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14 ans plus tard, Yao Ming raconte son année rookie et l’importance de Steve Francis

8 fois All-Star entre 2003 et 2011, le n°1 de la draft 2002 Yao Ming, aujourd’hui âgé de 35 ans, a récemment raconté son année rookie à Houston dans les colonnes du Players Tribune. Il y parle surtout de l’importance de Steve Francis, en passe d’enchaîner 3 saisons All-Star, et qui l’a accueilli à bras ouverts lors de son arrivée aux États-Unis.

Quand je suis arrivé à Houston avant mon année rookie, j’avais 22 ans, j’étais calme réservé.

Pas Steve Francis.

Il a été la première personne à m’accueillir quand j’ai visité la salle. Il a traversé le vestiaire et m’a envoyé le high five le plus fort que j’ai jamais senti. Il a mis tout son corps dedans. On pouvait vraiment sentir sa musculature. J’avais mal à la main.

C’était il y a 14 ans. Tout est allé tellement vite lors de mon année rookie, mais je me souviens très bien des premières semaines. On se rappelle toujours des premières impressions. Ce jour-là, mes coachs me montraient mon nouveau casier. J’étais hyper excité de voir mon nom sur mon nouveau maillot des Rockets. C’était énorme pour moi car je n’avais jamais eu mon nom sur un maillot avant ça. Beaucoup de choses étaient différentes en NBA quand je suis arrivé, mais je me souviens le plus des petites choses comme ça. Par exemple, tout le monde m’appelait « Yao », ils pensaient que c’était mon prénom. En Chine, nos noms de famille viennent en premier, et notre prénom en dernier. Pour mes amis chinois, j’étais Ming. Mais maintenant j’étais juste Yao. Une fois que tout le monde a commencé à le dire comme ça, je n’ai jamais corrigé personne. J’étais trop timide.

Steve était très chaleureux et très passionné. Il était déterminé à me présenter à tous les membres de l’équipe.

C’est Cuttino.

C’est Glen.

C’est Moochie.

En même temps qu’ils disaient les noms, j’essayais de les écrire dans ma tête pour ne pas les oublier. Tout le monde m’a fait un high five, mais aucun n’était aussi fort que celui de Steve.

Mon anglais était très limité à l’époque, mais je comprenais mieux que je ne parlais car, comme tous les étudiants chinois, j’avais commencé à apprendre l’anglais à l’âge de 6 ans. J’ai dit à Steve : ‘Désolé, je suis un peu timide’. Il m’a répondu ‘Ne t’en fais pas, on t’attendait, on a besoin de toi’ en me serrant dans ses bras comme un ami.

Dans la tradition chinoise, quand vous rencontrez quelqu’un pour la première fois, vous restez un peu en retrait. Vous dites bonjour, vous vous serrez la main, mais c’est très formel. Steve n’était pas comme ça. Sur ou en dehors du terrain, il bouillait à 200° à chaque instant. Je l’ai tout de suite bien aimé.

Je ne le savais pas à ce moment là mais avant mon arrivée, les Rockets avaient engagé un professeur de chinois d’une université locale pour apprendre à l’équipe les coutumes chinoises. Tout le monde essayait de me montrer qu’ils savaient des choses à propos de la culture chinoise. Tout ce que je voulais, c’était qu’on me traite comme n’importe quel autre joueur NBA. Mais c’était ces petites choses qui m’ont fait ressentir leur côté chaleureux envers moi.

Durant ma première semaine à Houston, les Rockets organisaient un tournoi de golf caritatif et Steve m’a proposé de m’emmener. Je n’avais encore joué aucun match et je ne m’étais pas encore entraîné non plus. Steve a dit ‘On prend mon Hummer’. J’ai répondu ‘Hammer ?’, je ne comprenais pas. Je n’avais jamais vu ce genre de voiture, très haute par rapport au sol mais avec des plafonds très bas. Aucune place pour les jambes. Je rentrais à peine dedans. Je n’étais pas encore confiant avec mon anglais, mais j’étais content que Steve ait voulu m’inclure. Le terrain de golf n’était qu’à 20 minutes. Je suis rentré dans le Hummer, c’était inconfortable. Heureusement, Steve était excellent pour faire la conversation, et j’étais excité de l’écouter. On a commencé à parler de la NBA. Il me disait des choses sur ce à quoi je pouvais m’attendre pour mon année rookie.

