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Road to the Ring : James Harden

Getty Images

Après une campagne 2015 qui aurait très largement due être auréolée du titre de MVP, James Harden a déçu l’an dernier, dans un contexte compliqué (tensions dans l’équipe, pas de head coach) et avec les difficiles attentes qui ont suivi la saison surprise des Rockets 2015. Cette saison, en seul patron de l’équipe maintenant qu’Howard a quitté le navire, le barbu n’a pas attendu pour démontrer toute l’étendue de son talent, sous la houlette d’un coach et d’une équipe dédiée à l’attaque et, par extension, à lui-même. Suffisant pour aller chercher un titre ou un MVP ?

Jetons un coup d’œil à son profil.

D’un point de vue physique, James Harden représente en tout point le prototype parfait de l’arrière NBA. Très grand pour le poste 2, avec d’énormes bras, Harden est également extrêmement puissant, que ce soit sa base musculaire (de très grosses cuisses) ou son coffre (un torse très épais). Il n’est pas superbement explosif mais l’est cependant suffisamment pour jouer avec aisance au-dessus du cercle, même dans le trafic s’il le désire.

La première qualité offensive d’Harden reste le jump-shot. C’est d’ailleurs son arme favorite (à l’excès même), puisqu’il dégaine cette saison plus de 12 fois par match dans cet exercice, faisant du jump-shot son outil le plus utilisé de son répertoire offensif (72% de ses tirs sont des jump-shots).

Il possède une mécanique de tir très fluide et très rapide, et un footwork véritablement excellent pour toujours bien prendre ses appuis et s’élever correctement dans les airs tout en restant en équilibre, que ce soit en réception de passe ou en sortie de dribble. Il peut réellement se créer son tir à volonté, et s’avère de ce point de vue là un des meilleurs si ce n’est le meilleur de la grande ligue dans cet exercice. Son jeu de jambes, sa coordination d’appuis, son répertoire de feintes de corps, sa science du jeu et sa capacité à lire le défenseur en font un extraordinaire joueur d’isolation, opérant à coup de stepbacks, jabsteps et autres crossovers pour générer de l’espace.

De ce fait, c’est un remarquable scoreur dans le jeu à mi-distance, mais Houston n’est tout simplement pas enclin à beaucoup jouer là-dessus cette année. Mike D’Antoni prêche en effet la doctrine du « 3-pts or lay-up » (déjà pratiquée ces dernières années chez les Rockets) jusqu’à son paroxysme, et l’équipe ne se tourne que vers Harden pour un pull-up à 2 points que lorsque le système n’a rien donné et que le barbu doit créer quelque chose à partir de rien en 5 secondes (2 tentatives par matchs à mi-distance seulement).

En revanche, D’Antoni lui laisse toutes les libertés du monde à longue distance (plus de 8 tentatives par match). Harden possède une très bonne portée de tir (bien que pas aussi grande qu’un Curry voire un Lillard), et va d’ailleurs chercher la grande majorité de ses paniers à trois points lui-même sur du tir en sortie de dribble.

Sa sélection de tir est en revanche beaucoup moins impressionnante. Harden a toujours cette tendance à retomber dans ses travers, à savoir sa fainéantise qui, couplé à son amour un peu trop inconditionnelle pour les longs tirs, résultent sur de très mauvais choix de tir de manière générale. Il a tendance à se contenter bien trop souvent de longs trois-points en sortie de dribble plutôt que d’attaquer. Il lui arrive souvent de dégainer de loin en tout début de possession. Pire encore, il peut passer l’intégralité des 24 secondes de l’horloge à dribbler en vain pour enfin déclencher un long tir contesté, sans même avoir chercher à créer quelque chose durant la possession.

Le pire dans tout cela, c’est que sa mauvaise sélection de tir n’est pas un manque de lucidité ou de QI basket. Harden demeure un des joueurs les plus intelligents de toute la ligue, et lui-même sait que ce ne sont pas des bons tirs. Seulement, il est très bon, peut-être un peu trop pour son propre bien, et il possède une confiance en lui excessive. Il est tout simplement trop amoureux du jump-shot pour abandonner l’affaire ou se cantonner lui-même à ce rôle. De ce fait, il n’a jamais dépassé les 40% à trois points dans sa carrière (37% cette année) malgré le fait d’être une des meilleures gâchettes de la ligue. Et tourne à un moyen 40% d’efficacité sur jump-shot (un assez bon pourcentage, mais qui à la vue de ses qualités, pourrait être bien meilleur).

