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[Interview] Guerschon Yabusele : « On refait ce match avec Gordon et Kyrie… »

À la fois déçu de la défaite au match 7 et fier du parcours jusqu’aux finales de conférence, le Français nous a offert une vue intérieure des Celtics. En sentant bien que ce n’est que le début pour ce groupe.

Guerschon, Brad Stevens vous a beaucoup répété apparemment que « The pain is part of the path » (la douleur fait partie du parcours)… Comment le vis-tu, à quelques minutes de la fin du match ?

Ce n’est toujours pas passé. C’est dur. C’est dur de perdre à ce niveau-là. On est passé à un match des finales NBA. Pour l’instant c’est encore dur, mais il faut que l’on passe à autre chose. Que l’on soit content de la saison que l’on a fait, avec tout ce qui nous est arrivé. Je pense que les gens se souviendront quand même de cette saison.

Vous le prenez comme une fondation ?

Ouais ! Je pense que c’est le début de quelque chose. Cette année on a vraiment eu un très, très bon groupe. Où les gens voulaient jouer l’un pour l’autre. On s’est beaucoup aidés. Que ce soit sur le terrain ou en dehors. Il y a vraiment un truc de spécial avec ce groupe et je pense qu’on le ressent même sur le terrain.

Que vont apporter le retour de Kyrie Irving et les vrais débuts de Gordon Hayward l’an prochain ?

Ça va nous faire du bien ! On va être une équipe au complet, ils vont nous apporter des choses en plus. Il y a des choses que l’on doit adapter, d’autres choses qui vont être meilleures. Et le fait que l’on ait réussi, ça va beaucoup, beaucoup nous aider.

Ils vous manquaient ces joueurs quelque part ?

Oui, je pense que l’on a besoin d’eux. Je pense que l’on est tous clair que ce match là, on le refait avec Gordon et Kyrie, tout est différent.

Forcément, vous ne pouviez pas être abattus après la blessure de Kyrie, mais vous vous êtiez quand même vu aller jusqu’à ce match 7 ?

J’ai envie de dire que c’est quelque chose que l’on a toujours eu en tête. Avec les blessés ou sans les blessés, nous on est des joueurs de basket, on aime bien la compétition. On veut toujours gagner, on n’aime pas perdre. Donc on essaie de faire les choses justes sur le terrain. On est vraiment soudés, et je pense que c’est cela notre force. C’est pour ça que l’on est arrivés jusque là. De jouer l’un pour l’autre, de combler les choses que Kyrie pouvait faire en attaque, ce genre de choses.

C’est kiffant justement, d’être à ce point dans une logique collective ?

Ah oui ! Clairement ! On le ressent même sur le terrain, en-dehors. On ressent même beaucoup l’aide des fans aussi… C’est clair que d’être dans ce registre-là, de jouer tous ensemble, avec le coach qui fait les bonnes choses pour essayer de combler ça, c’est parfait !

« Brad Stevens est vraiment impressionnant »

Parle-nous de Brad Stevens justement, ce côté génie du jeu…

C’est très, très impressionnant. Sa façon de coacher, comment il fait les choses, toujours les choses justes… il fait rarement des erreurs. Et puis c’est vrai que quand il t’explique un système, il t’explique vraiment (il insiste sur ce mot) tout le déroulement. Comment ça va se passer, comment ils vont le défendre, comment ils vont switcher… tout ! On avait vu par exemple à Philly, vers la fin du match, quand Al Horford a eu un lay-up, et coach nous avait expliqué toute la situation à l’avance ! C’est vraiment comme cela que ça s’est passé. C’est quand même vraiment impressionnant, surtout pour un coach jeune comme ça, dans la ligue.

C’est ça le plus impressionnant, outre ses propres systèmes, sa capacité à lire à l’avance ?

Anticiper ce qui va passer, oui. D’ailleurs c’est vraiment tout le coaching staff qui est super fort sur ça. Quand on travaille leur défense, quand on travailler leurs systèmes. Et c’est clair que depuis le début cela nous a beaucoup aidé.

