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[A la découverte de] Mory Correa, pivot de l’Elan Béarnais

Après la LFB avec Charline Servage, Basket Infos vous enmène en Pro B à la découverte d’un joueur qui n’a pas eu la carrière qu’il méritait. Parmis les meilleurs joueurs de sa génération étant jeune, Mory Correa a débarqué à l’Elan Béarnais Pau-Lacq-Orthez en tout début de saison avec derrière lui une expérience qu’il va nous faire partager entre les rêves de NBA en jouant en NCAA face à Danny Granger et Andrew Bogut et les galères de temps de jeu à son retour en France.

Actuellement blessé au mollet, il en a profité pour répondre à nos questions.

C’est parti !!

Bonjour Mory, comment vas-tu malgré la blessure ?

Bonjour, c’est pas évident cette blessure surtout à ce moment-là de la saison. Je me suis blessé au mollet, une déchirure, maintenant j’ai six semaines d’arrêt, donc voilà je suis patient, mais bon pas si patient que ça. Je suis impatient de revenir sur le terrain, mais il faut que je prenne le temps et que je travaille mon corps pour revenir plus fort que je ne l’étais avant.

Tu t’es blessé comment ?

Quand je suis arrivé ça faisait deux-trois semaines que j’avais rien fait en raison des entraînements ratés à cause du dépôt de bilan (NDLR : celui de Liévin en N1, club avec lequel il avait signé pour la saison), donc je n’avais pas fait grand-chose, juste de la muscu et je courrais un petit peu mais sans être intensif. Après quand je suis arrivé ici, direct j’ai enchaîné les entraînements, longs et physiques, ça faisait longtemps que je n’avais pas fait ça, donc j’étais hors de forme. La blessure s’est passée à l’échauffement de la deuxième mi-temps de mon deuxième match, sur un layup « bam » ça a tiré.

Tu devais commencer ta saison à Liévin qui a déposé le Bilan, pour te retrouver à Pau … un coup du destin ?

Ça ne m’a pas fait plaisir de partir de Liévin, on avait de bonnes ambitions pour la saison et un bon groupe. Après ça fait quelque chose d’être appelé par un grand club comme celui de Pau, surtout quelques jours après le dépôt de bilan.

Ca fait quoi de porter le maillot de l’Elan Béarnais ?

Ben faut pas se leurrer, ça fait super plaisir, ce n’est pas n’importe quel club.

L’objectif affiché du club est la montée, vous en avez les moyens ?

Franchement avec les joueurs en place et les systèmes du coach c’est certain, on a les moyens. Après cette saison de Pro B est dense, il y a de grosses équipes comme Antibes, Lille ou Aix Maurienne.

Je t’ai découvert en 2000 lors du Nike Camp à Bercy. Tu fus désigné MVP de l’évènement, quelles étaient alors tes aspirations pour ta carrière ?

Ben écoute à ce moment-là ça ne faisait pas longtemps j’étais dans le milieu. J’étais jeune, on ne rêvait pas encore de NBA, mais c’est ce camp qui m’a permis d’aller aux USA.

Il y avait une belle génération avec par exemple Raphael Desroses ou Ahmed Fellah, t’es toujours en contact avec eux ?

Surtout avec Raphaël Desroses avec qui j’étais en espoirs à Poissy, après Denis Lopo je l’ai perdu de contact quand il est parti aux Etats Unis, et Ahmed aussi un peu.

Malheureusement cette génération, on n’a pas explosé comme on aurait dû.

Ensuite grâce au camp Nike tu as été en Junior College. En France on entend du bien et du moins bien sur les JuCo, toi ça t’a plutôt bien réussi, tu conseillerais quoi aux jeunes français qui veulent passer par les Juniors Colleges ?

En JuCo, le plus important c’est d’être dans une des meilleures conférences, celles qui ont le plus d’exposition. Moi j’étais dans celle du Kansas, et il y avait beaucoup de grosses facs de la Big 12, la Big East qui venaient nous scouter.

