La Draft 1996, comme un sourire mouillé de larmes
Il y a 15 ans jour pour jour avait lieu la draft 1996 et il y a quelques mois on apprenait officiellement la mort brutale de Lorenzen Wright. Une fin tragique et surréelle qui m’a ramené 14 ans en arrière. La draft 1996 fut la première draft que j’ai pu observé (« observer » est un bien grand mot pour le garçon de 11 ans que j’étais à cette époque) et forcément, j’ai retenu un attachement particulier pour chacun des joueurs qui ont composé cette liste qui pour moi n’était alors qu’une énumération de noms imprimée sur du papier glacé. Lorenzen Wright en faisait partie bien sûr, mais aussi Allen Iverson et Kobe Bryant. Je suis bien tombé, c’était une excellente draft et je suis content d’avoir pu suivre la plupart des joueurs que j’avais découvert à cette occasion. Seulement, cette draft n’est pas particulière seulement pour moi, elle l’est aussi en elle-même. Beaucoup plus que je l’aurais cru lorsque j’ai affiché ces joueurs dans mon esprit.
On a coutume de dire que la draft 1996 est la meilleure de l’histoire de la NBA avec celle de 1984 (Jordan, Olajuwon, Barkley, Stockton) et de 2003 (les trois Miami Headers, Carmelo Anthony). En terme de talent pur, c’est indiscutable. Peut-être même dépasse-t-elle les deux autres en volume de talent. Seulement, la draft 1996 est bien plus que ça. Elle est un condensé de tout ce que compte la NBA, et particulièrement, une oscillation permanente entre les deux faces de cette ligue, l’une étincelante et l’autre bien plus sombre. Comme si le talent avait un prix. La draft 1996 est peut-être la draft la plus talentueuse de l’Histoire, elle est aussi celle qui, plus que toutes, laisse un sentiment triste amer au fond de la rétine lorsqu’on s’attarde sur chacun des joueurs qui la compose.
Pick n°1 for the Philadelphia Sixers: Allen Iverson
Jouant arrière alors que sa taille en fait un joueur petit même pour un meneur (1,83 m), Allen Iverson est l’un des plus grands talents de tous les temps. Trop peut-être. Celui qui se plaisait à dire qu’il jouait chaque seconde comme si c’était la dernière en était tellement convaincu qu’il n’a jamais lâché la balle quand il l’avait dans les mains. La seule fois où il est parvenu en finale, en 2001, c’était seul, seulement accompagné d’une poignée de sans-grades valeureux et dévoués à la vie à la mort à leur capitaine au talent hypertrophié. Au-delà de cette fabuleuse année, Iverson n’a jamais permis à ses différentes équipes de truster les sommets des classements et de la ligue (deux saisons au-dessus de 60 % de victoires seulement). Echec à faire de ses franchises des places fortes de la NBA, échec à devenir un vrai meneur, Iverson est même en train d’échouer dans l’achèvement de sa carrière. Incapable de se couler dans un rôle autre que celui du scoreur omnipotent placé au centre de son équipe malgré un déclin incontestable, incapable de ne serait-ce que s’asseoir sur le banc quelques minutes de plus, Iverson est à l’heure actuelle sans club et nul ne sait où il pourra vraiment atterrir alors que lui, l’un des plus formidables joueurs de l’histoire de ce sport en a encore sous la semelle.
Pick n°2 for the Toronto Raptors: Marcus Camby
On parle là d’une draft qu’on place aux côtés de celles qui ont donné Michael Jordan, Hakeem Olajuwon, LeBron James et Dwyane Wade à la NBA et le joueur sélectionné en deuxième position n’est que Marcus Camby? Ne nous méprenons pas, le longiligne intérieur est un super joueur mais il ne présente aucune sélection aux All-Star Game à son actif. Il est désormais reconnu pour être l’un des joueurs défensifs les plus impactant de la ligue mais les Raptors, jeune franchise prête à mordre dans sa deuxième saison d’existence seulement n’a jamais vraiment pu en profiter et capitaliser dessus. Au bout de deux saisons dans l’Ontario, le premier fait d’arme de John Calipari (alors à l’Université de Massachussets que le maintenant célèbre coach avait porté jusqu’à la reconnaissance NCAA) a été échangé à New York contre le solide mais vieillissant vétéran, Charles Oakley. Marcus Camby, n°2 de draft, n’est pas et ne sera jamais une star, seulement un super role player.
