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Draft Scouting Report : Ben Simmons

L’article suivant a été rédigé très tôt dans la saison après un peu plus d’un mois de compétition. Il reste néanmoins pertinent du fait de l’analyse détaillée qui avait été recherchée à l’époque. Et bien que son échec à corriger son jeu et faire gagner son équipe (non qualification pour la March Madness) confirme les premières constatation faites en décembre, il convient toutefois de compléter cette lecture par celle du profil dressé par la référence DraftExpress et écouter le podcast ultra complet de l’Echo des Parquets sur la draft.

Meilleur lycéen de la cuvée 2015, Ben Simmons n’a pas mis longtemps pour devenir un phénomène statistique et par conséquence médiatique. Fort de 20 points et 15 rebonds de moyenne sur ses sept premières sorties universitaires, le tout à un très bon 53% de réussite au tir, Simmons a porté à son paroxysme l’admiration des observateurs en rendant une dernière copie des plus impressionnantes : 43 points à 15/20 au tir, 14 rebonds, 7 passes, 5 interceptions. Récupérant au passage la première place de la mock draft de Draftexpress à un Skal Labissiere dernièrement décevant à Kentucky.

Il parait évident que l’atout principal de son répertoire est sa capacité de passe. Ses instincts sont tout bonnement phénoménaux pour un joueur de sa taille (6’10/2m08), son poste (ailier fort) et de son âge (19 ans). Simmons parvient avec aisance à distribuer des caviars de toutes sortes de manières différentes, que ce soit avec sa main gauche ou sa main droite. Extrêmement altruiste (parfois même à l’excès ?), Simmons possède une superbe vision de jeu sans doute conférée par sa taille, ainsi qu’une excellente attention pour savoir où chacun se trouve à chaque instant, et desceller les minuscules failles qui peuvent se créer dans une défense afin de les exploiter au maximum. Sur jeu posé, il adore prendre la gonfle, ralentir le rythme en enchaînant les dribbles, et attendre qu’un défenseur autre que le siens ne fasse l’erreur de se rapprocher un tantinet trop de lui pour ensuite envoyer un laser à son coéquipier, alors ouvert. A la James Harden.

Simmons adore également s’infiltrer dans la défense balle en main pour ensuite ressortir sur un shooteur ouvert, ou déposer la balle dans les mains d’un coéquipier ouvert sous le panier. Il sait déjà parfaitement distiller de bonnes passes avec rebond entre plusieurs défenseurs, sur jeu posé comme en transition. Il semble tout voir sur le terrain et n’hésite pas à effectuer d’excellentes passes lasers sur toute la largeur ou toute la longueur du terrain avec une précision diabolique. LSU repose énormément sur son jeu en transition, en partie grâce à Simmons qui sait de manière très altruiste lancer les contre-attaques dès que l’équipe s’empare du ballon ou prend un rebond défensif.

Le petit bémol concernant cet aspect de son jeu serait sa tendance à vouloir parfois trop en faire, lorsqu’il tente par exemple excessivement de délivrer ses passes lasers ou en contre-attaque. A noter qu’il panique rarement sur les (rares, c’est vrai) prises à deux qu’il a subi jusqu’ici, et affiche un bon rapport assist/tov de 2.8 (6.0 ast/m pour 2.1 tov/m). Toutefois, Simmons ne joue pas du tout en meneur de jeu, et n’évolue pas tout le temps avec la gonfle dans les mains. Un bon point par rapport à son total de passes qui pourrait être plus grand avec plus de responsabilités, mais cela signifie également qu’il n’a pas à gérer toutes les responsabilités d’un meneur de jeu (gestion du jeu, du tempo, équilibre de l’équipe, remonter la balle pour du jeu posé, mettre en place les systèmes, repositionner ses coéquipiers, etc). Quelque chose à garder en tête peut être en vue de son possible repositionnement en meneur une fois chez les pros.

Si sa qualité de passe demeure son principal atout en tant que prospect, c’est bel est bien son jeu en transition qui demeure sa première qualité de joueur universitaire, en ce sens que c’est très majoritairement sur contre-attaque qu’il va chercher ses points et (un peu moins majoritairement mais tout de même très largement) ses passes. Simmons possède une excellente qualité de dribble pour un joueur de sa taille, de même qu’une superbe agilité et une très bonne vitesse. Son exercice favori consiste à capter le rebond défensif puis mener la contre-attaque balle en main et s’infiltrer dans les espaces avant que la défense adverse n’ait le temps de se mettre en place.

