[Interview] Kevin Durant : « C’est la seule chose qui compte, non ? »
L’ailier de Golden State était au repos forcé contre Brooklyn dimanche soir. L’occasion de discuter hors-match sur les Warriors : leur motivation, leur capacité à s’améliorer ou non et leur alchimie actuelle. Mais aussi sur le fait que les stars ne soient parfois pas sur le terrain, justement…
Kevin, forcément, c’est compliqué de se motiver pour des matchs de saison régulière quand on vient de gagner un titre. Quelle est la clé d’après toi ?
Tu dois vraiment rester concentré sur le basket et tu élagues un peu tout le reste. Il y a suffisamment à faire en cherchant juste à bien travailler tous les jours, être sûr que l’on soit une bonne équipe. Ce qui peut se passer autour, on essaie de ne pas y penser. Je pense que toutes les équipes de la ligue pensent comme ça d’ailleurs, si elles veulent vraiment gagner. Avec tout ce qui se passe pendant la saison, c’est vrai que cela nous a pris du temps, pour jouer de nouveau au niveau que l’on pouvait avoir pendant les playoffs. Mais après quelques défaites, on a remis les choses en ordre. Le reste, c’est juste du bruit.
Mais ça doit être doublement difficile vu le niveau où vous pouvez opérer. Est-ce que vous cherchez même à vous améliorer ?
On veut juste gagner. Et surtout on veut gagner des matchs de la bonne manière, en construisant de bonnes habitudes. Ça n’a pas d’importance que l’on devienne meilleurs. Ça ne compte pas. Est-ce que Steph Curry peut avoir un meilleur jump-shot que celui qu’il a maintenant ? Ou Klay (Thompson) ? C’est plutôt garder notre niveau de concentration tous les jours… Une fois que l’on sera à ce niveau de manière constante, c’est là où le talent de tous ces mecs dans l’équipe pourra s’exprimer, tous les jours. Quand tu perds un peu ta concentration, tu te perds un petit peu dans ton objectif et la manière d’y parvenir. Quand on reste concentrés, alignés sur notre objectif, chaque jour, là on devient une équipe vraiment dangereuse.
« On peut fonctionner sans jamais rien se dire maintenant »
On sent quand même que l’alchimie s’est améliorée, après une année passée à jouer ensemble…
Oui ! Oui. Le basket, c’est la répétition. Donc forcément, plus tu fais et refais les mêmes choses en tant qu’équipe, plus tu deviens confortable. Tout le travail que j’ai fait jusque-là avec Steph, avec Draymond (Green), avec Klay, avec le reste de l’équipe, le fait qu’ils connaissent mieux mes tendances et que je connaisse les leurs aussi, du coup on peut fonctionner tous ensemble sans jamais rien se dire maintenant. C’est ça le genre d’alchimie que tu veux en tant qu’équipe. Et sur le plan individuel aussi, en tant que basketteur. C’est le genre de marque de fabrique que tu veux avoir quoi. J’apprends encore ! Je deviens encore meilleur, de jour en jour, aucun doute là-dessus. J’essaie de garder ce niveau de concentration comme je disais avant, tous les soirs. A chaque possession. C’est vraiment la base pour tout joueur. Mais avoir tous ces gars, le fait que tu les connais mieux, le fait qu’ils te connaissent mieux et qu’ils t’aident, c’est énorme.
Ton absence ce soir va forcément décevoir beaucoup de fans par contre. Toi aussi d’ailleurs ?
Oui, c’est toujours décevant de ne pas jouer un match. J’aurais vraiment aimé pouvoir aller sur le terrain avec mes coéquipiers. Mais je dois m’assurer que tout va bien du côté de ma cheville. Pour le prochain match (à Oklahoma City en plus…), peut-être, il faudra d’abord voir là-encore si c’est jouable. Mais on reviendra à New York plus tard dans l’année (le 26 février), donc j’espère pouvoir jouer au Madison Square Garden !
« C’est la seule chose qui compte, non ? »
Il y a d’ailleurs eu des changements de règles pour que certains joueurs majeurs puissent se reposer parfois en saison. Tu trouves que c’est vraiment mieux pour la santé des joueurs ?
Ça devrait être la seule chose qui compte non ? La santé des joueurs, c’est le plus important. S’ils ont besoin de se reposer, qu’ils se reposent. S’ils peuvent jouer, qu’ils jouent. Il faut faire confiance. Les joueurs majeurs voudront être sur le terrain quoiqu’il arrive. La plupart du temps, quand ces gars se reposent, c’est qu’on les force à se reposer. La règle ne s’applique que pour les joueurs majeurs. Donc s’ils ne jouent pas, c’est qu’ils en ont vraiment besoin. Tu veux forcément voir les meilleurs joueurs sur le terrain, du point de vue des fans. Mais tu dois comprendre aussi ce qu’il se passe pour les athlètes. On va aussi loin que possible, sur ce que notre corps nous permet. Mais les gars qui jouent beaucoup de minutes, qui ont beaucoup la balle entre les mains, qui créent beaucoup d’actions, au bout d’un moment ça s’accumule. On espère que les fans comprennent. Personne ne s’assoit pour les fâcher. Mais au final, il faut respecter les sensations, ce que te dit ton corps. Et de manière générale les gars ont pris les bonnes décisions dernièrement.
Tu trouves que la NBA a bien travaillé pour alléger le calendrier ?
Ils ont fait un boulot phénoménal ! Les joueurs, les franchises… Il y avait souvent beaucoup de plaintes, surtout le fait que plein d’équipes se retrouvaient à jouer autant de match en peu de soirs. Donc ils ont fait un super boulot cette année. Je trouve que le calendrier est génial. On a un gros road-trip comme celui-ci, sur plusieurs jours, mais ensuite on rentre à la maison. Il y a un bon équilibre. Pour l’instant en tout cas, j’ai trouvé que c’était un bon mélange, j’ai eu de bonnes sensations. Donc j’espère que les gars vont rester en bonne santé et qu’on va continuer à jouer un bon basket.
Propos recueillis par Antoine Bancharel, à Brooklyn