Road to the Draft : Markelle Fultz, superstar en puissance
Markelle Fultz aura tenu son rang. Annoncé meilleur prospect de cette draft 2017 avant même le début de la saison universitaire, le meneur de jeu de l’université de Washington (l’Etat de la côte Ouest où se trouve Seattle, pas la capitale fédérale DC) a prouvé sur le terrain pourquoi il ressortait tellement du lot. C’est simple : sur le poste de meneur de jeu, on n’avait pas vu de joueur aussi complet depuis Kyrie Irving en 2011. Un potentiel superstar, des atouts dans tous les compartiments du jeu, et un excellent état d’esprit, tous les ingrédients sont là pour faire de Fultz un premier choix de draft de très haut calibre le soir du 22 Juin 2017.
Jetons un coup d’œil à son profil.
Markelle Fultz n’a pourtant pas connu une saison universitaire si tranquille que ça. A Washington, Fultz se retrouve le meilleur joueur de l’effectif à des années-lumière du deuxième dans la hiérarchie, le vaillant mais limité intérieur Noah Dickerson. Emmenés par un coachs critiquable et critiqué (il s’est d’ailleurs fait virer dès la fin de saison), les Huskies entament la saison par un bilan de 7-5, très moyen pour ce qu’on appelle le calendrier hors conférence (première partie de saison, durant lesquelles on ne rencontre que des équipes universitaires de seconde zone), dont une défaite embarrassante contre la modeste (en termes de programme basket) fac de Yale et une fessée monumentale contre la seule vraie bonne équipe rencontrée, Gonzaga.
Le calendrier de conférence (deuxième partie de saison, les adversaires sont les équipes de la conférence) s’avèrera encore pire, avec un piètre bilan de 2 victoires pour 17 défaites (13 consécutives pour terminer la saison) et c’est sans surprise que Washington manque la March Madness.
Sur le plan individuel, Markelle Fultz a sorti une excellente saison, tant sur le plan statistiques (23.2 pts, 5.9 ast, 5.3 rbs, 47% FG) que dans le contenu. Certes, l’équipe perdait, mais on ne peut pas l’imputer à Fultz, qui a brillamment joué en attaque comme en défense, et s’est tout simplement retrouvé trop seul à devoir porter une équipe trop faible dans une conférence trop forte.
D’un point de vue physique, Markelle Fultz coche à peu près toutes les cases dans la liste du meneur de jeu idéal. Il est très grand pour le poste, avec des bras encore plus longs, c’est un excellent athlète, fluide, agile, et avec un excellent contrôle du corps. Il n’a pas encore la puissance physique mais ça ne saurait tarder, dans un environnement professionnel et vu son très jeune âge. Le seul petit bémol reste son manque d’explosivité. Il lui manque cette petite étincelle, cette explosion soudaine pour réellement faire la différence, même au niveau NCAA.
En attaque, Fultz vit (et ne meurt pas) par son jump-shot. C’était tout simplement un des tous meilleurs jump-shooteurs de toute la NCAA l’an dernier, si ce n’est le meilleur, affichant une efficacité incroyable : sur tir en sortie de dribble notamment (son arme favorite), Fultz se situait dans les 90%ile de NCAA (il était meilleur que 90% des joueurs dans cet exercice) en cours de saison. Pour un joueur utilisant à ce point cette arme, c’est remarquable.
D’un point de vu technique, son jump-shot reste assez irrégulier, assez free flow, comme l’ensemble de son jeu en somme. On est loin des fondamentaux mécaniques parfaits, mais ça rentre. Il a tendance à toujours partir un peu vers l’arrière, il effectue même une rotation d’un quart de cercle pendant le saut, et il lui arrive même de relâcher le ballon sur la trajectoire descendante de son saut. Tant que ça rentre, cependant, rien à redire. L’autre grande particularité de son tir est qu’il relâche le tir très haut. Il prend une très belle élévation et place le ballon bien au-dessus de sa tête au moment de shooter, et pour son poste de meneur de jeu, relâche donc le ballon à une très grande hauteur.
C’est d’ailleurs là que réside la grande force de son tir : sa capacité à tirer par-dessus les défenseurs. Si les comparaisons globales à son sujet tournent autour de Kyrie Irving (à raison), on peut néanmoins comparer son jump-shot avec celui de DeMar DeRozan. L’arrière des Raptors comme le meneur de jeu des Huskies ne possèdent pas des appuis très explosifs du tout mais parviennent toujours à se créer leur tir à volonté dans la mi-distance de par leur capacité à tirer par-dessus le défenseur. Plus encore, Fultz (comme DeRozan) arrive à marquer très régulièrement des tirs pourtant très bien contestés avec le défenseur en plein sur lui.