Pick n°3 for the Vancouver (futur Memphis) Grizzlies: Shareef Abdur-RahimAprès une seule année à l’université, cet ailier fort a débarqué en NBA pour poster 18,7 points et 6,9 rebonds par match. Il n’a que 19 ans. Lors des sept premières saisons qu’il passera dans la ligue, il tournera à 20,7 pts et 8,3 rebs de moyenne. Impressionnant. Toutefois, le premier vrai franchise player des Grizzlies n’a jamais réussi à faire décoller son équipe ni même toutes les autres pour laquelle il a joué: ce n’est qu’en 2006, soit dix ans après son entrée dans la ligue et alors que son jeu était déjà bien bousillé par les blessures qu’il a pu participer pour la première fois de sa carrière à un match de play-offs. Je crois d’ailleurs qu’il tient le record du plus grand nombre de match joué en NBA sans participer à la post-season. Vous avez dit looser? De mémoire, je ne connais aucun joueur dont l’énorme talent est proportionnel au nombre de défaites.Pick n°4 for the Milwaukee Bucks: Stephon Marbury (transféré à Minnesota contre le 5ème choix et un futur premier tour de draft)
Dois-je vraiment évoquer le cas Marbury? Légende new yorkaise, il s’est lui aussi contenté d’une seule année à l’université. Il a débarqué dans la ligue avec un talent gros comme Big Apple et des qualités athlétiques et techniques loin au-dessus de tout le monde. Allié au jeune Kevin Garnett, il aurait pu tenir la NBA dans sa main. Mais rapidement tombé dans le côté obscur de la force, Starbury a fait plus de mal que de bien dans toutes les équipes qui ont voulu miser sur lui. Devenu un paria depuis quelques années déjà, il s’est exilé en Chine. Marbury est-il le gâchis ultime? Il est dans le top 3 assurément. Surtout quand on visionne un rappel de ce qu’il était capable de faire.
Pick n°5 for the Minnesota Timberwolves: Ray Allen (transféré à Milwaukee avec un futur premier tour de draft contre le 4ème choix, Stephon Marbury)
L’un des plus grands shooteurs de tous les temps et tout simplement l’un des meilleurs arrières de la décennie. S’est regroupé avec deux autres futurs all of famers (Kevin Garnett et Paul Pierce), eux aussi approchant dangereusement du crépuscule de leur carrière, pour enfin gagner un titre NBA et a réussi.
Pick n°6 for the Boston Celtics: Antoine Walker
La trajectoire d’Antoine Walker épouse assez bien celle de son compagnon de draft sélectionné deux rangs avant, Stephon Marbury. Ailier fort athlétique, agile, costaud et fort défenseur capable de dribbler, de shooter de loin, de passer et faisant même preuve d’une créativité digne de la notion tant admiré de « point forward », l’ancien sophomore de la mythique équipe de 1996 de Kentucky (Championne NCAA, parfois considérée comme l’une des meilleurs formations universitaires de tous les temps) s’est perdu dans ses travers. Une sélection de tirs de plus en plus mauvaise, un engagement de plus en plus suspect et une attitude de plus en plus discutable lui ont rapidement valu l’étiquette d’indésirable, de poids mort ou au mieux de « chair à transfert ». Walker avait quand même légèrement redoré son blason en remportant le titre NBA avec la surprenante équipe de Miami, dans un rôle secondaire, certes, mais non négligeable malgré tout (12,2 pts/match). Cependant, il ne s’agissait que d’une éclaircie rapidement démentie: ruine, problèmes de justice et une pathétique tentative de retour au basket à Porto Rico qui a tourné court. Un gâchis, un de plus.
