[Interview 1/2] Rudy Gobert : « Je serai peut-être vénère »
Le All Star Game ? Nous rentrons directement dans le vif du sujet avec cette première partie, où Rudy Gobert nous parle en longueur de son évolution monstre cette année.
Rudy, on va commencer par le sujet qui est sur toutes les lèvres : le All Star Game…
Je me dis que ce serait top, mais bon je suis concentré sur l’équipe, sur moi-même. Sur ce que je peux contrôler, surtout. Quand tu regardes nos résultats, la manière dont on joue, ce qu’on fait, ce ne serait pas si fou que ça. On mérite d’avoir des joueurs qui soient All Stars cette année. Si j’y suis, c’est super. Si je n’y suis pas, je serai peut-être un peu « vénère »… Mais bon, peut-être que ce sera encore plus de motivation pour moi (il sourit) !
Tu penses donc mériter une place ?
Pour moi, si tu regardes l’impact, oui. Clairement. Je ne vais pas prêcher, mais si tu regardes ça et la manière dont on joue : on est quatrième à l’Ouest (avec beaucoup de blessures en plus), ce serait absurde que l’on n’ait pas un ou deux All-Stars.
Y a-t-il une petite impatience pour savoir du coup ?
C’est une longue saison et cela ne sert à rien de se disperser. Le All Star Game, je sais qu’un jour je le ferai dans ma carrière. Est-ce que c’est cette année ? On verra. Mais je reste concentré.
Ce sont plus souvent les joueurs offensifs que défensifs qui y vont par contre…
J’aime bien faire le show quand même ! Mais c’est vrai que c’est souvent l’attaque qui est récompensée. Ceci dit, c’est censé être les meilleurs joueurs, ceux qui ont le plus d’impact. Donc pourquoi pas ?
« Je me sens à un niveau supérieur »
Tu y aurais cru autant l’an passé ?
Je n’y étais pas donc bon, ça règle le débat. Mais c’est sûr que je me sens à un niveau supérieur. Physiquement, au niveau de la santé, mais aussi « basketballistiquement ». Mais surtout, l’équipe est vraiment meilleure cette année. Voilà, c’est un stade différent que l’année dernière.
Y a-t-il des choses que tu fais cette saison que tu ne pouvais pas faire l’an dernier ?
Plus que les choses que je n’arrivais pas à faire, c’est surtout la constance. L’an dernier, j’ai eu des blessures qui m’ont ralenti. Cette année je suis beaucoup plus agressif. Défensivement je suis meilleur que l’année dernière aussi. Chaque année on apprend ! Je n’ai que 24 ans, je suis encore jeune, mais je me sens beaucoup plus « vieux » qu’il y a deux ans par exemple. Chaque année, j’essaie de tout absorber pour continuer à progresser.
Tu fais mieux les mêmes choses que l’an dernier, ou tu fais de nouvelles choses ?
Je pense que c’est les deux. J’apprends à mieux me placer, je suis plus « sharp » (tranchant) mentalement. Si je fais l’écran à cet endroit-là, je sais que j’aurais plus de chances d’être ouvert si je « roll » de telle ou telle manière… Sur la pose des écrans j’ai beaucoup progressé. Je pense d’ailleurs que quand je pose des écrans, on passe à un stade supérieur en attaque et cela rend tout le monde meilleur.
Une grosse partie de votre attaque tourne d’ailleurs autour de ça justement, non ?
Oui. Après, on a aussi beaucoup de gars qui peuvent créer leur truc. On essaie de bouger la balle, d’avoir beaucoup de mouvement. Et le fait de poser de bons écrans, cela donne des shoots ouverts à tout le monde. A moi aussi d’ailleurs !
Tu as progressé à la finition également…
La finition près du panier oui. Un peu de shoot extérieur, un peu le hook aussi. Je n’ai pas forcément développé de nouvelles choses, mais le fait que je suis plus costaud me permet d’absorber mieux les contacts. Il y a aussi la confiance, le fait que maintenant je suis plus agressif. J’ai plus confiance en moi et en mon aptitude à scorer. J’essaie aussi de me mettre dans une meilleure position pour scorer. Et puis le travail, tout simplement. Les moves que je répète et que je fais chaque jour.
« Je suis allé aux J.O. sans être à 100% »
C’est ce que Quin Snyder te dit ?
Cet automne, quand je suis revenu, il m’a dit que le point sur lequel j’avais progressé c’était la pose des écrans. Il m’a montré et après plusieurs matchs j’ai vraiment fait un « jump », en terme de progression. Et je pense que c’est cela qui a aidé l’équipe aussi. Ça me rend plus ouvert également. Et puis j’ai l’impression que le jeu ralentit, comme dit l’expression. Tout va un peu moins vite autour de moi. Surtout en attaque. Mais aussi en défense (il sourit).
Et les lancers ?
J’ai toujours shooté en-dessous de mon vrai pourcentage. A l’entrainement, je tourne à 90%. Donc je me suis toujours dit qu’il fallait que je sois meilleur en match. C’est dans la tête, il faut que je sois plus agressif et plus confiant.
Le contrat a-t-il eu un effet ?
Mentalement ? Oui. Dans ma tête, je me suis dit : « ok, ils comptent sur moi ». Et cela m’a donné encore plus de confiance. Je me suis dit que cela montre qu’ils croient en moi et ça m’a aidé à progresser. Je pense que même si je n’avais pas signé, cela aurait été pareil. Il y a peut-être eu un déclic, mais dès cet été j’étais concentré sur être en bonne santé et être prêt cette année. Et cela paie maintenant.
Ce que tu as fait hors-saison aussi ?
En partie. Cet été j’ai fait des sacrifices. On m’en a voulu, ou pas, de ne pas être allé au TQO, parce que je revenais de blessure, mais j’ai vraiment pris l’été pour travailler sur mon corps. Bon, je suis quand même allé aux J.O., sans être à 100%, mais cela m’a fait du bien. Et après j’ai continué à travailler et surtout à me renforcer pour être prêt et plus fort, pour encaisser les matchs et les charges. Chaque match, c’est physique, c’est dur. Et cette année je me sens bien mieux que les années précédentes. Je suis plus stable. Plus fort. Forcément au niveau du rebond, de la défense, des finitions, cela change tout. Et le reste vient avec.
Tu sens la différence dans le regard des autres joueurs ?
Oui. Bien sûr. Je sens aussi qu’autour de la ligue les gens commencent à me respecter. Mais je reste concentré sur mon équipe et sur le fait de continuer à progresser. Je pense que je peux encore énormément progresser.
Tu as dit penser être le meilleur pivot en NBA…
Retrouvez la deuxième partie demain !
Propos recueillis par Antoine Bancharel, à New York