Playoffs Preview : Denver Nuggets (3) – Golden State Warriors (6)

Pour ce premier tour de playoffs entre les Denver Nuggets et les Golden State Warriors, il apparaît clair que les deux équipes vont être dévouées à faire mentir le vieil adage, qui prétend qu’en playoffs « it’s all about defense ». Affrontement explosif entre deux des attaques les plus prolifiques de la ligue, et on devrait selon toute vraisemblance en avoir pour notre argent en matière de spectacle et de scores fastes. Deux jeunes franchises, pas encore taillées pour le titre, mais qui espèrent dans un premier temps faire du bruit dès cette saison en playoffs. Que le meilleur gagne.

Effectifs et fond de jeu

Du coté de Golden State, on récolte les fruits cette saison mais les fondations de ce renouveau ont été posées la saison passée. Avec d’abord le recrutement de Mark Jackson pour être le coach de cette jeune équipe, mais surtout le trade de Monta Ellis, dont la vraie contrepartie ne fut pas Andrew Bogut obtenu en retour, mais bien le vide laissé qui à permis l’explosion de Klay Thompson sur le poste 2. Ajoutez à ça un Stephen Curry enfin sur pied (littéralement, après des grosses blessures à la cheville depuis deux saisons), un David Lee très complet et parmi les meilleurs ailiers forts de la saison, et un effectif partagé entre force de la jeunesse et expérience, et vous comprendrez pourquoi les Warriors sont enfin de retour en playoffs (1 participation en 18 ans, en 2007).

Tactiquement parlant, Mark Jackson exploite au mieux les forces de son équipe : composée de nombreux artilleurs, à Golden State désormais on adore jouer sur catch & shoot. La configuration favorite des Warriors est de faire sortir Jarrett Jack du banc en tant que meneur, puis de mettre Curry et Thompson en shooteur, et enfin Lee et Carl Landry à l’intérieur. Beaucoup de jeu en sortie d’écran, beaucoup de catch & shoot, de tirs longue distance, et la capacité de faire flamber un match de cette façon. Alternative à ça, beaucoup de pick & roll également, grâce à David Lee et Carl Landry, deux intérieurs aux bonnes mains, bon QI basket, shoot fiable à mi distance et capable de finir au poste bas. Un fond de jeu assez solide pour l’effectif à disposition, les Warriors arrivent en playoffs avec leurs certitudes. Il serait injuste d’oublier un Harrison Barnes qui apporte sa percussion, ou les autres rookie Draymond Green et Festus Ezili, deux rookies qui font le boulot dans la peinture, ou un Andrew Bogut précieux en défense quand il est en état de jouer.

A Denver, on a aussi droit à un coach, George Karl, qui exploite au mieux les capacités de son équipe. Cette fois ce n’est pas le shoot, mais bien l’explosivité de l’ensemble de son effectif qui est mis en avant dans le système de jeu offensif des Nuggets. Beaucoup de jeu dans le périmètre, beaucoup de mouvements, on envoie souvent des écrans pour le porteur du ballon, et on cherche à exploser au cercle ou à trouver un shoot ouvert. Denver n’est pas connu pour son tir longue distance, mais on ne fait pas mieux qu’en en NBA en ce qui concerne le fait d’accumuler les paniers et déborder son adversaire. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’ils sont actuellement la meilleure attaque de la ligue.

A la baguette, un Ty Lawson qui après avoir signé sa prolongation l’été dernier, et déçu en début de saison, est bien revenu sur la deuxième partie. Du shoot, du dribble, et surtout une vitesse et une percussion exceptionnelle pour le meneur des Nuggets. Alors que son backup, le vétéran Andre Miller, fait dans un style différent mais tout aussi efficace. Plus de fondamentaux, plus de basket old school aussi, sans doute Karl semble avoir trouvé la bonne alchimie. Sans oublier dans le backcourt un Andre Igodala super athlétique, le scoring d’un Wilson Chandler, ou un Corey Brewer fantastique en sortie de banc par une défense et une débauche d’énergie remarquable. Galinari est blessé, mais notre frenchie Evan Fournier a démontré dernièrement qu’il méritait amplement du temps de jeu dans cette rotation. Pour le secteur intérieur, en même pas deux ans c’est Kenneth Faried qui s’est imposé comme le leader. Le Manimal est lui aussi un super energizer, très mobile, excellent rebondeur, et un bon complément à Javale McGee ou Kosta Koufos dans la peinture.

