Le jeu du GM: la Trade Deadline, The Phoenix Suns’ Edition
La date limite des transferts a été franchie il y a deux semaines. Comme c’est souvent le cas depuis plusieurs années maintenant, les quelques jours qui l’ont précédée n’ont pas particulièrement soulevé de poussière. Monter un transfert a ceci de difficile qu’il nécessite que se rencontre la volonté de deux franchises. Dans un camp comme dans l’autre, il y a un esprit qui doit trouver un intérêt suffisamment grand à la transaction pour accepter de perdre quelque chose.
Et pourquoi ce que veut bien perdre l’un intéresserait quelqu’un d’autre? Là est toute la complexité de la chose. Dans chaque échange, qu’il soit approuvé ou critiqué par la planète basket, il y a derrière une réflexion qui a amené les deux General Manager a accepté de le conclure. Plus encore, derrière le rideau des transferts qui sont actés, il y a une multitude de propositions et de discussions qui n’ont pas abouties. Et tout autant de rêves de GM qui tombent à l’eau.
Il n’y a rien de mieux que de se mettre à la place de ces GMs pour se rendre compte de tout ça. Dans la présente série d’articles, Anthony Dubourg (contributeur sur Débat-Sport, invité régulier de l’Echo des Parquets) va prendre la destinée des Suns de Phoenix pendant ces quelques jours qui précèdent la date limite des transferts fixée au 23 février 2017 à 15h, heure est-américaine.
Sur la consigne du propriétaire de la franchise qui lui a demandé d’éviter toute manœuvre « tankatoire », il va essayer d’utiliser ces quelques jours et heures pour remodeler son effectif de sorte à mettre son équipe en difficultés sur des rails prometteurs. De mon côté, je me chargerais de prendre le costume du GM de chaque franchise qu’il contactera pour tenter de monter un transfert. Voyons voir ce qu’on peut faire avec ces Suns
Pourquoi Phoenix?
La démarche de la série d’articles consistant à mettre à jour la difficulté du métier de GM en charge d’une reconstruction express, quatre équipes étaient mises à disposition de l’architecte de la simulation:
– Phoenix Suns
– Detroit Pistons
– Orlando Magic
– Portland Trail Blazers
De ce quatuor fut exclue immédiatement la franchise du Michigan. L’entreprise de la série à venir ne répond pas à une logique de reconstruction par la Draft sur plusieurs années à la manière d’un Sam Hinkie. Or, compte-tenu de la carrure de mes piliers, et plus largement de la valeur d’échange cumulée de l’ensemble de l’effectif de Stan Van Gundy, l’expérience n’eut pas été optimale en s’appuyant sur les héritiers des Bad Boys, héritiers très lointains dans tous les sens du terme.
La facilité, certainement. Un prétendant légitime au titre se construit d’abord sur des joueurs majeurs. Or, les Suns ont un petit train d’avance sur leurs homologues à ce titre, selon moi. Pour autant, le Magic aurait sans doute fait figure d’exemple tout aussi pertinent que son rival.
Deux vedettes potentielles de la NBA peuvent être identifiées dans la formation dont j’ai héritée: Eric Bledsoe et Devin Booker. A priori, aucun des deux n’est en partance puisque mettre la main sur des joueurs de ce calibre s’avère une tâche particulièrement ardue. Le cours de la trade deadline pourrait fort remettre en question ce préjugé. Affaire à suivre.
La seconde force du jeu distribué par le croupier tient, paradoxalement, dans le bilan sportif peu reluisant de la franchise cette saison. L’accumulation de défaites est la promesse de l’un des choix de la Draft 2017 les plus favorables. Cette cuvée recèle, d’après les experts, plusieurs basketteurs de grande qualité, susceptibles de jouer les premiers rôles.
Si un des meilleurs joueurs de la ligue débarque dans l’Arizona, l’organisation vise une relance immédiate, donc une remontée des bas-fonds lors de la seconde partie de saison.
Sinon, l’objectif de compétitivité est fixé à la campagne suivante, soit la saison 2017-2018 ainsi que les suivantes.
La seconde option sera préférée.