En effet, lorsqu’il se créé son tir pour lui-même, Fultz créé plus de l’espace vertical qu’horizontal. Kyrie Irving créé de l’espace horizontal, à coup de feintes, de dribbles déroutants, d’appuis explosifs et autre contrôle du corps pour générer une séparation horizontale avec son défenseur. Fultz, lui, n’a pas tout cela dans son arsenal, et il a même du mal à créer une belle et franche séparation avant de dégainer, ce qui lui vaut encore de prendre de mauvais tirs lorsqu’il fait face à de très bons défenseurs qui arrivent bien à le suivre. Au contraire, il créé de l’espace vertical, en s’élevant par-dessus son défenseur, en plaçant le ballon et en tirant depuis une position que le défenseur n’arrive pas à atteindre pour contester. Et même lorsqu’il y arrive, Fultz a cette incroyable capacité à marquer, même les tirs les plus défendus qui soient.
On peut toutefois se poser de la question de la transposition de cette qualité en NBA. Certes, Fultz s’amuse en NCAA face à des athlètes moyens, mais qu’en sera-t-il face aux meilleurs et plus grands défenseurs de NBA ? Des défenseurs plus longs et plus grands signifie aussi des tirs plus compliqués, plus souvent. Et on ne sait pas si sa capacité à scorer des tirs contestés est bonne au point de surmonter cela. Il ne devrait pas tourner à des pourcentages de réussite tout aussi splendides qu’en NCAA, c’est une évidence, mais à quel point cette efficacité va-t-elle chuter ? Il y a une chance pour qu’il n’arrive jamais à reproduire en NBA ce qu’il faisait en NCAA. Or, le tir en sortie de dribble étant son arme favorite, et celle qui lui donne le plus de valeur, cela impacterait directement le type de carrière qu’il peut avoir.
Néanmoins, il existe aussi un scénario où il arrive à faire la transition sans trop de problème, ou en tout cas sans trop de pertes. DeRozan y arrive bien, dans ce même style de jeu, et Fultz semble même relâcher le ballon plus haut que lui au moment du tir. C’est évidemment un signe très encourageant. Plus encore, un autre élément rassurant est le niveau incroyable de ses pourcentages. Inévitablement il y aura une baisse de réussite chez les pros, mais il part de tellement haut que malgré cette perte, cela pourrait rester largement rentable.
Un aspect où Fultz peut s’améliorer et définitivement effacer tout doute est l’ensemble des petits détails de placement et de timing. C’est d’ailleurs la grande différence avec DeRozan. L’arrière des Raptors maîtrise mieux que personne l’art du timing, et compense ses appuis pas assez rapides en lisant le défenseur, effectuant tout un tas de petites feintes et en ayant un parfait timing pour déclencher le tir dans telle position qui va donner le chouilla de séparation supplémentaire pour que le tir ne soit pas contré. Fultz ne maîtrise pas encore cela. Lui s’élève tout simplement par-dessus le défenseur. S’il arrivait à intégrer dans son jeu des petites subtilités pour déstabiliser juste ce qu’il faut son adversaire plutôt que de simplement sauter plus haut que lui, ce serait jackpot.
Et puis, l’autre différence avec DeRozan (qui penche du coté du neo professionnel cette fois) est que le tir en sortie de dribble de Fultz s’étend jusqu’au-delà de la ligne à trois points. C’est d’ailleurs l’arme de son jeu dans laquelle réside son potentiel de superstar, et ce pourquoi il est très largement devant d’autres prospects : la capacité à tirer à longue distance en sortie de dribble. Dans la NBA actuelle, un joueur possédant cela est une superstar (Curry, Durant, Harden, Kyrie, Paul, LeBron, et bien d’autres).
Fultz n’a aucun problème à dégainer arrière arc. En 5 tentatives par match, il en convertit un splendide 41%. Un pourcentage d’autant plus fabuleux que la grande majorité de ces tirs sont des tirs en sortie de dribble qu’il doit se créer lui-même. C’est d’ailleurs dommage que Washington et son fond de jeu collectif très pauvre n’ait pas réussi à lui offrir plus d’opportunités de catch & shoot, mais il a montré évidement être capable de briller sur cet exercice aussi.
En somme, Fultz est un jump-shooteur parfait en termes de profil pour la NBA actuelle : un gros volume de tirs, et pourtant une grosse réussite, du tir à foison en sortie de dribble, de la création pour lui-même, du tir à longue distance en abondance et peu importe la manière. Et quand on connaît l’importance du shoot aujourd’hui dans la grande ligue, ce n’est pas difficile de comprendre pourquoi en tant que prospect Markelle Fultz possède une telle valeur.
Il convient de dire un mot de sa sélection de tirs. De manière très concrète, Fultz prenait à Washington un certain nombre de mauvais tirs. De longues tentatives, difficiles et/ou très tôt dans la possession. En poussant un peu plus la réflexion, il faut toutefois nuancer ce premier constat. Premièrement, l’équipe autour était d’un niveau très faible, sans réel jeu collectif pour obtenir de bons tirs pour tout le monde, et sans le talent individuel pour apporter régulièrement des points. Bien souvent, le scénario du match se résumait à ceci : Fultz faisant son job de meneur pour faire tourner l’attaque, Washington qui tombe très vite à -10, -15 ou -20 après un peu plus de dix minutes de jeu, et début de l’opération « Fultz à la rescousse » où le plan de jeu se résumait à lui donner carte blanche pour enchaîner les jump-shots et essayer de ramener les Huskies à portée de l’adversaire. Deuxièmement, et malgré ces mauvais tirs qui en plus se justifient un peu, l’efficacité était tout de même là. Et une très belle efficacité.
