A voir : Les articles NBA à ne pas raterCharlotte Hornets - NBAInterviews Basket InfosUne

[Interview] Nicolas Batum 1/3 : « Une mémoire de poisson rouge »

100 millions de dollars attendent peut-être l’ailier des Hornets cet été. Un record pour le basket français, en récompense d’une saison où Batman s’est découvert une autre dimension, plus proche de celle qu’il a en équipe de France, comme il nous l’a confié.

Tu as beaucoup joué récemment, d’où peut-être d’ailleurs cette petite blessure au genou qui te tient à l’écart pour quelques matchs. C’est aussi une manière de gagner ton prochain contrat (qu’on annonce autour de 100 millions de dollars sur 5 ans, soit le plus gros de l’histoire du basket français) ?

J’ai un nouveau challenge, un nouveau rôle. Qui n’a rien à voir avec celui de l’année dernière. J’avais envie d’évoluer aussi. Le rôle que j’avais l’année dernière me plaisait, parce que l’on gagnait. Mais cette année mon rôle est très différent, car ce que l’on me demande est très différent. Ça n’a rien à voir avec le contrat. C’est juste que j’essaie de me faire plaisir et de faire gagner l’équipe. C’est surtout pour ça. J’avais aussi envie d’évoluer dans mon jeu et je savais qu’en venant ici j’avais vraiment cette opportunité là.

Comment Steve Clifford t’y a-t-il préparé en début de saison ?

Ce qu’il m’a dit en venant c’est que le rôle que j’allais avoir avec cette équipe-là allait être beaucoup plus important que ce que j’avais pu avoir jusque là en NBA. Et qu’il appréciait bien justement le rôle que j’avais pu avoir avec l’équipe de France à la Coupe du monde 2014, où j’avais énormément le ballon. Mais la c’était surtout pour créer. Quand il a annoncé que j’allais être l’option numéro un, ou un et demi avec Kemba, ça a beaucoup fait parler d’ailleurs. Et c’est pour cela que moi j’ai essayé de rectifier, ou préciser ce qu’il a voulu dire. En disant notamment que ce n’était pas forcément prendre 25 tirs par match. Parce que ce n’est pas mon jeu. Ce n’est pas mon rôle et je n’ai jamais été comme ça. C’est surtout pour créer l’attaque et créer du mouvement. Parce que c’est quelque chose que j’aime bien faire et ça se passe bien comme cela depuis le début.

On sentait quand même que tu te cherchais…

C’était nouveau ! C’était nouveau pour moi. Je découvrais un nouveau rôle, dans une nouvelle équipe, avec un nouveau coach, dans une nouvelle salle… Donc ça m’a pris peut-être un mois ou deux avant de vraiment m’adapter et de tout comprendre. Mais ça c’est bien passé dès le début aussi.

Tu as appris à être vraiment constant aussi, c’est ce que tu devais te prouver quelque part ?

Un petit peu oui. Outre le temps de la blessure – qui m’a bloqué, malheureusement – j’ai montré une belle constance dans le jeu. Et de différentes façons (il insiste). Car tu ne tournes pas à 15 pts, 6 rebonds et 6 passes en étant inconstant. Tu ne peux pas. Donc des fois c’est le scoring, des fois c’est la passe, des fois c’est les deux en même temps. Mais c’est le fait de toujours apporter quelque chose à l’équipe quand je joue. J’ai eu une belle saison par rapport à la constance il y a deux ans – l’an dernier, avec le poignet blessé, je n’étais pas du tout dedans. Mais cette année c’est encore mieux. Alors, c’est sûr que je ne vais pas faire 82 bons matchs, je vais forcément en foirer un ou deux. C’est pareil pour tous les joueurs NBA et je n’ai pas dérogé à la règle. Mais j’étais beaucoup mieux sur cet aspect. Je ne pense pas avoir fait deux mauvais matchs de suite d’ailleurs. Sauf quand j’étais blessé. La blessure m’a beaucoup gêné. Mais quand j’étais avec toutes mes capacités, ça n’est pas arrivé.

Qu’est-ce que tu as dû faire pour y parvenir ?

Mon coach a été assistant avec les Lakers et les Rockets. Donc il était autour de Kobe. De Tracy McGrady aussi. Il m’a dit : « il y a une chose avec ces mecs-là, c’est qu’ils ont une mémoire de poisson rouge ». Un poisson rouge, ça refait sa mémoire toutes les sept secondes et ça oublie tout ce qui s’est passé avant. Donc il m’a dit que c’est ça le truc. Et que je devais apprendre à faire ça. Il y a eu un match qui a été déclencheur pour moi, c’était le match contre Milwaukee. J’étais à 3/13 et 9 balles perdues, à cinq minutes de la fin. Le bon match tout pourri tu vois. Le bon match nul, nul, nul… Et il m’a dit ça ! Il m’a dit : « poisson rouge ! » (il rit). Il me dit ça en sortant du temps mort et là, je fais 12 points, je fais 0 ballon perdu et je fais 3 passes. En cinq minutes. Et on gagne le match. Donc c’est là que j’ai commencé à prendre conscience de mes capacités.

Tu as pu découvrir d’autres facettes de toi-même donc ?

On apprend oui. Et puis surtout, à Portland, dès que j’étais dans une situation comme celle-là, je donnais le ballon à Aldridge à l’intérieur et ça allait. Mais maintenant, je me trompe, mais on continue quand même de me donner le ballon pour continuer à faire quelque chose. En gros c’est : « Bon, tu as foiré, mais là on te donne quand même le ballon parce qu’on a besoin que tu le fasses et ça serait bien que tu le fasses ». Alors qu’avant, si je me plantais, je me cachais derrière… C’est donc différent et je dois du coup passer au-dessus de mes erreurs. C’est là où tu comprends ce que les grands joueurs NBA arrivent à faire.

Tu découvres même tes coéquipiers aussi, non ?

Je suis en train de découvrir pas mal de gars. Je connaissais Kemba, mais là il est top 6 des meneurs en NBA. Il y a Chris Paul, Steph Curry, Russell Westbrook, John Wall et Lillard… il n’est pas loin. Avec Isaiah Thomas, ils rentrent dans cette discussion cette année.

C’est le fait d’avoir changé son shoot qui a fait la différence (il est passé d’un lâché du ballon devant le visage à un léger décalage à droite) ?

Ce n’est pas forcément le shoot. Je pense qu’avec l’arrivée de joueurs comme Jeremy Lin et moi, ça lui a enlevé beaucoup de pression sur la création. Avant, il n’y avait que Al Jefferson et lui en attaque, à ce qu’on m’explique. Donc il était obligé de forcer. Maintenant je pense qu’il a surtout des tirs de meilleure qualité. Moi je vais prendre pas mal de ballons pour créer, du coup lui va passer en deuxième lame pour finir et ça devient beaucoup plus facile. Du coup il passe de 17 à 21 points par match. Parce que ses tirs sont de meilleure qualité. Il s’est donc aussi adapté à moi, et c’est tout à son honneur. Parce qu’il aurait pu dire « c’est mon équipe ». Mais il a enlevé cette pression et il m’a légué beaucoup de choses. Et ça nous a aidé à gagner.

Propos recueillis par Antoine Bancharel, à New York

Envie de vivre la NBA au plus près, partez vivre une expérience inoubliable avec notre agence de voyages Trip Double. C'est par ici !

Laisser un commentaire