Tu avais déjà vu un coach comme ça toi ?

Pas vraiment non.

Comment expliques-tu que vous soyez tellement meilleurs à la maison qu’à l’extérieur ?

Ça vient de différentes choses, mais déjà quand tu manques deux shoots ici ou à l’extérieur, tu sens la différence. Ce n’est pas pareil. Et puis à l’extérieur les équipes adverses ont une confiance en plus, qu’ils n’ont pas en venant ici, donc sur nos petites erreurs, si on les fait à l’extérieur, c’est très, très compliqué. Ce n’est pas du tout la même chose qu’à la maison. Ici, on met beaucoup de shoots, on connaît les paniers, les fans sont derrière nous. Ce n’est vraiment pas la même chose. Surtout en match de playoffs, contre une équipe comme Cleveland, ça peut vite être un écart de dix points, et après ce n’est pas la même chose pour remonter. Je pense que c’est vraiment sur les détails.

« LeBron a cette mémoire extraordinaire parce qu’il touche beaucoup le ballon aussi »

La mémoire eidétique de LeBron, c’est vraiment marquant, même pour toi en tant que joueur NBA ?

Je pense que c’est vraiment différent quand tu es un joueur comme LeBron et que tu fais toutes les actions. Tout est fait de manière à ce qu’il s’en rappelle. Mais après, des fois je regarde aussi comment il se rappelle, et moi je ne pense pas que je pourrai faire pareil. Mais quand tu joues, que tu fais les actions et que tu es dedans, je pense que c’est différent. J’ai vu pas mal de joueurs comme ça, même notre coach. Mais c’est impressionnant quand même, je ne vais pas mentir. Il se souvient de tout le match, action par action, qui a shooté… Mais il y a pas mal de joueurs dans la ligue qui ont ce talent de voir toutes les actions.

C’est vrai que sur le match 6, il a 100 touches de balles par exemple…

Oui, il a la balle tout le temps, le jeu est fait pour que ce soit lui qui l’organise, donc ça va ensemble.

À quel point la jeunesse de l’équipe est une force, et inversement une faiblesse aussi parfois ?

C’est une force parce que l’on a vraiment beaucoup d’énergie à donner sur le terrain. On court tout le temps, on aide vraiment les anciens. Mais sinon oui sur l’expérience, on apprend un peu certaines choses tous les jours, notamment contre Cleveland, tenir certains gars, défendre sur eux. Mais il y a aussi les choses que l’on fait entre nous, en-dehors du terrain, qui nous aide en terme de groupe.

Par exemple les difficultés dont on parlait à l’extérieur, ça rentre là-dedans ?

Ouais, voilà, c’est ça. Il y a des choses que l’on n’arrive pas à faire, ou que l’on ne fait pas assez bien. Et même l’énergie, il faut savoir la donner au bon moment. Tout ça on l’apprend.

Tu as senti l’intensité monter au fur à mesure des playoffs aussi ?

Oui. Tout, tout, mais vraiment tout tient à des détails. Quand on regarde les vidéos, les matchs que l’on a perdu, ça se joue à des petites choses. Un petit box-out que tu oublies, une petite perte de balle… C’est vraiment ça qui te fait perdre le match. On le sent et on le voit, les joueurs bougent tout le temps, il y a toujours beaucoup de transition. Et les fans aussi !

À titre personnel, quel bilan tires-tu, sachant que tu n’as pas beaucoup pu jouer par contre ?

Je ne peux surtout pas me plaindre de l’année que j’ai passée. En tant que rookie, j’ai pu jouer quelques matchs, j’ai pu aller en G-League pour jouer un peu plus, revenir, faire quelques matchs encore, commencer dans le cinq, apprendre à côté des gars qu’on a ici. Donc vraiment une très bonne année, je suis quand même satisfait de ma saison et je ne pense pas que j’aurais pu mieux tomber qu’ici.

Propos recueillis par Antoine Bancharel, à Boston

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