Pick n°7 for the Los Angeles Clippers: Lorenzen Wright
Il y a quelques semaines, Wright aurait simplement été qualifié de bust, comme il y en a eu tant dans l’histoire des Clippers. Aujourd’hui, il est l’épisode le plus tragique de cette fameuse draft 1996. Ses baskets à peine rangées dans le placard et alors que les autres joueurs de la promotion se dirigent à leur tour vers une retraite plus ou moins bien méritée, Lorenzen Wright est retrouvé sans vie dans un bois, les 2,11m de son corps criblés de balles. Une fin inconcevable pour ce joueur qui bien qu’étant une déception, n’a jamais fait de vague et s’est maintenu dans la ligue pendant 14 ans. Fort d’une belle comptabilité à l’université de Memphis (17 points et 11 rebonds), d’une jolie qualité athlétique et réputé bon défenseur/rebondeur, Wright n’a jamais pu dépassé le stade de l’intérieur role player jouant les utilités. Mais on s’en fout, ce n’est plus jamais pour ça qu’on s’en souviendra désormais.
Pick n°8 for the New Jersey Nets: Kerry Kittles
Une star NCAA qui est restée à l’université jusqu’à son année senior? Un vestige d’un temps pas lointain du tout que cette draft 1996 et son lots inédits d’underclassem pour l’époque a peut-être définitivement balayé. Peut-être que peu de monde se souvient de cette arrière taillé comme un lévrier qui fait partie des excellentes pioches de cette draft avant de voir les blessures faucher sa carrière de gringalet. 8 ans dans cette ligue seulement et des saisons rarement complètes dont on retiendra surtout les deux premières au cours desquelles il a émargé à 16 puis 17 pts de moyenne (13 pour les autres années). Excellent shooteur, pas croqueur pour un sou et facile dans le jeu sans ballon, seuls les blessures ont eu raison de son talent. Un autre genre de gâchis.
Pick n°9 for the Dallas Mavericks: Samaki Walker
Drafté sur son physique d’ailier fort costaud et bondissant et le potentiel qui va avec, après avoir passé deux saisons à l’université de Louisville, Samaki Walker n’a jamais dépassé le niveau qui était le sien à son entrée en NBA. Il s’était fait une place de role player volontaire mais limité au sein de grosses cylindrées (San Antonio, LA Lakers) et a même remporté le titre avec les violines et or. Mais bon, Didier Mbenga aussi. Est en train de terminer sa carrière dans des championnats un peu plus exotiques (Chine, Corée du Sud d’où il s’est fait coupé dernièrement).
Pick n°10 for the Indiana Pacers: Erick Dampier
Peut-être l’un des joueurs les plus mécaniques balle en main qu’il m’ait été donné de voir. Après 6 voire 7 saisons pas loin du ridicule (tradé au bout d’une seule année passé dans l’Indiana et des pourcentages de réussites maladifs jusqu’à la saison 2002-03), ce pivot qui vaut avant tout pour son physique de granit a malgré tout fini par devenir un role player intéressant à son poste qui pourrait même peut-être briguer une place de titulaire un peu plus fermement si il était plus constant dans sa production. Tout cela ne serait finalement pas si mal si il ne remplissait pas la case « pivot incroyablement surpayé » (environ $10 millions/an sur 7 ans, dividende d’une saison à 12 pts/12 rebs en 2002-03 pour ce qui était -étonnamment- sa dernière année de contrat). S’est aussi illustré en devenant l’une des cibles du Gros Shaq après avoir déclaré suite à cette fameuse saison qu’il était le deuxième meilleur pivot de la NBA derrière le futur Hall of famer (à quoi ce dernier avait répondu que l’actuel Bobcat était effectivement le second meilleur pivot de la WNBA. On retiendra aussi l’appellation « Ericka Dampier » ou encore la fois où, diminué par une blessure, le pivot le plus dominant de sa génération s’était plaint d’avoir joué comme Erick Dampier).
