elle désire à LeBron mais plus celle-ci sera importante, moins l’équipe aura de flexibilité pour construire un candidat au titre derrière.

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Dans un tel monde, difficile d’imaginer un scénario comme celui des Tres Amigos se réaliser. Pour jouer sous le même maillot, James, Wade et Bosh n’auraient pas eu à sacrifier un ou deux millions par rapport au seuil maximum mais probablement une dizaine de millions par an. Un système sans salaire maximum et avec des masses salariales bien limitées aurait de grandes chances de nous amener à une meilleure distribution des stars au sein des 30 franchises. Le graal de la balance de compétitivité en somme. Mais il faut voir aussi l’envers du décor. Car dans un tel monde, il est aussi difficile d’imaginer un scénario comme celui du Thunder se réaliser. Non seulement, on peut penser que James Harden aurait été impossible à conserver mais il en irait sans doute de même pour Russell Westbrook ou Serge Ibaka. A peine arriver à la fin de son contrat de rookie, Anthony Davis se verrait proposer des offres monstrueuses que les Pelicans auraient peut-être du mal à égaliser suivant leur situation salariale du moment. Peu importe comment le joueur a été acquis, les difficultés seraient les mêmes. Des réflexions qui portent au final sur l’identité de la ligue : souhaitons nous voir des effectifs plus équilibrés où tout le monde a sa chance plutôt que superteams qui ont rythmé la vie de la NBA jusqu’à aujourd’hui ?

Tout le monde est pour l’égalité jusqu’au moment où l’on voit les meilleurs joueurs bloqués dans des équipes sans avenir, comme Garnett aux Wolves. Une question existentielle complexe, surtout que les répercussions d’un tel choix seraient difficilement prévisibles. Pour certains, les contrats max protègent les franchises de se saborder par des scénarios à la Derrick Rose / Brandon Roy, pour d’autres, ils sont un appel d’air qui forcent les General Managers à surpayer des stars de seconde zone. David Stern puis Adam Silver ont toujours cherché à lisser l’image de la ligue via le comportement des joueurs : n’y a t-il pas un risque d’impopularité en accordant encore plus d’importance au salaire exigé par telle ou telle star ? Et même d’un point de vue financier : avec des mécanismes de redistribution des richesses comme le Revenue Sharing, les petites franchises n’ont-elles pas intérêt à garder le système tel quel, tout le monde profitant de combats de titans médiatiques à base de star-system façon Lakers vs Celtics des années 80 ? Pourtant, avec un hard cap et un système très équitable, la NFL se porte très bien. « Apples and oranges » diront une partie des analystes mais l’attrait d’une partie des propriétaires NBA pour un modèle similaire est un secret de Polichinelle.

Source d’attrait pour les cadres du NBPA, idée séduisante pour les propriétaires, l’abandon du contrat max pourrait être l’un de grands refrains de l’année 2017. Face à des joueurs remontés après l’épisode du lockout de 2011, il serait une concession idéale pour les grands patrons de la ligue soucieux de protéger leur part des revenus. Mais comme toujours dans la NBA actuelle, les ramifications du moindre changement sont nombreuses et imprévisibles, assez en tout cas pour faire douter les plus téméraires. Égalité des franchises, liberté des joueurs, le sujet du contrat max est une formidable question identitaire pour la NBA. Raison de plus pour ne pas simplifier ce débat par une morale pompeuse à laquelle les grands médias nous habituent.

Par  sur BasketEvolution

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2 réflexions sur “Le contrat maximum, un dogme NBA en danger ?

  • Giloukebab

    Comme si les gars ne gagnait pas assez de fric avec un contrat max…

  • Hipmiles

    Completement primaire comme remarque… Ce n'est pas parce que le gateau est gros qu'il ne faut pas se soucier de comment il est partage. On parle d'equite, est-il normal que deux joueurs ayant un impact diferent sur le jeux touchent le meme salaire ?

    Apres, si c'est les montants astronomiques qui te genent, les joueurs seront toujours les premiers critiques a gagner des millions pour "courrir apres un ballon" mais il ne font que recuperer une juste de part du gateau en tant qu'acteurs principaux. Le vrai probleme etant la taille du gateau…

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