Plus encore, son utilisation n’est pas idéale non plus. Comme dit précédemment la majorité de ses trois points (et donc de ses jump-shots) ne sont pas assistés, et mieux, sont en sortie de dribble. Depuis son départ d’OKC, Harden n’a jamais réellement pu jouer sans le ballon, pour avoir un nombre conséquent de tir en réception de passe à trois-points (beaucoup plus facile qu’un tir en sortie de dribble). Ty Lawson avait été recruté pour cela, mais la greffe n’a jamais pris (pour différentes raisons), et bien que cette année Eric Gordon soit un créateur très capable balle en main, dans les faits D’Antoni ne fait jamais jouer Harden sans le ballon. Ce n’est pas pour rien que Stephen Curry enregistre malgré un volume de tir titanesque de bons pourcentages : on lui offre beaucoup de bonnes positions où il n’a plus qu’à shooter. Harden n’a malheureusement jamais connu ça à Houston, et c’est dommage. Toutefois, se pose aussi la question suivante : a-t-il envie de jouer sans le ballon ? Rien n’est moins sûr. Depuis sa prise de fonction de franchise player à Houston, Harden s’est un peu embourgeoisé. Reste à savoir si un de ses coachs décidera et arrivera à le faire jouer sans la gonfle.

Sa deuxième arme offensive, le jeu en pénétration, est de ce fait largement sous-utilisé, à cause de toutes les raisons listées ci-dessus. A force de dégainer depuis le périmètre, Harden en oublie de jouer sur du drive, où ses qualités sont tout aussi fantastiques.

Il n’est pas explosif, ni ne possède de bon premier pas pour faire la différence. Mais ce n’est de toute manière pas de cette manière qu’il opère. Avec une précision chirurgicale, il joue de ses appuis, de son dribble, et utilise à merveille son corps pour déstabiliser l’adversaire, et dès que ce dernier n’est plus en bonne posture, laisse un angle ouvert ou n’a plus les appuis bien placés, Harden s’engouffre jusqu’au cercle.

Son contrôle du corps est d’ailleurs fantastique, tout comme son équilibre, toujours excellent durant ses pénétrations. Plus encore, il sait parfaitement se servir de son corps pendant le drive. Il descend très bas sur ses appuis et se rapproche au maximum du sol pour conserver un centre de gravité très bas. Il est extrêmement puissant, et sait user de ses épaules ou de son torse de manière tout à fait légale pour écarter le défenseur du chemin. Harden s’appuie aussi sur de superbes changements de vitesses et de directions pendant ses drives pour perdre son défenseur, le déstabiliser ou bien naviguer entre les joueurs adverses. Il peut attaquer depuis une situation d’isolation mais son exercice favori reste le drive à partir d’un Pick & Roll, où il peut savamment et méthodiquement utiliser les corps et les placements de chacun pour tirer son épingle du jeu.

Harden est aussi un fabuleux finisseur une fois au cercle. Il absorbe magnifiquement les contacts et finit très bien malgré eux. Son toucher de balle est excellent, des deux mains, et sa palette de finition au cercle est tout aussi variée que créative, pouvant terminer dans un éventail d’angles très différents, par-dessus les défenseurs ou dans le trafic. Il n’est pas si explosif que cela, mais joue à hauteur de cercle du fait de sa taille, ses très longs bras et son explosivité corrects.

