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Le Roi déchu

A l’heure où les rookies de 2009 sont dans l’obligation de signer une prolongation de contrat avant le début de la saison, sous peine de se retrouver libre l’été prochain, il en est un qui aurait du animer la chronique, déchaîner les passions et faire envie les fans de chaque franchise NBA. Pourtant il n’en est rien, et le malheureux Tyreke Evans semble se morfondre de plus en plus en terres Californiennes, avec ce jersey des Sacramento Kings sur le dos. James Harden lui a piqué la vedette dans les médias, et le titre officieux de meilleur rookie de cette cuvée, sans réelle contestation possible. Pire encore, Evans est dos au mur et doit se démener pour réaliser une saison assez satisfaisante pour lui faire obtenir un joli contrat. Quels problèmes, et surtout quelles solutions pour que le numéro 13 des Kings retrouve de sa superbe ? Analyse.

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Mais où est-il passé ? Où est-il ce fabuleux joueur qui avait éclaboussé toute la grande ligue de sa classe ? Ou est-il, celui qui était le King parmi les Kings ? Où est donc Tyreke Evans ? Aujourd’hui, Sacramento ne semble plus du tout compter sur lui pour être le nouveau visage de la franchise pour les années à venir, et chaque amateur de NBA se languit de revoir l’ancien Rookie of the Year retrouver le plus vite possible le fantastique joueur qu’il fut lors de son année rookie. Parce que des comme ça, on n’en fait pas beaucoup au plus haut niveau.

Rappelez-vous. Nous sommes en 2010, et Tyreke Evans soulève le trophée du ROY avec la plus grande légitimité du monde. Il faut dire que quelques mois plus tôt, le phénomène Tyreke Evans s’abat sur la ligue. Sélectionné en 4e position lors de la draft, il est le pick le plus haut à être d’entrée de jeu titulaire dans sa franchise : Blake Griffin se blesse pour toute la saison juste avant que celle-ci ne commence. Hasheem Thabeet réalise l’exploit d’être le joueur sélectionné le plus haut dans une draft à être envoyé en DLeague, et James Harden lui doit se contenter de sortir du banc, malgré son statut de troisième choix. Aussi, autant les Clippers, Memphis que OKC se mordent les doigts en ce début de saison 2009-2010, lorsque Tyreke prend le pouvoir. Cette génération 2009 se montrera très talentueuse tout le long de l’année : Brandon Jennings emmène les Bucks en playoffs, Stephen Curry tient la baraque à Golden State, Taj Gibson et Dejuan Blair se révèlent, une grande génération de meneurs talentueux débarque (Lawson, Collison, Holiday), et même un p’tit français fait parler de lui, Rodrigue Beaubois chez les Mavs.

Mais tout ça n’est rien en comparaison de Tyreke Evans. A coup d’éclats toujours plus impressionnants les uns que les autres, Tyreke attire à nouveau les projecteurs sur une équipe de Sacramento bien moribonde depuis quelques années. Bon scoreur, bon rebondeur et bon passeur, c’est un extraordinaire All Around Player pour un guard, un défenseur correct, athlétique, très vif, et déjà clutch. Il n’y a pas à dire, le débutant Tyreke Evans réalise une saison rookie tout bonnement historique, devenant seulement le quatrième rookie de l’histoire à compiler 20 points, 5 rebonds et 5 passes de moyenne, après Oscar Robertson, Michael Jordan, et Lebron James. Le Lebron des meneurs, voilà même son surnom. Seulement, ce n’est pas suffisant, et Sacramento encaisse 57 défaites cette saison là. Mais des raisons de se réjouir demeurent : ce n’était que la première saison de Tyreke Evans, qui va s’améliorer d’année en année et refaire de SacTown une grande franchise. De plus, les Kings obtiennent le 5e choix de la draft 2010, et sélectionnent le jeune pivot de Kentucky, DeMarcus Cousins, pour former un dynamic duo qui fait déjà rêver les kids de Californie.