Chacun a failli à hisser leurs équipes respectives et successives sur le toit de la ligue. Il faut reconnaître que leurs soutiens n’ont pas toujours été à la mesure de leurs prétentions. Néanmoins, les introniser comme visage de la franchise par un tel sacrifice n’est pas garanti de succès au vu de leurs historiques.
Seul Paul George m’apparait capable d’endosser le costume. En revanche, son acquisition se ferait au détriment des meilleures valeurs de mon portefeuille. Son prix risquerait de me coûter… sa resignature. Arrivé dans une formation très affaiblie par son transfert, le néo-Sun rechignerait à prolonger son aventure avec une franchise peu compétitive et partirait très probablement d’ici une année et demi.
Au-delà de ces trois précieux as, le reste de la main devra faire l’objet de conversations à l’orée des tractations.
Jared Dudley se distingue des deux noms précédents en ce qu’il combine à la fois un rôle de vétéran soucieux de former la jeunesse et les performances toujours appréciées d’un homme à tout faire sur le parquet. Son intelligence de jeu, sa polyvalence et son sens du sacrifice pour la collectif sont les qualités que tout prétendant recherche, en plus de son goût pour la camaraderie. A 31 ans, fort d’un contrat qui court encore sur les deux prochaines saisons, l’ailier possède une forte valeur, qu’on l’entende comme valeur d’usage ou comme valeur d’échange.
Brandon Knight, c’est l’homme qui est arrivé au prix d’un choix des Lakers qui pourrait se solder par un choix n°4 de la Draft 2017 et du meneur novice Tyler Ennis.
Pour rebâtir l’équipe, le sacrifice rituel de Brandon Knight doit advenir.
P.J. qui?
——– So, let the game begin. ——–
Les Philadelphie 76ers envoient: Nerlens Noel
Dans cette perspective, l’arrivée d’un protecteur de cercle paraît déterminante. Nul n’est plus à même d’influer sur la défense de sa formation qu’une tourelle intérieure de grande taille: les statistiques le prouvent. Dès lors, une stratégie visant à transformer à terme les Phoenix Suns en concurrents crédibles pour le titre ne pourrait faire l’économie d’un renfort de taille, de préférence pérenne si l’on part du postulat que Devin Booker et le pick 2017 seront des éléments-clés.
Considérer que la première manœuvre doit concerner la défense se révèle d’autant plus aisé que la tendance du shoot, dont la cote croit depuis plusieurs années, compte déjà l’un de ses plus jeunes représentants au sein de la franchise.
Un premier électrochoc susceptible de mettre un terme aux journées portes ouvertes du côté de Phoenix serait incontestablement l’acquisition de Nerlens Noel. Jeune, le pivot de Philadelphie s’est pourtant imposé dès sa première année de jeu comme l’un des meilleurs défenseurs de toute la NBA avant d’être ralenti par sa concurrence interne. Du fait de son âge, la carrière de l’ancien Wildcat dans la grande ligue s’inscrit dans une temporalité tout à fait adéquate au nouveau projet des Suns. Correctement rémunéré, le taulier de la raquette apporterait à l’équipe tous ses atouts. Rapide, mobile, Noel n’a aucune difficulté à cavaler pour rendre viable un jeu up-tempo. Particulièrement longiligne, doué d’une envergure importante, il a la capacité de switcher sur le pick-and-roll comme de surgir en second rideau. La sécurisation du rebond ne fait pas non plus figure d’handicap pour le jeune homme dont la lecture du jeu adverse n’est pas souvent prise en défaut.
Chacun sait qu’au-delà de la coordination collective, les défenses compétitives reposent souvent sur un élément proéminent en charge d’organiser la réponse aux assauts adverses en guidant ses coéquipiers.
Nerlens Noel pourrait être celui-là pour les dix prochaines années… potentiellement.
Pourquoi Philadelphie pourrait se séparer d’un atout aussi précieux?
C’est un grand si.
A cela, il faut ajouter que le calendrier du projet Sixers gagnerait à être adapté à la situation desdits têtes d’affiche. Les playoffs seront un objectif l’an prochain, mais tout sacrifier à l’accomplissement de cette étape, finalement négligeable, serait du suicide compte-tenu de l’absence totale d’expérience de Ben Simmons et Joel Embiid, dont aucun ne pourra se vanter d’une saison complète d’expérience sur les terrains NBA à l’entame de la prochaine campagne.