Les statistiques qu’il affiche depuis le début de saison sont tout bonnement excellentes (20 points et 15 rebonds de moyenne par match), d’autant plus pour un freshman de 19 ans. Cela étant dit, Ben Simmons n’est en aucun cas un gros scoreur, pas plus qu’il n’est un très bon rebondeur, et on peut avoir de très sérieux doutes quant à sa capacité à pouvoir scorer au niveau supérieur. Par conséquence, d’autres doutes plus gros encore quant à son futur poste, et même son futur rôle en NBA, planent autour de lui.

En tant que scoreur, sa meilleure et malheureusement sa seule arme demeure le drive, et elle s’avère d’ailleurs très loin d’être parfaite. Simmons est un athlète beaucoup plus fluide qu’il n’est explosif. Les rares fois où il arrive à faire la différence sur un drive sur jeu posé, c’est lorsqu’il parvient à s’infiltrer grâce à son rapide premier pas + crossover. Il n’arrive néanmoins quasiment jamais à s’ouvrir un chemin jusqu’au panier bien qu’il soit quasiment toujours défendu par des intérieurs plus lents que lui, et doit se contenter de dégainer à quelques mètres du cercle, pour une efficacité très moyenne. Qu’en sera-t-il chez les pros face à des ailiers plus athlétiques, aux bras plus longs, au torse plus costaud et se déplaçant plus rapidement latéralement ?

Autre fait perturbant, sa finition au cercle (ou en tout cas autour du cercle) qui se fait exclusivement de la main droite. Il parvient à scorer de temps à autres, mais la nature même des tirs qu’il aime prendre (driver sur sa main gauche, s’élever dans les airs à 2m du panier et déclencher un floateur main droite dans un mouvement de contorsionniste qu’on apprend aux jeunes à ne pas faire dans les écoles) est en soi très mauvaise, peu efficace au niveau NCAA et risque de l’être encore moins en NBA.

Outre son gros problème de finition, Simmons est souvent dans l’incapacité de se rendre jusqu’au cercle du fait qu’il ne possède absolument aucun shoot extérieur ou jump-shot de quelque nature que ce soit. Absolument rien du tout. De ce fait, les défenseurs directs peuvent se contenter de se tenir à quelques mètres de Simmons (pour garder un temps d’avance, avoir le temps et l’espace de réagir et ne pas se faire déborder) tout en sachant également que le reste des défenseurs campent sous le panier ou sont prêts à s’y jeter pour le stopper. Lorsque Simmons a la gonfle, la défense adverse sait qu’il va driver, puisqu’il ne sait faire que ça. De quoi limiter de manière extraordinairement grande l’impact qu’il pourrait faire avec ses changements de vitesse/direction et son dribble, excellents pour un joueur de sa taille. Acquérir un semblant de début de jump-shot ouvrirait de manière très certaine son jeu. Mais en l’état, les équipes NCAA peuvent se contenter de se tenir à distance sans rien craindre et rendent impuissante la supposée meilleure arme de son répertoire au scoring. Autant dire que les équipes NBA, plus athlétiques, intelligentes, talentueuses et expérimentées, pourraient rendre le constat encore pire. Plus encore, les défenses (NBA, ou les très bonnes de NCAA) pourraient se contenter de ne jamais aider sur ses pénétrations, quitte à prendre un panier de temps à autre mais tout en annihilant son impact (bien plus important) en drive & kick/drive & dish et autre playmaking.

Simmons parvient assez bien à provoquer les fautes (7.3 FTA/m), largement dpu au fait de son activité générale plutôt bonne sur le terrain (ainsi que quelques « superstar calls ») mais cela cache une autre faiblesse dans son jeu : son manque de dureté. Il a encore beaucoup trop tendance à fuir les contacts, à les refuser, préférant par exemple sur le drive essayer de contourner son adversaire plutôt que lui rentrer dans le lard, ou bien déclencher un petit floateur en voyant le protecteur du cercle se positionner sur sa trajectoire en second rideau. Il parvient assez régulièrement à terminer malgré les contacts, mais doit clairement épaissir sa carrure.