Également, Harden possède la faculté de se rendre sur la ligne des lancers francs à volonté. Depuis qu’il endosse le rôle de franchise player de Houston, il n’a pas passé une seule saison en-dessous de la barre remarquable des 9 lancers francs par matchs, convertissant le tout avec efficacité (toujours au-dessus de 85%). C’est n’est pas seulement qu’il n’a pas peur du contact, c’est aussi qu’il a développé une réelle capacité à les provoquer, de par son jeu de bras, ou son anticipation sur les mouvements des défenseurs. C’est toutefois à noter qu’il recherche parfois beaucoup trop la faute sur certaine pénétration, se privant ainsi d’une jolie finition pour tenter d’obtenir le coup de sifflet (il ne pénètre pas pour marquer mais pour la faute, et c’est généralement dans ces cas-là qu’il l’obtient le moins).

Le dernier aspect de son jeu offensif n’est pas en reste, et c’est d’ailleurs sur celui-ci qu’Harden reçoit le plus de louanges sur ce début de saison : son playmaking. Harden est tout simplement un fantastique passeur, qu’importe son poste.

Il possède de superbes instincts naturels de passe et une vision de jeu démente, un très bon toucher de balle sur ses passes et arrive à délivrer des ballons depuis n’importe où, jusqu’à n’importe où et de n’importe quelle manière. Ses grands bras lui permettent notamment de passer la gonfle dans des angles très divers et variés dans une infime ouverture que la défense adverse considérerait plutôt comme un angle fermé. Son timing et sa précision de passe sont également remarquables, et il arrive parfaitement à donner la balle à bonne hauteur dans le bon timing à un shooteur en sortie d’écran, comme dans la course d’un joueur lancé, avec la précision chirurgicale qui s’impose.

Plus encore, il peut créer sur tout type de situations, que ce soit en pénétration mais aussi sur Pick & Roll. Harden est un véritable expert de ce jeu à deux, glissant des ballons entre deux défenseurs, envoyant l’intérieur au alley-oop ou envoyant une passe à terre bien dosée. Il est particulièrement patient et alerte sur cet exercice, et s’avère sans doute un des meilleurs joueurs de NBA sur Pick & Roll, surtout lorsqu’on rajoute son propre scoring à lui à partir de cette situation. Harden est par ailleurs un fantastique passeur en transition, sans doute le meilleur de NBA. Il accélère le tempo pour trouver l’ouverture avant que la défense ne soit revenue, il s’infiltre entre les joueurs, il voit tout à tout moment, et adore également lancer de très longs ballons vers l’avant pour un coéquipiers lancé vers l’arceau adverse (se faisant avec une précision et un toucher de balle remarquables).

De plus, Harden est véritablement un joueur altruiste, très intelligent, au très fort QI basket et qui sait réaliser la passe simple lorsqu’elle s’impose. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il mène actuellement la ligue au nombre de passes décisives avec presque 13 caviars par rencontre.

Que ce soit clair cependant, cela fait bien longtemps qu’il joue meneur de jeu. Occupant déjà ce rôle dans la second unit d’OKC (et souvent également, avec les titulaires), il a continué sur ses bonnes habitudes à Houston. C’est un véritable meneur de jeu, tant dans sa capacité à créer des occasions pour les autres que dans sa volonté de faire tourner l’attaque. Son altruisme est d’autant plus louable vis-à-vis de ses qualités de scoreur. C’est un scoreur naturel qui flirte chaque année avec la trentaine de points par match (et qui, si focalisé sur son scoring, avec plus de jeu sans ballon et une sélection de tir épurée, pourrait sans doute prétendre à plus), qui est aussi un passeur naturel, prêt à lâcher son ballon et à faire en sorte que l’attaque marche.

Tout cela pour dire que l’arrivée de D’Antoni n’a pas vraiment révolutionné la donne. Si médiatiquement l’attention s’est portée sur ce fait, le moustachu déclarant à la presse que le barbu serait le meneur à plein temps, dans les faits, rien n’est fondamentalement différents en termes de rôle. Les années précédentes non plus ce n’était pas Patrick Beverly le meneur de jeu. La différence cette saison, qui explique cette hausse de production (de 7.5/m à 12.5/m), ce sont les principes de jeu prônés par D’Antoni, le spacing toujours mis en place, l’importance de jouer vite en transition et d’imposer un rythme soutenu, et l’arrivée de gâchettes comme Eric Gordon et Ryan Anderson qui ont pour consigne de tenter de loin dès qu’un quart d’une demie ouverture se présente à eux.