Pick n°11 for the Golden State Warriors: Todd Fuller
Pick n°12 for the Cleveland Cavaliers: Vitaly Potapenko
Pick n°13 for the Charlotte (futur New Orleans) Hornets: Kobe Bryant (transféré chez les Los Angeles Lakers contre Vlade Divac)
Cinq fois champion NBA, deux fois MVP de la saison régulière et des finales, 12 fois sélectionné au All-Star Game. Le plus grand imitateur de Michael Jordan: il a réussi à s’approcher de His Airness plus que quiconque. Pour la décharge des treize franchises qui sont passé à côté de lui (en comptant Charlotte qui l’a sélectionné avant de l’échanger contre Vlade Divac), Kobe Bryant n’avait pas encore 18 ans quand il s’est inscrit et il ne pouvait pas se prévaloir de mensurations physiques exceptionnelles du genre à attirer les General Managers comme les insectes nocturnes le sont par la flamme d’une boogie (parait-il aussi que le jeune lycéen était déjà pas mauvais en matière de caprice). Et d’ailleurs, les Hornets ne s’en tire pas mal puisqu’ils ont eu un excellent pivot en retour de ce 13ème choix. Il faut rappeler que lâcher un pivot comme Divac pour un lycéen (un arrière qui plus est, un poste pas forcément difficile à remplir) était quand même une gigantesque prise de risque.
Marque de fabrique de cette draft 1996, le talent basketballistique s’accompagne là aussi de « talents » moins appréciables. Individu à part, complètement égocentrique, capable de prendre quarante shoots dans un match sans sourciller, longtemps ingérable et n’hésitant pas à aller à l’encontre des intérêts de l’équipe, il est parvenu à pousser à bout le Zen Master, Phil Jackson qui pour se calmer a écrit un bouquin en réservant de larges chapitres au jeune prodige (même Dennis Rodman ne l’avait pas poussé à une telle extrémité), ainsi que ses coéquipiers. Même ses 81 points en un seul match ont un arrière goût malsain (à voir les tronches dégoutées de ses partenaires, on a rapidement compris que chaque shoot utilisé pour ce record leur avait été enlevé des mains comme on enlève le pain de la bouche des enfants).
Aujourd’hui, Kobe Bryant n’est plus tout à fait ce joueur. Il reste pénible à vouloir prendre tous les shoots de temps en temps et il a conservé quelques traces de son attitude de jadis mais on ne peut pas revenir sur le degré d’excellence technique qu’il a atteint dans son jeu. Définitivement, la plus grande imitation de Michael Jordan.
Pick n°14 for the Sacramento Kings: Pedrag Stojakovic
Encore un pari plein de cojones qui s’est avéré payant. Drafté très jeune (tout juste 19 ans) même si il faisait déjà du chiffre à un haut niveau en Europe (10 pts/match en Eurocup et, il me semble, 16 en Grèce avec le PAOK Salonique), il a eu l’intelligence de patienter quelques années avant de faire le grand saut qui aura lieu en 1998, juste après avoir incinérer le Vieux Continent (24,9 pts de moyenne). Small forward de grande taille (2,08 m) doté d’une magistrale capacité de shoot à longue distance, il a même été épinglé parmi les prétendants au titre de MVP de la saison régulière 2003/04 (il fini 4ème du vote), ce qui pour un pur shooteur est d’une rareté invraisemblable (de mémoire, je ne connais aucun joueur de ce type qui a eu droit a pareil honneur. Ray Allen who?). Malheureusement, cette année-là ressemble plutôt à une exception dans la -superbe malgré tout- carrière du tireur d’élite serbo-grec. Aucune autre saison ne sera aussi fabuleuse, seulement excellentes, jusqu’à ce que l’âge et les blessures commencent à sérieusement émousser ses capacités.
