[Interview] Evan Fournier: « Nico Batum a dit ça pour être bon garçon »
Le Magic nourrissait de grands espoirs pour cette saison et tout avait bien commencé avant de tourner à la désillusion. Les Floridiens vont une nouvelle fois manquer les playoffs et on a fait un point avec une des satisfactions de la saison dans l’équipe, Evan Fournier.
Bonjour Evan et merci de répondre à nos questions ! C’est bientôt la fin de la saison, quel bilan tu en tires personnellement ?
Je fais une bonne saison, je réalise ma meilleure saison en carrière. Comme depuis que je fais du basket, chaque année je progresse. Chaque année je gagne en responsabilités et chaque année je passe un pallier. Ca suit son cours. Forcément j’aurais aimé disputer les playoffs, ça se joue vraiment à pas grand chose. Notre bilan ne reflète pas notre saison. C’est frustrant mais à titre personnel, je trouve que c’est une bonne saison.
Qu’est-ce qui manque au Magic justement pour jouer les playoffs voire plus ?
Ce soir on en a encore une très belle illustration. On est devant une bonne partie du match et on ne fait pas les 2-3 actions qu’il faut pour gagner. Je dirais qu’il faut qu’on ait plus de concentration défensive sur les fins de match. Ca se joue à ça, des petites erreurs.
Tu as dit qu’il y avait de nombreuses différences dans le système de Scott Skiles entre les postes 2 et 3, comment est-ce que ça se manifeste ?
C’est surtout défensif. Tu joues sur des gars qui sont beaucoup plus costauds, contre des vrais 3 qui postent alors que les postes 2 sont surtout des joueurs qui courent, qui tirent à trois points et qui prennent des pick’n roll. C’est surtout par rapport à ça. Même si je joue 3, j’attaque comme un 2. C’est vraiment une grosse adaptation en défense pour moi.
[Retrouvez ici notre interview de Boris Diaw]
Tu es bien plus efficace lorsque tu reçois la balle en mouvement que lorsque tu joues en isolation, comment est-ce que tu penses pouvoir travailler cet aspect là de ton jeu ?
Statistiquement, je suis paradoxalement meilleur en iso. Après à part en fin de match, je n’en fait pas trop. L’isolation c’est vraiment le truc parfait pour perdre un match à part si tu as un matchup vraiment favorable. Je ne pense pas que ça vaille le coup mais c’est un aspect que je travaille tous les jours.
Nicolas Batum est actuellement le meilleur marqueur français avec 15,3 points de moyenne. Tu es deuxième avec 14,9 points, est-ce que c’est un objectif personnel pour pouvoir le taquiner en équipe de France cet été ?
Je suis sur ses talons ! Il n’y aura pas de chambrage quoiqu’il arrive mais oui ça serait cool. Il est dans une bonne dynamique, il reste peu de matches donc ça va être compliqué. Pour être honnête, ça serait sympa pour l’histoire mais ce n’est vraiment pas un motif de motivation.
C’est ta première saison complète avec de grosses minutes et sans grosse blessure, comment est-ce que tu te sens physiquement et mentalement ?
Ca fatigue, mais il y a aussi l’effet des défaites. Savoir que l’on ne va pas faire les playoffs, ça ne donne pas nécessairement envie de le faire tous les jours. T’aimes le basket, t’aimes les matches, mais ce n’est pas pareil.
Où se situe ta marge de progression ? Quel aspect de ton jeu dois-tu travailler en priorité ?
Si je veux passer un pallier, je dois faire plus de mid-range. J’en fais très rarement et je ne suis pas efficace. Je peux prendre une très grosse dimension si je peux arriver à être aussi efficace que dans la peinture et à trois points.
Est-ce que c’est l’influence de Tony Parker qui te fait penser ça ?
Non pas du tout ! C’est le jeu d’aujourd’hui qui veut ça, tous les arrières ont ça donc il faut absolument que je le fasse.
Au début de la saison, tu nous avait confié que Scott Skiles était un coach old school très dur, est-ce que certains joueurs du Magic ont eu des problèmes avec lui ?
Si tu ne t’adaptes pas tu ne joues pas donc tu n’as pas vraiment le choix. Vu qu’on a bien commencé la saison, personne ne se plaignait, tout le monde était satisfait. Après pendant une saison, il y a toujours des gens qui ne sont pas d’accord sur certains trucs, mais c’est pareil avec tous les coaches.
Est-ce que tu penses que ce groupe du Magic peut viser haut ?
Si tu gardes les 15 joueurs, on peut faire les playoffs. Il faut qu’on continue de grandir mais il y aura forcément des changements, des trades, etc… Si on garde le même noyau, on peut vraiment devenir une bonne équipe à l’Est. Comme je t’ai dit, il ne nous manque pas grand chose. Avec quelques années d’expérience on peut vraiment devenir une équipe sympa.
Nicolas Batum a déclaré qu’il ne savait pas s’il était légitime pour les joueurs absents au TQO de faire les JO, qu’en penses-tu ?
Nico il dit ça pour être bon garçon. Vous pensez vraiment que si on passe le TQO, il ne sera pas aux JO ? C’est impossible, c’est hors de question. C’est vrai que ce sera dur pour ceux qui ont fait le TQO mais c’est le sport. Ca reste de la compétition mais vous pensez vraiment que Nico va rester à la maison ? Non.
C’est le 1er avril, on t’a vu proposer de faire gagner 10 paires de chaussures avant d’annoncer un poisson d’avril, qu’est-ce que tu voudrais dire à ceux qui sont tombés dans le panneau ?
Vous êtes vraiment cons ! (Il rit) J’ai vraiment bien rigolé. Sur les réseaux sociaux, il faut arrêter de se prendre au sérieux et dire « bon match » « gameday ». Il faut sortir un peu de ça et moi je trouve ça marrant ! Ca me fait kiffer ! Je me suis aussi fait insulter mais ça fait partie du jeu.
Propos recueillis par Hugo Givernaud à Milwaukee