Sa sélection de tirs donc, bien que mauvaise au premier abord, n’est donc pas si alarmante que ça. Au contraire, son intelligence de jeu et son altruisme (comme nous verrons plus tard) semblent être des garanties pour que Fultz épure ses choix de tirs dans un environnement meilleur.
En revanche, il convient aussi de noter un fait assez important : avant la NCAA et cette fantastique efficacité jump-shootesque, Fultz était connu comme un tireur très aléatoire à la réussite fluctuante dans ses années High School, et dès lors, ses irrégularités mécaniques alarmaient un peu plus. Au final, bien que très efficace toute la saison, ça ne reste « que » une saison, il y a toujours cette éventualité que sa réussite soit circonstancielle, un bon passage, le fruit du hasard faisant bien les choses. D’autant plus qu’il a performé sur une saison, elle même se composant seulement de 25 matchs. Plus l’échantillon est petit, plus le facteur hasard peut rentrer en compte.
Il y a un scénario où Fultz maintient ce niveau de jeu, mais il y en a également un où ce n’est pas le cas, et où l’on se rend compte dans quelques années que sa géniale réussite universitaire coïncidait plus avec une forte réussite (au sens premier du mot), une hasard chanceux sur une vingtaine de matchs. En 2011, Derrick Williams tournait à 56 % (!) à trois points (sur 2 tentatives/m seulement, c’est vrai) mais n’a jamais réussi en NBA (pour pleins de raisons, certaines indépendantes de sa volonté) à avoir une bonne réussite jusqu’à maintenant à Cleveland. D’Angelo Russell tournait à 41% de réussite sur un gros volume à Ohio State, et flirte aujourd’hui entre 35 et 36 % d’efficacité pour le moment. De même pour Ingram, passant de 41% à 29%. Stanley Johnson, d’un 37% encourageant à un beaucoup moins satisfaisant 30% en NBA, et Justice Winslow, d’un très bon 41% à un insuffisant 27%. Même sur une carrière NBA il existe ce phénomène d’une saison à l’autre (souvent dans des contract years, de quoi mettre les franchises dans l’embarras). Étant donné le passif de Fultz en tant que shooteur aléatoire, et le tout petit échantillon de matchs à se mettre sous la main (25 seulement, presque un quart d’une saison NBA complète seulement), le risque est là.
Dès lors, on a plus forcément le même joueur, et plus forcément le même potentiel. Si à l’heure actuelle Fultz est aussi génial et au-dessus du lot dans cette cuvée, c’est en partie grâce à son tir (bien que le reste de son jeu soit très complet), et le fait qu’il soit brillant sur ce tir. S’il rentrait moins de tirs, on aurait en fait le profil type de l’arrière amoureux de son jump-shot, qui aime les tirs compliqués (les longs 2pts ou 3pts, à foison, en sortie de dribble) capable seulement d’en mettre de temps en temps et dont la sélection de tir en devient mauvaise.
Pourquoi laisse-t-on Stephen Curry prendre autant de « mauvais tirs » sur le papier ? Parce qu’il en met suffisamment. Si Fultz garde cette même sélection de tirs tout en mettant amplement moins, il semble évident que sa valeur sera bien plus petite. La réalisation de son potentiel de superstar passe par le maintient d’une grande efficacité sur ces tirs jackpot (les 3pts en sortie de dribble, notamment), sous peine d’être relégué à un statut inférieur, celui d’un joueur très intéressant, pourquoi pas même All star, mais pas suffisamment bon pour faire de son équipe un prétendant au titre.
En pénétration, Fultz est un peu moins brillant que sur son jump-shot, mais tout de même très intéressant. Le point négatif qui semble le limiter (même au niveau NCAA) est son manque d’explosivité. Comme dit précédemment, il n’a pas cette étincelle qui fait la différence face à de bons défenseurs. Que ce soit au démarrage, où son premier pas n’est pas assez bon, ou même pendant le drive où il n’arrive pas à dépasser le défenseur (qui pourtant se déplace en reculons ou latéralement quand lui court vers l’avant).
Encore un point commun avec DeMar DeRozan, Fultz possède en fait une explosivité diesel. C’est-à-dire qu’avec de l’élan, du temps de l’espace pour prendre de la vitesse, il arrive à décoller très haut. C’est le cas de tout le monde évidement (arriver à sauter plus haut avec de l’élan que sans) mais Fultz et DeRozan ont ce potentiel décollage encore plus grand, si tant est qu’ils aient le temps de le mettre en route. L’arrière des Raptors n’est pas non plus très vif, il n’a pas les appuis explosifs ni ne peut dépasser quelqu’un sur son premier pas. Et pourtant, avec du temps et de l’élan, il décolle magnifiquement et scotche même quelques poster dunks magnifiques au cercle.