Revers de la médaille, son défaut principal a également été exacerbé dans cette configuration. Harden perd tout de même un total Westbrookien de 5.8 ballons par matchs, une quantité assez énorme. Comme énoncé précédemment, Harden s’est quelque peu embourgeoisé dans son rôle de franchise player, et ça se voit autant dans ses pertes de balle que dans ses longs tirs manqués. Ce n’est pas qu’il n’est pas intelligent, qu’il ne lit pas bien les défenses où qu’il ne voit pas tout, mais il a ce petit pêché d’orgueil de pouvoir réaliser n’importe quelle passe sur le terrain. Ce qui est vrai, mais ça ne passe pas tout le temps. Il a certes d’énormes responsabilités et conserve un ratio ast/tov très bon à 2.2, mais tout de même. Harden a cette tendance à se laisser aller à de la fainéantise, et ce dans tous les compartiments du jeu : les longs trois points en sortie de dribble plutôt que d’aller au charbon en pénétration, les passes un peu trop risquées, et comme nous allons le voir, la défense. De plus, l’objectif de D’Antoni et du jeu rapide est de multiplier les possessions, ce qui veut dire plus de points, plus de passes, mais du coup aussi plus d’erreurs.

Au-delà de ça, difficile de lui reprocher quoi que ce soit. Dans les faits, Harden est un vrai franchise player, un de ceux qui font gagner leur équipe : LeBron, Curry, Durant, Leonard, un peu le duo Paul/Griffin (qui mériteraient à eux seul une dissertation complète), et c’est à peu près tout. Même de manière imparfaite, Harden fait gagner son équipe. En 2014 les Rockets font 3èmes à l’Ouest dans une conférence d’un niveau historiquement dense (Phoenix éliminé des PO avec 48 victoires). En 2015, tout seul (Dwight Howard blessé), il termine également 2e de cette difficile conférence Ouest, il est le MVP officieux et arrive jusqu’en finale de conférence. L’an passé reste une année particulière du fait du contexte, mais cette saison Houston est bien parti pour finir dans le top 4.

James Harden est frustrant en un sens, car il prend les choses un peu trop à la légère et pourrait être meilleur qu’il ne l’est actuellement. Mais c’est un vrai franchise player, et c’est quelque chose de rare en NBA. Le problème, c’est que pour aller au bout, une superstar n’est pas assez. Rien qu’à l’Ouest, Clippers, Warriors et Spurs ont plusieurs joueurs majeurs. Anderson et Gordon sont de superbes lieutenant, et à vrai dire, les parfaites 3ème et 4ème option pour remporter un titre. Seulement il manque la 2ème. Ce que d’ailleurs Dwight Howard n’aura finalement jamais été à Houston (mal utilisé, blessé, etc), rendant d’autant plus impressionnants les exploits du « seul » Harden de ces dernières années.

La question cependant, c’est est-ce qu’Harden est capable d’évoluer avec une autre superstar à ses côtés ? Sa tendance à vouloir s’accaparer le ballon, et à ne plus trop chercher grand-chose lorsqu’il ne l’a plus (contrairement à ses années OKC) ne plaide pas en sa faveur. Même si c’est pour le bien de l’équipe, arriverait il a revenir en arrière, à moins toucher le ballon, à être plus un joueur de système plutôt que d’être le système ? Ce n’est pas impossible, Harden demeure un joueur extrêmement intelligent, mais la difficulté de revenir vers de meilleures habitudes et de quitter sa zone de confort et de facilités est peut-être trop grande. Cette difficulté serait toutefois inversement proportionnelle à la qualité du joueur. Si Kevin Durant avait débarqué à Houston cet été, il y aurait eu moins de problème à faire la transition que si c’était une plus petite star ou un jeune joueur à fort potentiel.

Défensivement, il n’est presque plus besoin de présenter Harden tant le trait qui le caractérise le plus de ce côté-là du terrain, à savoir sa fainéantise, est notoirement connu, reconnu, et affiché partout sur le net.