Le 4e choix éblouit toute la NBA dès son arrivée. 

Il n’en sera rien, et la saison 2010-2011 ne sera la saison attendue pour les Kings, qui attirent l’attention des médias, mais pas forcement pour des bonnes raisons. DeMarcus Cousins se révèle être un véritable gamin, intenable et immature malgré son talent. Un déménagement de la franchise est d’actualité, et les proprios n’ont pas l’air d’être contre, malgré l’énorme boulot du maire de Sacramento et ancien meneur des Suns, Kevin Johnson, pour conserver la franchises dans la ville. Tyreke Evans ? On connait plus, ou presque. Les médias ne sont plus autant présent pour suivre chaque pas de Tyreke Evans, qui est en plus un peu en dedans sportivement. Tout d’abord, une blessure le limite à 57 matchs, et puis on le sent moins bien. Ses stats sont en baisse, il score moins, et même si il réalise le buzzer beater du début de la décennie contre Memphis, l’impression générale est mauvaise. Un goût un peu amer dans la bouche, signe d’une saison qui n’a pas répondu aux attentes. 58 défaites pour les Kings, le décollage attendu n’a pas eu lieu.

L’année dernière, pour sa troisième saison dans la ligue, les Kings ne feront guère mieux. 44 défaites seulement, mais dans une saison écourtée par le lock out à 66 matchs. Du coté de Evans, ses minutes en prennent un petit coup, et sa productivité continue logiquement de baisser. Et à l’heure actuelle, au moment où la saison 2012-2013 est sur le point de commencer, Tyreke Evans n’est clairement plus la priorité des Kings, et encore moins celui sur qui ils comptent pour être le futur de la franchise. A Sacramento, on mise sur DeMarcus Cousins, qui semble s’être un peu calmé, et qui surtout est une valeur montante à un poste ou les vrais talents se font rares dans cette ligue.

Le duo tant attendu n’a jamais brillé pour le moment …

Alors, comment expliquer ce phénomène ? Premièrement, c’est évidement le fait que Sacramento a rassemblé encore et encore toujours plus d’extérieurs dans son effectif. Rassembler une gros paquet d’individualité, plutôt que de former une équipe, c’est l’impression qu’ont laissé les Kings depuis deux ans. Tentative échouée d’imiter le Thunder ? On n’en sait rien, mais ça y ressemble en tout cas. Sacramento toujours plus avide de jeunes et bons basketteurs à se mettre sous la dent, Tyreke Evans, qui avait l’habitude en tant que rookie d’avoir le ballon dans les mains, de prendre le scoring à son compte et de distribuer le jeu (presque 6 passes de moyennes dans sa première année), s’est vu entouré par une escouade de jeunes loups qui cherchent à faire leur stats pour certains, où qui lui piquent du temps de jeu et de la marge de manoeuvre dans le meilleur des cas. En tant que sophomore, Sacramento lui met dans les pattes un Marcus Thorton pas effrayé le moins du monde de shooter, et qui finit meilleur scoreur mais surtout le joueur qui prend le plus de shoot par match, alors que le garçon est arrivé en cours de saison … Belle machine à stats en somme, qui vient couper Evans dans sa progression. C’est ensuite Jimmer Fredette, John Salmons, le fantasque Terrence Williams, et même l’émergence d’un Isaiah Thomas qui viennent embouteiller le secteur extérieur des Kings la saison dernière. Tyreke tombe à 34 minutes pour 16 points et quelques, contre presque 38 et 20 unités dans sa saison rookie, mais plus important encore, un manque de confiance flagrant envers le ROY 2010.