En tant que scoreur intérieur, Simmons est encore une fois handicapé par son refus d’utiliser la main gauche, mais aussi et surtout son manque d’explosivité et de longueur de bras. Il a déjà manqué pas mal de dunk ouverts cette saison, et ne peux pas conclure de manière aérienne les alley oops qui lui sont lancés. Un point loin d’être négligeable pour son futur rôle : si c’est en qualité d’intérieur que l’équipe qui va le drafter veut le faire évoluer, Simmons conservera un potentiel de Catch & Finisher assez limité.

Quant à son jeu au poste, il n’en a montré que très peu cette saison, avec du côté positif son bon toucher de balle main droite, et du côté négatif son manque de force et de dureté (il cherche toujours à contourner son adversaire plutôt que d’essayer de gagner du territoire). Là encore son manque de jump-shot/turnaround jumper et de main gauche limite férocement l’impact qu’il peut potentiellement avoir.

Paradoxalement, malgré ses 20 points de moyenne et sa dernière sortie à 43 points (à 15/20, en plus), les doutes quant à sa capacité à scorer de manière consistante sur jeu posé au niveau supérieur sont tout ce qu’il y a de plus légitimes. Simmons n’apparaît pas comme un scoreur fiable sur 1 contre 1 à ce stade de son développement, et il lui est impossible de se créer par lui-même de bons tirs de manière régulière. Par exemple : l’ultime possession contre Marquette, à -1 et 10s à jouer, où son drive est attendu et aisément annihilé, le forçant à abandonner la gonfle sans avoir rien pu créer pour lui ou pour un coéquipier. Comme dit précédemment, c’est principalement sur du jeu en transition que l’australien est allé chercher ses points, au sein d’une équipe qui, à l’image de son leader, est fébrile sur du jeu posé et peine à développer quoi que ce soit d’élaboré (beaucoup de simples isolations, ou pénétrations pour ressortir à 3pts). L’impact de Simmons dans cette attaque est d’ailleurs assez mitigé. Son absence totale de jump-shot prive LSU d’un semblant correct de spacing (il joue 4 à côté d’un pivot), l’équipe peut rarement se reposer sur lui pour faire la différence tout seul, il pose de très mauvais écrans (l’effort comme la technique sont aux abonnés absent), et lorsqu’il reçoit la balle a trop tendance à figer le jeu (voir le stopper complètement) pour enchaîner les dribbles pendant de longues secondes avant de tenter quelque chose. De manière générale, il semble y avoir l’attaque avec Simmons (quand il a la balle, trouvant de superbes ouvertures) et l’attaque sans Simmons (lorsqu’il ne l’a pas, et s’avère incapable d’apporter des choses intéressantes).

Il est important de remarquer la difficulté du calendrier de LSU cette saison ainsi que le niveau des adversaires contre lesquels il performe (ou non). La liste des adversaires des Tigers (McNeese State, Kennesaw State, South Alabama, College of Charleston, North Florida) leur a valu d’obtenir une « strength of schedule » (compétitivité des adversaires rencontrés) de 0.04 selon sports-reference.com. On ne peut plus faible en comparaison des Kentucky (1.73), Michigan State (3.15), Duke (4.0), Kansas (6.29) ou North Carolina (6.89). Plus encore, lorsque LSU a rencontré de vraies bonnes équipes universitaires (Marquette et NC State), les Tigers ont perdu deux fois, et Simmons a connu ses deux matchs les plus compliqués de sa jeune carrière. Particulièrement contre NC State, il termine à 1/6 en 40 minutes, son ultime panier venant à 40 secondes du terme. Le début du calendrier SEC, et donc des équipes du standing de Marquette et NC State à affronter soirs après soirs, sera clairement très intéressant dans l’évaluation du jeune homme. Pour le moment, face à de « vraies » équipes (de NCAA qui plus est, bien loin encore des équipes NBA) Simmons fut étouffé par des défenses organisées et informées qui l’attendaient au tournant et ne l’ont pas raté.