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Les clés de la série pour Denver

– Jouer up tempo : D’habitude, on répète souvent que le rythme de jeu en playoffs se ralentit énormément, et qu’on voit réussir en post season des équipes plus à l’aise sur demi-terrain et jeu posé. Et si Denver passe ce premier tour, ce sera certainement ce à quoi ils seront confrontés, mais pour ce premier tour il y a une carte à jouer. Contre des Warriors pas réputés pour leur solidité défensive, il y a moyen de garde ce style de jeu up tempo et continuer à jouer rapidement pour faire des scores de haute voltige. Ce sont deux très bonnes attaques, mais si ça se joue à qui pourra scorer le plus (au lieu du qui défend le mieux de d’habitude), Denver partira avec un petit coup d’avance.

– Jouer en pénétration : Fait notable, Golden State est une des pires équipes de la ligue en terme de contre, et à l’inverse c’est une des forces du jeu de Denver. David Lee a beau être très talentueux en attaque, il n’a pas le même impact en défense, Carl Landry ou Draymond Green sont de petits intérieurs, et Festus Ezili n’est qu’un rookie encore. S’il y a bien un point où Denver peut appuyer et faire très mal, c’est justement là-dessus, enchainer les pénétrations, accumuler les paniers et pourquoi pas au passage pousser les Warriors à faire trop de fautes. C’est d’autant plus vrai si Bogut, le seul intérieur défensif confirmé de l’effectif, n’est pas à 100%.

– Le facteur X : Andre Iguodala. L’homme à tout faire des Nuggets est également un des meilleurs All Around player de NBA. Dans cette équipe qui vit beaucoup du mouvement de ballon et de passes décisives, Iggy va devoir continuer d’être le facilitateur qui fait du bien aux Nuggets, mais pas que. Super athlétique, Iguodala pourra aussi se montrer précieux en pénétration, pour justement aller bousculer une raquette des Warriors qui comme on vient de le dire n’est pas excellente pour protéger le panier. Golden State n’a aucun défenseur taillé pour défendre sur le phénomène physique qu’est Iggy (mis à part peut être Barnes, mais qui n’est qu’un rookie et reste tout de même un ton au-dessous). Donc avoir un Iguodala agressif, même au détriment de son playmaking, pourrait également être une des clés pour les Nuggets.

Les clés de la série pour Golden State

– La bataille du rebond : Cet affrontement, c’est aussi l’occasion d’assister à une bataille entre la meilleure équipe de la ligue au rebond offensif (Denver) et la meilleure au rebond défensif, les Warriors. C’est aussi pour cela que les Nuggets accumulent tous ces points, grâce à leurs secondes opportunités rendues possibles par Kenneth Faried, Kosta Koufos, Javale McGee et autres, très actifs sous les panneaux. Si la raquette de Golden State n’est pas parfaite défensivement, elle à au moins l’avantage de posséder quelques rebondeurs intéressants, et dans l’optique de ne pas se laisser déborder pas les Nuggets, il faudra aller gagner cette bataille du rebond.

– Limiter les turnovers : C’est le péché mignon de cette équipe, qui perd le ballon encore beaucoup trop souvent (plus de 15 fois par rencontre). Erreur de jeunesse, certes, mais face aux Nuggets, explosifs en contre-attaque, ça ne pardonnera pas. En prenant en plus en compte le fait que Denver possède d’excellent défenseurs dans le périmètre, et demeure une des équipes qui provoque le plus de turnovers en NBA, le nombre de balles perdues par les Warriors pourrait même considérablement augmenter s’ils ne sont pas attentifs, et carrément leur coûter leur qualification. C’est plus facile à dire qu’à faire, mais Golden State doit impérativement essayer de se contrôler là-dessus pour ne pas sombrer, et c’est peut-être en ce sens qu’un Jarrett Jack en meneur pendant plus de 30-35 minutes pourrait aussi faire du bien.

– Forcer Denver à prendre des jump shots : Encore une fois, plus simple à dire qu’à faire, surtout que Golden State ne semble pas posséder de fantastiques défenseurs capables de contenir leurs vis-à-vis en dehors de la raquette. Mais il faudra pourtant essayer de faire du mieux possible, car la solution la plus efficace pour stopper les Nuggets est de leur empêcher d’aller au panier, pour les forcer à tirer dans le périmètre et à mi-distance. Non pas que les Nuggets sont catastrophiques dans l’exercice, mais ils sont indéniablement moins prolifiques sur du shoot qu’en pénétration.