T’as tout de même fini dans le meilleur 5 de ta conférence.

Ben ma première année j’ai été sélectionné dans le troisième 5 de ma conférence, et la seconde dans le premier mais aussi dans le premier 5 de ma région.

Tu avais signé avec Oklahoma State, mais il y a eu des problèmes financiers pour rejoindre la fac, que s’est-il passé ?

En fait ma bourse n’était pas complète avec le JuCo et je leur devais 3000 dollars. Sans payer, il n’envoyait pas les notes à Oklahoma State et eux ne pouvaient pas m’intégrer. Ça a duré, ils ont signé un autre joueur, puis j’ai dû me rabattre sur des facs qui n’étaient pas mon premier choix. J’ai atterri à Wyoming.

Tu regrettes toujours le choix de Wyoming ?

Ben un peu, j’arrivais dans un effectif ou il y avait des joueurs déjà en place à mon poste et à qui le coach faisait plus confiance qu’à moi.

A Oklahoma State, tu avais du temps de jeu assuré ?

A Oklahoma State, le coach me voulait absolument. A Wyoming j’éclatais les mecs aux entraînements, mais c’est eux qui avaient du temps de jeu.

Avec les Cowboys, tu as tout de même pu te frotter à quelques gros joueurs dans ta conférence non ?

Il y avait Andrew Bogut qui jouait avec Utah, Danny Granger avec New Mexico, et un gars passé par la France, Marcus Slaughter à San Diego State (NDLR : passé par Gravelines, Le Havre et Nancy, il joue désormais au Real Madrid).

Tu te souviens de tes confrontations avec Andrew Bogut et Danny Granger ?

Ouais, Granger c’était un monstre. Ma mission c’était de défendre sur lui, il jouait ailier fort à l’époque, il était vraiment impressionnant (NDLR : Granger a claqué 30 pts lors de chacun de ses matchs face à Wyoming).

Bogut, c’était sa saison freshman, tu voyais que le gars il était fort, physique, avec du potentiel, mais pas aussi fort que sa saison sophomore quand il fut désigné meilleur joueur de la NCAA.

Tu as défendu aussi sur Bogut ?

Oui,

à Wyoming, je jouais ailier, ailier fort et pivot.

Tu pensais qu’un jour Granger terminerait Franchise Player NBA et All-Star ?

Je savais que ce gars là serait drafté au premier tour, qu’il aurait du temps de jeu en NBA. Après de là à être All-Star, franchement non.

T’as aussi joué de grosses facs comme Kansas et North Carolina ? Ca fait quoi de jouer au Dean Smith Center ?

Franchement c’est impressionnant. T’arrives dans la salle, tu lèves la tête et tu vois tous les maillots retirés des gars qui ont joué ici, et là tu te dis que Michael Jordan a joué ici.

Cette année là, ils avaient une grosse cuvée de freshmen, avec Rashad McCants, Sean May, David Noel et Raymond Felton qui termine le game avec 15 pts et 14 passes, ils étaient vraiment impressionnants ?

Franchement oui. Les gars étaient fort, avaient du jeu, on avait aussi une belle équipe à Wyoming, mais malgré leur âge ils jouaient déjà comme des pros.

On dit que les joueurs NBA reviennent l’été pour s’entraîner dans leur fac, ce fut le cas à Wyoming avec Theo Ratliff par exemple?

Ratliff non, mais on a vu Reggie Slater venir. J’ai pas défendu sur lui, mais il était impressionnant (NDLR : Slater a joué 239 matchs NBA, plus connu après pour casser des paniers en Italie). Il y a Josh Davis aussi qui est venu (NDLR : 67 matchs NBA).

En arrivant à Wyoming tu avais rêvais alors de NBA ?

Oui c’est clair, il y avait même des scouts qui venaient me voir, mais je me suis blessé (NDLR : cheville) et avec la concurrence et le temps de jeu ca compliquait les choses.

Quelques mois plus tard, tu partages un chambre avec un espoir à Châlon-en-Champagne … c’est quoi cette histoire ?