Hé oui, lui aussi fait partie de cette draft. Retrouver un joueur qui a été élu deux fois consécutivement meilleur joueur de la saison si loin dans la draft ressemble à une hérésie. Mais pour être honnête, ce qu’on qualifierait d’hérésie serait de clamer en 1996 que ce petit meneur canadien sorti d’une fac inconnue (Santa Clara) deviendrait un double MVP NBA. Nash n’a véritablement explosé qu’à l’âge de 26 ans (le travail paie) et à Dallas où il avait été envoyé entre temps. Après avoir fait les beaux jours de l’équipe texane aux côtés de Dirk Nowitzki et Michael Finley dans le jeu ultra-offensif prôné par Don Nelson, le canadien est retourné à Phoenix (les Mavs ne voulaient pas lui filer un trop gros contrat parce qu’il s’approchait un peu trop de la trentaine), passant du run and gun de Nelson à celui de Mike D’Antoni. La suite, c’est deux titres de MVP et l’épopée merveilleuse mais inachevée d’une équipe offensive et spectaculaire qui avait une vraie chance de prétendre au titre. Néanmoins, je ne sais pas si il existe dans l’histoire de la NBA un double MVP (j’insiste sur le double) plus contestable que Steve Nash: inexistant en défense, incapable de jouer autrement que dans un jeu ouvert et débridé et aucune finale NBA à son actif. Quand on sait que le Shaq n’a eu le loisir de mettre la main sur ce trophée qu’une seule fois, ça assombrit un peu la lumière qui éclaire les titres du meneur canadien.
Pick n°16 for the Charlotte (futur New Orleans) Hornets: Tony Delk
Cas classique de l’arrière shooteur coincé dans le corps d’un meneur (1,85 m). Excellent joueur universitaire dans cette fabuleuse équipe de Kentucky’96 aux côtés d’Antoine Walker drafté en n°6 (l’arrière avait d’ailleurs été élu meilleur joueur du tournoi NCAA), il a dû se contenter d’être un solide joueur de rotation au cours de ses 10 ans de carrière dans la ligue (9,1 pts de moyenne). Comme tant d’autres, il n’a jamais réussi à faire la transition vers le poste de meneur (comme a réussi à le faire Chauncey Billups), ni s’imposer comme un arrière shooteur titulaire malgré sa petite taille (comme à réussi à le faire Allen Iverson). A planté 53 points à 20/27 aux tirs un soir de 2001.
Pick n°17 for the Portland Trail Blazers: Jermaine O’Neal
Pick n°18 fot the New York Knicks: John Wallace
Printemps 1995, John Wallace, star universitaire qui vient de boucler sa troisième année à Syracuse, pense se présenter à la draft mais il repousse son grand saut d’un an après avoir reçu trop de retours négatifs de la part des franchises NBA. C’est son shoot qui pose question. L’ailier remballe sa fierté, retourne à l’université et bosse son tir. Lors de cette année senior, Wallace fera exploser les attentes. Il porte son équipe jusqu’en finale du tournoi NCAA, s’impose comme l’une des stars de la saison et surtout, rentre ses shoots longue distance avec régularité.
Printemps 1996, l’Orangeman est encensé de tout part et semble être promis à une place dans le top 10 de la draft. Au minimum. Face à une cuvée de prétendants à la grande ligue qui n’a jamais été aussi jeune et aussi peu mûre, tout le monde prend Wallace en exemple. Lui est resté en NCAA pour travailler son jeu et gommer ses lacunes. Il est devenu un vrai joueur de basket dont le talent a été poli par les douces années universitaires, loin de ces « homme-enfant » pas fini aux yeux plus grands que le ventre que sont ces sophomores, Allen Iverson, Antoine Walker, Samaki Walker ou encore Lorenzen Wright. Et on n’ose évoquer les freshmen (Shareef Abdur-Rahim, Stephon Marbury) et les lycéens (Kobe Bryant, Jermaine O’Neal).