Un autre problème important dans la progression d’Evans, son shoot de moins en moins fiable. Sa mécanique n’est pas des plus jolie, ni des plus académique qu’il soit, et cela s’en ressent. Si il aspire à redevenir une force dans cette ligue, cela passera par le travail de son jump shoot, à l’image de très nombreux jeunes talents récements (Evan Turner par exemple, ou Michael Kidd-Gilchrist cette année). Si en carrière il tourne à un très correct 44%, c’est surtout à longue distance que le bât blesse : 25% en carrière, et un inquiétant 20% l’an passé … Enfin, le plus gros souci de Tyreke Evans, c’est sans doute qu’on ne sait pas à quelle poste il évolue. C’est simple, le garçon n’a tout simplement pas de position en NBA, et se balade sur les postes 1, 2, et 3 depuis son arrivée dans la ligue. Après sa saison rookie, beaucoup voulaient le voir moins souvent avec le ballon dans les mains, d’autres dans un rôle carrément de meneur de jeu. Ce qui est sûr, c’est que c’est lorsqu’il a la gonfle dans les mains qu’il est le meilleur. S’il joue avec un meneur dans le back court, ce ne sera pas le cas, et de toute façon n’a pas les capacité pour jouer le catch & shoot. Sur le poste 3, il rend tout de même quelques centimètres aux autres Small Forward de la ligue, pas l’idéal défensivement.

Au final, quel est le poste de Tyreke Evans ? .

Alors, quel avenir pour le King ? Sacramento ne compte apparemment pas le prolonger avant la reprise, et attend de voir si il peut sortir une grosse saison avant de lui offrir un contrat. Ce qui semble difficile vu l’embouteillage à nouveau de jeunes (croqueurs ?) extérieurs chez les Kings (Thorton, Outlaw, Fredette, Thomas, Salmons, Garcia, et Aaron Brooks). Cette saison encore, il ne devrait pas évoluer meneur, et c’est sa capacité à scorer qu’on suivra d’un coin de l’oeil, tout comme ses capacités au shoot. Mais si il y a bien une certitude sur la saison prochaine de Tyreke Evans, c’est qu’il aurait tout intérêt à faire ses valises l’été prochain.

Sacramento fait de toute évidence partie de ces franchises incapables de gérer les jeunes joueurs, ou de faire correctement une reconstruction. A l’image de Minnesota ces dernières années, les Kings continuent d’accumuler les jeunes talents sans véritable cohérence, et ont laissé les rares joueurs qui améliorent le collectif. Omri Casspi, lui aussi un rookie de 2009, était un ailier complet et intéressant, qui n’allait certainement pas se mettre à prendre 18 tirs en moyenne comme l’à fait un Marcus Thorton par exemple. JJ Hickson, obtenu en contrepartie de Casspi à Cleveland, a rongé son frein sans avoir de réelle opportunité chez les Kings, et s’en ira briller à Portland en cours de saison, tout comme il l’avait fait chez les Cavs avant d’atterrir chez les Kings … Tout comme l’excellent Carl Landry, si précieux dans la raquette, envoyé chez les Hornets contre Thorton. Les exemples sont nombreux malheureusement, et la franchise Californienne n’est pas près de retrouver sa gloire d’antan managée de la sorte.

Thorton, parmi tant d’autres, à sérieusement freiné la progression de Tyreke Evans.

Quelles options donc pour Tyreke Evans ?  D’accord pour partir, mais partir où ça ? Sans pour autant dire « n’importe où tant que ce n’est pas Sacramento », de nombreuses franchises pourraient être intéressées. Car le garçon à certes un peu déçu, par rapport à ce qu’on attendait de lui, mais il n’en demeure tout de même pas moins un énorme talent. Un des meilleurs All Around player de la ligue parmi les guard, bon athlète, et bon scoreur. Excellent en pénétration, il distribue également les posters à l’occasion (Gary Neal s’en souvient) et demeure une bon dribbleur. Aussi, il ne serait pas étonnant de voir les franchises se le disputer. On peut citer les Bobcats, en pleine reconstruction, pourquoi pas Phoenix, qui voit ses rêves d’obtenir James Harden s’éloigner. Il faudra garder un oeil sur le fantasque Mark Cuban et ses Mavs, selon comment tourne l’expérience OJ Mayo, et de même à Cleveland si Dion Waiters s’avérait être la déception que beaucoup craignent. On ne peut pas ne pas citer Orlando, et sa situation pour le moins en reconstruction après le fiasco du Dwightmare.

