NBA Free Agency 2018 : Focus sur la situation délicate des Warriors; Quels changements à venir ?
La Free Agency NBA démarre dimanche et d’ici là nous allons faire un tour d’horizon des principales franchises pour en savoir plus sur leur situation financière et ce qu’elles peuvent
Après les Houston Rockets, focus sur les champions en titre, les Golden State Warriors, qui encore une fois auront très peu de flexibilité.
Pour être le plus clair possible dans cette jungle infernale que sont les finances NBA, nous vous présentons l’effectif de chaque franchise en distinguant 3 catégories
- les salaires engagés, c’est-à-dire le total des salaires des joueurs sous contrat pour l’année prochaine, plus le montant du contrat des futurs rookies. Sur le tableau ci-dessous ce sont les joueurs dont le salaire n’est pas surligné pour 2018-19
- les salaires potentiellement engagés, qui recouvrent tous les contrats qui ne sont pas encore garantis pour l’an prochain. Cela concerne les Player Option (salaire surligné en vert), qui permettent à un joueur de mettre fin à son contrat un avant son terme, les Team Option (salaire surligné en bleu), qui sont l’équivalent pour les franchises, et les contrats non-garantis (salaire écrit en rouge).
- les joueurs libres (free agents), qui n’ont pas de contrat pour l’an prochain. Ceux-ci peuvent être free agents restrictifs (salaire surligné en rouge), ce qui donne la possibilité à leur franchise de s’aligner sur n’importe quelle offre de contrat qui leur est faite, ou free agents non-restrictifs (Salaire surligné en jaune), c’est-à-dire libres de signer où bon leur semble.
- Les franchises NBA ont le droit de recruter autant qu’elles veulent tant qu’elles ne dépassent pas le Salary Cap, une limite qui devrait être fixée cette année à 101 millions de dollars.
- Si elle est au-delà de cette limite avant la free agency, la franchise peut tout de même recruter, mais avec des limitations. Elle utilise pour cela des exceptions : la Mid Level Exception (MLE), d’un montant de 8,6 m$ ; la Bi Annual Exception (BAE), d’un montant de 3.4 m$, disponible un an sur deux ; et la Minimum Exception, qui permet de signer autant de joueurs qu’elle le souhaite au contrat minimum.
- Une autre limite existe en NBA, la Luxury Tax. Il s’agit du palier au-dessus du Salary cap, fixé à 123 m$. Toute équipe dont la masse salariale dépasse ce montant paye une taxe et est encore plus limitée dans son recrutement, puisqu’elle ne peut plus signer de free agents qu’avec les contrats minimums et la mini-MLE, une réduction de la Mid Level Exception à un montant de 5.3 m$.
- Il existe aussi la Room Mid Level Exception, disponible pour les équipes en-dessous du salary cap. Elle permet à des équipes de dépasser le salary cap après avoir utilisé leur espace sous le cap. Elle est d’au maximum 2 ans pour 4.4 m$.
- Grâce à des droits que l’on nomme les Bird Rights, toute franchise a le droit de resigner ses propres free agents, même en dépassant le salary cap. Mais une équipe n’a pas le droit de signer des free agents grâce à l’espace libéré par le départ de ses joueurs, puis de resigner ces derniers juste après en utilisant les Bird Rights. Le salaire des free agents continue en effet de peser dans les comptes tant qu’une équipe n’a pas renoncé à ses Bird Rights : c’est ce qu’on appelle le cap hold (Salaire surligné en jaune).
Si vous n’y comprenez rien, ou que vous avez des doutes sur telle ou telle situation, je vous conseille de vous référer au guide des finances réalisé par Basket Infos en 2011, cela devrait clarifier les choses pour certaines notions même s’il y a eu des évolutions dans le fonctionnement.
Voici donc la situation pour les Golden State Warriors (à noter que Chris Boucher va être coupé)
Bien sûr la première chose à dire c’est que Kevin Durant sera free agent cet été (Depuis début avril on sait qu’il n’activera pas sa player option). L’an passé le double MVP des finales avait choisi de faire un sacrifice financier pour permettre aux siens de conserver le noyau de l’équipe. Cette année il pourrait être moins enclin à signer pour moins que le max. Bob Myers a toutefois déjà annoncé qu’il se pliera à la volonté de sa star et lui donnera le contrat qu’il veut. Il semble y avoir 3 scénarios possibles pour la star
Option n°1
- Signer pour 2 ans avec une player option pour 2019-20, 30 millions la première année et 31,5 la deuxième. Seul avantage, le salary cap doit passer de 101 millions en 2018-18 à 108 millions en 2019-20. Il pourrait donc sortir de son contrat en 2018-19 et signer pour 5 ans et 219 millions de dollars. Mais la luxury tax des Warriors serait extrêmement élevée, puisque Durant serait payé 37,8 millions, puis 40,8, 43,8, 46,8 et enfin 49,9 millions par an !
