[Interview] Giannis Antetokounmpo : « Quel est le meilleur ? Le mien où celui de Vince Carter ? »
Le « Greek Freak » continue sa progression titanesque à la tête des Bucks, qui sont en pleine dynamique positive. Il s’est confié avec nous sur ces sujets, mais aussi sur son action extraordinaire hier et le drame pour KP…
Giannis, comment as-tu vécu l’action où Kristaps Porzingis se blesse après que tu aies tenté de le contrer ?
Déjà, est-ce qu’il va bien ?
Il est allé faire une IRM là (on apprendra quelques minutes plus tard que KP s’est fait les croisés, soit sûrement 12 mois d’absence…).
(Il secoue la tête) C’était une action un peu rugueuse. Je ne pense pas l’avoir poussé. Je crois qu’il est juste retombé de la mauvaise manière. J’espère vraiment qu’il va bien, car c’est un ami proche. J’espère qu’il va bien. Malheureusement, quand on joue au basket, ce genre de chose risque toujours d’arriver…
Sur une note plus positive, peux-tu nous parler un peu de ce alley-oop où tu es passé au-dessus de Tim Hardaway Jr ?
Khris (Middleton) était en contre-attaque, je savais qu’il allait m’envoyer la balle. C’était une sale passe (rires) ! Khris n’a pas assuré. Mais j’ai pu monter pour aller la chercher. Je n’ai pas vu Tim en-dessous en fait. Je suis juste monté à fond.
« Mon dunk est-il meilleur que celui de Vince Carter ? »
Tu vas avoir pas mal de monde qui va t’en parler…
Je n’ai pas encore regardé sur mon téléphone, mais je sais que beaucoup de personnes vont m’en parler oui ! Il faut que je regarde un peu la vidéo : quel est le meilleur ? Le mien où celui de Vince Carter ? C’était une super action, un peu folle.
Ta cheville a l’air d’aller mieux en tout cas !
La cheville va mieux. Je suis presque à 100%. Déjà à Brooklyn dimanche, j’aurai pu jouer plus si le match avait été plus serré. C’est clair. Je l’avais fait il y a deux ans. Je m’étais fait une entorse mais j’avais fini le match, parce que c’était serré. Mais sur le moment c’était un peu inquiétant. Je me suis tordu la cheville deux fois en cinq matchs dernièrement. Mais je dois jouer malgré ça, on a un bon staff. Je vais voir après le traitement demain. On verra comment tout ça se développe. Je veux être à fond pour jouer contre Miami.
Vous êtes sur une bonne dynamique d’ailleurs (7 victoires en 8 matchs après le limogeage de Jason Kidd)…
Je crois qu’on joue pas mal. On joue un bon basket en ce moment. J’aime notre style, il faut que l’on continue comme ça. On a fait du bon boulot, en partageant le ballon, en dominant le jeu, notamment pour l’emporter ce soir, mais aussi les autres matchs. On doit juste continuer comme ça. Pas mal de gars passent au niveau supérieur en plus. Je pense que c’est pour ça qu’on joue bien maintenant, et il faut continuer ainsi.
Ça va faire du bien de rester deux jours sur place avant de jouer le Heat vendredi ?
Ça va nous aider, on va pouvoir se reposer un peu et se focaliser sur Miami. C’est une équipe difficile. Ils nous ont battu deux fois (en janvier)… Il va falloir qu’on aille les battre chez eux. Il faut bosser sur nos systèmes, notre plan de match, continuer de jouer en équipe et s’assurer qu’on est toujours sur cette bonne voie. Continuer de faire progresser tout le monde et intégrer Tyler (Zeller) pour qu’il donne son maximum aussi.
Ca fait bizarre d’avoir une autre voix sur le banc ?
Pas vraiment, comme coach Joe (Prunty) était déjà dans le staff, on est assez habitué à lui, les systèmes sont les mêmes, on joue juste au basket en se faisant plaisir et je crois qu’il fait un super boulot comme coach principal. Tout le monde est en confiance et se pousse à fond.
Est-il possible qu’il y ait des changements dans le futur quand même ?
Je pense oui, notamment avec de nouveaux joueurs peut-être aussi. On peut toujours ajouter une pièce ici où là. Mais je crois que là, maintenant, tout se passe bien pour nous. 7 victoires pour 1 défaite, c’est vraiment fort.