Il en va de même pour Fultz. Il a l’explosivité diesel pour s’élever réellement très haut s’il a le temps de prendre de l’élan. Sur des dunks en contre-attaque, ou sur ses fameux chasedown blocks, on peut admirer une détente vraiment au-dessus de la moyenne. Le souci c’est qu’il n’est arrivé à exploiter cette explosivité diesel que sur contre-attaque, et s’est retrouvé toujours autant limité sur demi terrain.
Sur jeu placé, son premier pas banal lui vaut de se faire barrer la route par le défenseur, qui a le temps de se placer devant lui au bon moment, forçant Fultz à s’arrêter ou à se contenter du jump-shot. Sur des Pick & Roll, il lui manque également le coup de rein pour la faire la différence. Lorsque l’adversaire Hedge le P&R (l’intérieur adverse monte haut sur le porteur de balle pour lui barrer la route), Fultz n’arrive pas à le contourner et à se réorienter vers le panier. Au contraire, il se fait souvent enfermer par les deux défenseurs, qui parviennent à annihiler l’action.
Fultz n’a pas les appuis explosifs d’Irving mais il n’a pas non plus ceux un peu pataud de DeRozan. Il arrive plutôt bien à changer de direction pendant la pénétration, et ce même lorsqu’il est à bonne vitesse. Il ne le fait cependant pas assez. Pour contrer le Hedge du P&R, il serait inspiré par exemple de « casser » l’écran, c’est-à-dire de s’infiltrer entre les deux défenseurs par surprise plutôt que de tenter de contourner l’intérieur. C’est quelque chose qu’il fait déjà, mais qu’il pourrait faire plus.
Plus encore, ce sont des changements de vitesse dont il ne se sert pas. Fultz joue toujours à une seule est même vitesse, se faufilant à vitesse constante entre les défenseurs pour aller jusqu’au panier. Or, n’importe quel joueur n’ayant pas la capacité d’accélérer et de passer à la vitesse supérieure sait au contraire ralentir et changer brusquement de rythme pour perturber le défenseur et même repartir. Kyrie Irving, mais aussi Stephen Curry ou même James Harden sont tous experts là-dessus.
Fultz n’a pas fait preuve de cela durant son année universitaire. Peut-être n’en a-t-il jamais eu besoin, tout simplement. Sa bonne vitesse, ses qualités athlétiques et ses mensurations ont sans doute suffi durant ses années lycée, et même dans une certaine mesure à la fac. Mais il serait avisé d’apprendre à apporter plus de variations à son jeu, via des changements de direction et/ou de vitesse bien plus brusques et marqués. Actuellement, ses changements de rythme sont très subtil, peut être trop même, de l’ordre d’un tout petit ralentissement à peine visible à vitesse réelle, et il aurait tout à gagner à beaucoup plus marquer ce genre d’arrêts-redemarrages pour beaucoup plus déstabiliser la course du défenseur.
Sur une pénétration, pour se créer un bon tir l’idée est de dépasser le défenseur. Donc si on n’a pas l’explosivité d’un Westbrook pour mettre tout le monde à l’amende, il faut ralentir et repartir, pour créer cette accélération d’une manière ou d’une autre (si ce n’est pas à pleine vitesse, c’est de manière plus lente et méthodique). A fortiori si on n’est pas ultra explosif, on a besoin de ces variations. John Wall ou Russell Westbrook jouent à une seule vitesse, ce qui leur pose des problèmes même en NBA pour se créer de bons tirs si la défense suit bien. Mais au moins, cette unique vitesse est suffisamment élevée pour faire la différence au moins un bon nombre de fois. Pour Fultz, jouer à une seule vitesse, celle-ci étant en-dessous des standards d’explosivité de la grande ligue, c’est peut-être synonyme de ne pas arriver à aller chercher des points en pénétrations en NBA.
Fultz reste toutefois très jeune et a encore de temps de développer des variations dans son slashing game. Il a 18 ans, et a démontré par ailleurs un superbe contrôle du corps, qui laisse penser qu’il aura l’équilibre nécessaire pour pouvoir créer des discontinuités dans ses drives sans se ramasser sur le terrain ou perdre la balle. A noter également que le spacing de Washington était, sans surprise, très mauvais, et qu’il pourrait profiter des plus grands espaces de NBA ainsi que des fonds de jeu plus aérés (espérons-le) chez les pros. Il n’a de plus pas montré de superbes moves balle en main pour créer une différence, mais a prouvé être capable de bien contrôler le ballon, sur des spins moves et autres.
Son incapacité à se défaire de son défenseur pour aller au panier a des répercussions directes sur la qualité des lay-ups qu’il obtient. De deux choses l’une. D’une part, Fultz a réussi par moment quelques superbes finitions au panier, usant de son excellent contrôle du corps et faisant preuve d’un toucher de balle splendide, pour scorer de pleins de manières différentes dans des angles très différents et des deux mains. De l’autre, il a également eu son lot de mauvais tirs au panier, et ce même toucher de balle s’avérait parfois moyen, insuffisant pour rentrer des lay-ups parfois même les pas si compliqués que cela.