Option n°2
- Signer pour 4 ans au max pour environ 158 millions de dollars, soit 35,3 millions la première saison puis 38,2, 41 et 43,8 millions de dollars.
Option n°3
- Signer pour 3 ans avec une player option sur la deuxième année. 35,3 millions de dollars la première saison, puis 38,2 et 41 sur l’année en option. Le salary cap 2020-21 sera d’environ 112 millions de dollars. Dans ce scénario, Durant pourrait sortir de son contrat et signer pour 228 millions sur 5 ans avec une salaire démarrant à 39,4 millions. Autre avantage, le Warrior serait éligible à une clause de non-transfert car il aura joué 4 saisons avec Golden State et 8 en NBA.
Le montant du contrat aura surtout son importance dans la facture que la NBA donnera aux Warriors à la fin de la saison prochaine quant à la luxury tax. Mais Joe Lacob le sait déjà, il va devoir aligner les millions, et c’est normal, avoir 4 stars ça se paie.
A moins que KD fasse un énorme sacrifice et signe pour 10-15 millions, les Warriors seront déjà au-dessus de la limite de la luxury tax. Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’ils devront bâtir le reste de l’effectif en utilisant uniquement des contrats au minimum, une mini-MLE de 5.3 millions de dollars et une Bi Annual Exception, d’un montant de 3.4 millions de dollars. Pas grand-chose donc, mais on a vu par le passé que certains joueurs étaient prêts à faire de gros sacrifices pour pouvoir jouer le titre, ce qu’assurent les Warriors.
Malgré le titre, comme Bob Myers l’a déclaré l’effectif n’est pas parfait et il y a deux objectifs pour cette intersaison : rééquilibrer l’effectif (beaucoup d’intérieurs, donc certains devraient partir) et le rajeunir.
KD ne sera en plus pas le seul free agent puisque Nick Young, Zaza Pachulia, Kevon Looney, Pat McCaw, David West et JaVale McGee, le seront aussi. Tout d’abord pas certains qu’ils veuillent tous les garder et pour ceux qu’ils aimeraient garder, ces derniers pourraient vouloir plus que le simple minimum. De ce fait, Nick Young pourrait être le seul à re-signer cet été (on peut penser qu’il est prêt à jouer pour un petit contrat, lui qui a semblé prendre goût à ce 1er titre). En effet Kevon Looney et JaVale McGee, deux intérieurs, ont déclaré qu’ils aimeraient rester mais l’argent les appellera peut-être ailleurs. Looney a déjà les titres et à la sortie du contrat rookie, les joueurs cherchent un gros contrat, donc on l’imagine mal rester. Pour McGee, compliqué d’anticiper. Il s’est murmuré durant la saison qu’il n’était pas content de son rôle mais il a fini par être plus ou moins important dans certains matchs des playoffs. Avec le rééquilibrage de l’effectif, il pourrait gagner en temps de jeu, à voir s’il sera donc partant et sans revoir son salaire à la hausse.
Pour l’arrière Pat McCaw, il sera lui free agent avec restriction, et il est un profil très intéressant qui pourrait être courtisé par des équipes en mesure de lui offrir mieux que les champions. Jusqu’à quel montant seront-ils prêts à s’aligner ?
Quant à Pachulia et West, le premier devrait faire les frais du rajeunissement de l’équipe, et pour le second son cas pourrait être vite réglé puisqu’il hésite à prendre sa retraite. S’il continue il sera prêt à signer au minimum mais est-ce que les champions en voudront ?
Difficile d’anticiper qui sera donc encore là parmi ces joueurs free agents. On vous laisse deviner, nous on parierait sur Young, McGee et McCaw.
S’il n’a pas encore été signé officiellement, il faudra rajouter un jeune joueur à l’effectif des Warriros, l’arrière Jacob Evans, drafté en 28ème position. Cela pourrait donc faire 12-13 joueurs, soit encore 2-3 à recruter. Difficile d’anticiper les cibles des Warriors mais on peut penser qu’ils utiliseront l’intégralité de leur mini-MLE (5.3 millions de dollars) pour recruter un joueur extérieur solide (Trevor Ariza ?) ou un intérieur au profil de JaVale McGee s’il part (athlétique et capable un minimum de protéger le cercle). Pour les autres ce sera du minimum ou la BAE.
En clair les Warriors n’ont pas de flexibilité et auront sans doute peu d’options mais ils n’ont pas vraiment besoin d’améliorer significativement leur effectif, un rééquilibrage est juste nécessaire et pourrait être suffisant quant on sait que le noyau devrait toujours être : Kevin Durant, Stephen Curry, Draymond Green, Klay Thompson, Andre Iguodala et Shaun Livingston. On est presque tentés de dire que peu importe les joueurs à leurs côtés, les Warriors seront encore grands favoris à leur succession.