Dire que James Harden n’est pas intéressé par la défense serait l’euphémisme de l’année. Il s’avère un piètre défenseur, ne démontrant aucune envie, se laissant battre par bien moins fort que lui, et ne tirant absolument aucune fierté de sa défense. Que ce soit sur l’homme ou loin du ballon d’ailleurs.

Ce n’est pas qu’il ne possède pas les outils nécessaires pour briller, bien au contraire. Comme dit plus tôt, il possède des mensurations idéales et bien au-dessus de la moyenne pour le poste d’arrière, que ce soit sa grande taille, ses très longs bras, son torse très puissant, et même sa bonne vitesse latérale (théoriquement). Le problème, c’est qu’il n’est pas enclin à mettre ces superbes outils au service de performances concrètes et régulières en défense homme à homme. Il se laisse beaucoup trop fréquemment dépasser et autorise trop de pénétrations, parfois même de la part de mauvais attaquants. Il n’adopte tout simplement pas de posture défensive, restant très haut sur ses jambes (plutôt que celles-ci pliés pour conserver un centre de gravité bas, ce qu’il sait faire en attaque), se penchant à peine vers l’avant pour donner un semblant de prestance, et garde les bras le long du corps, ce qui en plus de tout lui donne un temps de retard supplémentaire au moment de contester un tir ou de s’interposer sur une ligne de passe. Plus encore, il ne coulisse pas latéralement, mais se déplace de manière « normale » (un pied devant l’autre) et s’avère donc incapable de rester en face de son vis-à-vis. Quand bien même il est sur la route de son attaquant, il ne garde pas se territoire et se dérobe au moment où il devrait au contraire offrir une résistance au drive. Cela va sans dire que sa technique sur Pick & Roll est elle aussi très mauvaise, là encore ne cherchant pas à coulisser de manière latérale, évitant au maximum le contact des écrans, et ne pouvant donc pas suivre son attaquant. C’est à noter que Houston essaye tant que possible de le cacher défensivement, lui faisant défendre le plus faible joueur adverse parmi les trois meneur-arrière-ailier.

Harden sauve les meubles de par sa superbe envergure, qui couplé à sa taille, lui permet de contester très efficacement les tirs adverses pour peu qu’il soit un peu attentif et réagisse à temps. Egalement, c’est cette même envergure qui en fait une menace sur ligne de passe (1.3 int/m) bien qu’il n’ait pas une superbe anticipation, ni même l’envie d’impacter tout le temps la possession défensive. Harden est par ailleurs un bon rebondeur défensif pour le poste d’arrière (6.2 reb.def/m). Un fort total qui s’explique par ses jolis atouts, mais aussi par le fait qu’il défend peu le porteur de balle (et peut donc librement attaquer le rebond) et qu’il joue meneur : c’est à lui de remonter la balle, donc au plus tôt il l’aura au plus tôt il pourra lancer la contre-attaque ou trouver l’ouverture.

La défense collective est l’illustration même de son manque d’envie et de fierté. Comme dit précédemment, Harden est un joueur extrêmement intelligent. Il connait les principes de la défense loin du ballon, il connait les rotations à faire, et même d’autant plus qu’il sait lui-même les anticiper et les prendre parfaitement à revers lorsque lui-même est en attaque et part à l’abordage d’une défense. Il connait tout cela, mais c’est simplement qu’il choisit rarement de les effectuer.

Parfois, il en réalise une, et ça peut même déboucher sur une perte de balle adverse. Le reste du temps, il choisit de ne pas aider. Ou s’il le fait, il le fait mal, se contentant d’être « dans la zone » où il est censé aider, mais sans vraiment le faire, juste en étant là, sans mettre son corps en opposition, sans barrer la route au joueur adverse ou sans bien se positionner. Comme si le fait d’être aux alentours de là où il devrait être ferait passer son action comme excusable parce qu’il n’a pas eu suffisamment de temps pour réagir, bien se placer, et réaliser l’action défensive.

