[Interview 2/2] Rudy Gobert : « Je l’ai dit et je l’ai pensé »
Dans cette deuxième partie (la 1ère est à retrouver ici), Rudy nous parle plus de son franc-parler – sur comme en-dehors du terrain – et ce que son équipe comme lui-même peuvent faire mieux. Quitte à intimider toute la NBA.
Tu as dit que tu pensais être le meilleur pivot en NBA…
C’est vrai que j’ai dit sur le moment que je pensais être le meilleur pivot NBA. Ce n’est pas pour manquer de respect aux autres pivots. C’est juste au niveau de l’impact. On a tous des profils différents. On avait joué des équipes avec de très bons pivots et voilà. Est-ce que j’ai un meilleur shoot que Marc Gasol ? Non. Est-ce que je shoote mieux que DeMarcus Cousins ? Non. On a tous des profils différents. Mais sur le moment, c’est ce que j’ai dit ouais.
Ce genre d’épisode, cela te fait penser que tu dois faire attention à ce que tu dis, surtout avec une attention médiatique plus accrue ?
Je fais toujours attention, depuis que je suis en NBA. Après, c’est vrai que quand tu fais des petites erreurs il y a des choses que tu apprends. Mais bon, sur ça en particulier, je l’ai dit et je l’ai pensé quoi.
Ton coach loue ton franc-parler en tout cas.
Je pense que tout le monde aime ça, pas que le coach d’ailleurs. Sinon, tu as des réponses toutes faites… (il grimace) bon. L’honnêteté, c’est bien aussi. Après, il ne faut pas dire n’importe quoi, mais j’ai toujours été comme ça. J’ai toujours été vrai et je dis ce que je pense
Tu nous disais déjà l’an dernier vouloir être le leader. C’est encore plus le cas ?
Oui. J’essaie de beaucoup parler sur le terrain. Avant les matchs ou pendant les temps-mort. De les pousser. Et à la fin des matchs de regrouper tout le monde et de leur dire que là c’est le moment de gagner. Et pour le moment on est bien meilleurs en fin de matchs qu’on ne l’était l’année dernière.
Ça veut dire que tu as même l’oreille d’un Gordon Hayward par exemple, qui lui aussi pourrait être All-Star cette année, Qu’est-ce que tu lui dis ?
Ce que je dis à Gordon chaque soir c’est d’être agressif. Pas forcément de juste shooter. Quand il va au panier, il va provoquer des fautes, il va bousculer la défense, là ça pèse vraiment sur le match. S’il prend juste des shoots, qu’il est un peu relax, il va peut-être scorer, mais il va moins peser. Moi ce que je lui dis c’est vraiment d’essayer d’aller sur la ligne, d’être agressif. Et quand c’est comme cela, il crée aussi pour les autres, et là c’est vraiment une star.
« On attend un peu d’être piqués pour réagir »
Vous êtes la neuvième meilleure attaque et troisième meilleure défense de la NBA. Où pouvez-vous encore progresser ?
On peut faire mieux. Généralement, on ne joue pas très bien les quatre quart-temps. On réagit bien à la fin, mais si on fait cela à chaque match, il y a des matchs que l’on va laisser. Il faut qu’on y soit dès le début et qu’on soit plus concentrés, plus physiques, dès le début. On attend un peu d’être piqués pour réagir. Cela arrive souvent avec les équipes moins hautes au classement, en général. On commence un peu mou, et après on se réveille et on se dit (il regarde en haut, comme si le panneau d’affichage était devant lui) : « oh putain, si on fait les cons on va perdre ce match… ». Donc voilà, il faut qu’on y soit dès le début.
Et toi, où peux-tu encore le plus progresser ?
Peut-être offensivement. Je ne dirai pas forcément d’avoir plus de moves, mais déjà de prendre les shoots. C’est plus mental en fait. Je pense plus souvent à driver qu’à shooter, or je bosse mon shoot tous les jours et généralement c’est dedans… Donc c’est vraiment plus mental. Si je shoote plus, je pense que cela m’amènera au « next level ».
En défense, penses-tu avoir la panoplie complète où peux-tu encore progresser, notamment au périmètre, avec de plus en plus de big men qui s’éloignent et tirent même à trois points ?
Il y a toujours du boulot. Après, s’ils vont sur le périmètre, pour moi j’ai déjà gagné la bataille, on va dire. S’ils shootent des trois points, ils shootent des trois points… Moi, je suis obligé d’aider (sur le pick and roll). S’il met un trois points alors que j’ai la main levée sur lui, on ne peut rien y faire. S’il en met 10, ça fait mal. Mais s’il en met un ou deux, c’est cadeau !
« On veux qu’ils se disent : oh putain, on doit jouer Utah »
En même temps, le fait d’avoir des vétérans cette année, comme Boris (Diaw), George Hill, Joe Johnson, cela aide non ?
C’est toujours mieux de savoir que tu as des gars avec de l’expérience. George Hill, Joe, ce sont des mecs qui ont gagné des matchs en playoffs. Boris a gagné un titre. C’est toujours un gros plus, en-dehors du terrain autant que sur le terrain d’ailleurs. On a les deux. Les jeunes « leaders » : Gordon, moi et d’autres, on a pris de l’expérience depuis l’année dernière. On est meilleurs. Et les mecs qui sont arrivés cet été : Joe, George et Boris, ils apportent encore plus d’expérience. Ils apportent ce qu’il nous manquait un petit peu. George a eu pas mal de pépins, mais on a déjà vu que pour finir les matchs, il est très précieux par exemple. Boris sait aussi très bien comment faire tourner le ballon ou calmer le jeu. Ce sont les petites choses comme cela aussi qui font qu’on est meilleurs.
Tu nous disais l’an dernier que personne ne voudrait vous jouer en playoffs l’an passé. Ça va être encore plus vrai cette année ?
Ça reste une longue saison quand même. On a encore beaucoup de matchs. Mais on est sur la bonne voie. C’est vrai que c’est l’objectif. C’est notre but. On veut que quand les équipes viennent à Salt Lake, ou quand on va chez eux, qu’elles se disent : « oh put…, on doit jouer Utah » quoi (il sourit) !
(Retrouvez la première partie ici)
Propos recueillis par Antoine Bancharel, à New York