En rentrant en France, je pensais jouer direct en Pro A. J’ai fait beaucoup d’essais, à Cholet mais ils ont préféré un autre pivot qu’ils ont coupé deux mois après, j’ai été au Mans, puis après Châlon. Là-bas le General Manager il a été franc, il m’a dit que le club n’avait pas beaucoup d’argent et juste une enveloppe de 900 dollars, avec ça j’ai partagé une chambre d’étudiant avec un espoir qui me coutait comme 300 euros par mois. Bref, j’étais motivé, je voulais montrer que j’avais le niveau.

Deux ans plus tard, tu te retrouves de nouveau en Pro A avec Besançon, mais le coach ne te fait pas confiance.

Non le coach préférait faire jouer les Américains. J’avais très peu de temps de jeu alors qu’il m’avait dit qu’il allait me faire jouer quand j’ai signé. Je le regrette un peu car cette année là j’étais aussi en contact avec Brest en Pro B et en étant jeune j’avais besoin de jouer.

Je t’ai vu jouer avec Besançon à Pau ? tu te souviens de ce match ?

Oui j’avais bien joué. J’avais mis 6 points, j’avais pris mes rebonds mais même en jouant bien j’ai peu joué comme 10-12 minutes.

C’est le lot de beaucoup de jeunes intérieurs au haut niveau en France, t’as pas eu envie de tenter l’aventure à l’étranger ?

J’y ai pensé, mais j’ai préféré rester en France, mon père était malade. Quelque part maintenant je regrette un peu de ne pas être allé à l’étranger, mais bon, c’est la vie.

T’as pu connaître un peu de stabilité à Evreux avec 3 saisons à l’ALM, ça doit faire du bien non ?

Ouais ça fait bizarre, surtout que j’étais un bourlingueur à changer de club tous les ans. Franchement ça m’a fait du bien parce que j’étais respecté par mon coach, il aimait vraiment ce que je faisais, il avait confiance en moi. J’ai joué avec des supers coéquipiers comme Philippe Da Silva et Benoît Toffin.

Tu es très élogieux envers ton coach Rémy Valin, il fait partie de ceux qui t’ont marqué ?

Il me faisait confiance, il ne me prenait jamais la tête. Franchement respect.

Pourquoi tu n’as pas continué l’aventure là-bas ?

Franchement après trois ans je me suis dit que c’était assez pour moi, je ne me voyais pas continuer à Evreux. Eux aussi, ils voulaient miser sur la jeunesse, il y avait de jeunes pivots là-bas, plutôt que de miser encore sur un vétéran de 33 ans. Comme on a vu, pour eux et pour moi c’était mieux de se séparer.

Tu te retrouves à Pau en back up de C.J. Jackson. Lors de ton arrivée, Claude Bergeaud ventait tes qualités de défenseur et de travailleur de l’ombre … c’est bien, mais tu ne voudrais pas montrer plus ?

Ben écoute, quand je suis revenu des Etats Unis, on ne me recrutait que pour prendre des rebonds, pour défendre. Quand je suis arrivé,  je pouvais scorer, mais je perdais ma confiance en attaque, et comme je jouais pas beaucoup c’était pas évident. Après je me suis dit : « si tu veux du temps de jeu, tu dois te concentrer sur la défense ». Après à Charleville-Mézières je pouvais scorer (NDLR : 9.4 pts & 6.8 rbds sur la saison en 27 min).

Quand je t’ai découvert je te pensais plus poste 4 avec un bon shoot à mi-distance, mais là on t’annonce au poste 5, c’est quoi ? L’âge ? ^

A mon avis c’est l’âge (rires). Je suis pas un vrai pivot, je peux driver, je peux shooter à mi-distance, après les gens te cataloguent en tant que pivot. Mon jeu c’est pas celui d’un poste 5 quand tu vas me voir jouer.

Tu fais quelle taille au fait ? on lit un peu de tout, de 2.04 m à 2.06m

2.05m.