Toutefois, l’exemple tant loué, la figure de proue du « stay in school » échoue lamentablement à la 18ème place de cette draft dominée par des gamins irrévérencieux. Son attitude critiquable durant toutes les épreuves d’avant draft en serait la cause (arrogant, peu impliqué, etc…). Qu’importe, l’ailier de Syracuse est en NBA maintenant et il va pouvoir faire l’étalage de ce qu’il a appris durant ses quatre années de NCAA. Seulement, il se retrouve dans une équipe où il ne fait pas bon être un rookie (Jeff Van Gundy alors coach des Knicks nous fera la preuve de son amour pour les nouveaux entrants avec les Rockets en envoyant le prometteur Rudy Gay chez les Grizzlies contre le jeune vétéran Shane Battier parce que « les rookies font virer les entraîneurs » ; parallèlement, Patrick Ewing, Charles Oakley et John Starks sont là pour enfin gagner un titre et les débutants n’ont donc rien à faire sur le terrain).
John Wallace est envoyé à Toronto après une saison famélique, réussit un excellent exercice (14 pts/match) dans une équipe en grande difficultés (16 victoires, 66 défaites) mais sombre totalement après cette fulgurance (8,6 ; 6,5 ; 5,9 ; 5,0 puis 4,3 pts/matchs lors des cinq saisons suivantes et un club différent quasiment à chaque fois). John Wallace est l’anti-Jermaine O’Neal : une star universitaire resté 4 ans en NCAA, étendard du « stay in school », qui se viande misérablement en NBA. L’exemple Wallace a-t-il eu lui aussi une influence sur les décisions futures des franchises de la ligue professionnelle américaine ?
Pick n°19 and n°21 for the New York Knicks: Walter McCarty and Dontae Jones
En cette année 1996, New York possédait trois choix de draft au premier tour. Le choix n°18, 19 et 21. Comme une brève évocation de ce que sera leur destinée, les Knicks vont sélectionner trois small forwards. De ces trois joueurs (John Wallace, Walter McCarty et Dontae Jones), y en a-t-il un seul dont le nom vous est vraiment familier ? Non, hein ? Cela vous étonne-t-il vraiment ? Non, bien sûr. Comment trois rookies occupant le même poste drafté au premier tour, au même stade de la draft, pouvaient-ils ne pas se gêner entre eux ? Avec trois picks pratiquement consécutifs, New York a complètement gâché la possibilité de renforcer efficacement son équipe vieillissante et a peut-être même fait pire que si elle n’avait eu qu’un seul choix de draft. Le premier signe de sénilité de la franchise et personne n’y a prêté attention.
Pick n°20 for the Cleveland Cavaliers: Zydrunas Ilgauskas
Cleveland drafte ce joueur lituanien qui joue encore au pays et on comprend rapidement pourquoi. Ilgauskas mesure 2,20m et possède des mains en or filé dans de la soie. Sauf que ce que la nature donne d’une main, elle le reprend de l’autre. Le Colosse repose sur des jambes faites d’argile. Les blessures ont rythmé sa carrière, réduisant à néant le peu de vitesse et de qualités athlétiques qu’il avait, amincissant son temps de jeu et laissant en permanence planer les incertitudes sur la façon de construire une équipe autour de lui. Ilgauskas a malgré tout réussi à se frayer un chemin au travers de ses pépins physiques pour délivrer une bien jolie carrière. Je pense qu’on peut le dire, le géant a marqué la mince histoire des Cavaliers. Une histoire finalement positive qui aurait très bien pu se glisser dans la catégorie bien plus triste des gâchis.
Pick n°22 for the Vancouver Grizzlies: Roy Rogers (intérieur qui aurait pu devenir un joueur de rotation intéressant mais il n’a jamais réussi à se faire sa place dans la ligue. Rarement sur le terrain, souvent inclus dans des trades, il est parti jouer en Europe après 3 années dans la ligue).