‘Tu dois jouer vite, mais le plus important c’est que tu dois être agressif’. Agressif, je connaissais ce mot. Steve l’a répété encore et encore, peut-être une dizaine de fois. C’était une leçon que je n’ai jamais oublié. Il m’a aussi dit ‘Si tu es assez proche du cercle pour dunker, tu as intérêt de dunker’. Il parlait tellement vite que j’ai dû lui demander d’éteindre la radio pour entendre tous les mots. Il m’a parlé de son année rookie, quand il ne jouait pas beaucoup. Il disait qu’il manquait de confiance.

Après m’avoir expliqué les mots « paint » et « elbow », il s’est excusé pour le peu de place pour mes jambes. J’ai secoué la tête, pas de problème. Je n’y pensais plus, j’étais juste tellement content de parler de basket. Ensuite Steve m’a surpris, il m’a demandé si j’avais une petite amie. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me pose une question personnelle. Je lui ai dit que je sortais avec la même fille depuis le lycée. Il m’a dit qu’il avait rencontré sa copine au lycée aussi. Dans mon anglais limité, je lui ai posé des questions sur elle et il m’a tout dit d’elle.

J’ai appris beaucoup durant ces 20 minutes dans le Hummer de Steve. Je respecterai toujours le fait qu’il se soit intéressé à moi. Quand il a été transféré à Orlando, il m’a beaucoup manqué. C’était un bon coéquipier et un bon ami, et une des raisons pour lesquelles je me sentais chez moi à Houston durant ma première année.

Coach Tomjanovich en était une autre. Il m’a permis d’atterrir doucement en NBA. Tellement de choses se déroulaient en même temps. J’essayais d’apprendre les systèmes, d’apprendre à connaître mes coéquipiers, de m’adapter au calendrier NBA, à l’anglais. Même si je pouvais comprendre certaines choses, j’avais toujours un traducteur avec moi tout le temps la première année.

Rudy était patient avec moi. J’en avais besoin. Il m’a donné du temps pour faire les ajustements. Il me disait toujours de ralentir dans la peinture, que je me précipitais trop. Il m’a donné la possibilité de faire des erreurs. J’essayais d’écouter, mais j’étais frustré de ne pas m’adapter plus vite. C’est là que j’ai appris à ne pas trop écouter les critiques. Rudy m’a donné ce conseil très important ‘Ne perd pas de temps sur des choses que tu ne peux pas contrôler’.

Durant la première moitié de mon année rookie, j’ai connu beaucoup de hauts et de bas. Je ne jouais pas à mon meilleur niveau. J’ai appris que les gens vont vous complimenter ou vous critiquer peu importe ce que vous faites sur le terrain.

Et Steve avait raison pour le mot agressif. La différence entre la CBA, il y a 20 ans, et la NBA n’était pas seulement une question de talent. C’était une compréhension différente du basket. J’ai dû changer ma compréhension du jeu. En CBA, ma taille faisait peur aux gens. En NBA, chaque possession était un combat. Si vous ne pouviez pas courir au même rythme que les arrières, vous ne pouviez pas être compétitifs.

En février de ma première année j’étais de plus en plus à l’aise sur le terrain et je connaissais mieux mes coéquipiers. Pour le nouvel an chinois, les Rockets ont arrangé une fête surprise en mon honneur. C’était un jour de match, et ils savaient qu’en Chine tout le monde aurait 1 ou 2 semaines de vacances, comme à Noël. Juste avant le match, Nelson Luis, notre manager relations publiques, m’a demandé de venir dans son bureau pour répondre à quelques questions. Quand je suis entré dans le vestiaire en quittant son bureau, il y avait des musiques du nouvel an chinois et tout le monde chantait. C’était une vraie surprise.

Rudy est venu vers moi et m’a tendu une enveloppe. J’ai sorti le billet de 1 dollar qui se trouvait dedans. Tout le monde s’est mis à rire. Steve m’a fait un de ses high fives. J’avais encore mal à la main. Je ne pouvais pas m’arrêter de sourire. Toutes ces années plus tard, cela reste un très, très chaleureux souvenir.

via Players Tribune

Une réflexion sur “14 ans plus tard, Yao Ming raconte son année rookie et l’importance de Steve Francis

  • eLma

    Très chouette cette anecdote ça me fait voir Francis d'un autre œil.

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