Sans avoir l’explosion nécessaire pour complètement passer le défenseur, Fultz s’est régulièrement retrouvé à tenter des lay-ups très peu orthodoxe, dans des positions mauvaises, le corps mal orienté, en déséquilibre, ou avec la mauvaise main du mauvais côté du panier. Ses qualités athlétiques et son toucher s’avérèrent insuffisants pour compenser tout le temps, ou même très régulièrement les mauvaises positions de son corps au moment de tirer. C’est d’ailleurs à noter que bien que pouvant finir des deux mains, il se met parfois lui-même en mauvaise position en voulant utiliser la main droite quand la gauche aurait beaucoup mieux fait l’affaire. De même, ayant parfois le défenseur en plein sur lui-même en arrivant au cercle, il se force à tomber vers l’arrière comme ultime tentative de créer une séparation, mais s’avère incapable de rentrer tous ces difficiles fadeways en mouvement.
Quant à son toucher de balle, il est aussi important de noter son manque de portée de tir au moment de conclure au cercle. C’est-à-dire qu’il ne doit pas être trop éloigné de l’arceau pour être capable de finir, car si il l’est, la tâche s’avère compliqué. Sans aller jusqu’à des finisseurs tels Kyrie Irving ou Tyreke Evans, Fultz aurait tout intérêt à s’améliorer là dessus. D’autant plus s’il n’a pas le coup de rein pour aller jusqu’au bout de la pénétration jusqu’au cercle, être une menace à deux ou trois mètres quand le défenseur lui barre la route serait un atout supplémentaire conséquent à son arsenal. Notamment, développer un floater fiable, qu’il n’a pas encore, serait un excellent ajout.
Fultz a par ailleurs bien réussi à attirer les fautes et obtenir des lancers francs (6.7/m en 35.7min, rapporté à 7.5/40min, un bon total) mais sans non plus être extraordinaire. Son agressivité pour aller au contact n’est pas évidente, du moins pas tout le temps, et bien qu’il n’ait absolument pas peur de se frotter au protecteur de cercle s’il le faut, s’il y a une autre option où il pourrait le contourner et shooter, il va parfois prendre cette dernière possibilité.
Au-delà de ça, Fultz est un très bon joueur de transition, rapide balle en main et particulièrement intelligent pour s’infiltrer dans les espaces disponibles, bien qu’il manque du petit éclair d’explosivité.
Quant à son passing, Fultz possède en revanche de superbes qualités. Qui sont sans doute sous estimées, et le seront assez longtemps au vu de son profil de scoreur et de ses instincts naturels dominants pour enchaîner les points. A l’image d’un Kyrie Irving, très longtemps (et même encore) sous-estimé pour ses qualités de pur meneur de jeu.
Pur meneur de jeu, Fultz l’est, justement. C’est un joueur très altruiste, extrêmement altruiste même par rapport à ses aptitudes et son devoir de scorer au sein de cette équipe médiocre de Washington. Bien qu’il représente la seule vraie menace de l’effectif pour marquer, Fultz n’a pas hésité toute la saison durant à servir ses coéquipiers, veiller à ce qu’ils aient de bonnes opportunités, et à tout simplement réaliser la bonne action basketballistique (refuser un bon tir pour un encore meilleur).
Fultz n’hésite jamais à réaliser la passe simple, ce qui arrive assez souvent vu la force d’attraction des défenseurs qu’il possède. En transition, il lève de suite la tête et lance vers l’avant les ballons si un surnombre est jouable ou si un coéquipier est ouvert. Sur demi-terrain, il sert immédiatement un joueur qui se libère. En qualité de pur meneur de jeu, Fultz est également toujours sous contrôle, ne paniquant jamais ni ne forçant jamais les choses. Il est lucide et prend de très bonnes décisions avec le ballon.
Fultz est à son meilleur niveau lorsqu’il pénètre, attire à lui le protecteur de cercle, et délivre de splendides offrandes dans le dos de celui-ci pour son coéquipier démarqué sous le cercle. Son contrôle corps lui permet de réellement fixer le défenseur, de feinter le lay-up jusqu’à la limite, le moment où il a terminé son saut et où il est censé déclencher le lay-up (histoire que le défenseur soit bel et bien convaincu et lâche son joueur pour aller au contre), avant soudainement de se contorsionner dans les airs pour envelopper une passe autour du défenseur, alors hors de position et pris à revers. Il sait également pénétrer pour ressortir sur des shooteurs, et nul doute qu’avec plus d’espace disponible en NBA et de bien meilleurs shooteurs, cela devrait faire de ravages.
En termes de création pure, Fultz est tout de même au-dessus de la moyenne. Ce que l’on attend pas forcément de la part d’un meneur orienté scoring, à qui on demande juste de savoir faire le minimum en plus de ses aptitudes pour enchaîner lui-même les paniers. Il possède une belle vision de jeu et les instincts nécessaires pour délivrer de bons ballons bien inspirés là où la défense commet une erreur. Il réalise de très bonnes passes à terres biens dosées (pas donné à tout le monde), des passes tout terrain précises et glisse des offrandes incisives en plein coeur de l’action. Ce n’est pas non plus du niveau des génies créatifs que l’on peu trouver dans la grande ligue, mais ça l’est tout de même suffisamment pour être un vrai plus dans son profil de meneur scoreur (à l’image de…Kyrie Irving).
