« En route vers les J.O ! » Episode 2 : Ian Mahinmi

Comme vous le savez tous cet été l’équipe de France de basket-ball va disputer les Jeux Olympiques à Londres et retrouver l’élite des nations basket après plus de 10 années d’absentéisme.

Pour célébrer cet évènement Basket-infos va vous proposer chaque semaine, un portrait des différents acteurs majeurs qui nous font vivre le basket français chaque jour et qui nous font rêver depuis des années. Une occasion de découvrir autrement des personnalités qu’on écoute ou que l’on voit chaque semaine, mais de qui, finalement on ne connaît pas grand chose…

Cette semaine pour le deuxième volet de notre série, c’est un portrait consacré à un prétendant légitime de la sélection Française pour les Jeux Olympiques, champion NBA en 2011 avec les Mavs de Dallas, presque 10 ans de carrière à seulement 25 ans… Il s’agit bien sûr de Ian Mahinmi !

Ian signe sa première licence de basket à Rouen, en 2003, il débute sa carrière professionnelle dans le club du Havre où il joue pendant 3 années, durant lesquelles  il se fait « drafter » par les Spurs, cependant ces derniers le laissent continuer sa progression en France et c’est à Pau Orthez qu’il effectuera sa dernière saison Française, gagnant au passage la coupe de France. C’est en 2007 qu’il rejoint San Antonio, après une année dans l’effectif, il est envoyé chez les « Austin Toros » en D-league, pour développer son jeu, un passage remarqué qui le fera réintégrer l’effectif des Spurs pour sa dernière année.

A l’inter-saison 2010, Ian s’engage avec les Mavericks et devient Champion NBA la même année, il est le deuxième Français à jouer les finales NBA, après Tony Parker.

Cette année après le départ de Tyson Chandler pivot titulaire des Mavs, vers New York, il bénéficie d’un temps de jeu conséquent qu’il met directement à profit et s’impose à Dallas comme un bon rebondeur et joker offensif. Il va même jusqu’à obtenir sa première titularisation dans la foulée.

C’est tout naturellement que de telles performances, dans une année décisive de participation aux Jeux Olympiques, sont observées de près et amènent à réfléchir à une probable sélection en équipe de France.

C’est avec gentillesse et simplicité que Ian Mahinmi a accepté de revenir pour nous sur son début de saison, son éventuelle sélection en équipe de France, mais aussi beaucoup d’autres sujets… A lire et relire !

Pour commencer Ian, tu as été sélectionné en 28ème position lors de la draft 2005, est ce que ce fut une surprise pour toi d’être drafté si haut ?

« Non, je n’ai pas vraiment été surpris, cette année là ils m’ont pas mal scouté, ils étaient très présents et manifestaient un vrai intérêt pour moi, donc je n’ai pas vraiment était surpris. Si je n’avais pas été sûr, j’aurais pu retirer mon nom et attendre un peu… »

Est-ce que la transition entre le jeu Français et le jeu  Américain a été difficile pour toi?

« Pas spécialement, ça c’est plutôt bien passé, même si je commençais plutôt bien chez les Spurs, je suis passé en D-league chez les Austin Toros, et ça m’a permis de bien m’adapter, m’intégrer au jeu, aux systèmes… ça a vraiment été un excellent challenge pour moi, dans ma période d’apprentissage. »

Tu rejoins les Mavs en 2010 et pour ta première année, tu remportes le championnat aux cotés de Rodrigue, Dirk Nowitzki, Jason Kidd et d’autres, est ce qu’il y’avait réellement cet esprit revanchard par rapport à la finale perdue en 2006 face à Miami?

« Il y’a eu tout une polémique autour de ça et c’est pas forcément facile pour vous de voir ça de la France, mais à partir du moment où Miami et nous avons été en finale, ça a pris une ampleur énorme, on parle d’une revanche datant de 5 ans, mais si tu regardes bien, de l’équipe 2006, il ne restait que Dirk Nowitzki et Jason Terry, donc au final pour les 3/4 de l’équipe c’était un vrai nouveau challenge et il n’y avait pas trop cet esprit de revanche. »

Penses-tu que tes bonnes performances de ce début de saison sont dûes au départ de Tyson Chandler ?

« C’est sûr pour moi, le départ de Tyson y est pour beaucoup, mais c’est aussi une motivation personnelle, tu cours après ça, tu veux donner le meilleur et arriver en forme pour la saison, alors je me suis  bien préparé, en me disant que j’avais une opportunité et qu’il fallait que je la saisisse. »

Le lock-out à t-il été une bonne chose pour toi au niveau personnel ? 

« Oui j’en ai profité, premièrement au début j’ai fêté le titre de champion, j’ai pris un peu de vacances. Après normalement l’été je suis en équipe de France, mais n’étant pas sélectionné cette année, j’en ai profité pour travailler, je suis rentré chez moi et j’ai bossé et bossé pour me préparer au mieux, je suis retourné au Havre pour continuer de travailler et être prêt au maximum. »

Tu as démarré un match en tant que starter pour la première fois de ta carrière NBA cette année, est-ce que tu as ressenti une pression particulière ? 