Plus encore, son attention loin du ballon est réellement exécrable par moment, et franchement indigne d’un joueur professionnel. Et là encore, c’est dû à un manque d’effort pour être attentif à tout ce qui se passe. Lorsque son joueur lâche la balle, il se relâche et se fait donc surprendre. Lorsque l’action se déroule sur la moitié de terrain où il n’est pas, il se contente de regarder, et ne voit pas son joueur lui échapper. Il est dans l’incapacité (ou en tout cas, ne fait pas d’effort) de garder à tout instant un contact visuel avec à la fois son défenseur et le ballon, et se fait surprendre soit pas l’un, soit pas l’autre.

Il faut également rajouter qu’il est très indiscipliné en défense. Il va tenter l’interception à l’excès, plutôt que de faire l’effort de réaliser la bonne action défensive. Il mord facilement sur les feintes. Il commet des fautes très évitables. Et il se trouve très fréquemment hors de position loin du ballon, laissant son attaquant grand ouvert. Sa technique et son niveau d’effort sur closeout sont également mauvais. Très souvent il se jette à corps perdu (parce que dans un premier temps il a laissé trop d’espace à son attaquant et essaye donc de se rattrapper), et se fait facilement éliminer après un dribble, mais de manière étonnante, sa capacité à contester efficacement les tirs avec ses longs bras résulte parfois sur de bons closeout, si l’attaquant s’entête à shooter en le voyant se jeter à corps perdu.

Harden demeure toutefois un défenseur très correct, voire même bon, lorsqu’il se donne les moyens d’y arriver. Malheureusement, cela n’arrive pas souvent en saison régulière, et même si ça arrive, c’est généralement sur une séquence ou deux, pas plus. D’un côté, c’est compréhensible qu’il ne se donne pas corps et âme en défense vu la dose d’énergie qu’il doit dépenser en attaque. C’est paradoxalement plus rentable d’avoir ce Harden là en termes de jeu et de victoire, plutôt qu’un Harden se donnant plus en défense et pouvant moins faire en attaque (du moins, tant qu’il sera le seul joueur majeur de cet effectif). D’un autre côté, s’économiser pour l’attaque ne veut pas dire être abyssal en défense, et Harden est bien en dessous du seuil minimum toléré de l’attaquant qui se réserve.

Et puis, ce sont là des habitudes qui sont finalement très mauvaises, et pas tout le temps si faciles que ça à corriger. Une fois en playoffs, on peut se rassurer en se disant qu’Harden peut et va beaucoup mieux faire en défense. Seulement, les playoffs sont aussi le moment où, non seulement il faut maintenir son niveau de saison, mais encore plus c’est le moment où il faut tenter de le surpasser. De plus, les défenses sont plus dures, et les attaques moins prolifiques. Il faut donc attendre d’Harden qu’il se surpasse en attaque (donc, plus d’énergie à fournir), contre des meilleures défenses où trouver l’ouverture est bien plus difficile (encore un peu plus d’énergie à fournir), dans des séries où en plus, les mêmes équipes s’affrontant plusieurs fois, l’adversaire connait par cœur ce que l’attaque leur réserve (encore un peu plus), et tout ça, en dépensant plus d’énergie en défense ? Ça fait beaucoup, peut-être même trop pour que la transition soit facile. D’où l’importance de trouver une autre star pour le relayer, afin d’établir dès la saison régulière une base plus équilibrée et de meilleurs automatismes.

C’est à noter que l’année où Harden est MVP, en 2015 (allez, moi je lui donne, marre de répéter « il aurait dû »), l’année où les Rockets sont également le mieux et vont d’ailleurs jusqu’au finales de conférence, c’est l’année où Houston est une grosse défense d’abord et avant tout. McHale est loin d’avoir brillé dans son coaching offensif, mais on ne peut pas lui enlever d’avoir construit la 8ème plus grosse défense de la ligue, tout en étant 2èmr au rythme offensif le plus rapide (donc, très énergivore, comme quoi l’un n’empêche pas l’autre). Cette année-là, Harden lui-même état bien plus régulier et impliqué qu’à l’habitude (presque 2 interceptions et 1 contre par match cette année-là). Il avait ce seuil minimum requis, voire même un peu plus par moments, tout en étant en plus un playmaker défensif, et tout en portant l’équipe offensivement. Golden State ou Cleveland ont également construit leur succès sur du spacing/rythme offensif couplé à une grosse défense. Cela paraît nécessaire pour Houston de revenir vers ça (22ème au defensive rating actuellement), mais D’Antoni n’est pas le coach le plus équilibré attaque/défense, et cela pousse sans doute très peu Harden a retrouver une bonne implication.