Sur Pick & Roll, Fultz aussi s’est avéré un excellent passeur, bien que possédant une marge de progression. A son crédit, il sait déjà distiller des ballons de plusieurs manières différentes, que ce soit en glissant une pocket pass entre les deux défenseurs pour les surprendre ou de simples balles ressorties proprement lorsque l’attention de la défense se tournait vers lui (ce qui arrivait très souvent). Son timing est également très bon, et il a montré la capacité de fixer son défenseur le plus possible avant de relâcher la gonfle vers son intérieur qui, pendant ce laps de temps court mais conséquent, a pu plonger vers le panier. Le manque de spacing et de talent autour de lui a évidement grandement limité l’apport et l’impact qu’il a pu avoir dans cet exercice en NCAA (et malgré tout, il a su afficher quelques belles qualités). Mais vu ses très bonnes bases, auxquelles on rajoute son tir en sortie de dribble dévastateur sur Pick & Roll, nul doute que Fultz a le potentiel pour devenir dès le court terme un excellent joueur de Pick & Roll en NBA. D’autant qu’il a prouvé avoir l’intelligence et l’altruisme pour lâcher sa balle plutôt que tenter son shoot, si les deux défenseurs du Pick & Roll viennent sur lui.
Fultz, encore une fois, demeure un joueur très altruiste pour son rôle. Pourtant, cet altruisme, qui ne pourrait être une plus parfaite qualité lorsqu’entouré de LeBron James, Kevin Love et une équipe qui joue le titre, peut parfois lui être reproché. Car lui n’a ni LeBron, ni Love, ni personne à coté de lui. Après tout, en tant que scoreur attitré de l’équipe, il doit d’abord et avant tout porter l’équipe et lui apporter des points, quitte à se privilégier un peu plus lui et moins l’équipe.
Mais c’est sans doute être beaucoup trop sévère que de faire ce raisonnement. Même en se mettant au service de ses coéquipiers, et en gardant un bon équilibre scoring/passe (tel Kyrie, encore, Kyle Lowry, un cran en-dessous, ou dans sa version moins efficace et moins tranchante, Brandon Jennings), Fultz tournait tout de même à plus de 23 points par rencontre, un très haut total en NCAA, a fortiori pour un freshmen. De plus, la différence entre « Washington gagne un match » et « Washington perd un match » ne se faisait pas sur une poignée de possessions, où Fultz aurait pu forcer les choses et se la jouer perso. Cette équipe avait d’autres problèmes, en partant du manque de talent individuel jusqu’au manque de fond de jeu de qualité, et était catastrophique en défense (332e « meilleure » défense de toute la NCAA, sur 351 évoluant en division 1).
Ce raisonnement biaisé se base sur l’idée qu’en forçant, Fultz aurait fait gagner les siens. Or, ce n’est pas le cas. La réflexion aurait été un peu plus pertinente et légitime si on parlait ici d’un joueur sur un autre poste. Par exemple, un arrière scoreur capable de marquer à volonté mais qui fait un peu trop tourner la balle et n’est pas assez agressif, c’est un peu plus critiquable (le cas Andrew Wiggins par exemple). En revanche, au poste de meneur de jeu est associé tout un métier et un lot de responsabilité de devoir faire tourner l’équipe, et c’est loin d’être négligeable comme rôle. C’est même crutial dans une équipe. Si Fultz avait plus joué pour sa pomme, sans doute aussi que l’équipe (déjà faiblarde) autour de lui aurait été encore moins performante, avec des coéquipiers bien moins en confiance, moins bien servis dans de bonnes conditions (et donc moins efficace) et un fond de jeu encore plus pauvre.
Fultz a respecté le jeu, fait son métier de meneur, et réalisé la bonne action sur chaque possession. C’est difficile de lui incomber les défaites quand au contraire, il a tenté de faire au mieux fonctionner l’équipe. Ce qui est critiquable en revanche, c’est le choix d’aller à Washington, en sachant délibérément que l’équipe n’avait pas le niveau. A l’image de Ben Simmons l’an passé d’ailleurs, lui aussi se contentant de sa zone de confort à LSU où l’environnement autour est tellement pauvre qu’il est difficile de complètement mettre la responsabilité sur lui (bien que son cas à lui soit encore différent). Simmons comme Fultz, en qualité de très gros prospects en High School avait la possibilité de rejoindre des grosses écuries NCAA. Mais c’est prendre le risque d’avoir moins de responsabilités, peut-être moins l’occasion de briller individuellement, et avec une meilleure équipe autour, être aussi plus la cible de critiques en cas d’échec. C’est donc le choix en lui-même de rejoindre Washington qu’il faut remettre en question, pas l’altruisme de Fultz et ses performance de pur meneur de jeu.
Défensivement, Fultz a montré des choses extrêmement intéressantes, tout en affichant néanmoins quelques faiblesses. Comme tout très jeune joueur de 18 ans (ne se nommant pas Aaron Gordon).