Parmi les franchises en reconstruction, Detroit pourrait également être une option. Alors que Joe Dumars a commencé à reconstruire de zéro avec les talentueux Brandon Knight à la mène, Greg Monroe et Andre Drummond dans la raquette, un Tyreke Evans trouverait facilement sa place au sein de l’effectif. Lui qui aime avoir le ballon dans les mains pourrait être servi, puisque Knight est un bon meneur mais pas franchement un distributeur du jeu, plutôt dans un profil de meneur shooteur capable de dégainer à longue distance. Il aurait en tout cas le champ libre dans le Michigan pour retrouver un second souffle. Enfin, tout comme pour James Harden on évoquait la possibilité de le voir revenir à Phoenix, lui qui a évolué à Arizona State en fac, Tyreke Evans pourrait lui aussi choisir l’option de rentrer à la maison, dans le Tennessee. Originaire de Pennsylvanie, c’est à Memphis qu’il a joué au niveau universitaire, et les Grizz’ sont à la recherche d’un arrière scoreur depuis le départ de Mayo. Le soucis sera la masse salariale, vu que Memphis a déjà proposé de très jolis contrat à ses cadres (Conley, Gay, Randolph, Gasol), mais sait-on jamais.

Universitaire à Memphis, les Grizz’ l’avait snobé durant la draft au profit d’Hasheem Thabeet …

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Impossible donc, en voyant jouer Tyreke Evans aujourd’hui encore, de ne pas se souvenir de l’incroyable rookie qu’il fut il y a deux ans de cela, et donc de ne souhaiter rien d’autre que de le voir retrouver ce même niveau. Le souvenir impérissable de sa première saison de grande classe semble ne devenir au fil des années qu’un simple coup d’éclat plutôt que le lancement d’une carrière de géant, comme on se plaisait à l’imaginer. Pourtant les raisons de se rassurer demeurent nombreuses : il reste un fantastique athlète pour sa taille, et ses qualités de basketteur sont indéniables. Grand talent qui ne demande qu’à s’exprimer, peut être que la seule chose dont Tyreke Evans a besoin à l’heure actuelle est de retrouver un peu de confiance, ailleurs qu’à Sacramento où on ne semble pas vouloir lui accorder. Et sans doute reverra-t-on son fantastique potentiel entrevue lors de ses débuts, s’exprimer à sa juste valeur cette fois ci.

Et puis, il n’a que 22 ans le môme …

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7 réflexions sur “Le Roi déchu

  • 12AsV12

    Superbe article!
    Qui m'attriste un peu d'ailleurs car j'aime Evans mais bon on verra ce qu'il va faire!

  • Spitles

    On veut des articles comme celui-là plus souvent !! :)
    Et pourquoi pas à OKC ? Il reprend le rôle d'Harden vu qu'il a presque les mêmes qualités..

  • Basket Infos

    merci pour Guillaume!

  • Basket Infos

    Oué je suis d'accord on en veut plus ^^

  • Nuggets_77

    c dommage j'aurai aimé qu'il passe plus de temps a SacTown mais il vont surement le transferait

  • DRoseRises

    Bel article (après celui sur Harden) ça fait plaisir.

    Il doit partir. A Sacramento plus rien ne lui est promis et on ne compte plus vraiment sur lui.
    A Détroit je doute qu'il ait beaucoup de temps de jeu. Alors qu'au Bobcats c'est sûr qu'il pourra faire le plein de confiance. Mais pas la destination idéale selon moi. Aller à Cleveland servirait à freiner la progression des nouveaux joueurs (comme il en a eu la mauvaise expérience).
    Orlando me parait une bonne destination. La franchise doit se reconstruire tout comme Evans.
    A Portland en poste 2 pourrait être aussi une solution.

  • yannick

    Si je serai lui jirai aux clippers vu que je pense ce qu'il lui faut c'est jouer avec un excellent meneur comme Paul.

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