Quant à sa capacité au rebond, là aussi son excellente moyenne de 15 prises par match est paradoxalement peu représentative de ses capacités. Décrit comme rebondeur défensif moyen/mauvais dans ses années lycées, Simmons a en effet quelques lacunes essentielles, à savoir son manque de force sous les panneaux, son manque de longueur de bras et sa réticence/incapacité à effectuer de bon boxouts. Il tourne pour l’instant à un très bon 10.7 rebonds défensifs par match, mais ce nombre est très amplifié par sa présence permanente sous les panneaux (qui sera impossible au niveau NBA avec la règle des 3s) notamment due au fait que LSU lui demande très rarement de défendre le ballon. Ou même du fait qu’il joue énormément (36 min/m, trois matchs à 40min déjà, le maximum pour un match universitaire). Il démontre toutefois une bonne activité, et s’avère performant pour aller chercher des rebonds dans le trafic, mais avec sa petite envergure pour sa taille (et pour un intérieur de manière générale) et son manque de verticalité, en sera-t-il de même chez les pros face à de plus grands/longs/explosifs intérieur ? Pour le moment il se montre performant (productif plutôt) et c’est tout à son honneur, mais tous les éléments qui viennent nuancer ses stats sont à garder dans un coin de la tête.

Plus encore, c’est son incapacité à tenir son vis-à-vis hors de portée du rebond qui peut inquiéter. Sur une très grande partie des rebonds qu’il capte, Simmons est souvent libre et peut se contenter grâce à ses superbes instincts d’anticipation d’aller librement chercher la balle. Mais il est en revanche grandement mis en difficulté dès qu’il doit batailler avec un adversaire qui recherche le rebond offensif. En quelques matchs (et notamment contre Marquette et NC State, face à de très beaux athlètes) il s’est fait remuer un nombre trop conséquent de fois, ne semblant pas maîtriser la technique du boxout ni même n’ayant l’énergie ou l’envie de le faire. Il termine toutefois ces deux rencontres avec 14 et 11 prises défensives, mais en concédant un nombre trop important de secondes chances offensives aux adversaires. Un exemple parmi tant d’autres, en toute fin de match contre NC State ou il ne bloque par son vis-à-vis sur un lancer franc, offrant une possession supplémentaire au Wolfpack avec le score à égalité et une minute à jouer.

En ce qui concerne le rebond offensif, il est là aussi très performant d’un point de vue statistique (4.1/m), sans pour autant s’avérer un scoreur efficace ou productif sur secondes chances. Son manque d’explosivité/verticalité expliqué précédemment (ou de manière plus générale son incapacité à jouer au-dessus du cercle) l’empêche de remonter directement au dunk ou de pouvoir tout simplement rabattre la balle dans l’arceau (ce qui est arrivé plusieurs fois déjà cette saison). Ses instincts demeurent excellent là aussi pour deviner où et comment va rebondir la balle sur le cylindre, mais il faut également noter que son positionnement quasi-constant dans la raquette (et jamais dans le périmètre pour offrir du spacing) l’aide aussi à noircir la feuille.

Enfin, la défense demeure parmi les grandes interrogations autour de son jeu. De deux choses l’un : d’une part, Simmons possède de bonne qualités physiques et athlétiques pour se montrer performant dans ce domaine, à savoir particulièrement une excellente agilité et vitesse latérale pour un joueur de sa taille. D’autre part, ses connaissances, sa discipline et son activité en défense collective comme en défense individuelle sur le ballon sont (presque toujours) mauvaise.

Son potentiel sur Pick & Roll est intéressant grâce à sa vitesse latérale et sa vivacité, mais il reste encore inexploité. Sur les quelques matchs de ce début de saison on l’a vu effectuer quelques bonnes défenses sur cet exercice mais aussi beaucoup de mauvaises, à savoir monter trop haut sur le porteur de balle, ou au contraire rester trop bas et concéder des tirs ouverts à mi-distance, et à trop d’occasion il n’a pas réussi (ni même tenté) de contenir le drive du porteur de balle adverse. Le Pick & Roll reste l’exercice préférée des attaques NBA à l’heure actuelle et Simmons va devoir apprendre toute la science du jeu de cet aspect-là de la défense pour ne pas handicaper son équipe. Le bon point est qu’il possède les qualités physiques pour exceller, et qu’on l’a déjà vu bien faire certaines rares fois, maintenant y’a plus qu’à.