En premier lieu, c’est son potentiel défensif qui est réellement alléchant. Pour le poste, il est grand, avec une énorme envergure de bras, de belles qualités athlétiques, une bonne mobilité et une intelligence de jeu générale. On l’imagine assez bien tenir son homme très correctement en NBA (même si la ligue est fournie en excellent meneurs en attaque) et participer activement à la défense collective de son équipe. C’est déjà un potentiel que ne possèdent pas tous les gros prospects de draft.
Mais il y a plus. Fultz n’a pas juste un potentiel, il a déjà un bon niveau de jeu et produit très concrètement des actions et des performances solides. D’autant plus pour un joueur aussi tourné vers l’attaque, et aussi jeune.
Il possède une très bonne vitesse latérale et contient bien les pénétrations, bien que ce soit dans un style très free flow et pas de manière très fondamentale d’un point de vue technique. Il ne coulisse en effet pas latéralement (les pieds ne se croisant jamais) et se déplace au contraire en courant normalement (les pieds se croisent) pour aller plus vite que l’attaquant et lui barrer la route. Il est souvent en bonne posture défensive, bas sur ses appuis et les bras actifs.
Sur Pick & Roll, c’est la même chose. Des fondamentaux un peu absents mais une capacité tout de même à tenir son rang, de temps à autres. Sa mobilité et sa fluidité de corps lui permettent de contourner les écrans et de bien suivre son attaquant pour le contenir ou contester son tir. Il possède de plus un bonne connaissance défensive de l’exercice, et essayait chaque fois de pratiquer la défense souhaitée par son coach (bien empêcher de prendre l’écran si ça joue l’ICE, faire l’effort de le traverser sinon, changer s’il le faut, etc).
Mais son footwork lui pose là aussi des problèmes, puisqu’il ne traverse par les écrans comme il le faudrait. Plutôt que de passer le pied intérieur (celui du coté de l’écran) à travers l’écran pour bien garder les épaules face au porteur de balle et toujours représenter un obstacle, au contraire il croise les pieds et passe d’abord son appui extérieur, et prend donc un temps de retard que les attaquants arrivaient à exploiter de temps en temps (en NCAA, sans doute plus en NBA).
Ces soucis de footwork ne sont néanmoins pas dramatiques. Fultz est un joueur très jeune, et on ne lui a sans doute jamais appri les fondamentaux de la défense (en NCAA, et encore moins dans les ligue AAU), à commencer par le déplacement latéral. Son surplus athlétique et ses mensurations physiques au-dessus de la moyenne lui ont toujours permis de survivre avec ce style peu académique. Il devra cependant sans doute apprendre (en plus du footwork) à jouer plus dur, et à ne pas hésiter à se frotter à l’écran pour mieux le traverser, chose qu’il ne faisait pas trop à Washington, où il se laissait parfois mourir sur les écrans.
L’apprentissage d’une plus grande rigueur défensive de ce point de vue là, l’exécution académique des déplacement latéraux et des appuis, et même surtout la vitesse avec laquelle il pourra réaliser cet apprentissage, pourrait être très importante. En l’état, il s’en sort bon an, mal an dans une NCAA peu fournie en athlètes de très haut niveau, mais il pourra sans doute survivre moins fréquemment en NBA en jouant de cette manière. Les écrans sont plus durs, et les joueurs plus grands à contourner. Ces mêmes attaquants sont aussi plus rapides, plus grands, et tout simplement meilleurs, réduisant grandement la marge de liberté de Fultz peut avoir sans se faire punir. Dans une ligue où en plus, le Pick & Roll est pratiqué à foison, cela pourrait poser un problème. Reste à voir si ce sera sur du très court, court, moyen ou long terme.
Prometteur mais imparfait sur le ballon, Fultz est en revanche encore meilleur dans sa défense collective, et déjà bien plus abouti que ne peuvent l’être certains prospects, même parmi ceux qui évoluent en NBA depuis quelques saisons déjà. Mis à part quelques problèmes d’inattention loin d’être fréquentes ou inquiétantes, Fultz s’est avéré solide et sans faille.
Que ce soit dans la défense de zone ou dans la défense individuelle (Washington pratiquait les deux), Fultz a démontré une grande compréhension des principes de la défense collective (comme en général chez tous les joueurs intelligents, Kyrie par exemple) et ne s’est pas privé pour aider activement. Il effectuait les rotations défensives un nombre impressionnant de fois, et affichait un grand niveau d’activité et d’intensité qu’on n’attend pas forcément sur ce genre de prospect (jeune et connu pour l’attaque). Sur les switch par exemple, il ne se laisse pas enfoncer au poste par les intérieurs, il reste actif en premier rideau de la zone, où fait l’effort d’aller contester des shooteurs pourtant assez loin de lui.
Plus encore, au-delà des basiques mais toutefois impressionnantes rotations défensives qu’il faisait, Fultz a également démontré la capacité de protéger le cercle, de manière tout à fait excellente pour un meneur de jeu (1.2 blk/m). Son timing est superbe (il saute en même temps que l’attaquant, voir même avec un petit temps d’avance) et ses très longs bras aident également bien à repousser la gonfle s’approchant du cercle. Ces genres de contre sur demi-terrain sont réellement très impressionnants et un véritable plus par rapport à n’importe quel autre meneur de jeu. Bien que, cela dit, ce sont ses désormais fameux chasedown blocks en transition qui ont cette année déchaîné les foules.