Pick n°23 for the Denver Nuggets: Efthimios Rentzias (le plus grand espoir grec de l’époque. N’a posé les pieds sur un parquet NBA que quelques minutes lors de la saison 2002-2003 sous les couleurs des Sixers. D’ailleurs, à part quelques bons moments, sa carrière sur le Vieux Continent n’a jamais été à la hauteur des attentes).
Pick n°24 for the Los Angeles Lakers: Derek Fisher
Pas forcément attendu à cette place de la draft, issu d’une petite université, l’Amérique avait découvert un bon petit meneur remplaçant lors de son année rookie. Mais la suite fut sensationnellement plus surprenante. Ce joueur n’a jamais aligné les stats et n’a même jamais tenu une place de titulaire de façon indiscutable. Et pourtant impossible de le décoller de l’histoire des Lakers. Derek Fisher a mis tellement de shoots décisifs dans la dernière ligne droite ou dans les derniers mètres de la course au titre suprême qu’il est absolument indissociable de chacun des titres des LA depuis qu’il est en ville. Cette année, c’est lui qui renverse la vapeur dans le match 7 face à Boston (vous aussi vous saviez que les chances de victoire finale des Celtics allaient prendre un coup lorsque le meneur vétéran à commencé à armer son shoot sur la passe de Gasol, hein?). L’an dernier, le game 4 a la charge de déterminer si Orlando peut encore prendre le titre aux violines et or (LA mène deux victoires à une) et Fisher est là pour mettre le shoot qui envoie son équipe en prolongation puis au terme des cinq minutes d’overtime celui qui tranche la carotide du Magic. Voilà pour les faits d’armes des deux dernières années, toutes les deux concrétisées par un titre. Mais je ne pouvais pas ne pas revenir sur son panier clutch le plus impressionnant de sa carrière (de l’histoire?) survenu lors la série de playoffs plongée au coeur de la rivalité entre des deux armadas les plus titrées de la décennie. Los Angeles – San Antonio, Game 5, les deux équipes se regardent dans le blanc des yeux avec deux victoires chacune. Les Spurs mènent 73 à 72, il reste 4 dixièmes de seconde après le temps mort pris par LA et la remise en jeu au milieu du terrain. 4 dixième, ce lap de temps qui ne me laisse même pas le temps de dire « ils ne le mettront jaaaamais », Derek Fisher shoote et rentre le panier qui donne la victoire à son équipe. San Antonio ne s’en remettra pas et laissera les Lakers partir en finale. Derek Fisher, sorti d’Arkansas- Little Rock possède 5 titres de champion NBA à son actif et il est le seul joueur qui peut l’ouvrir face à Kobe Bryant. Qui dit mieux?
Pick n°25 for the Utah Jazz: Martin Müürsepp (transféré à Miami contre un futur premier tour de draft, il était absolument inconnu au bataillon par les américains au moment de sa sélection comme en témoigne le commentaire de l’animateur au moment de sa sélection: « from Estonia, 6’9, 238, that’s all I know ». Il est le premier et jusqu’à ce jour le dernier joueur estonien à avoir porter un maillot NBA. A près deux saisons discrètes, il est retourné en Europe où il a réalisé une solide carrière).
Pick n°26 for the Detroit Pistons: Jerome Williams (Excellent rebondeur, il a passé 9 saisons dans la ligue en tant que précieux role player).
Pick n°27 for the Orlando Magic: Brian Evans (crédité d’une grosse année senior dans la fameuse université d’Indiana, cet ailier qui s’appuyait avant tout sur la qualité de son shoot n’a jamais réussi à avoir un impact en NBA et a quitté la ligue au bout de trois saisons pour poursuivre sa carrière en Italie et au Japon).