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De manière générale, James Harden demeure un fantastique joueur, et clairement un de ceux qui serait choisi en tout premier s’il fallait construire une franchise de zéro. Il est en plein dans ses plus belles années en carrière, mais il ne faudra pas trop tarder à construire une équipe digne de son talent pour aller chercher sa bague.

La venue de Dwight Howard restait un très bon pari (énorme talent, même tranche d’âge, complémentarité intérieur extérieur, défense) mais s’est avérée être un échec plus ou moins cuisant pour diverses raisons (mauvaise utilisation du pivot, qui lui-même n’a pas été irréprochable, souvent blessé, et ne fut jamais ce que Los Angeles et Houston pensait obtenir en le recrutant). Houston a même failli finaliser son projet en 2014, en passant à deux doigts de monter sa SuperTeam (Harden, Howard, Bosh, Parsons), à une époque où les Warriors n’étaient pas encore devenus l’équipe championne qui domine à l’Ouest, et où la bande au barbu aurait pu avoir un créneau à prendre.

Cette saison ci ressemble plus à une saison de transition, dans l’hypothèse où Houston recherche toujours une deuxième star. A l’heure actuelle cependant, l’effectif semble trop juste pour viser le titre. Et c’est dommage, car presque tout est en place : la superstar (Harden), les deux géniaux lieutenants encore dans la force de l’âge (Anderson, Gordon), les roles players autour (Ariza, Beverley, Capela et autres), mais il manque encore un joueur majeur. C’est ainsi que la NBA fonctionne : la Superteam des Warriors, le Big Three (ou 2+1) des Cavaliers, celui des Clippers, voire même Leonard/Aldridge et le collectif des Spurs (qui apporte à lui seul la même plus-value qu’un joueur majeur).

A moins que le talent seul de Harden ne soit suffisant ? L’est-il suffisamment pour transcender son équipe et la porter jusqu’au Graal ? Pas impossible, mais peu probable. Surtout que le collectif autour n’est pas suffisamment huilé défensivement pour tenir la baraque et laisse le génie du barbu opérer. Harden est d’ailleurs plus un joueur facile, naturel (à la passe ou au scoring), qui suit le flow du jeu et réalise les bonnes actions. Ce n’est pas à un mort de faim à la Jordan, Kobe ou Iverson, capable à coups de fulgurances de porter son équipe. Difficile de l’imaginer choisir de ne pas réaliser la bonne action (en servant ses coéquipiers de manière régulière) pour prendre 40 tirs par match, à l’inverse des trois autres arrières cités à l’instant. Son profil est différent, plus complet sans doute, plus respectueux du basket et de ce que le jeu devrait être (c’est un vrai meneur, les autres de vrais arrières mentalité scoring-first), là où Jordan, Kobe ou Iverson envoyaient valser le plan de jeu et les systèmes du coach pour jouer le un contre un. Pour notre plus grand plaisir, ou déplaisir, avec réussite, ou non, selon les fois. Harden c’est un peu le LeBron James des arrières (toutes proportions gardées). Un scoreur naturel qui sait tout faire, dont le scoring n’est pourtant pas la claire première option, qui est attentif à faire tourner le jeu et affiche un équilibre scoring/passe extrêmement intéressant.

C’est d’ailleurs en ça qu’on imaginait bien le duo avec Howard fonctionner. Problème (mis à part les blessures et le mental du pivot), Howard est arrivé dans une équipe qui prônait le nouveau jeu en vogue (oui, en termes de jeu, 2013 c’était déjà il y a longtemps), sans trop de mi-distance ou de post-up. En revanche, si Houston arrivait à placer à côté d’Harden un joueur de grand talent, capable de jouer sans la balle mais aussi de créer balle en main, avec un bon shoot que le barbu pourrait chercher et trouver, ce serait sans doute idéal vu le profil et la mentalité d’Harden.