– Le facteur X : Stephen Curry. Là encore, il y avait le choix entre de nombreux joueurs pour Golden State. Mais dans cette équipe, celui qui a la capacité de prendre le contrôle d’un match, c’est Curry. On connaît l’apport de David Lee, et même s’il faudra le voir jouer encore mieux lors des playoffs, son quota de points et sa production sont réguliers. Tout l’inverse d’un shooteur comme Curry, qui peut passer à coté d’un match dans un mauvais soir où quand aucun tir ne rentre, mais peut aussi prendre feu (comme ce fut le cas par exemple contre New York, 54 points). Sans doute que les Warriors auront besoin non seulement d’un Curry qui met des shoots, mais aussi d’un Curry capable de faire plus que le minimum, et capable de saler l’addition.

Les Match up à suivre

– Stephen Curry vs Ty Lawson : Duel de jeunes meneurs de jeu, de la même draft et qui ont signé une extension similaire l’été dernier d’ailleurs. Deux meneurs de jeu plus réputés pour leur scoring que pour leur playmaking, et à l’image de toute la série, l’essentiel de ce duel se fera sur le plan offensif. Curry demeure un défenseur assez moyen sur l’homme, et pourra difficilement contenir un Lawson explosif qui cherche à aller conclure au panier ou qui part dans une série de dribbles. De même, Lawson rend à Curry quelques centimètres, et aura certainement du mal à le suivre à travers tous ces écrans, ou tout simplement aura du mal à contester ses tirs, à cause de ces quelques centimètres manquant.

– David Lee vs Kenneth Faried : Ca va secouer du muscle dans la raquette. Le duel s’annonce intéressant entre les deux intérieurs, le premier, Lee, très développé offensivement mais pas aussi bon défensivement, le second, Faried, très bon en défense et très actif au rebond, mais encore maladroit en attaque. David Lee aura la possibilité comme d’habitude d’évoluer un peu plus loin du cercle, s’appuyant sur du tir à mi-distance, ou en tant que passeur au poste haut, et ainsi éloigner un peu Faried des panneaux. Mais dans le même temps, le Nugget fait souvent preuve d’une grande débauche d’énergie, et possède la mobilité et l’explosivité d’un small forward. A suivre, le résultat de ce duel pourrait être une indication pour l’issue de la série.

– Les défenseurs de Denver vs les shooteurs de Golden State : Ce sera peut être celui-ci, l’affrontement le plus instructif de ce premier tour. Comme on l’a déjà dit, les Warriors adorent jouer sur catch & shoot, et en sortie d’écran. Denver possède de bons défenseurs dans le périmètre, mais est-ce suffisant ? On parlait de Ty Lawson, mais un Iguodala peut également peiner à suivre un défenseur à travers deux ou trois écrans. Pour le reste, on a quand même des Corey Brewer, Wilson Chandler, ou même Evan Fournier et Jordan Hamilton, assez vifs et rapides pour aller contester les tirs des Warriors, et même peut-être provoquer des turnovers. Si Denver arrive à éteindre le tir à trois points des Warriors, ce sera un grand pas de fait vers la qualification, et si Golden State arrive à bien exécuter ces systèmes d’attaque, on pourrait bien avoir les scores fleuves qu’on présume déjà.

Bilan

Si les deux équipes semblent partir avec des certitudes en attaque, en ayant déjà montré cette saison qu’elle peuvent tout à faire exploser les compteurs, Denver apparaît tout de même plus solide défensivement, et c’est un détail non négligeable qui pourrait bien décider de l’issue de cette série.

Mais pour Golden State, l’important est ailleurs. L’effectif est encore très jeune, et faire une première apparition en playoffs est déjà un bel accomplissement en soit. Non pas que les Warriors n’iront pas chercher la qualification si elle est à portée de main, mais s’ils venaient à être éliminés à l’issue de ce premier tour, la saison sur son ensemble serait tout de même jugée comme une réussite, avec de belles promesses à l’horizon. Quant à Denver, l’objectif est d’enfin passer ce premier tour de playoffs, ce qu’ils n’ont pas réussi à faire depuis 2009 malgré une qualification chaque année. La force du collectif prônée après le départ de Melo est bien là, mais c’est surtout le fait d’avoir de jeunes joueurs en devenir au pouvoir (Lawson, Faried, etc) qui permet aux Nuggets d’espérer. A voir comment ces deux jeunes équipes répondront sous la pression des playoffs.

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Le programme de la série:

Game 1 – Samedi 20 avril, Golden State @ Denver, 23h30
Game 2 – Mercredi 24 avril, Golden State @ Denver, 4h30
Game 3 – Samedi 27 avril, Denver @ Golden State, 4h30
Game 4 – Lundi 29 avril, Denver @ Golden State, 3h30
Game 5 * Mardi 30 avril, Golden State @ Denver, à déterminer
Game 6 * Mardi 2 mai, Denver @ Golden State, à déterminer
Game 7 * Samedi 4 mai, Golden State @ Denver, à déterminer