« Non pas trop de pression, tout le monde veut « starter » dans cette ligue en tant que compétiteur, jusqu’a présent je suis content de ce qui se passe, la blessure de Brendan m’a donné une opportunité, j’en profite et j’espère qu’il y’en aura plein d’autres dans ma carrière… »

Durant le match samedi dernier face à Cleveland(ndlr: samedi 4 février) vous êtes quatre joueurs (ndlr: Yi Jianlian,Ian Mahinmi, Brian Cardinal et Dominique Jones) à n’être pas entrés sur le terrain, est ce que tu sais pourquoi ?

« Non j’ai  pas du tout d’explications, je ne peux pas dire pourquoi, le coach fait ses choix et ses ajustements, mais nous n’en parlons pas du tout avant, ni après d’ailleurs. »

Tes bonnes performances actuelles vont t’offrir un nouveau statut et t’ouvrir de nouveaux horizons, si tu devais partir de Dallas, quelle équipe aimerais tu rejoindre ?

« Pour l’instant ce n’est pas du tout d’actualité, je suis bien à Dallas, tout se passe bien, je me pose pas encore la question, chaque chose en son temps, pour l’instant je suis là, on pense déjà à conserver notre titre de champion et on verra en tant voulu si il y’a des propositions intéressantes, mais pour l’instant je suis concentré sur l’équipe. »

Est-ce qu’il est difficile pour l’équipe, de jouer tous les soirs devant des adversaires toujours très motivés à tomber le champion, avec des nouveaux joueurs à intégrer et un calendrier très difficile ?

« Oui mais ça c’est toujours pareil, tous les soirs tu joues des équipes qui veulent battre le champion en titre, on est souvent attendu, souvent les équipes en face font un gros match contre nous,mais c’est à nous de répondre de la meilleure des manières sur le terrain. On sait très bien que c’est toujours plus dur de garder un titre que de le gagner, après c’est sûr que ce n’est pas facile d’intégrer des nouveaux joueurs mais tout ça c’est des excuses, on est une équipe avec beaucoup de joueurs talentueux, on avait trouvé un bon petit rythme pendant quelques matchs, et puis là on vient d’en perdre 3 d’affilée, ça fait mal, mais le but c’est de retrouver le fond de jeu qu’on avait jusqu’aujourd’hui, notre swagg, notre défense, mais si on retrouve tous ça, on sera vraiment une équipe difficile à battre. »

Est ce que tu peux nous raconter un peu, comment se passe une journée d’avant match ?

« En général avant les matchs moi j’ai ma petite routine, le matin on a un shoot around suivi souvent d’une séance vidéo avec un petit film sur l’équipe adverse pour analyser les systèmes, les joueurs etc… Après ça on va sur le terrain on parle de la stratégie du match en attaque et en défense. Ensuite moi la journée avant les matchs j’aime bien manger ma « César salad », ou du poulet avec de la sauce blanche ça c’est mon repas d’avant match, et puis  très souvent, après ça une ptite sieste, quand je me lève j’aime me mettre un peu de musique, une douche et après je pars à la salle tranquille… »

Est ce qu’il y’a des joueurs qui t’impressionnent dans la ligue ?

« Je ne dirais pas le mot « impressionner », j’aime pas trop ce mot, j’évite de le mettre dans mon vocabulaire,  on est d’abord des compétiteurs, quand tu joues contre eux, que tu les affrontes, tu ne peux pas être impressionné, après c’est sûr qu’il y a des joueurs qui ont démarré  la saison très très fort, je pense aux Kevin Love, Blake Griffin et d’autres… Mais comme tous les ans dans la ligue, y’a toujours un top 10 qui est présent : les « Kevin Durant », « Derrick Rose », « Lebron James », tous ces gars font toujours des grosses saisons… »

Des joueurs difficiles à défendre ?

« Ah oui les intérieurs scoreurs, c’est souvent les plus difficiles, moi je défend les « 4 » et les « 5 », c’est des petits challenge pour moi de défendre sur des Bynum, Griffin, ou même la doublette d’Utah Millsap/Jefferson… Mais j’aime bien défendre donc c’est le genre de défis qui m’interessent, mais  pour l’instant ça se passe bien on est une des équipes qui donnent le moins de points dans la raquette, il faut continuer comme ça… »

Quels sont les joueurs qui t’ont marqués, qui t’ont inspirés ?

 « J’étais vraiment fan du « Dream » (ndlr: Hakeem Olajuwon), sinon des joueurs qui m’ont inspirés en termes d’activités avant d’arrivé dans la ligue, j’aimais beaucoup Amare Stoudemire à ses débuts à Phoenix, le Big Ticket époque Minnesota et d’autres joueurs comme ça, débordants d’activités. »

La première fois que tu les as joués? 

« A ce moment là tu penses pas trop à ça, quand tu joues contre eux tu ne dois pas penser à tout ça, tu penses à la stratégie qui à été mise en place, tu reste concentré pendant les 48 minutes, c’est sûr la première année tu peux regarder un peu et te dire « wahouu »  Shaquille O’Neal, Alonzo Mourning, Kobe, Lebron… Mais après tu reste fixé à ton objectif sur le terrain, et puis maintenant que j’en suis dans ma cinquième année c’est devenu un peu la norme. « 

Ton meilleur souvenir de carrière ?