Kevin Durant aurait été génial, Melo aussi, il y a deux ans. Kyrie Irving ou même Stephen Curry dans le profil (et non pas en tant que pistes concrètes) auraient aussi été géniaux. Paul George ou Jimmy Butler seraient excellents, tout comme Kawhi (qui a cependant pris  une trop grande valeur sur le marché), mais les ailiers des Pacers et Bulls sont moins inaccessibles que le Spur, lui-même en train de devenir un franchise player monstrueux qui fait gagner son équipe. Cousins serait un pari intéressant, bien qu’impliquant plus de casse-têtes et de compromis (défensivement notamment). John Wall également serait intrigant, et a énormément besoin du ballon, mais voir Harden tomber à 5 passes par match, ne plus tenir le ballon, recommencer ses mouvements sans ballon, prendre la moitié de ses tirs en catch & shoot et gagner 10 à 20% d’efficacité de tir ne serait pas forcément une mauvaise chose, ni ne ferait moins gagner les Rockets. Placer un vrai meneur aux côtés d’Harden n’est pas automatiquement une bonne chose à faire, mais le talent de Wall est suffisamment bon pour pouvoir imaginer priver un peu le barbu du ballon. Chez les jeunes, il y a bien du Jabari Parker, Andrew Wiggins, Joel Embiid, Kristap Porzingis et Karl Towns qui rempliraient ce rôle à merveille (avant d’eux-mêmes prendre le relais dans quelques années en tant que 1ère option), mais ils sont évidemment hors de prix.

La meilleure chance des Rockets se nomme peut-être Blake Griffin, free agent l’été prochain. Joueur d’immense talent, qui a prouvé sur certaines périodes pouvoir assurer lui-même seul le rôle de franchise player (en 2014 avec Paul blessé, quand il marche sur l’eau, fait gagner les Clippers et est considéré comme le 3ème meilleur joueur du monde…avant qu’Harden et Curry n’explose l’année suivante). Excellent en attaque et très solide en défense (voire mieux), Griffin correspondrait parfaitement. Si les Clippers veulent démarrer un nouveau cycle, s’il devient free agent, s’il est intéressé par Houston, alors oui, ce serait le coup de maître, mais on en est encore à des années lumières.

Tous ces joueurs cités demeurent de véritables stars, et imaginer les voir rejoindre Houston relève d’une énorme ambition. D’une fantaisie presque. Mais c’est ce genre d’attente que les Rockets doivent avoir en possédant ce génial joueur qu’et James Harden. C’est maintenant qu’il faut les prendre les risques, et qu’il faut tout miser, ne pas hésiter à sacrifier, et ne pas hésiter à faire exploser le salary cap. La fenêtre est ouverte, depuis quelques années et pour encore quelques années car le barbu a eu la bonne idée d’arriver très tôt à maturité et possède un style de jeu qui peut le faire durer encore longtemps, mais cette fenêtre de titre ne sera pas ouverte éternellement.

C’est maintenant le moment de faire tapis, de balancer toutes ses billes et d’avoir du résultat, sous peine de voir Harden traverser le reste de ses plus belles années sans avoir les moyens de réellement jouer le titre (c’est ce qui est arrivé à Melo, notamment, jamais vraiment bien entouré). Butler et George seront difficiles à avoir (et au milieu de leur contrat) mais ce n’est pas impossible, tant Indiana et Chicago viennent cette année de commencer un nouveau cycle assez mauvais. Wall et Cousins seront les plus difficiles à intégrer, mais en considérant les situations assez médiocres de leurs équipes, ne sont pas exclus des conversations d’échange.

Pour l’instant, Harden devra se contenter d’être le seul patron d’une équipe dépendante de ses performances. Certes, il pose des statistiques assez ahurissantes (il pourrait finir meilleur scoreur et meilleur passeur de la ligue), mais est-ce dans cette configuration que les Rockets sont le mieux ? Les confrontations en playoffs où son talent seul devra faire face aux grosses écuries de l’Ouest pourraient être extrêmement intéressantes et instructives.

Guillaume (@GuillaumeBInfos)

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