Sa défense au poste est à l’heure actuelle mauvaise, notamment du fait de son manque de force et de son incapacité à tenir son territoire (face aux athlètes NCAA…quid de la NBA ?), mais aussi à cause de son indiscipline criante qui le fait sauter de ses appuis au moindre semblant de feinte fait par l’adversaire. C’est d’ailleurs une tendance qui ne se retrouve pas que dans sa défense au poste bas, mais dans toutes les zones du terrain : dans le périmètre, sur une isolation, poste haut, lorsqu’il effectue un closeout…Simmons mord quasi tout le temps aux feintes, ouvrant ainsi un chemin à son adversaire ou se retrouvant à faire faute.

Egalement, Simmons démontre toute son indiscipline défensive (pas non plus alarmante par rapport à son âge) dans sa tendance à vouloir toujours tenter l’interception. Il possède c’est vrai des mains très vives pour un intérieur (2.4 int/m) mais il cherche tout le temps à créer le turnover plutôt qu’à réaliser la bonne action défensive. Il gâche ainsi parfois une bonne possession, coulissant très bien latéralement mais rabattant inutilement les bras et les mains sur l’adversaire pour des tentatives manqués d’interceptions qui se terminent en faute évidentes.

Le vrai problème de sa défense sur le ballon demeure son manque d’envergure de bras pour sa taille, et on l’a déjà vu sur ces quelques matchs universitaires se faire tout simplement shooter par-dessus même lorsqu’il tentait de contester le tir. Dans le périmètre comme au poste d’ailleurs. C’est également à noter que Simmons a rendu une copie moyenne, pour ne pas dire mauvaise, la seule fois où il a fait face à un joueur calibré NBA (Henry Ellenson de Marquette, potentiel lottery pick).

Sa défense loin du ballon est en revanche assez médiocre, mis à part une ou deux actions par ci par là (Jabari Parker aussi en faisait de temps en temps à Duke, sans que ça l’empêche d’être quasi-catastrophique de manière générale). Mis à part les nombreux boxouts manqués, Simmons est aussi en grande difficulté pour reconnaître les situations de défense collective. Très souvent, il ne réalise pas les aides défensives qui s’imposent, ou les effectue trop tard les fois où il est suffisamment attentif pour les voir arriver. Sa protection du cercle est particulièrement médiocre, pour ne pas dire carrément inexistante, malgré les opportunités qui se présentent souvent à lui du fait de son omniprésence sous les arceaux. Il ne semble même pas essayer, et quand il le fait, n’a ni la verticalité ni la longueur de bras pour avoir un quelconque impact.

Plus inquiétant encore, son manque criant d’attention loin du ballon. Simmons n’est jamais en bonne posture défensive mais plutôt debout les bras le long du corps à attendre que le temps passe. De trop nombreuses fois il s’est retrouvé totalement perdu au milieu de la défense de LSU, particulièrement quand la possession se prolonge (rebond offensif ou autre) perdant complètement de vu son adversaire ou se contenant de rôder autour du panier afin de récupérer un autre rebond. Ouvrant des brèches béantes dans la défense que ses coéquipiers ne peuvent colmater, ou offrant des tirs ouverts dans le périmètre.

Les connaissances et la science du jeu lui manquent clairement, mais également l’envie. Et c’est en un sens à la fois rassurant comme cela peut être alarmant (certains cancres à l’envie défensive alternative ne sont jamais arrivé à démarrer le moteur et à garder un effort constant). Néanmoins, Simmons est décrit dans ses années lycées comme capable lorsqu’il est motivé, et bien que ce soit dans de plus petites proportions sur ce début de saison NCAA, c’est tout de même le cas. De temps à autre, il est parvenu à apporter quelques très rares mais plutôt bonnes aides défensives, et plus généralement a démontré une bien meilleure attitude lors des confrontations relevées contre Marquette et NC State que contre les universités de seconde zone.

Illustration criante de son manque d’envie : sa défense en transition. Une fois ou deux on a pu le voir sprinter et annihiler la contre-attaque adverse. Le reste du temps, Simmons ne revient tout simplement pas défendre. Il traine le pas, ne revient pas en courant, se fait distancer par son vis-à-vis, ou très (trop) souvent se jette pour tenter l’interception lorsqu’il devrait se dépêcher de quitter la moitié de terrain adverse pour revenir dans la sienne (menant à des contre-attaque en surnombre pour l’équipe adverse, et très souvent des paniers).