« Définitivement le titre de champion, les dernières secondes du dernier match sont très longues où tu sais que tu vas être champion, le moment où tout le monde se courent dans les bras, quand tu rentres dans les vestiaires il y’a le champagne, les bières, la soirée entière c’etait génial… Quand tu sais que  sur les 30 c’est ton équipe qui est la dernière, tu es heureux parce qu’une  saison NBA c’est long, y’a des moments de doutes, des fois où tu te sens invincible, donc quand tu arrives au bout c’est génial. « 

Est-ce que tu as eu la même émotion à la remise des bagues, durant la cérémonie de la bannière ou à la maison blanche ?

« Non pas la même émotion, bien sûr tu es ému, mais rien ne remplace cette émotion sur le terrain les derniers instants avant d’être champion, surtout que pour Dallas c’était le premier titre de la franchise et le fait de faire partie de cette équipe c’est des moments inoubliables, assister au premier titre des joueurs comme  Jason Kidd, Dirk Nowitzki c’est extra ! »

Physiquement, est-ce que tu ressens la fatigue de la saison raccourcie ?

« Pour l’instant ça va, je m’occupe beaucoup de moi, je mange bien, je fais attention à mon corp, beaucoup de massages, des bains froid, je mets vraiment l’accent sur mon hygiène de vie, dans cette saison c’est crucial, avec la répétition des matchs il faut être rigoureux et  tout doit être pris au sérieux pour éviter les blessures, nous on a pas été epargné jusqu’à présent mais on doit continuer a se battre et ça va aller pour nous. »

Est ce qu’il y’a eu des coups de gueule du coté des joueurs, coachs, propriétaires quand vous avez découvert que le calendrier était si complexe?

« Non pas vraiment, on fait ça aussi pour les fans je pense que c’est super d’avoir cette opportunité d’avoir du basket presque tous les jours, meme pour nous c’est bien on aime jouer, être sur le terrain on kiff, et puis tu sais aussi qu’il y’a beaucoup de matchs… Si tu en loupes un tu peux te rattraper dès le lendemain ou deux jours après. C’est notre métier on est déjà assez bien payé pour ça… »

Pour en revenir à l’équipe de France, est ce que les J.O de Londres sont dans un coin de ta tête ?

« Oui comme tu le dis, c’est quelque part dans un coin de la tête, mais comme je l’ai déja dit, ce n’est pas de mon ressort je suis pas dans le cas d’un Tony Parker ou Boris Diaw ou Nicolas Batum, si j y étais, oui j’aurais les J.O en tête énormément, mais pour moi c’est une situation différente, pour l’instant je me sens bien, je vais voir, en plus ce n’est pas facile il y’a plein de gars en forme, j’aimerais pas être a la place du sélectionneur, mais bon ça reste des bons problèmes… Plus ça va approcher plus j’aurais des renseignements et on verra mais oui c’est dans un coin de ma tête… »

Comment as tu vécu le dernier championnat d’Europe, est ce qu’il y a eu un peu de frustration de ne pas y être?

« Je n’ai pas été frustré, je l’ai vécu a 100%, on a suivit tous les matchs depuis Dallas avec Rodrigue, on était très fiers et puis on les avait après chaque match, on les encourageait, c’est une fierté de voir ce qu’il ont accomplis. « 

Réellement est-ce que Mark Cuban s’oppose à ce que vous jouiez avec l’équipe nationale ?

« Les équipes n’ont pas le droit d’interdire à un joueur de représenter son pays, alors non il ne s’y oppose pas vraiment, quand il faudra y aller je pense pas qu’il s’y soit contre, c’est les Jeux Olympiques il sait que ça fait partie de la vie d’un joueur et que c’est une chance énorme. »

Pour finir si tu avais des pronostics à donner pour les champions, finalistes et MVP dans le championnat de Pro A et en NBA ?

 « (rires)Alors… Pronostics! C’est marrant on en parlait avec Rodrigue, il y’a peu de temps, alors pour moi en champion je vois bien Gravelines-Dunkerque, en finale contre Paris Levallois, ce serait la petite surprise du chef. Le MVP je le donnerais sans hésiter à Fabien Causeur, même si Taylor Rochestie fait une grosse saison, ainsi qu’ Andrew(Albicy), ou encore Edwin Jackson qui n’est pas loin derrière, je vais mettre des notes(rires), A+, pour Fabien, A, pour Andrew et A-, pour Edwin…

Je mettrais une mention aussi pour Amara(Sy), dieu seul sait que Amara c’est mon gars et qu’il fait une bonne saison alors je lui donne aussi…

Concernant la NBA, je mettrais le remake : Dallas et Miami en finale…(rires), Champion: Dallas ! Et Dirk Nowiztki, MVP des finales, « again »(rires)… Le MVP de la saison je crois que c’est bien parti pour être Lebron James encore une fois, ce qu’il fait est monstrueux… »

Propos receuillis par Antoine Durand pour Basket-infos.