Pour poursuivre dans son playmaking défensif, c’est à noter que Fultz est aussi un excellent intercepteur, que ce soit avec ses mains vives ou en jouant les lignes de passes (1.6 int/m).
En terme d’erreurs défensives loin du ballon, Fultz paye là encore son style très « à l’instinct », et quelques manques d’inattention. Sur closeout par exemple, où il se jette un peu trop souvent hors de contrôle et/ou sans être correctement placé pour contenir le drive. Il lui arrive de manquer d’attention par moment également (sur des backdoors notamment), bien que ce ne soit pas dans de grandes proportions. Tout un tas d’erreurs de jeunesse qui sont, d’une part loin d’être très fréquentes (il n’y en a pas tant que ça, au point de venir contrebalancer son apport offensif et annihiler sa valeur globale sur le terrain), et d’autres part qui sont tout à fait ordinaires de la part d’un jeune joueur, à fortiori dominant offensivement, d’à peine 18 ans.
Il ne faut cependant pas s’attendre à voir Fultz exceller tout de suite dans la grande ligue. Comme tout rookie, il aura évidement besoin d’un temps d’adaptation. De même que sa charpente reste encore légère pour les standards NBA, et qu’il pourrait souffrir dans un premier temps de ce déficit de puissance couplé à la rapidité du jeu des pros et du talent immensément supérieur des joueurs NBA que ceux auquel il a pu faire face jusqu’ici. Son intelligence de jeu et le bon (voir plus) niveau de jeu défensif qu’il a affiché rassurent en tout cas sur les chances de réalisation de cette transition de la NCAA vers la NBA. Surtout que, contrairement à Kyrie Irving (qui semble être la métaphore filé de cette présentation tant les deux accumulent les similitudes), Fultz possède la taille et la longueur de bras pour avoir un impact minimum, là où le Cavalier a toujours été un peu juste (plus petit, et les bras encore plus petits) et enclin à se faire shooter par-dessus la tête.
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Au moment de faire la somme des qualités et des défauts de Markelle Fultz, difficile de ne pas l’imaginer en numéro un de draft incontestable. C’est simple, il ne possède pas de défaut majeur dans son jeu. Le bémol le plus important reste son manque d’explosivité, qui risque de limiter son jeu en pénétration, mais il possède les atouts pour contourner ce problème (à la manière de vous savez qui) bien qu’il ne l’ait pas encore fréquemment mis en œuvre pour l’instant. Du reste : c’est un excellent meneur/passeur, bon slasher, bon défenseur, et splendide jump-shooteur. Qui en plus est très jeune, avec encore une grosse marge de progression, et qui demeure un joueur propre et efficace.
Plus encore, Markelle Fultz excelle plus que quiconque dans cette draft sur ce petit truc qui constitue les superstars. Si jusqu’ici, l’ingrédient absolument nécessaire à avoir pour être parmi les l’élite de l’élite des joueurs NBA était l’explosivité, un deuxième semble avoir émerger depuis quelques années : le trois points en sortie de dribble. L’émergence de Stephen Curry devenu star parmi les stars dernièrement au moyen de cette arme là en est l’illustration. On peut être le meilleur joueur du monde même sans être un athlète explosif hors du commun comme c’était le cas auparavant. Vrai franchise player (comprenez : qui fait de son équipe un candidat au titre) depuis trois saisons désormais, sa saison 2015-2016 à elle seule vient confirmer cette théorie.
Fultz n’a pas la magie d’un Curry, bien évidemment, mais il commence avec de meilleures bases athlétiques que Curry. Le jeune qui se fait drafter en 2009, évidement, pas l’excellent athlète de maintenant (puissant et coordonné bien que peu explosif). James Harden ou Kyrie Irving non plus n’ont pas cette vitesse de propulsion pour mettre dans le vent leur adversaire, mais ils compensent avec de la technique et des variations pour ce qui est du drive, et surtout avec cette capacité à dégainer à longue distance en sortie de dribble. De manière générale, en mettant de côté l’aspect d’explosivité et en s’intéressant à tous les vrais franchises players de la ligue actuellement (LeBron, Durant, Curry, Harden, Kawhi), on remarque qu’ils possèdent tous cette arme dans leur répertoire. D’ailleurs, le sort des dernières Finales NBA s’est décidé sur un tir de la sorte, signé Irving.
Fultz n’est évidemment pas le joueur génial et dominant qu’il pourrait être à terme. Mais il part avec aucun défaut majeur/incompensable dans son jeu, avec une énorme marge de progression partout, un très jeune âge, de bonnes qualités athlétiques, des mensurations physiques au-dessus de la moyenne, et excelle dans cet ingrédient qui constitue les superstar de la NBA actuelle. De quoi largement assumer, et même honorer le prestigieux statut de premier choix de la draft.
Merci pour cette analyse très complète !
Bravo pour cet article fantastique;)
Ça, c'est du journalisme d'investigation comme je les aime. Bravo encore à l'auteur Guillaume
Merci pour Guillaume !