Pick n°28 for the Atlanta Hawks: Priest Lauderdale
Juste pour le plaisir. 2,24m 147 kg. Le genre de gars qu’on ne peut pas s’empêcher de prendre dans son équipe quand on joue à NBA Live ou 2k. Drafté après avoir joué dans une petite université et en Grèce (à Peristeri), Lauderdale était un pari qui n’a rien donné mais vu ses mensurations extravagantes, on ne peut pas en vouloir à Atlanta d’avoir essayé. Après deux années stériles dans la grande ligue, le colosse a rentabilisé ses centimètres et ses kilos dans de petites ligues européennes (il a même reçu la nationalité bulgare), en Chine et au Moyen Orient où il jouait encore l’an passé aux dernières nouvelles.
Pick n°29 for the Chicago Bulls: Travis Knight (sa carrière NBA débute bien mal puisque les Bulls ont renoncé à leurs droits sur ce 29ème pick juste après l’avoir sélectionné -de mémoire, c’est la seule fois qu’une telle chose s’est passée dans l’histoire récente de la draft. Le vaillant intérieur de Connecticut s’est réfugié chez les Lakers où il s’était plutôt bien intégré dans la rotation même si il a fini par être rétrogradé au rang de sparing partner après deux saisons. Fort de 7 saisons dans le championnat américain, il a fait partie de l’équipe championne en 2000).
Parmi les joueurs draftés au second tour, on peut citer l’ex Tar Heel de North Carolina, Jeff McInnis (11 saisons en NBA dont 3 à plus de 10 points de moyenne), Malik Rose (intérieur sous-dimensionné mais incroyablement précieux qui compte deux titres NBA avec San Antonio parmi ses13 saisons dans la ligue), Marcus Brown (peut-être le meilleur joueur américain de l’ère moderne de l’euroleague, son talent a aussi laissé une marque indélébile sur le championnat français), Jamie Feick (intérieur qui lorsqu’il parvenait à s’échapper de l’infirmerie s’était avéré être un rebondeur de premier plan) et Shandon Anderson (drafté en fin de second tour, il s’était sérieusement installé dans la rotation du Jazz d’Utah qui s’était invité en finale NBA cette année-là. Son rêve a tourné au cauchemar lorsqu’il a raté un lay-up importantissime dans le game 6, match qui donnera le trophée aux Bulls de Michael Jordan. A fait une sympathique carrière carrière oscillant autour de 8 pts de moyenne dont une pointe à 12 lors de ses 10 saisons NBA).
Comment un tel défenseur/rebondeur n’a-t-il pas pu trouver une place au moins au second tour de la draft? Premièrement, Wallace a débuté sa carrière universitaire par deux années de junior college (sorte d’institution intermédiaire entre le lycée et l’université pour ceux qui n’ont pas le niveau scolaire pour aller dans un college classique) au bout desquelles il a pu intégrer l’université de Virginia Union, en division II NCAA. Autrement dit, une exposition quasi nulle surtout pour un joueur à vocation défensive. Ensuite, Wallace est exclusivement un joueur de raquette mais il n’en a pas la taille (annoncé à 2,06m, lui-même affirmait être plus proche des 2,01m). D’ailleurs, invité en summer league par les Boston Celtics, il fut positionné en small forward (!) et forcément, il n’a pas vraiment attiré l’attention. Après un essai infructueux en Italie (le coach voulait quelqu’un de plus expérimenté), Wallace reçoit un coup de téléphone des Bullets (les futurs Wizards) qui ont besoin d’un intérieur supplémentaire pour la préparation d’avant-saison suite à la blessure du géant roumain, Gheorghe Muresan. Wallace impressionne et devient un NBAer, en marge de la rotation d’abord puis sérieusement (8,3 rebonds pour sa troisième saison). La suite appartient à l’histoire de la NBA. Comme cette homérique draft 1996.
kobe: imitation de MJ ce qu'il ne faut pas entendre chaque oueur jou son propre style!