L’un dans l’autre, Ben Simmons demeure à n’en pas douter un talent unique en son genre, mais le plus gros challenge de sa carrière (sur lequel il n’aura malheureusement aucun contrôle dans un premier temps) sera de tomber dans le bon environnement NBA, avec les bons systèmes de jeu, le bon coach et les bons coéquipiers autour de lui pour pouvoir correctement exploiter ce talent si particulier. A l’heure où la NBA tend à rêver d’intérieurs combinant tir extérieur/protection du cercle, Simmons apporte un lot de qualités bien différent et encore incomplet pour être performant (l’absence total de jump-shot devrait difficilement pardonner chez les pros). Plus encore, sa capacité à créer régulièrement et qualitativement sur demi-terrain reste encore totalement à démontrer. Un repositionnement en meneur de jeu pourrait être légitime mais apporte son lot de très gros obstacles (la défense sur des meneurs extrêmement plus rapide, et l’absence de jump-shoot encore plus pénalisante pour un arrière qu’un intérieur).

Les problèmes de défense ne sont jamais définitifs, surtout chez de très jeunes stars sous les projecteurs depuis leurs années lycée, puisqu’ils n’ont jamais eu besoin de travailler de ce côté-là du terrain pour faire saliver les scouts (Jabari Parker, Jahlil Okafor, etc). Le manque de shoot extérieur non plus, à l’image d’un Jahlil Okafor encore, ou d’un Julius Randle l’année d’avant. La grande différence c’est que, malgré cela, Randle et Okafor présentaient tout de même un profil de première option d’équipe et ne se gênaient pas de marcher sur la concurrence, bien que celle-ci savait que l’ancien Wildcat allait jouer au bulldozer avant de finir main gauche ou que le champion 2015 allait travailler et retravailler son homme avant de lui scorer sur la tête. Les deux ont d’ailleurs porté leur équipe jusqu’en finale du championnat (si ce n’était pour un affreux coaching de John Calipari durant cette finale 2014 on parlerait même là des deux derniers champions universitaires). Randle et Okafor n’avaient qu’une corde à leur arc (ou presque) mais elle était suffisamment dominante pour gagner. D’une part, Simmons ne compense pas son manque de shoot par une domination intérieure. D’autre part, son seul playmaking est-il aussi « valuable » que le seul jeu au poste de Randle ou Okafor ? Randle était par ailleurs un défenseur solide et performant, augmentant grandement sa valeur ajoutée, et n’a pourtant été sélectionné qu’en 7e position.

Beaucoup de questions subsistent donc sur ses capacités comme sur son rôle. Il ne sera probablement pas une première option d’équipe, et par extension pas un franchise player non plus. Est-ce donc pertinent et légitime de le sélectionner en première position de la draft, devant de jeunes pousses présentant potentiellement cette qualité de futur leader offensif ? Et même s’il a encore tout le temps de progresser, miser sur le fait qu’il parvienne à développer un arsenal de leader offensif n’est-il pas un trop gros pari en soi, a fortiori pour un premier choix de draft ? Plus encore, pour Simmons l’acquisition de vraies qualités de scoreur ne servira pas seulement à légitimer une très haute place de draft, elle est même nécessaires pour que son playmaking soit viable et puisse être complètement exploité chez les pros. Les meilleures, plus athlétiques et plus intelligentes défenses de la grande ligue résisteront en effet bien mieux à son unidimensionnalité offensive. On notera enfin que malgré un calendrier faible et de grosses performances statistiques, Ben Simmons ne fait pas gagner LSU, qui a déjà perdu trois fois (dont une contre College of Charleston, programme de seconde zone) et n’est pas présent dans le top 25 des équipes NCAA.

Fort heureusement, toutes ces questions ne se pose pas encore pour les franchises NBA, et les longs mois restant de NCAA (combiné à la hausse de compétitivité qu’il devrait rencontrer) devrait nous en apprendre un peu plus sur le bonhomme. Sans même rappeler d’ailleurs qu’il est monnaie courante pour d’aussi jeunes joueurs de faire de remarquables progrès au courant même de leur année universitaire.

 

2 réflexions sur “Draft Scouting Report : Ben Simmons

  • frednetick

    ça c'est du review…super travail bravo. Bon donc si on résume le gars il sait pas sauter, il sait pas shooter, il est moyen défenseur et on s'apprête à en faire le numéro 1 de la draft, ok.

  • WarriorsBlackKid #P

    J'ai pensé la même, c'est bizarre

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