Analyse Vidéo : James Harden est-il le meilleur arrière de la ligue ?

Passer de meilleur sixième homme de la ligue à franchise player attitré d’une des meilleurs cylindrées de NBA n’est pas chose aisée, mais c’est la transition qu’a réussi à faire avec brio James Harden en un peu moins d’un an et demi. Auréolé de deux sélections All Star depuis son arrivée à Houston et une nouvelle fois parmi le top 5 des meilleurs marqueurs, c’est en toute légitimité que l’on peut se poser la question : James Harden ne serait-il pas tout simplement devenu le meilleur arrière de NBA ?

Jetons un coup d’oeil à son profil.

Guillaume (@GuillaumeBInfos)

D’un point de vue physique, James Harden ne peut pas être rangé dans la catégorie des athlètes d’exception de la ligue mais présente tout de même un profil des plus intéressants. Manquant d’explosivité, il est en revanche très puissant, costaud, lourd même pour le poste, et possède même de très belles mensurations physiques (listé à 6’5/1m95 avec une magnifique envergure de bras mesurée à 6’10/2m08).

Offensivement, l’arme qu’il utilise le plus demeure son jump-shot (plus de 70% de ses tirs sont de cette nature). Il ne s’élève pas énormément pendant le tir (à l’image d’un Stephen Curry par exemple) mais possède une excellente et très rapide mécanique de tir, ainsi qu’un très bon jeu de jambe qui lui permet de prendre d’excellents appuis dans n’importe quelle situation. Particulièrement performant en réception de passe, il est également tout à fait capable de dégainer en sortie de dribble (notamment sur ISO où sa capacité à se créer de l’espace est remarquable).

Malgré tout, son efficacité sur jump-shot reste on ne peut plus moyenne, surtout pour un joueur qui en tente autant. Techniquement très bon, c’est en effet une sélection de tir suspecte qui est à l’origine de pourcentages de réussite douteux (34% d’efficacité générale dans l’exercice, 43eFG%). Il a beaucoup tendance à ne pas tirer dans le « flow » du jeu (des tirs hors de rythme, bien défendu, de très longs trois-points, des ISO forcées qui avortent toute l’attaque des Rockets). Et s’appuie beaucoup trop sur le tir à trois-points (6.4 tentatives par match) résultant sur une réussite moyenne là aussi (35%, la majorité de ses tirs n’étant pas des bon tirs).

En tant que slasher, Harden compense parfaitement son manque d’explosivité par une très belle puissance et une superbe créativité. Il est très malin pour se faire son chemin au cercle, usant de son excellente qualité de dribble et de très bons changements de vitesses/direction, naviguant parfaitement entre les défenseurs. Une fois au cercle, c’est un remarquable finisseur (68% de réussite), pouvant conclure des deux mains grâce à son superbe toucher de balle. Il provoque superbement les fautes en pénétration (a mené toute la NBA l’an passé avec 10.2 FTA/m) et conclut très régulièrement malgré les contacts. Egalement, c’est un excellent scoreur en transition, très rapide en contre-attaque et très efficace là aussi dans sa finition.

Plus encore, Harden possède de superbes instincts de passeurs, en faisant à l’heure d’aujourd’hui un des tous meilleurs si ce n’est le meilleur (statistiquement parlant c’est le cas en effet) passeur parmi les postes 2 de la ligue. Il crée bien et souvent (5.7 ast/m) à partir de très nombreuses situations (du P&R, des passes sur pénétration, en transition, etc). Son QI basket est d’ailleurs remarquable, il parvient parfaitement à voir le jeu, lire les défenses et réaliser la bonne action au bon moment. Seul petit bémol, il perd beaucoup de ballons (3.7 par match, pour un ratio ast/tov de 1.5), notamment du fait qu’il tente encore trop de passes risquées par moment.

De manière plus générale, il pourrait être beaucoup plus propre offensivement qu’il ne l’est actuellement, que ce soit à cause de ces problèmes de balles perdues ou dans son efficacité. Sa réussite générale reste bonne (45% FG) en grande partie grâce à sa réussite à deux points (52%), mais sa sélection de tir est très largement améliorable, il peut laisser le jeu venir à lui bien plus souvent plutôt que d’essayer de le forcer, et pourrait aussi être plus actif sur du jeu sans ballon (ce dont il est capable, on l’a déjà vu exceller dans ce domaine à OKC).

Défensivement en revanche, on est loin de l’élite de la ligue comme ça peut être le cas pour ses compétences offensives. Sur l’homme, il est limité par une vitesse latérale moyenne mais surtout un manque d’envie et de discipline. Loin du ballon, son attention est très mauvaise, médiocre même certaines fois, et il concède bien trop de choses à son vis à vis, la faute encore une fois à des fondamentaux absents (contact visuel, boxout, défense en transition, etc). Il faut lui reconnaître une capacité intéressante à provoquer des turnovers adverses (1.6 int/m) sur trajectoires de passes ou grâce à ses mains très vives, mais il recherche bien trop souvent l’interception plutôt que de réaliser la bonne action défensive.

Tout bien considéré, cela reste difficile de ne pas considérer James Harden comme le meilleur second arrière de NBA à l’heure actuelle. Offensivement, il fait clairement partie de l’élite (tous postes confondus), pouvant porter son équipe sur ses épaules au scoring ou distribuer le jeu et impliquer ses coéquipiers. Défensivement, c’est essentiellement une question d’envie et de concentration. Et à l’heure des playoffs lorsque l’enjeu sera bien plus grand, sans doute que nous pourrons voir (à défaut d’un superbe défenseur) un défenseur tout à fait correct comme cela a déjà été le cas, de son temps à OKC notamment.

L’investissement risqué de l’époque (un contrat maximum offert à un meilleur sixième homme censé devenir un franchise player) semble plus que jamais payant. Non seulement d’être devenu le meilleur second arrière NBA, James Harden est tout simplement à l’heure actuelle un des tous meilleurs joueurs de la ligue.

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