Tu peux nous parler de Pierre Pelos ? Jeune intérieur de Pau et de l’équipe de France avec les U20.

Le jeune il a beaucoup de qualité. Très adroit à mi-distance. Après comme tous les jeunes, il manque un peu de défense, de dureté.

Pour revenir à la Pro A, si Pau monte tu souhaiterais continuer l’aventure avec l’Elan ?

Franchement, je ne suis pas du genre à me projeter. Tout ça va dépendre de ce que je produis sur le terrain. Si j’ai un bon rendement sur le terrain pourquoi pas, ça ne me dérangerait pas, mais il y a beaucoup de choses qui peuvent se passer avant ça. Je me projette pas trop.

En Pro A actuellement il y a un de tes anciens coéquipiers avec Wyoming avec Uche Nsonwu et aussi J.K. Edwards qui jouait contre toi avec UNLV.

Etant jeunes ils étaient explosifs. Uche il était inarrêtable, il ne sautait pas spécialement haut, mais il te collait des dunks dans la tête !!!

J.K. Edwards par contre lui, son jeu il a complètement changé. Quand il était à UNLV c’était plus un 4 tonique qui montait au dunk. Maintenant, quand tu le vois il est plus dans les petits moves intérieurs, il va te mettre un hook.

Il y avait aussi Aerick Sanders non ?

Aerick Sanders, il est venu à Strasbourg. Il jouait à San Diego State avec Marcus Slaughter, les deux dans la raquette… Il y avait aussi avec eux Brandon Heath qui joue en Eurocup (NDLR : et qui a aussi joué en France à Orleans).

Il existe aujourd’hui le statut de Jeune Formé Localement (JFL), ça n’existait pas à ton époque, tu crois que cela peut aider des jeunes à avoir du temps de jeu ?

Franchement, ça aide mais bon … c’est pas ça qui va donner du temps de jeu. Ça aide à signer dans un club, mais entre signer et avoir du temps jeu, il y a une grande différence.

Tu suis la NBA ? T’es fan de quels joueurs ? Quelles équipes ?

Ouais je suis beaucoup. Je suis fan des Lakers et de Kobe Bryant.

Tu dois être content avec l’arrivée de Dwight Howard.

Oui mais bon, ça ne garantit pas le titre, il faut arrêter des LeBron James, des Dwyane Wade, des Chris Bosh, des Ray Allen … eux là, c’est très costaud.

Pourquoi en 2010 ils se font sweeper par Dallas ?

Pau Gasol il a joué comme une mer**, Kobe shootait trop, Bynum n’a pas été à la hauteur et ils n’avaient pas de banc, donc c’était dur.

Pour terminer, je t’ai vu passer le « elbow » comme Vince Carter à sa grande époque, tu savais que Kobe Bryant l’avait passé avant lui ?

Oui bien sûr. En fait il l’a passé plusieurs fois.

On l’a vu le passer sur une vidéo en Asie.

Oui quand il était dehors sur un playground. Il l’a passé aussi à Carpentier, il était venu faire un show Adidas, il a fait quelques dunks et il a fait celui-là.

Tu pourrais me donner le 5 de départ de tes meilleurs potes avec toi inclus ?

Meneur : Philippe Da Silva (Pro B – Rouen)
Arrière : Mamady Macalou (ex-espoir à Poissy)
Ailier : Raph Desroses (Pro A – Limoges)
Ailier Fort : Lassana Touré (ex-espoir à l’ASVEL espoir)
Pivot : Mory Correa (Pro B – Pau Orthez)
6ème homme : Ahmed Fellah (N1 – Angers)

Le meilleur 5 actuel NBA ?

Meneur : Rajon Rondo
Arrière : Kobe Bryant
Ailier : Carmelo Anthony
Ailier Fort : Kevin Love
Pivot : Dwight Howard

Un grand merci à Mory Correa pour avoir répondu à cette longue interview [A la découverte de], on lui souhaite un prompt rétablissement!!

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