«Je ne sais pas si Magic méritait l’amende de 50 000 dollars pour le compliment qu’il m’a fait »
L’an dernier tu nous disais que tu appréciais le fait de devenir un leader, mais que ça restait difficile pour toi d’être vocal (à lire ici). On a l’impression que ça te vient plus facilement maintenant, non ?
(D’un ton sûr) Oh ça me vient beaucoup plus facilement cette année, c’est sûr ! Les gars m’ont vraiment aidé depuis l’an dernier à être plus vocal, à les pousser plus, à parler tous les jours. Au bout du compte les gars dans cette équipe veulent entendre ma voix, et c’est ce que j’essaie de faire. J’essaie de parler autant que possible et surtout de les mener aussi loin que possible.
Qu’est-ce que ça fait d’avoir une légende comme Magic qui te fait de tels compliments (futur MVP et champion NBA) ?
C’était un super compliment, de la part d’un super joueur comme Magic Johnson. Il faut quand même que je reste concentré sur ce que je fais sur le terrain. Ça fait toujours du bien quand on te dit ce genre de chose, mais je sais que je dois rester focalisé sur mon équipe et mon jeu, et nos objectifs collectifs. (Pause) Ceci dit, ça fait du bien quand on te dit ça (clin d’œil).
Trouves-tu que l’amende de 50 000 dollars qu’il a reçue pour ça était justifiée ?
Je ne sais pas franchement… C’était juste un compliment ! Je ne pense pas qu’il cherchait vraiment à tricher pour me recruter, de quelque manière que ce soit. C’est juste un ancien joueur qui répondait à une question qu’on lui a posé sur un joueur actuel. Je ne connais pas vraiment la règle, mais si tu te prends une amende pour un compliment maintenant… On ne va plus nous faire que des demi-compliments (rires) !
« Je vais peut-être travailler avec Holger (…) mon jump-shot va être clé »
Le All-Star Game arrive…
(Il coupe) Je ne pense même pas au All Star Game. Quand ça viendra, je serai excité bien sûr, mais pas avant. Là je pense juste à Miami.
Quand même, vu que ça devient routinier pour toi maintenant, as-tu d’autres objectifs individuels du coup, en plus des buts collectifs ?
Hmm… Je pense quand même plus à notre équipe, comment on peut s’améliorer. Le reste, ça va venir avec en fait. Je le sais. Il faut que j’aide mon équipe à gagner, et si ça arrive le reste viendra.
Sur quoi dois-tu bosser pour continuer ta progression ?
Déjà, il faut vraiment que je continue d’apprendre (il regarde énormément de vidéos de matchs, tous les jours, comme nous l’a confié Jason Terry, très impressionné par la soif de connaissance du jeune homme). Ajouter des choses à mon jeu. Je dois rester un étudiant du jeu.
Qu’en est-il de l’invitation d’Holger Geschwindner (le mentor de Dirk Nowitzki, surtout pour son shoot) d’aller travailler avec lui ?
On n’a jamais pu faire ça, mais peut-être que ça va se faire oui. On avait parlé avec Holger l’an dernier, après le match contre Dallas. Il m’avait dit que je pouvais aller bosser avec lui pendant l’été, mais je n’y suis jamais allé. J’ai travaillé avec mon frère et Thon Maker cet été, mais j’espère que ça va pouvoir se faire.
Comment évalues-tu ton tir ?
Je suis plutôt content, mais jamais satisfait. C’est bien meilleur que l’an dernier, mais ce n’est pas encore ça. C’est vraiment ça qui va m’aider à devenir un vrai meilleur joueur : continuer à travailler sur mon jump-shot.
Pour finir, on a vu beaucoup de fans grecs te soutenir à Brookyn et au Madison Square Garden. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?
Ça veut dire beaucoup pour moi ! J’ai des fans grecs qui viennent me voir dans chaque ville pratiquement. C’est l’une des raisons pour lesquelles je me donne à fond tous les jours, quand je rentre sur le terrain. Je donne tout ce que j’ai pour mon équipe, mais aussi pour mon pays, parce que je sais qu’ils me regardent, qu’ils viennent au match. C’est un super soutien, juste de voir le drapeau grec, dans chaque salle. Ça n’est plus une surprise, mais ça me motive énormément et ça me rend heureux. C’est l’une des raisons pour lesquelles je joue bien à New York d’ailleurs…
Propos recueillis par Antoine Bancharel, à New York